Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
Six groupes pétroliers étrangers réduisent fortement leur présence en...
M
23 mars 2011 18:26
Petit à petit, les majors pétroliers se désengagent d’Algérie. Selon nos informations, au moins six grands groupes pétroliers étrangers ont réduit leur personnel et ne participent pas aux appels d’offres pour la prospection et l’exploration d’hydrocarbures. Ces compagnies sont Repsol, Gas Naturel, Anadarko, Shell, British Petroleum (BP) et Eni.

En catimini, ces entreprises étrangères ont décidé de ne pas renouveler les contrats de travail de milliers de travailleurs qui étaient employés dans l’activité exploration. « A titre d’exemple, Shell n’a pas renouvelé les contrats de travail pour 831 employés de la base-vie de Takrine dans le sud du pays qui fournit les prestations aux employés intervenant dans l’exploration d’un gisement d’hydrocarbures à Houad Berkine », affirme une source proche du secteur.

Shell a décidé d’effectuer un plan social en Algérie afin de réduire ses charges dans les activités de recherche et d’exploration, en suivant les exemples de plusieurs autres groupes pétroliers, notamment BP. Ce dernier a réduit sa présence en Algérie en redéployant une partie de son personnel algérien sur cinq pays africains en raison du recul de ses bénéfices depuis l’instauration en 2007 de la taxe sur les superprofits pétroliers. Le groupe britannique est revenu récemment sur sa décision de vendre la totalité de ses actifs en Algérie. Il devrait être le principal partenaire de Sonatrach pour l’exploration des gisements de gaz schisteux découverts en Algérie. Des gisements qui représentent entre 40 et 50 ans d’exportations.

L’actuelle loi sur les hydrocarbures autorise les sociétés étrangères à se retirer, d’une façon unilatérale, des projets de recherche et de prospection en cas d’absence de résultats, après trois ans de travaux.

Selon les mêmes sources, le groupe américain Anadarko a décidé de geler ses investissements en Algérie en attendant l’issue de son conflit avec Sonatrach sur le paiement des superprofits pétroliers. Anadarko a également libéré de nombreux employés et décidé de ne pas participer aux appels d’offres algériens. Les groupes espagnols Repsol et Gas Naturel ont aussi réduit au minimum leurs activités en Algérie, après leur conflit avec Sonatrach sur la perte du contrat gazier de Gassi Touil et la hausse des prix du gaz vendu à l’Espagne.
Par ailleurs, Saipem (filiale du groupe italien ENI) a réduit sa présence en Algérie depuis l’éclatement du scandale de corruption au sein de Sonatrach en janvier 2010. La société italienne de services pétroliers avait obtenu de nombreux contrats en Algérie dans des conditions douteuses, profitant de ses liens avec le fils de l’ancien PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane. Ce dernier a été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête sur la passation de contrats entre la société nationale d’hydrocarbures et des entreprises privées.
« Toutes les sociétés étrangères de services pétroliers ont dégraissé leur personnel, excepté Technip qui a obtenu le projet de modernisation de la raffinerie d’Alger. La décision de ces entreprises de réduire leur présence en Algérie est due notamment aux difficultés liées à l’investissement étranger et au problèmes de paiement avec Sonatrach », explique un spécialiste des questions énergétiques.
Les experts expliquent la décision des compagnies étrangères de réduire leur présence dans le domaine de la prospection pétrolière et gazière en Algérie par les changements dans la réglementation sur l’investissement étranger, la taxation des superprofits pétroliers et l’introduction du droit de préemption sur la vente d’actifs étrangers.

La situation régionale marquée par les révoltes populaires dans les pays arabes « n’est pas favorable » à l’investissement étranger dans les hydrocarbures, a expliqué à TSA, Djilali Takharist, directeur de la promotion du domaine minier à l’agence Alnaft.

L’autre explication du manque d’intérêt des majors pétroliers au marché algérien est liée à la crise économique mondiale. « Les compagnies étrangères ont réduit leurs investissements dans la recherche et la prospection d’hydrocarbures en raison de la crise économique mondiale. L’investissement dans ce domaine comporte beaucoup de risques », ajouté M. Takharist. Ce dernier prévoit un retour en force en Algérie des groupes pétroliers étrangers dans le futur.

M. Takharist écarte la possibilité d’un changement de la loi actuelle sur les investissements dans les hydrocarbures. En revanche, l’expert Mourad Preure, estime que l’Algérie est dans « une situation délicate », rendant nécessaire une « révision de la loi 10/06 du 29 juillet 2006 sur les hydrocarbures ».

M. Preure plaide dans le cas contraire au retour à la loi 14/86 qui a réussi à attirer les investisseurs étrangers dans les domaines pétrolier et gazier. Cet ancien conseiller à la direction générale de Sonatrach prévoit aussi un retour en force des groupes étrangers lors des prochains appels d’offres pour l’exploration des hydrocarbures. « Le sous-sol algérien riche en hydrocarbures intéresse beaucoup les compagnies étrangères », a t il dit.

Le recul des investissements étrangers dans le domaine des hydrocarbures est l’une des conséquences de la crise économique mondiale qui a éclaté en 2008, a estimé M. Preure. « L’Algérie ne constitue pas une exception mondiale », a t il ajouté.

Abdellah Allab
[www.tsa-algerie.com]
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook