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La France ouvre une base aux Emirats, un de ses grands clients
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25 mai 2009 18:47
Par Yann Le Guernigou

ABOU DHABI (Reuters) - Nicolas Sarkozy est arrivé lundi en fin de journée à Abou Dhabi pour une courte visite dont le temps fort sera l'inauguration, mardi matin, de la première base militaire française dans le Golfe.

La France entend par ce geste spectaculaire, qui répond à une demande des Emirats arabes unis (EAU), marquer son engagement dans une région stratégique par où transitent 40% des exportations mondiales de pétrole, en même temps que renforcer ses liens avec son meilleur client du Moyen-Orient.

L'ouverture de cette base interarmes, qui doit accueillir un peu plus de 450 militaires à l'horizon 2010, intervient sur fond de tensions avec l'Iran, sur la rive opposée du Golfe, alors que le président Mahmoud Ahmadinejad a une nouvelle fois rejeté lundi les appels au gel du programme nucléaire de son pays.

Dans une interview à l'agence de presse émiratie WAM, Nicolas Sarkozy a répété qu'il serait "inacceptable" que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, pour ajouter toutefois que l'approche d'un "dialogue exigeant" avec Téhéran, privilégiée par les Européens et rejointe récemment par les Etats-Unis, devait continuer de prévaloir.

"Est-ce que cela sera suffisant ? Je n'en sais rien. Je l'espère évidemment. Mais c'est maintenant aux autorités iraniennes de choisir entre le retour dans la communauté internationale ou l'isolement croissant", a-t-il ajouté.

La "Base de la paix" française est divisée en trois pôles.

La partie navale, installée dans l'enceinte du port de Mina Zayed à Abou Dhabi, dispose notamment d'un quai de 300 m de long qui permet l'accueil de bâtiments de toute taille, à l'exception toutefois du porte-avions Charles de Gaulle.

L'armée de l'air bénéficie pour sa part d'installations à l'intérieur de la grande base aérienne d'Al-Dhafra, à 40 km d'Abou Dhabi, où devraient stationner en permanence jusqu'à six avions de combat. Le dispositif est complété par un "groupement terre" logé dans un camp militaire où sera installé un centre d'entraînement en zones désertique et urbaine.

PAS DE CHASSE GARDÉE

Quatre accords bilatéraux doivent être signés lors de la visite de Nicolas Sarkozy, dont celui actualisant l'accord de défense en vigueur depuis 1975 entre les deux pays.

L'Elysée a prévenu qu'il ne fallait s'attendre à aucun contrat commercial mais la présence dans sa délégation de plusieurs patrons d'entreprises du CAC 40 illustre l'importance des Emirats arabes unis pour la balance commerciale française.

Les deux compagnies aériennes du pays, Emirates et Etihad, figurent parmi les plus grands clients d'Airbus et l'armée émiratie est équipée à plus de 50% par des matériels français, disposant notamment de 380 chars Leclerc et de plus de 60 Mirage 2000 construits par Dassault Aviation.

Le remplacement de ceux-ci par des Rafale, un appareil qui n'a pas encore trouvé de débouchés à l'exportation, fait l'objet de négociations entre les deux pays, que Dassault espère voir aboutir avant la fin de l'année.

Le PDG de Dassault Aviation, Charles Edelstenne, est du déplacement de Nicolas Sarkozy, avec des représentants de la famille Dassault, Serge et Olivier.

Dans une interview à la revue Diplomatie, le chef de l'Etat dément que l'objectif de la base française soit de vendre des équipements militaires. Mais il ajoute aussitôt que plus la coopération entre les deux armées se développera, "plus nos partenaires émiratis auront l'occasion de se familiariser avec les matériels français et d'en apprécier les performances".

L'autre grand contrat convoité par la France est celui de la première d'une série de centrales nucléaires - entre 12 et 16 - que les EAU projettent.

Areva, GDF Suez et Total ont créé un consortium qui pourrait, selon l'Elysée, être ouvert ultérieurement à EDF, pour être mieux à même de répondre aux grandes ambitions du pays dans le nucléaire civil.

Pour tous ces contrats, que ce soit le Rafale ou le nucléaire, la France devra affronter une forte concurrence des Etats-Unis.

Elle estime néanmoins avoir ses chances en soulignant que les Emirats arabes unis "sont tout sauf une chasse gardée, ni des Etats-Unis, ni de la France, ni de personne". "Nous sommes en compétition avec les Etats-Unis mais c'est une compétition saine", veut-on croire dans l'entourage de Nicolas Sarkozy.

Edité par Yves Clarisse
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