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Hiroshima
h
6 août 2005 05:49
Salam,

J'ouvre ce thread un brin morbide juste pour rendre hommage à un peuple meurtri.
z
6 août 2005 07:54
Hiroshima commémore la première attaque nucléaire de l'histoire -- Par Eric Talmadge --

AP | 06.08.05 | 03:37


HIROSHIMA, Japon (AP) -- Pendant un court moment, les tramways se sont arrêtés et toute la ville s'est recueillie dans le silence; des fleurs et de l'eau ont ensuite été déposés en hommage aux morts. Hiroshima a choisi de commémorer simplement samedi la première attaque nucléaire de l'histoire, il y a tout juste 60 ans, qui a fait plus de 140.000 victimes et marqué un tournant dans la Deuxième guerre mondiale.
Plus de 55.000 personnes se sont réunies au Parc du mémorial de la paix à Hiroshima samedi soixante ans après que les Américains ont lâché la bombe-A sur la ville au cours d'une cérémonie austère.
Une minute de silence a été observée à 8h15, heure précise de l'explosion de la bombe. Des gerbes de fleurs et de l'eau -symbolisant la souffrance des victimes du feu atomique - ont été déposés sur le cénotaphe au centre du parc.
Devant le Dôme de la Bombe-A, l'un des rares bâtiments qui n'a pas été rasé par la déflagration, des militants pacifistes ont organisé un «die-in».
Dans une «Déclaration de la paix», le maire d'Hiroshima Tadatoshi Akiba a lancé un appel à toutes les puissances nucléaires pour qu'elles abandonnent leur arsenal mortel et a affirmé que les Etats-Unis, la Russie et les autres membres du club nucléaire «remettaient en cause la survie des humains».
Plus mesuré, le Premier ministre Junichiro Koizumi a présenté ses condoléances aux morts. «J'offre de profondes prières du fond de mon coeur aux personnes tuées», a-t-il déclaré, promettant que le Japon mènerait le combat contre la prolifération nucléaire.
Si Hiroshima a surmonté la tragédie pour devenir une ville prospère de 3 millions, la commémoration souligne la persistance du drame.
Environ 140.000 personnes, sur un total de 350.000 habitants, sont mortes dans les quelques mois suivant Hiroshima. 80.000 autres ont péri après l'explosion d'une deuxième bombe trois jours plus tard à Nagasaki. Le Japon a capitulé le 15 août 1945, mettant fin à la Deuxième guerre mondiale.
Le bilan définitif, qui inclut les victimes indirectes de la bombe (cancers), a été fixé à 242.437 victimes par les autorités et 5.373 noms ont été ajoutés sur la liste cette année.
«Pour les habitants d'Hiroshima, c'est un jour de prières», a raconté Takaomi Tahara, qui a perdu plusieurs proches dont son grand-père. A ce jour, les restes de ce dernier n'ont pas été trouvés, affirme-t-il. Pour nous, il n'y a pas de fin.» AP
z
6 août 2005 07:55
Au Japon, la mémoire de l'horreur nucléaire d'Hiroshima s'estompe
LE MONDE | 05.08.05 | 13h21 • Mis à jour le 05.08.05 | 13h21
HIROSHIMA de notre envoyé spécial


a ville est avenante, aérée, avec ses avenues verdoyantes et ses rivières paisibles : Hiroshima, la "ville de l'eau" , disait-on, parce qu'elle s'étend dans le delta du fleuve Ota et de ses six bras. Aujourd'hui, ses monuments aux victimes du feu nucléaire, la carcasse du dôme de ce qui fut la chambre de commerce ­ l'un des rares vestiges du bombardement du 6 août 1945, comme son Mausolée à la paix, qui occupe le centre de la ville ­ sont intégrés au paysage urbain. Dans les esprits s'opère un estompage analogue : lamémoire s'effrite, l'horreur se dilue, le drame se fossilise.

Les témoins disparaissent et le nombre de visites des écoles diminue : de moins en moins d'écoliers peuvent donner la date du bombardement, indiquent les enquêtes de la municipalité. Parfois, des monuments sont profanés par des jeunes qui, pour s'amuser, mettent le feu aux guirlandes de grues en papier multicolores, symboles de paix. Saturée de culte du souvenir, Hiroshima doit renouveler son message pour qu'il porte encore dans un monde qui, en soixante ans, a connu d'autres formes de massacres de populations civiles.

Sur les 541 800 atomisés d'Hiroshima et de Nagasaki, 266 000 étaient encore en vie en mars 2005. A Hiroshima, où 140 000 personnes sont mortes lors de l'explosion de la bombe ou dans les semaines suivantes, on décompte 120 000 survivants. Ils ont en moyenne 73 ans. Combien seront-ils, dans dix ans, à pouvoir raconter ce qu'ont été le 6 août 1945 et les années d'après ? Car, si la mort a frappé certains d'un coup, elle a été moins miséricordieuse pour d'autres, qui ont vécu une lente agonie : la survie dans les gravats et la pestilence, les larves dans les plaies de corps écorchés vifs, les cheveux qui tombent, les vomissements de sang... puis les leucémies et les cancers. Aujourd'hui encore, les survivants vivent dans les affres de ces symptômes.

Avec pudeur, économie de mots ou au contraire en un flot intarissable, les atomisés racontent leur calvaire. "C'était ainsi" , dit cette vieille dame qui retrouve une sereine tranquillité après avoir égrené, les yeux clos, un long récit apocalyptique commencé par ces simples mots : "Ce jour-là..." Certains se murent dans le silence. D'autres, encore terrifiés par les éclairs des orages, revivent au soir de leur vie le traumatisme qu'ils ont subi. Parfois, ils se sentent coupables de ne pas avoir porté secours aux survivants hagards ou aux agonisants implorants. Ils tendent à s'identifier aux morts, et certains mettent fin à leurs jours, hantés par le cri du poète atomisé Sankichi Toge : "Rendez-nous notre humanité !"


ABANDONNÉS À LEUR SORT


Pendant des années, les victimes du feu nucléaire ont été abandonnées à leur sort. Les plus pauvres ont croupi dans des bidonvilles, comme celui de Motomachi, la "honte d'Hiroshima" , disait-on. Au début de l'occupation américaine, en septembre 1945, les hôpitaux militaires avaient été fermés. En dépit de médicaments fournis par la Croix-Rouge internationale et l'occupant, ainsi que du dévouement d'infirmières et de médecins, les irradiés furent laissés pratiquement sans soins, en raison du secret que les Etats-Unis voulaient entretenir sur les effets de la bombe. Longtemps, on a ignoré comment soigner ces terribles blessures, stopper les hémorragies des écorchés vifs. Jusqu'à la signature du traité de San Francisco, en 1951, les informations sur Hiroshima ont été censurées. Fin 1946 avait été ouvert un laboratoire militaire américain, baptisé Atomic Bomb Casualty Commission (ABCC) : il ne prodiguait aucun soin, mais pratiquait des tests sur les irradiés et exigeait les cadavres pour les autopsier. Parfois, lorsqu'il n'y en avait pas assez, il les achetait, raconte le photographe Kikujiro Fukushima : "Un homme vendit ainsi le cadavre de sa femme pour pouvoir lui organiser des obsèques" , dit-il.

L'ignorance de l'origine des maladies et la crainte que l'irradiation soit contagieuse firent des atomisés (60 % des victimes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées) des êtres déshumanisés, rejetés par les employeurs, un éventuel conjoint, leurs voisins, voire leur famille. Leur calvaire est raconté dans une bande dessinée, Gens aux pieds nus , de Keiji Nakazawa, qui rappelle, dans un récit poignant, ce qu'il vit avec ses yeux d'enfant (J'avais six ans à Hiroshima , Le Cherche Midi éditeur, 1995). L'ostracisme à l'égard des atomisés en renforça d'autres, la discrimination frappant les Coréens ­ 30 000 irradiés ­ et les descendants des hors-caste de l'époque prémoderne (équarrisseurs et bouchers), qui devinrent doublement victimes.

Jusqu'en 1957, les atomisés ne bénéficièrent d'aucune assistance spéciale. La misère et la désagrégation du tissu social firent de l'Hiroshima des années 1950-1960 une "ville sans loi" : les bandes criminelles formées par certains des milliers d'orphelins du bombardement y étaient si célèbres qu'elles ont inspiré l'un des classiques des films de yakuza s (gangsters), Batailles sans honneur , une série de Kinji Fukasaku qui brosse avec un réalisme cru un portrait de la pègre de l'après-guerre.

C'est cette mosaïque de souffrances et de drames individuels silencieux qui constitue l'héritage d'Hiroshima : des drames reflétés dans des peintures d'amateurs ou dans les oeuvres d'écrivains comme Hisashi Inoue, telles que Chichi to kuraseba (Vivre avec mon père), 1994, adapté au cinéma en 2004 par Kazuo Kuroki sous le titre anglais The Face of Jizo , qui raconte le tête-à-tête entre une fille et le fantôme de son père, trois ans après le bombardement. L'approche n'est pas politique mais empreinte de tendresse. "Ces bombes ont été lancées non seulement sur des Japonais mais sur tous les êtres humains" , écrit Hisashi Inoue.


ACTE D'INHUMANITÉ


Longtemps, la première ville atomisée du monde s'est perçue uniquement comme victime. Son drame semblait suspendu dans un vide historique. Que s'était-il passé avant ? Hiroshima se résumait à une promesse de paix. Ce n'est plus le cas : depuis une dizaine d'années, le musée rappelle l'expansionnisme japonais et l'origine de la guerre. Mais Hiroshima parvient mal à élargir la portée de l'acte d'inhumanité dont elle a été victime en faisant de son drame le fanal d'une condamnation du terrorisme d'Etat que représente tout bombardement de populations civiles. La voix des atomisés faiblit : le premier ministre, Junichiro Koizumi, a rompu avec la tradition de les rencontrer lors des cérémonies du 6 août.

"Reposez en paix. Les erreurs ne se reproduiront plus" , peut-on lire sur le monument aux victimes. "Répéter ce voeu pieux n'a plus de sens" , estime Yuki Tanaka, professeur à l'Institut de la paix d'Hiroshima. "Hiroshima a connu l'horreur à l'état pur : ses habitants ont été victimes d'un génocide mais, pas plus que dans le cas des juifs, ces atrocités ne doivent faire oublier d'autres tragédies. Nous devons nous dégager de cette myopie et lier le drame d'Hiroshima à notre époque. Unique, le bombardement atomique présente des similarités avec d'autres massacres de populations civiles que nous avons sous les yeux" , explique-t-il. L'allergie au nucléaire reste profonde chez les Japonais, mais ils semblent plus fatalistes face à l'usage de la force contre des populations civiles, comme si, peu à peu, leur allergie se dissociait du pacifisme dont ils se réclament.



Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 06.08.05



z
6 août 2005 07:58
Hiroshima
La bombe atomique n'effraie plus le japon
Le traumatisme causé par Hiroshima a longtemps poussé Tokyo à refuser toute nucléarisation. Soixante ans après, les rapports de force régionaux changent la donne.

samedi 06 août 2005



Tokyo de notre correspondant



oixante ans après les destructions de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, par deux bombes atomiques, le tabou nucléaire a été levé au Japon, où l'on débat désormais ouvertement de la nécessité pour le pays de se doter de telles armes. Pourtant, les Japonais restent viscéralement opposés à l'idée d'un «Japon nucléaire». Tous les sondages confirment le rejet par une majorité écrasante de la population (autour de 90 %) de toute nucléarisation. Seul pays au monde à avoir subi le traumatisme des bombes A, l'archipel continue d'«oeuvrer au désarmement nucléaire», comme le répète le Premier ministre, Junichiro Koizumi. Le Japon dit rester fidèle à ses «trois principes non nucléaires» adoptés en 1967 : il ne fabrique pas d'armes nucléaires, il n'en autorise pas la présence sur son sol et il ne cherche pas à en acquérir. Pourtant, le maire de Hiroshima, Tadatoshi Akiba, dit aujourd'hui «craindre que le gouvernement [japonais] cherche à faire du Japon une puissance atomique».

«Pays normal». L'évolution des rapports de force en Asie et l'apparition de nouveaux périls ­ menace nord-coréenne, litiges insulaires, question de Taiwan, affirmation de la Chine comme puissance militaire, essais nucléaires indiens et pakistanais, etc. ­ ont bouleversé la politique de défense de l'archipel. Le débat est ouvert : le Japon doit-il se doter de l'arme nucléaire ? Des stratèges membres ou proches du Parti libéral démocrate (PLD, au pouvoir) estiment que le moment est enfin venu pour le Japon de redevenir «un pays normal» en se dotant de «moyens de dissuasion».

En mai 2002, le secrétaire général adjoint du gouvernement, Shinzo Abe, a déclaré que le fait de doter les Forces d'autodéfense (nom officiel de l'armée japonaise) d'armes nucléaires tactiques «ne violerait pas forcément la Constitution», dont l'article 9 bannit le recours à la guerre. L'ex-secrétaire du gouvernement et bras droit de Koizumi, Yasuo Fukuda, lui a emboîté le pas, affirmant que la politique non nucléaire nippone «pourrait devoir être révisée dans l'avenir». Ces remarques ont suscité un tollé en Chine et en Corée (du Sud et du Nord). Mais elles n'ont guère choqué au Japon, sauf dans les rangs des pacifistes engagés dans la croisade antinucléaire.

L'évolution n'est pas surprenante. Très désireux d'intégrer le club fermé du Conseil de sécurité des Nations unies, le Japon, seconde puissance économique mondiale, est en quête de responsabilité et de respectabilité sur la scène internationale. Au risque de braquer ses voisins, il n'hésite plus à montrer ses biceps. L'envoi, au début de l'année 2003, de 600 soldats japonais en Irak ­ le premier déploiement militaire nippon à l'étranger depuis 1945 ­ illustre le ton nouveau à Tokyo. Le «pacifisme constitutionnel» qui fut la référence et la fierté du Japon d'après-guerre n'est plus intangible.

Ambiguïté. Pour l'instant, cette évolution n'inquiète pas les Etats-Unis. Privé de la bombe, l'allié nippon reste dépendant du parapluie nucléaire américain. Mais, en mars 2003, le vice-président américain, Dick Cheney, estimait que si la Corée du Nord se dotait de la bombe (objectif aujourd'hui atteint, à en croire les autorités de Pyongyang), «d'autres pays, dont peut-être le Japon, pourraient être obligés d'examiner s'ils veulent ou non revoir la question nucléaire». Dès 1993, un rapport confidentiel de l'Agence japonaise pour la science et la technologie, peut-être diffusé volontairement, expliquait que le Japon, grâce à sa «puissance scientifique, technologique et financière», dispose des capacités requises pour fabriquer des armes nucléaires depuis au moins le début des années 80. Tokyo maintient ainsi l'ambiguïté autour de son statut d'«Etat potentiellement nucléaire». En juin 1994, l'ex-Premier ministre Tsutomu Hata confirmait que le Japon a «la capacité de construire des bombes nucléaires mais qu'il ne le fera pas», puisque Tokyo a adhéré au traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Au quotidien sud-coréen Joong-Ang Ilbo, le consultant japonais Kenichi Ohmae a expliqué en février dernier que le Japon dispose d'au moins «50 tonnes de plutonium» issu de ses 52 réacteurs civils, «de quoi fabriquer 2 000 bombes atomiques». Il précisait que son pays avait également acquis le savoir-faire technique pour doter une tête de missile d'une arme nucléaire.

Ce «potentiel nucléaire» nippon inquiète les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui multiplient veilles et inspections au Japon. En pleine «affaire Tepco» en 2002 (la dissimulation par le japonais Tepco, première compagnie électrique du monde, de fissures et fuites dans ses centrales nucléaires), le directeur de l'AIEA, Mohamed el-Baradei, avait appelé Tokyo à «davantage de transparence en matière nucléaire».

Dissuasion sans arme. Pour l'heure, l'archipel préfère cultiver l'ambiguïté en affichant une dissuasion nucléaire... sans arme nucléaire. Le concept Weaponless Deterrence est apparu au début des années 80. «C'est tout l'art de la dissuasion japonaise, explique un expert à Tokyo. La dissuasion repose sur la crédibilité. Or le Japon fait savoir qu'il peut facilement et en un temps record fabriquer des armes nucléaires. C'est un message simple mais tout à fait crédible...» Tous les spécialistes s'accordent à penser que l'archipel peut fabriquer une bombe atomique en trois mois.

Si la Corée du Nord venait à effectuer un test nucléaire, le Japon disposerait d'un prétexte acceptable pour céder à la tentation nucléaire. A Tokyo, la question n'est en fait déjà plus de savoir si le Japon peut fabriquer des armes nucléaires, mais s'il sera contraint de le faire.

Libération.
z
6 août 2005 08:03
«C'étaient des monstres carbonisés»
Témoignage du docteur Hida, survivant du cataclysme, qui a soigné les premières victimes.

Par Michel TEMMAN
samedi 06 août 2005



Hiroshima envoyé spécial



rès du pont Aioi, dont la structure en forme de T aurait servi d'objectif à Paul Tibbets, le pilote d'Enola Gay, des groupes de touristes posent pour une photo-souvenir devant le squelette du Genbaku Dome, le «dôme atomique», trace préservée du cataclysme nucléaire qui frappa la ville. En bordure de la rivière Motoyasu, des groupes de prêtres bouddhistes se recueillent devant la stèle des martyrs. Le 6 août 1945, à 8 h 14, c'est ici que, d'une altitude de 8 500 mètres, Tibbets et son équipage de onze hommes exécutèrent l'ordre du président Truman de déclencher l'apocalypse. «Little Boy», bombe A d'une puissance de 15 000 tonnes de TNT, explosa à 8 h 15 à environ 600 mètres d'altitude dans le ciel de Hiroshima.

L'explosion eut lieu juste au-dessus d'un hôpital, qui a été détruit en 1992 pour faire place à un centre commercial. Le docteur Shuntaro Hida, 88 ans, se souvient bien de cet hôpital. En août 1945, il y travaillait. Il avait alors 28 ans. «Autour de moi, je sentais que c'était la fin de la guerre. Que nous avions perdu. Presque toutes les villes du Japon [66 villes] avaient été rasées par les bombardiers américains. Je me demandais pourquoi Hiroshima avait été épargnée...» Depuis 1944, il soignait dans cet hôpital des blessés rapatriés de Chine, des Philippines et d'autres pays et archipels d'Asie et Pacifique qu'occupait l'armée impériale.

Souffle. Dans la nuit du 5 au 6 août, on le prie de se rendre à Hasaka, village perché dans la montagne à cinq kilomètres de Hiroshima, pour y soigner une petite fille. Il l'examine le 6 août au petit matin. Vers 8 heures, il est au chevet de l'enfant et s'apprête à lui faire une piqûre quand il voit un point noir dans le ciel au-dessus de Hiroshima. Un avion. Soudain, l'apocalypse, une lumière éblouissante. «La chaleur devint intense, tout se mit à briller, se rappelle-t-il. Je dus protéger mes yeux. Un souffle extraordinaire me projeta à terre sur une dizaine de mètres. Je vis se former dans le ciel un grand cercle de feu, un nuage rouge, enfin l'énorme champignon. Au village, les tuiles des toits volèrent sous le souffle. Tout fut détruit. Malgré des contusions, j'étais vivant. La petite fille aussi. J'avais vu Hiroshima disparaître sous une mer de feu.»

Survivant et médecin, le docteur Hida entreprend de sauver un maximum de victimes. Il saute sur une bicyclette. «Peu après l'explosion, j'ai repris le chemin de la ville et croisé les premières victimes qui la fuyaient. Ce n'étaient plus des êtres humains, mais des monstres carbonisés. Leur peau était en lambeaux. Pour gagner l'hôpital de l'armée, j'ai dû marcher dans la rivière. Des irradiés sautaient dans l'eau ; d'autres, souffrant terriblement, tentaient en vain de venir à moi. La ville brûlait, étrangement silencieuse. Il ne restait plus rien de l'hôpital. Six cents personnes s'y trouvaient, personnel et malades. Seules trois avaient survécu.»

Bâtiments effondrés, déplacement d'air, brûlures fatales... Les 140 000 premières victimes de Hiroshima ­ sur les 420 000 habitants que comptait cette ville de garnison ­ sont mortes dans des conditions atroces (71 000 corps n'ont jamais pu être identifiés), certaines littéralement vaporisées par la déflagration. Pour les survivants, le calvaire se prolonge sous l'effet de la «pluie noire» radioactive qui se met à tomber des nuages remplis de suie et de débris du champignon. 70 000 autres personnes mourront d'avoir été exposées ou d'avoir bu cette eau hautement toxique jusqu'en décembre 1945. Toutes ces victimes ne sont pas japonaises : 30 000 Coréens, pour beaucoup amenés au Japon comme travailleurs forcés durant l'occupation nippone de la péninsule coréenne (1905-1945), sont morts le 6 août 1945 et au cours des mois qui ont suivi.

Après l'attaque, les rares hôpitaux de Hiroshima encore debout sont surchargés. Les quelques médecins qui y officient jour et nuit sont incapables de cerner les symptômes de maladies qu'ils n'ont jamais rencontrées. Ils parlent d'épidémies. Mais le 8 août, à l'hôpital de la Croix-Rouge, une équipe médicale découvre que le film de la salle de radiographie aux rayons X a été exposé. Les autorités militaires comprennent alors que la bombe ennemie est d'un type nouveau, «d'origine nucléaire».

Cobayes. «Dès ce moment, se rappelle le Dr Hida, nous avons tenté de mener nos propres recherches sur les effets de la bombe. Mais les Américains nous en ont vite empêchés.» Les films tournés entre septembre et novembre 1945 par une équipe de médecins japonais à Hiroshima sont confisqués par les Américains, qui ne les ont rendus au gouvernement japonais qu'en 1973. Durant l'occupation américaine, de 1945 à 1952, l'ABCC (Atomic Bomb Casualty Commission), financée par le département de l'Energie et créée spécialement sur ordre de la Maison Blanche, est seule habilitée à étudier les effets à long terme de la bombe atomique. La commission, installée dans les locaux de la Croix-Rouge japonaise à Hiroshima, fait de ceux qu'on appelle les hibakusha (irradiés) ­ parmi lesquels le docteur Hida ­ de véritables cobayes de la science et de la médecine nucléaire naissante.

En effet, l'ABCC ne soigne pas les victimes. Elle prélève des organes sur les cadavres de ceux qui meurent et envoie des rapports à Washington. Les médecins japonais n'ont pu en apprendre plus qu'à partir de 1956, quand fut bâti le premier hôpital spécialisé dans le traitement des irradiés. En 1994, des scientifiques américains et japonais, membres de la Fondation pour la recherche sur les effets de l'irradiation, ont conclu que l'exposition à la bombe à uranium conduit l'être humain à développer neuf types de cancer, dont la leucémie, les cancers de la peau, de la thyroïde, de l'oesophage, de l'estomac ou du système urinaire. «Pour ma part, précise le Dr Hida, j'ai suivi un traitement durant une vingtaine d'années. J'ai supporté mieux que d'autres l'après-guerre. Mais aujourd'hui, autour de moi, beaucoup d'hibakusha meurent de cancer.»

z
6 août 2005 14:45
sad smiley
[aerostories.free.fr]

[aerostories.free.fr]



Modifié 1 fois. Dernière modification le 06/08/05 14:49 par zouitina.
h
6 août 2005 15:55
Salam smiling smiley

Merci zouitina smiling smiley

A tout hasard, cela ne vous indigne pas de considérer l'ampleur arrogante qu'a pris un déboire militaire ?! Eh bien moi ça me chiffonne.
Z
6 août 2005 18:12
Salam,
Truman,Mc Carthy...& Co devraient etre condamné à mort à titre posthume pour cette horreur qui a ravagé la moitié d'une ville sad smiley.
$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$ Le texte que je viens de taper a porté plainte :S $$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$
 
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