La commission constitutionnelle du Congrès des députés espagnols a rejeté mercredi 15 février une proposition de loi des indépendantistes catalans demandant à l'Espagne de faire son mea culpa pour l'utilisation d'armes chimiques pendant la guerre du Rif, au début du XXe siècle.
Les représentants des deux grandes formations espagnoles, le Parti socialiste (PSOE) au pouvoir et le Parti populaire (PP, droite) ont rejeté cette proposition d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC). La proposition d'ERC a reçu le soutien minoritaire des écolo communistes d'Izquierda Unida (TU) et des nationalistes basques de centre droit du Parti nationaliste basque (PNV). Elle demandait une reconnaissance des "crimes contre l'humanité" commis par les troupes espagnoles contre les tribus rifaines insurgées, qui avaient été bombardées avec des gaz dans les années 1920 selon les historiens. ERC demandait à l'Espagne d'assumer "les possibles compensations économiques individuelles qui pourraient être réclamées pour les dommages causés" aux descendants des populations rifaines affectées par ces bombardements, arguant du taux de cancers anormalement élevé constaté encore aujourd'hui dans ce massif montagneux du nord du Maroc. Le député socialiste José Luis Galache, cité par l'agence espagnole Europa Press, a invoqué des raisons "juridiques et d'opportunité politique" pour motiver l'opposition de son groupe, mentionnant un risque de "conflit diplomatique" avec le Maroc. Il a souligné que les autorités sanitaires marocaines n'avaient pas établi un lien de cause à effet entre ces bombardements chimiques et le taux de cancers dans le Rif. Plusieurs historiens espagnols ont assuré que l'armée espagnole avait fait usage d'armes chimiques pour mater la résistance des populations du nord du Maroc, sous le commandement d'Abdelkrim el Khattabi, entre 1921 et 1927.
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