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Histoires de disparus!!!
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31 décembre 2005 00:12
Droits de l'Homme. Les dossiers chauds de l'IER

(DR)
L'Instance équité et Vérité soumettra son rapport final sur les années de plomb au roi, le 30 novembre. Le document devra comporter un chapitre dédié aux cas de disparitions forcées (près de 400, selon les principales ONG de droits de l'homme) enregistrés jusqu'aux années 90. Mais avant le rapport final, l'instance devra aviser les familles de disparus, maintenues jusque-là dans une "attente arbitraire" qui alimente déjà la polémique… TelQuel restitue les cas les plus significatifs, de l'emblématique Ben Barka au tragique Ouassouli, en passant par Manouzi, Rouissi et bien d'autres.


Omar Ouassouli. Le disparu qui n'a pas cessé de réapparaître
L'histoire de Omar Ouassouli a commencé dans la petite localité de Jorf, près d'Errachidia, où il est né en 1955. Après de brillantes études sanctionnées par un diplôme d'ingénieur en 1979, il rejoint le département provincial de l'agriculture de Khénifra. Connu pour sa sympathie avec Ilal-Amam dont la plupart des membres sont en prison, il est arrêté au début des années 80 et transféré à Rabat. Révoqué de son emploi au bout des 27 jours qu'il passe en détention, il part en France où il compte préparer un diplôme de 3ème cycle. De retour au Maroc, il retrouve un poste d'ingénieur dans une société privée à Agadir, en 1983. En février 1984, il obtient un congé d'un mois. Il n'est jamais réapparu depuis. Son frère raconte : "Omar devait pressentir quelque chose puisque, peu avant sa disparition, il m'a envoyé un mandat de 5.000 DH (équivalent d'un salaire de haut-cadre à l'époque) suivi, quelques jours plus tard, de ses effets personnels". La famille garde longtemps le secret de la disparition, évitant de s'adresser aux ONG internationales, "de peur de lui créer des ennuis supplémentaires là où il était". Ils le croyaient détenu parmi les cadres d'Ilal-Amam. Mais lorsque ceux-ci retrouvent la liberté au début des années 90, le doute n'est plus possible : Omar a été porté disparu pour de bon. C'est là que son nom intègre les fichiers des ONG de droits de l'homme, au Maroc comme à l'étranger. C'est là aussi que la police dépêche, régulièrement, des équipes pour "compléments d'enquête". "C'était, se souvient le frère, des enquêtes sur mes parents, ses amis, etc. Les policiers se présentaient tantôt en amis tantôt en curieux venus apporter la bonne nouvelle. Ils disaient qu'il était en Europe, en Libye, en Espagne, prétendant qu'il ne serait de retour qu'à la disparition de Hassan II. En fait, ils étaient là pour nous sonder, dans le but combler leurs propres lacunes à son sujet". Quand, en 1998, le CCDH, comité initialement mis en place par Hassan II pour "tourner la page du passé", publie une première liste de disparus, le nom de Omar Ouassouli y figure dans la rubrique "disparu vivant à l'étranger". Le CCDH refuse d'en dire plus, arguant de la "non-qualification". Des bruits, qui remontent jusqu'au CCDH, laissent pourtant entendre que le disparu, après avoir séjourné en Espagne, aurait tenté de rentrer au Maroc via l'Algérie et se serait fait arrêter. Mais aucune confirmation n'est possible. Un jour, en 2004, un certain Haddou Brahim, ancien camarade de classe du disparu, se présente à sa famille et lui annonce le miracle : "Je viens de voir Omar, on a pris un café avant de nous rendre à Erfoud, il est en bonne santé, il possède une voiture et un téléphone portable". C'est que le calvaire reprend de plus belle : Haddou disait-il vrai, ou fabulait-il ? Comment Omar pouvait-il se rendre jusqu'à Erfoud sans rendre visite à ses parents qui l'attendent depuis 20 ans ? La rumeur circule, les badauds, plus ou moins bien intentionnés, tapent à la porte de la famille : "Omar est devenu fou (…) Omar est devenu flic et travaille à la DST (…) Omar travaille pour les terroristes, etc". Le père Ouassouli décède peu après, en juin 2004. La mère multiplie les SOS : "Même s'il est fou, je veux le revoir, je suis prête à louer les services de n'importe quel quidam qui ira me le ramener". L'attente dure aujourd'hui encore, au point de faire dire aux frères et sœurs de Omar, comme à d'autres familles de disparus : "Pour nous, ce n'est pas la disparition seulement qui est arbitraire, mais l'attente aussi". Une attente insupportable tant les ragots circulent dans tous les sens, impossibles à vérifier. "Et, poursuit le frère de Omar, tant que l'IER ne nous aura pas dit ce qu'il est advenu du disparu".


Les emblématiques


Mehdi Ben Barka. L'IER hors du coup ?

On ne présente plus l'opposant numéro un de Hassan II, enlevé à Paris en octobre 1965 et porté disparu depuis. Son dossier, malgré la désignation prochaine d'un juge d'instruction au Maroc et la levée partielle du secret défense en France, a peu de chances d'aboutir à l'issue du mandat de l'IER. Aucun des témoins principaux n'a jamais été directement auditionné, malgré toutes les demandes et convocations officielles venues de France.

Houcine Manouzi. La vérité, enfin ?

Né en 1943 dans une grande famille de résistants du sud marocain, tour à tour militant de l'UMT et de l'UNFP, technicien d'avion dans le civil, Houcine Manouzi a choisi l'exil après la vague de coups d'Etat qui a envahi le pays au début des années 70. En octobre (un 29, comme Ben Barka), il est enlevé en Tunisie. Il fait le "circuit" des commissariats et des PF, centres de détention secrète et se serait évadé, en 1975, du tristement célèbre Dar El Mokri. Sauf surprise, son cas devrait être élucidé, au moins en partie, par l'IER.

Abdelhak Rouissi. Le plus ancien

Né en 1939, cadre connu à la banque et militant de l'UMT, connu pour ses opinions contestataires (contre la guerre des sables enclenchée par le Maroc, contre la Constitution), enlevé en octobre 1964 à son domicile au centre-ville de Casablanca. Il est le plus ancien des disparus et, ironie du sort, sa sœur Khadija est aujourd'hui… membre de l'IER. Comme Manouzi, son cas pourrait être élucidé, même partiellement, par l'IER.


Les introuvables


Mohamed Esslami. Le dernier des disparus

Né en 1970, études de médecine à Casablanca couronnées par la soutenance d'une thèse de doctorat en novembre 1997. Deux jours plus tard, il se rend chez un membre de la famille à Rabat. Il était sorti passer un coup de fil à partir d'une téléboutique… Il n'avait aucune couleur politique mais il était proche des jeunes militants du PADS (parti d'extrême-gauche) et de l'UNEM. Plusieurs fois interpellé par la police dans le cadre de manifestations populaires, notamment à Fès où il effectuait ses stages hospitaliers, Essalmi était, de l'aveu de sa famille, "une grande gueule, mais sans plus". Inconnu du PADS dont il était proche, mais aussi du CCDH qui l'ignora dans sa liste de 1998, arguant que la date de la disparition était "trop récente", sa famille a longtemps bataillé avant de faire admettre, enfin, que le disparu avait bel et bien été enlevé, à défaut d'en savoir plus. D'après sa famille, c'est Latéfa Jbabdi, membre de l'IER, qui traite les cas de disparitions dans les années 90, qui a mené l'enquête sur son cas.

Belkacem Ouazzane. Le mokhazni n'est plus réapparu

Né en 1924 dans la province de Figuig, père de famille, cet ancien agent des forces auxiliaires figure parmi les victimes de ce qu'on appelle le complot de Moulay Bouazza, en 1973. Torturé et jugé parmi les "comploteurs" de l'UNFP, il sera finalement relâché… et enlevé à la sortie même de la prison centrale de Kénitra. Des témoignages recoupés certifient que ce sont des militaires qui ont procédé à son enlèvement. Il n'a plus donné signe de vie depuis 1973.

Abdellatif Salem. Des maths aux ténèbres du royaume

Né en 1962, brillantes études en sciences mathématiques ponctuées par un diplôme supérieur en France. Le 2 mai 1988, il s'attable dans un café près de la place Al-Qamra, la gare routière de Rabat. Depuis, il n'a plus donné signe de vie. Son frère raconte : "Nous avons entrepris toutes les démarches possibles et imaginables, tapant à la porte de la DGSN (Sûreté nationale), du procureur général, du ministère de l'Intérieur, etc". Les réponses, invariablement, étaient les mêmes :"Connais pas, ce n'est pas un détenu politique !". Ce n'est que dans les années 90 que la famille saura, grâce à d'anciens compagnons de Salem en France, que le disparu était un membre actif de l'UNEM, le syndicat (clandestin) des étudiants marocains. "C'était une première confirmation qu'il a bel et bien été enlevé pour ses opinions. La deuxième confirmation nous est venue de la publication de son nom sur la liste des disparus établie, en1998, par le CCDH". La famille a reçu de nombreux courriers anonymes depuis, signalant la réapparition du disparu aux quatre coins du royaume. Sans suite, évidemment. "Aujourd'hui, nous voulons le détail sur tout ce qui s'est passé, pas seulement la réponse à la question s'il est vivant ou mort". La dernière entrevue de la famille avec l'IER, en la personne du président Driss Benzekri, s'est terminée en pointillés. "Il a dit (Benzekri) qu'il attendait la réponse du gouvernement au sujet de Salem…".

Belkacem Moujahid. Mort à Derb Moulay Chérif ?

Né en 1924, militant de l'UNFP, enlevé, d'après plusieurs témoignages, par les forces de la BNPJ (brigade nationale de la police judiciaire) en septembre 70. Il serait décédé, des suites d'une séance de torture, au commissariat Derb Moulay Chérif peu de temps après son enlèvement. Officiellement, et tant que sa dépouille n'a pas été restituée, son sort restera indéterminé.

Mohamed Boufous. Il habitait l'autoroute !

Né en 1928, militant connu de l'UNFP, ancien employé de la SOMACA à Casablanca, enlevé durant l'été 1967 alors qu'il tentait de partir en France où il travaillait comme ouvrier. Quand le CCDH publie la fameuse liste des disparus, Mohamed Boufous y figurera parmi les "vivants à l'étranger". Sa famille insiste pour connaître l'adresse et finit par l'obtenir, à l'arraché, du CCDH. Une fois sur place, en France, la famille se rend compte que l'adresse correspondait…au passage d'une autoroute
l
31 décembre 2005 00:13
source telquel.

pensez vous que des enlevements se font actuellement au maroc et a l'etranger??
t
31 décembre 2005 00:28

salam


pour + d'infos

[www.ier.ma]


bonne soirée
tawaya
 
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