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Immigration: enjeu majeur pour la droite en 2007
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31 juillet 2006 13:04
La sortie de Nicolas Sarkozy sur l'immigration, reprenant un slogan du Front national lui-même repris par Philippe de Villiers, montre à quel point ce thème et celui de l'intégration au modèle républicain sont devenus, pour la droite, un enjeu dans la bataille présidentielle de 2007.

"Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter", a déclaré samedi M. Sarkozy, en paraphrasant un slogan utilisé par le Front national de la jeunesse, puis par le Mouvement par la France de Philippe de Villiers.

En 1995, le FNJ éditait des autocollants et des porte-clefs proclamant sur fond d'Hexagone, "aimez-la ou quittez-la", slogan repris à l'automne 2005 par Philippe de Villiers: "la France, tu l'aimes ou tu la quittes".

Cette déclaration de Nicolas Sarkozy a provoqué un tollé à gauche, Claude Bartolone (PS) l'accusant de "xénophobie", le Parti communiste français lui reprochant de "draguer les électeurs du Front national" dans la perspective de la présidentielle.

Les amis de M. Sarkozy défendent leur champion: "Nicolas Sarkozy parle avec des mots que les Français comprennent, sur des sujets délaissés pendant des années", selon Luc Chatel, porte-parole de l'UMP.

Manuel Aeschlimann, député UMP des Hauts-de-Seine et chargé du suivi de l'opinion publique à l'UMP, souligne de son côté: "ce n'est pas draguer les électeurs du FN que de parler sécurité, immigration, c'est parler aux Français".

Pour le politologue Vincent Tiberj, du Cevipof (Centre d'étude de la vie politique française), Nicolas Sarkozy cherche à "décaler le champ de bataille de 2007 vers l'immigration et l'insécurité", puisque que sur les questions économiques et sociales "c'est la gauche qui est en tête".

Le président de l'UMP sait qu'il existe une "véritable crispation identitaire des Français", ajoute M. Tiberj, en se basant sur des sondages selon lesquels de plus en plus de Français estiment qu'il y a "trop d'immigrés" en France (63% selon un sondage TNS-Sofres de décembre 2005).

La stratégie du président de l'UMP, qui veut chercher "un par un" les électeurs du FN "pour les convaincre que Le Pen, c'est une impasse", est-elle capable de le mener à l'Elysée?

Selon M. Tiberj, près de la moitié des Français sont des "assimilationnistes", qui considèrent que "la France accueille bien les immigrés" et que "c'est à eux de faire les efforts nécessaires" pour s'intégrer.

Un raisonnement auquel semble répondre Nicolas Sarkozy, d'autant plus enclin à vouloir élargir son électorat qu'il est devancé depuis plusieurs jours et dans plusieurs sondages par la socialiste Ségolène Royal.


Mais pour le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, M. Sarkozy fait fausse route: "Sarkozy n'aura pas davantage de crédibilité que Charles Pasqua", qui, en 1988, avait évoqué les "valeurs communes" de la droite et du FN.

"Il faut se faire à l'idée qu'il y a un électorat frontiste enkysté autour de 14-15%, que la droite classique ne parviendra jamais à séduire" affirme-t-il.

D'ailleurs, Jean-Marie Le Pen affiche sa tranquillité. A propos de Nicolas Sarkozy et de Philippe de Villiers, il a affirmé dimanche: "Je n'ai pas peur de ces concurrents, je ne crains pas la compétition".

"On peut venir à la chasse aux voix du Front national et perdre sa place. On gagne une voix du FN et on en perd trois à son bénéfice", a ajouté le président du FN en marge d'un meeting à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).

Comme pour illustrer cet avertissement, une cinquantaine d'organisations chrétiennes ont mis en garde contre les options du numéro 2 du gouvernement dans son projet de loi sur l'immigration.

Le texte traduit "un recul considérable des droits fondamentaux" de la personne, a ainsi dénoncé le Comité catholique contre la faim et pour le développement
 
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