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Al ikhlass- La sincérité pour Dieu dans ses actions
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29 décembre 2005 05:21
En islam, il y a un cadre que le musulman respecte pour ses actes : c'est celui que lui offre le droit musulman (fiqh), qui trace ainsi les limites éthiques et les orientations pour son chemin sur terre. Mais à l'intérieur de ce cadre, chacun doit, dans son intimité, également s'assurer que son intention est sincère et qu'il agit donc pour Dieu et non pour se faire un nom.


Qu'est-ce que l'intention ?

"L'intention est l'objectif qu'a l'homme en son cœur et qui le pousse à faire l'action" (d'après Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 p. 222). L'intention, c'est donc le mobile de l'action ; c'est ce que, au plus profond de notre être, nous avons réellement comme objectif en faisant l'action. Les hommes ne peuvent pas savoir ce que notre cœur recèle. Mais Dieu, Lui, le sait : "Dis [aux hommes, ô Muhammad] : "Que vous dissimuliez ce qu'il y a dans votre cœur ou que vous le montriez, Dieu le sait ; et Il sait ce qui se trouve dans les cieux et la terre. Et Dieu a pouvoir sur toute chose"" (Coran 3/29). "A Dieu appartient ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Et que vous exprimiez ce qu'il y a dans votre cœur ou que vous le dissimuliez, Dieu vous en demandera des comptes ; puis Il pardonnera à qui Il voudra et Il punira qui Il voudra. Et Dieu a pouvoir sur toute chose" (Coran 2/284).


Dans quelles actions l'intention est-elle prise en compte par Dieu ?

En ce qui concerne les actes strictement interdits, une bonne intention n'en fera pas des actes méritoires ni même des actes permis : voler les riches avec l'intention de nourrir les pauvres n'est pas une bonne action, tout comme jouer à la loterie avec l'intention de remettre ses gains aux pauvres n'en est pas une non plus. Toutefois, au sujet de ces actes interdits, au cas où on se trouve réellement face à un choix entre deux choses interdites ou entre délaisser une chose nécessaire et faire une chose interdite (ta'ârudh al-hassanât was-sayyi'ât), alors dans une certaine mesure on est amené à prendre l'intention en compte, puisqu'on a alors le droit de faire la chose la moins grave et qu'on la fait avec la conscience qu'on ne la fait que parce qu'on se trouve dans cette situation particulière qui ne nous offre le choix qu'entre deux choses interdites.

Ceci concernait les actions interdites par le droit (fiqh). Pour ce qui est des actions permises, maintenant, il en est dont, sur un plan juridique, seule la forme compte, sans égard aucun pour l'intention : ainsi en est-il du contrat de mariage ou de la formule du divorce : le Prophète (sur lui la paix) a dit : "Trois choses sont telles que, dites sérieusement, elles sont au sérieux, et, dites en tant que plaisanterie, elles sont aussi au sérieux : le mariage, le divorce et la fin du divorce (raj'ah)" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 1183). Cependant cela relève de la dimension juridique.

Les autres actions – celles qui sont en soi permises ainsi que celles qui consistent en une adoration de Dieu – sont telles que, en plus de leur forme, leur intention aussi entre en jeu auprès de Dieu.


Qu'est-ce que l'intention sincère (al-ikhlâs fi-n-niyya) ?

Avoir une intention sincère, c'est :
– soit faire l'action avec l'objectif qu'elle nous rapproche de Dieu ;
– soit faire l'action avec l'objectif d'obéir à Dieu en faisant ce qu'il a demandé ou en se préservant de faire ce qu'Il a défendu ;
– soit faire l'action par conviction des récompenses promises par Dieu dans l'au-delà (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 p. 222, p. 247).

En fait il faut ici distinguer deux types d'actions. Le premier est celui de l'action purement cultuelle ('ibâdah), comme le fait de prier. Il s'agit d'actions qui ne doivent être faites qu'avec l'objectif de plaire à Dieu. Ici, le fait de les avoir faites pour un autre motif non seulement ne rapportera pas de récompense mais de plus est susceptible d'être compté par Dieu comme un péché (ma'siyah). Le Prophète a dit : "Celui qui prie par ostentation a fait un associationnisme. Celui qui jeûne par ostentation a fait un associationnisme. Celui qui fait l'aumône par ostentation a fait un associationnisme" (rapporté par Ahmad). De même, avoir eu comme objectif d'acquérir la célébrité et la renommée en faisant un acte aussi illustre qu'acquérir puis diffuser la connaissance islamique, faire largesses de son argent ou accepter de mourir en martyr … sera – sauf pardon de la part de Dieu – puni par Dieu le jour du jugement, comme l'a dit le Prophète dans une parole célèbre (rapportée par Al-Bukhârî et Muslim).

Le second type d'actions est celui de l'action de la vie quotidienne ('âdah) tels que le fait de manger, boire, etc. : Ces actes deviennent des bonnes actions s'ils sont faits avec l'objectif d'obtenir de la force pour pouvoir faire ce que Dieu agrée ou d'obtenir les récompenses de l'au-delà promises par Dieu. Par contre, si on mange, boit et se divertit dans le cadre du permis mais sans intention particulière vis-à-vis de Dieu, alors on ne fait là rien d'interdit : simplement il ne s'agit que d'actes permis (mubâh), qui ne seront pas comptés comme bonnes actions ; ces actes faits ainsi sur terre ne seront donc dans l'au-delà ni source de récompense ni source de punition, à la différence du premier type d'action. (Voir Shar'h Sunan an-Nassa'î, As-Suyûtî, tome 1 p. 59 ; Qâ'ida jalîlâ fit-tawassul wal-wassîla, p. 124, pp. 69-70, p. 162).

IL faut aussi savoir qu'une action apparemment illustre comme le fait de délaisser sa terre pour émigrer vers une autre contrée (hijra) peut être comptée par Dieu comme l'émigration elle-même si elle a été faite avec la réelle intention d'obéir à l'ordre de Dieu ou, à l'époque du Prophète, d'aller apporter son aide au Prophète. Mais, comme l'a souligné le Prophète, cette action si noble dans son extérieur peut aussi n'être comptée par Dieu que comme un déplacement pour mariage si dans le cœur le vrai mobile n'a été que d'aller rejoindre sa bien-aimée dans la nouvelle contrée (voir Fat'h ul-bârî, tome 1 p. 23). Même à ce moment-là, cela peut devenir une 'ibâdah si on a l'intention de se marier avec le sentiment de se rapprocher de Dieu ou de Lui plaire en se conformant à ce qu'Il agrée (comme nous l'avons vu ci-dessus à propos des actes de manger, de boire, etc.) ou si on se trouvait dans une situation où le mariage était obligatoire sur soi ; cependant, même alors, auprès de Dieu cela ne sera évidemment pas compté comme l'émigration (hijra) dont Dieu fait les éloges dans Son livre.

Bref, dans l'au-delà, seules seront nous seront comptées comme bonnes actions celles de nos actions qui, d'une part, auront été faites dans le respect des principes (limites et orientations) et, d'autre part, auront été faites avec une intention sincère – nous avons vu plus haut ce dont il s'agissait. C'est ce que, commentant le verset parlant de faire les meilleures actions (Coran 11/7), le célèbre soufi Fudhayl ibn 'Ayâdh a dit : il s'agit des actions qui sont "correctes et sincères" ("as'wabahû wa akhlassahû"winking smiley ; explicitant cela, il dit : "Si l'action est sincère mais n'est pas correcte, elle n'est pas acceptée par Dieu ; et si elle est correcte mais n'est pas sincère, elle n'est pas non plus acceptée par Dieu. Il faut qu'elle soit sincère et correcte. Est sincère ce qui est fait pour Dieu ; est correct ce qui est fait conformément à la Sunna" (cité par Ibn Taymiyya, Min'hâj as-sunna an-nabawiyya, tome 3 p. 285-286). "Etre conforme à la Sunna" ne signifie pas qu'on ne peut pas faire ce que le Prophète (sur lui la paix) n'a pas fait, ni qu'on ne peut pas faire d'une façon différente ce qu'il a fait d'une certaine façon ; lire à ce sujet : Serait-il interdit de faire ce que le Prophète n'a pas fait ? et Serait-il interdit de faire d'une façon différente ce que le Prophète a fait d'une certaine façon ?


Le célèbre Hadîth "Innama-l-a'mâlu bin-niyyât"

Le Prophète (sur lui la paix) a dit : "Les actions ne sont [comptées auprès de Dieu] qu'en fonction de l'intention. Et chacun n'aura [comme récompense auprès de Dieu] que ce qu'il aura fait comme intention. Celui dont l'émigration [à Médine] a été faite vers Dieu et Son Messager, son émigration sera (comptée par Dieu) comme ayant été faite vers Dieu et Son Messager ; et celui dont l'émigration [à Médine] a été faite (en réalité) vers une affaire mondaine qu'il pourra [y] obtenir ou vers une femme avec laquelle il pourra se marier, alors son émigration sera (comptée par Dieu) comme ayant été faite vers ce vers quoi il a (réellement) émigré" (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim notamment).

Mettant en valeur que nous ne bénéficierons dans l'au-delà que des actions qui auront été faites non seulement dans le cadre du permis mais aussi avec sincérité, le Prophète a aussi dit : "Lorsque Dieu rassemblera les hommes le jour du jugement, un jour à propos duquel il n'y a pas de doute, un annonciateur annoncera : "Celui qui, dans une action faite pour Dieu, avait associé quelqu'un à Dieu, qu'il recherche sa récompense auprès d'un autre que Dieu ; car de ceux qui sont associés, Dieu est Celui qui n'a pas besoin de l'association"" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 3154).

Pour toute action où – comme nous l'avons vu plus haut – l'intention est prise en compte, deux choses mettent en danger la sincérité de l'intention : l'appât du gain mondain et la recherche de la célébrité. D'une façon plus générale, ces deux choses sont ce qui éprouve la droiture même de l'homme ; le Prophète a dit : "Deux loups affamés lâchés dans (un troupeau) d'animaux (ovins et caprins) n'y feront pas autant de ravages que l'amour de l'homme pour les biens mondains et pour l'honneur font des ravages sur sa pratique" (rapporté par At-Tirmidhî, n° 2376).


Faire une action cultuelle et percevoir un salaire : permis ou interdit ?

Est-il en soi permis de percevoir une rémunération pour l'enseignement du Coran ? Ce point fait l'objet d'avis : selon Abû Hanîfa et Ahmad ibn Hanbal cela n'est pas autorisé et l'enseignement du Coran doit être fait gratuitement ; d'après Ahmad ibn Hanbal, toutefois, si toucher une rémunération pour l'enseignement du Coran n'est pas autorisé, en revanche toucher un traitement offert par les caisses publiques musulmanes (bayt ul-mâl) en tant qu'aide pour vivre est autorisé. Par contre, pour Ash-Shâfi'î, percevoir une rémunération pour l'enseignement du Coran est autorisé (voir Fiqh as-sunna). Dans le cadre des avis qui le permettent, ceux qui enseignent le Coran et qui touchent une rémunération licite auront comme récompense d'avoir travaillé dans le licite (kasb ul-halâl).

Par contre, à l'unanimité, un musulman ne peut percevoir une rémunération pour une action purement cultuelle qui est obligatoire sur lui : faire la prière obligatoire, etc.


Avoir comme objectif d'obtenir la renommée et la gloire

Le Prophète a dit : "Ce que je crains le plus pour vous est le petit associationnisme. – O Messager de Dieu, qu'est-ce que le petit associationnisme ? – C'est l'ostentation. Le jour où Il rétribuera les serviteurs pour leurs actions, Dieu leur dira : "Allez auprès de ceux pour qui vous agissiez par ostentation sur terre, et voyez si vous trouvez auprès d'eux une récompense et un bien" (rapporté par Al-Bayhaqî). Il a dit également : "Dieu dit : "Je suis le meilleur associé qui puisse être : celui qui M'associe quelqu'un, (son action) sera pour celui qui M'a été associé"" (rapporté par Al-Bazzâr, Sahîh at-targhîb wat-tar'hîb, tome 1 p. 530). Il a dit encore : "Dieu a dit : "De ceux qui sont associés ensemble, Je suis Celui qui n'a pas besoin de l'association. Aussi, celui qui fait une action et M'y associe quelqu'un, Je désavoue cette action : elle sera pour celui pour qui il l'a faite"" (rapporté par Muslim, n° 2985).

Ces trois derniers Hadîths tendent à laisser penser que le jour du jugement, seule l'action qui aura été pure de toute présence d'intention ostentatoire sera acceptée et que toute action où même une infime intention ostentatoire aura été présente sera rejetée. Mais Al-Ghazâlî pense que le rejet de l'action non sincère concerne le cas où l'intention ostentatoire aura été pure (et que la personne n'aura pas du tout eu l'intention de plaire à Dieu) ainsi que le cas où, au cœur de cette action, deux intentions auront été mêlées (et donc que la personne aura eu comme mobile d'une part de plaire à Dieu et d'autre part de se faire connaître) et que l'intention ostentatoire aura dominé ou aura été égale à l'intention de plaire à Dieu : dans ces trois cas, l'action serra effectivement rejetée. Par contre, écrit Al-Ghazâlî, dans le cas où l'intention ostentatoire est présente mais est dominée par l'intention de plaire à Dieu au point que l'intention ostentatoire n'aurait pas motivé à elle seule la personne à faire cette action, il se pourrait que Dieu ne rejette pas cette action ; cependant, la récompense qu'elle entraînera sera inférieure à celle que Dieu accorde pour la même action lorsqu'elle est faite entièrement pour Dieu ; de plus, Dieu peut punir pour la part d'ostentation qui aura été présente dans une telle action (voir Mirqât ul-mafâtîh, tome 10 p. 63).


Quelques derniers mots :

Le Prophète (sur lui la paix) nous a enseigné cette invocation : "O Dieu, purifie mon cœur de l'hypocrisie, mes actes de l'ostentation, ma langue du mensonge, mes yeux de regarder ce qu'ils ne doivent pas (al-khiyâna). Car Tu connais l'œil qui trahit et ce que cachent les cœurs" (rapporté par Al-Bayhaqî).

Le savant Al-Ghazâlî (mort en 505 a. h. / 1111 a. g.) a témoigné, dans son livret Al-munqidh min adh-dhalâl, de sa prise de conscience concernant le coeur et la sincérité. Il écrit ce qui se passa à un moment donné de sa vie : "Ayant examiné mon état, je me suis rendu compte que j'étais plongé dans les liens [l'attachement excessif aux choses terrestres] qui m'enserraient de toutes parts. Ayant examiné mes actions – l'enseignement étant la meilleure d'elles –, je me suis aperçu que j'étais tourné vers des sciences peu importantes, ne servant à rien concernant la voie de l'au-delà. Puis j'ai réfléchi à l'intention que j'avais en dispensant mon enseignement : j'ai pris conscience du fait qu'elle n'était pas purement pour la Face de Dieu mais que mon mobile était la recherche de la gloire et la diffusion de la renommée. J'ai eu alors la certitude que je me trouvais sur le bord branlant d'un précipice et que j'étais sur le bord du feu si je ne me préoccupais pas de me rattraper" (Al-munqidh min adh-dhalâl, p. 36). Il poursuit en racontant comment il finit par se résoudre à prendre du recul par rapport à la chaire d'enseignant qu'il occupait, pour se préoccuper de son coeur et le remplir de la présence de Dieu – "tazkiyat un-nafs wa tah'dhîb ul-akhlâq wa tasfiyat ul-qalb li dhikr illâh" (Ibid., pages suivantes).

O Dieu, nous sommes tellement loin de ce que nous devrions être. Comment pourrions-nous prétendre avoir fait du bien avec une intention dirigée uniquement vers Toi, pure de toute recherche de la renommée et de la gloire ? Nous nous efforçons de faire ce que Tu agrées, mais notre espoir est davantage sur Ta miséricorde que sur nos actions. "O Dieu, Ton pardon est plus vaste que nos fautes. Et Ta miséricorde est davantage cause d'espoir pour nous que nos actions" (rapporté par Al-Hâkim).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
:) :) :) "pas d'insultes, pas d'attaques personnelles, et le forum ne s'en portera que mieux" :) :) :)
 
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