Le président du Kosovo est mort AFP 21.01.2006 - 14:43
Le président du Kosovo Ibrahim Rugova , 61 ans, est décédé samedi d'un cancer du poumon à un moment crucial pour le Kosovo dont le nouveau statut doit être défini dans le courant de l'année.
"Le président du Kosovo, Ibrahim Rugova, est décédé", a déclaré à la presse le ministre de la Décentralisation Lutfi Haziri.
La mort du président Rugova est intervenue alors que des négociations ont commencé en novembre dernier sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU, Martti Ahtisaari, pour définir un nouveau statut du Kosovo.
Fervent partisan de l'indépendance, Ibrahim Rugova, devait conduire les discussions à la tête des négociateurs albanais que le chef de la Mission de l'ONU au Kosovo (MINUK) Soren Jessen-Petersen a convoqué d'urgence dès l'annonce du décès de M. Rugova qui est mort à 11H40 (10H40 GMT).
"Rugova est mort dans sa résidence, à Velanija (banlieue chic de Pristina), où il était soigné", selon un communiqué de la présidence tandis que les télévisions et les radios du Kosovo n'émettaient que de la musique classique.
Ibrahim Rugova "est décédé entouré de sa famille, ses médecins personnels et des médecins américains. Il est mort lors de la phase terminale de sa maladie après plusieurs mois d'une lutte courageuse", a ajouté le communiqué.
Le président du Kosovo était apparu en public pour la dernière fois le 23 décembre, lors d'un entretien avec le Premier ministre Bajram Kosumi et depuis, toutes ses obligations avaient été annulées, en particulier les réunions avec les négociateurs albanais afin de mettre au point une stratégie pour le statut futur du Kosovo.
Selon la Constitution provisoire du Kosovo, Ibrahim Rugova sera remplacé par le président du parlement, Nexhat Daci, 61 ans, jusqu'à l'élection du nouveau président.
Le président Rugova avait annoncé en septembre dernier qu'il était atteint d'un cancer du poumon et suivait depuis une chimiothérapie.
Lors de ses dernières apparitions publiques, sa pâleur et sa grande fatigue avaient frappé les observateurs.
Juridiquement province du sud de la Serbie, le Kosovo est administré par l'ONU depuis que les bombardements de l'OTAN ont forcé Belgrade en 1999 à retirer du Kosovo ses forces qui combattaient la guérilla séparatiste albanaise.
Alors que les Albanais du Kosovo qui représentent plus de 90% de la population, réclament l'indépendance, Belgrade n'est disposé à accepter qu'une large autonomie.
Avec son éternelle écharpe de soie et ses lunettes à la John Lennon, Ibrahim Rugova avait acquis pour les Albanais du Kosovo l'image d'un mythe et apparaissait comme le seul leader susceptible de conduire le Kosovo à l'indépendance.
"Au cours des quinze dernières années, Ibrahim Rugova est devenu un mythe au Kosovo", a estimé l'analyste Mufail Limani. "La plupart des habitants du Kosovo l'ont considéré comme irremplaçable".
Ecrivain renommé, diplômé es lettres de la Sorbonne, Ibrahim Rugova, qui parlait français, anglais et serbe, a été un des pionniers de l'intelligentsia du Kosovo dans l'ancienne Yougoslavie communiste.
Sa lutte pacifique contre Belgrade et la répression sous le régime de Slobodan Milosevic, lui ont valu le surnom de "Gandhi du Kosovo"
Le décès d'Ibrahim Rugova, qui laisse une femme et trois enfants, ouvre désormais la bataille de sa succession, mais aucun des dirigeants du Kosovo ne semble bénéficier actuellement d'un soutien comparable à celui qu'il avait acquis.
Les principaux candidats sont actuellement le président du parlement du Kosovo, Nexhat Daci, 61 ans, le principal leader de l'opposition, Hashim Thaci, 37 ans, l'actuel Premier ministre, Bajram Kosumi, 45 ans, et le leader d'un parti réformateur, l'ORA, Veton Surroï, 43 ans.
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