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GOUT DE CENDRE de Abderrahmane Zenati
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28 mars 2005 09:47
GOUT DE CENDRE de Abderrahmane Zenati. Un livre qui m’a fait beaucoup réfléchir sur ces enfants de la rue. L’auteur nous amène à la réflexion sur ce sujet et sur bien d’autres… ceux qui abusent de leur pouvoir… les faux croyants… la souffrance en passant par la misère noire que certains marocains continuent à vivre etc. Chaque mot écrit touche une corde sensible chez le lecteur. Un livre à lire... et à relire!
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28 mars 2005 22:16
Bonjour a tous...! J'ai lu la trilogie « Les cigognes reviendront-elles à Oujda ? » de Abderrahmane Zenati avec beaucoup d'émotion et les larmes en plus. Non pas par nostalgie d’Oujda ou du Maroc car j’ai la chance de jongler entre cette ville et Paris 2 ou 3 fois par an. NON j'ai eu les larmes aux yeux et la gorge nouée simplement en lisant cet ouvrage si humain et si sincère où je retrouve mon enfance.

Si j’aime Oujda, c'est non seulement pour sa beauté ou encore pour ses odeurs, j’aime cette ville tout simplement, ça ne s'explique pas , tout est a l'intérieur, les souvenirs et les regrets aussi... Oujda me manque...mes yeux manquent de couleur et de soleil.

A chacun de mes "voyages", je me remplis les yeux de cette ville qui m'as vu naître grandir pleurer et rire… Je suis née a derb Berrahmoun, j'ai passé mon enfance entre Lazaret et derb m’basso. J'allais nager à la petite cascade de sidi Yahya. Au printemps je m'en allais errer sur les hauteurs de la forêt de sidi Maâfa à cueillir du carroube... Oui, comme Dahmane, dans l’ouvrage de Zenati, j'étais un enfant et insouciant.

OUI, comme Dahmane, j'ai joué a n'en plus finir car ce qui allait se présenter sous mes yeux les années suivantes allait littéralement m'anesthésier a jamais...je ne souhaite a personne de voir ce que j'ai vu. Pourquoi je vous raconte tout cela? Et vous que faites vous ici si ce n'est pour panser un peu les blessures du coeur et de la tête. Parce que l’on n’a pas d'autres pays que celui de son enfance! Merci a tous de m'avoir lu Merci a tous de m'aimer a travers mon pays Merci a tous pour leur marocanité…

Merci a Abderrahmane Zenati qui a réveillé cette nostalgie en moi. J’ai reconnu les ruelles décrites sur son livre Goût de cendre… je me suis reconnu dans ses personnages. Merci tout simplement Oujda je t'aime! Un peu moins que mon Dieu mais bien plus que moi même!
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31 mars 2005 20:37

Pour en savoir plus sur Abderrahmane Zenati:

[www.2m.tv]

[membres.lycos.fr]

[membres.lycos.fr]


AL HOGRA de Aberrahmane Zenati:

« Extrait »

Mais oui, mon enfant ! Le droit à la mémoire devrait être un devoir que chacun doit s'imposer pour ne pas perdre sa logique et son humanité…. Le droit à la mémoire devrait être plus qu’un devoir pour éviter de se retrouver replongé dans les errements qui parfois conduisent les hommes et des systèmes à ériger d’effroyables actions qui les transforment en monstres...
Tu dois savoir, mon enfant, qu’entre Marocains et Algériens à Oujda, beaucoup de faits d’une importance capitale restent ignorés.
Jusqu’à nos jours, aucun historien digne de ce nom ne veut les immerger de l’ombre des oubliettes…
Non, mon enfant, je ne te dis pas cela pour réanimer ou attiser la haine déjà suffocante entre les deux peuples frères, mais juste pour que tu saches… La page de l’histoire doit être écrite, lue et déchirée ensuite.
Il ne faut pas faire l’autruche, mon fils ! Il ne faut pas tout ignorer, ne rien savoir sur le passé, c’est revivre les mêmes erreurs…
C’est une autre façon de perpétuer le déchirement entre les peuples, mon fils… C’est surtout courir le risque de transformer une simple boutade en guerres fratricides… C’est détruire ce que la sagesse de l’Islam a édifié en plusieurs siècles… Tout cela risque d’être écroulé en quelques jours…
Tu vois, mon enfant, je crois que je n’exagère pas si je t’affirme qu’il serait difficile de trouver un seul adulte marocain qui ne soit au courant des malheurs des Oujdis avec la forte colonie algérienne à Oujda, durant le protectorat français..
Tu sais, dans ma mémoire, je revois encore cette époque où les gens vivaient dans cette ville comme au Far-West…
Presque tous les quartier étaient peuplés d’aventuriers de souches mélangées et souvent équivoques, allant du légionnaire français devenu subitement aristocrate au bagnard tatoué algérien libéré et pas tout à fait assagi…. De l’usurier Kabyle avare qui troqua son pays, sa dignité et sa religion contre la nationalité française au berger ignorant de la banlieue oranaise se pliant en courbettes pour le sourire hypocrite des français.
Du berger désespéré venu des campagnes de Sidi Bel-Abbès à l’ivrogne de Aïn Témouchente.
C'est vrai, mon enfant, les gens de ma génération ont vu le génie français engendrer de grandes œuvres à Oujda et dans l’ensemble du Maroc; mais nous avons vu aussi les Oujdis subirent la flagrante injustice du protectorat français et surtout de suffocante «domination » de la forte colonie algérienne…
Si, si, si… C’est une réalité, mon enfant !... La France se conduisait avec le peuple marocain, tel le loup de la fable qui portait sur sa gueule un masque d’agneau.
Alors qu’elle couvait certains algériens, considérés par elle comme français à part entière, alors qu’elle dirigeait la descendance de ces derniers vers le savoir, les grandes écoles et la culture, cette même France cupide, perfide et hypocrite, élevait une «muraille de Chine » autour du Marocain, le privant ainsi de toute souveraineté et refusant à sa progéniture toute forme de connaissance.
Le Marocain, mon enfant, n'avait droit qu'à l’école coranique.
Tout ce qu'i avait appris ne dépassait pas le fait de réciter, comme un perroquet, quelques versets élémentaires du Coran.
Du psittacisme.
Il répétait mécaniquement de longues phrases qu'il entendait et qu'il apprenait par cœur sans y rien comprendre.
Il ne pouvait ni raisonner, ni avoir présent à l'esprit le sens et les idées des mots puissants qu'il disait mécaniquement.
Plusieurs magouilleurs Algériens d’Oujda, amis de la France sont devenus riches !… Immensément riches et fort instruits.
Ils étaient est sont toujours fiers de cet état de fait, mon enfant...
Ils se considéraient dans leur euphorie et se considèrent toujours de race et d’intelligence supérieure à leurs «frères » Marocains !
Tu dois savoir, mon enfant, qu’à cette époque, la ville d’Oujda était riche et prospère.
C’était l’Eldorado de l’Afrique du Nord.
Les compagnies des mines de Zinc et de Manganèse à Touissit et celles des charbonnages à Jérada recrutaient énormément de main-d’œuvre.
Comme le miel attire les mouches, Oujda avait attiré toute la racaille de malfaiteurs, de criminels, de bandits, d’escrocs algériens...
De tous les coins d’Algérie, les gens y affluaient pour l’embauche.
Beaucoup de ceux qui vivaient dans l’adversité de la rapine chez eux, s’étaient établi à Oujda, avec la bénédiction de la France.
D’autres misérables Européens venaient par centaines d’Espagne, du Portugal, d’Italie, mais le gros du lot venait de l’Algérie.
Tous les aventuriers de Marnia, d’Oran, de Tiaret, de Frenda, de Mascara, de Saïda, de Tlemcen et de Sidi-Bel-Abbès avaient trouvé refuge à dans cette ville.
Oujda était devenue un véritable dépotoir, mon enfant.
Tous les miteux avaient trouvé refuge dans cette ville !
Des convoies traversaient toute l’Algérie, déversant à Oujda des cargaisons entières d’aventuriers, de repris de justice, de pauvres poussés par la faim, d’individus qui, en Algérie, n’avaient accumulé que des échecs… Mais il y avait des idéalistes aussi, mon enfant !...
Tous débarquaient dans l’Oriental, pleins d’espoirs ; les uns rêvant de richesse et de réussite ; les autre rêvant d’un monde pur où l’humanité allait s’épanouir dans la bonté et la vertu.
Oujda était devenue la plaque tournante entre l’Algérie, et le reste du Maroc.
Il faut bien croire, mon enfant, que, c’est parce que la ville d’Oujda était riche, prospère, florissante et stable que des centaines d’Algériens avaient fait bâtir des résidences de rêve.
De vrais châteaux, mon enfant ! D’immenses quartiers qui portent toujours leurs noms.
Mais, mon petit, si la ville était riche et prospère, cette prospérité ne rejaillissait que sur les français, les Algériens et certains Fassi qui jouaient double jeu : Celui de nationaliste et celui de la France colonialiste.
Oui, Oujda était aisée, mais cette aisance concernait très peu les humbles Oujdis qui continuaient à vivre dans la misère, l’ignorance et le mépris… Il faut préciser, mon enfant, que, pendant que la majorité des Oujdis vivaient dans l’indigence, « l’homme millionnaire » incarnait le rêve de tous les magouilleurs Algériens et les cupides Fassi.
Alors que l’Algérien, le Fassi et le Juif possédaient les immenses fermes fertiles, les usines, les hôtels et les cinémas, pour les Oujdis de souche c’était plus que de la misère… C’était la détresse, l’humiliation, presque de la déchéance, mon enfant…
Des centaines d’Algériens, sans scrupules ne reculaient devant rien, pour s’enrichir. Beaucoup avaient renié l’Islam et leur patriotisme.
Une forme de «bourgeoisie algérienne» inculte et fermée était née dans la ville.
Des noms étaient devenus et sont toujours célèbres et légendaires.
La France encourageait cet état de fait.
Les marocains avaient compris depuis belle lurette que les mots : « Liberté, Egalité, Fraternité » inscrites sur les bâtiments publics du protectorat français étaient chimère.
Sous le slogan de sa «mission civilisatrice », la France coloniale manœuvrait tout bas la désunion et le déchirement entre marocains et algériens.

Pour en lire plus:
[www.emarrakech.info]


 
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