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Harcelée à coups de poèmes enflammés et de bouquets de roses
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22 novembre 2006 11:32
LE MONDE | 21.11.06



Peut-on exercer des violences sur autrui à coups de lettres d'amour et de bouquets de roses ? Oui, si l'on en croit l'affaire qu'examinera le 7 décembre le tribunal correctionnel de Metz, devant lequel sera jugé un ancien avocat, poursuivi pour avoir adressé à l'une de ses consoeurs, dont il était tombé éperdument amoureux, quelque 800 courriers enflammés en quelques mois. Un "harcèlement épistolaire" que le juge d'instruction a qualifié en "violences légères sans interruption temporaire de travail avec préméditation".


Agé de 34 ans, Patrick Serre a quitté le barreau et vit aujourd'hui du RMI. "Après avoir abandonné femme et emploi, ce pauvre bougre s'est progressivement clochardisé, allant jusqu'à vivre dans sa voiture", témoigne son avocat, Me Alexandre Bouthier. Une déchéance due à l'amour, si l'on en croit l'intéressé, lequel a jeté son dévolu sur une jeune avocate rencontrée au palais, qu'il inonde bientôt de poèmes et de déclarations fiévreuses, accompagnées parfois de fleurs et de catalogues de robes de mariée. "Je ne suis qu'un con et je te mets sur un piédestal", écrit-il à sa dulcinée, pour laquelle il prétend avoir "tout plaqué". La jeune femme lui demande de cesser cette correspondance compulsive, qui reprend au rythme de cinq lettres par jour. L'avocate finit par alerter le bâtonnier, qui saisit le parquet.

Aux policiers, Patrick Serre déclare ne pas avoir "d'autre but" que de conquérir le coeur de celle qui, pourtant, ne lui a laissé aucun espoir. "Mes courriers la flattent", explique-t-il au juge d'instruction, se déclarant "victime de manoeuvres de séduction". L'expert-psychiatre qui l'examine diagnostique une "paranoïa", évoque "une relation débordée par la projection de fantasmes inconscients" et conclut à "l'altération de (son) discernement". Mais pour le magistrat instructeur, les faits de "violences" sont constitués, l'auteur ayant eu "conscience du traumatisme psychologique" que son "comportement persécutoire, quel qu'en soit le mobile, a pu causer à la victime". Ce que la défense conteste : "Les courriers ne comportaient ni injure, ni menace, ni harcèlement sexuel. Mon client n'a pas suivi notre consoeur dans la rue et ne l'a pas abreuvée d'appels téléphoniques malveillants, explique le défenseur de l'ancien avocat. Quant au harcèlement moral, il est réservé au cadre professionnel. Il n'y a, en l'espèce, aucune infraction ou alors, il va falloir poursuivre tous les publicitaires qui bourrent nos boîtes à lettres de prospectus !", considère Me Bouthier.

L'avocat déchu, qui aurait refait sa vie, risque trois ans d'emprisonnement.



Nicolas Bastuck
 
Emission spécial MRE
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