Innovation majeure de l’ère Internet, les forums des portails marocains reflètent les sujets qui intéressent notre jeunesse. Que ce soit sur casafree.net, yabiladi, bladi ou e-marrakech, la jeunesse marocaine d’ici et d’ailleurs partage ses opinions sur divers sujets et en toute liberté. Image«Notre jeunesse a soif de communication, d’interactivité. Pendant plusieurs décennies, ils étaient réduits au silence. Avec Internet, ils ont la possibilité de s’exprimer librement, sans complexes. D’ailleurs, le fait qu’ils choisissent un nickname (surnom) leur confère une plus grande liberté», analyse ce sociologue. Ainsi, les problèmes de couples ou de vie sexuelle se mêlent aux phénomènes de société. Les discussions font suite généralement à des articles de presse postés par l’un des participants. C’est comme si les conversations de “ras derb” (du quartier) ou dans les cafés ont été partiellement remplacées par la cyberintéractivité. «La notion d’amis de quartier cède le pas à la communauté virtuelle. On assiste à un changement majeur chez la jeunesse marocaine», estime le même sociologue. Le problème du Sahara occupe une bonne place dans les forums et offre une bataille à couteaux tirés entre internautes marocains et algériens. Un tel lance, « on ne cèdera pas un bout de grain de notre Sahara», avec à l’appui un extrait de la fameuse chanson des Jil Jilala, «Laâyoune Aâïniya». Un autre renchérit : «Le Sahara est marocain. Rien au monde ne pourra nous l'enlever même pas les Etats-Unis. Car nous Marocains, on ne se laisse pas faire». Les internautes algériens, eux défendent l’indépendance des Sahraouis et traitent les Marocains de «sujets rampants devant un roi omnipotent !» et les somment de «rendre aux Sahraouis ce que vous leur avez volé et tout le monde sera content dans la région». Les conversations sur ce terrain glissent dans les nationalismes exacerbés des uns et des autres. L’actualité internationale dans les forums de discussion marocains, c’est tout d’abord, le conflit israélo-arabe (palestinien, libanais) mais aussi la guerre en Iraq et la croisade contre le terrorisme menée par les Etats-Unis. Le ton est clair : la majorité des internautes fustigent l’attitude U.S et tirent leur chapeau à Nasrallah (devenu un héros) et au président Ahmadinejad qui défie la pression internationale. Des élections législatives 2007 au dernier démantèlement des GUS en passant par des sujets plus utilitaires comme les cartes bancaires les plus fiables, les recettes de tajines ou encore des codes piratés pour recevoir les chaînes cryptées, les forums offrent une palette de sujets qui en font une véritable plateforme de discussion mais aussi d’échange d’information.
Des retrouvailles inattendues Autre grande révolution : la rencontre virtuelle entre les jeunes Marocains vivant ailleurs et ceux résidant au bled natal. «Cela est beaucoup plus important que les retrouvailles des vacances de l’été. Car si le contact physique avec la famille et les amis au Maroc peut-être source de tensions, d’incompréhensions ou même de rejet, la communication virtuelle elle est beaucoup plus réfléchie», explique un habitué de ce genre de forums. C’est que ces espaces de communication qui sont abrités par des sites de MRE ont permis de connecter des jeunes de la seconde voire la troisième génération avec des Marocains résidant au pays. Ce qui a pour implications, un échange d’idées, une meilleure compréhension entre les jeunes des deux rives mais aussi des conséquences d’ordre sociologique et culturel. «On assiste avec le temps à des appropriations croisées des mots et des expressions. Les uns utilisant le langage des autres et vice-versa. Le forum incarne dès lors un véritable pont culturel qui permet la création d’un communautarisme jamais espéré auparavant», ajoute la même source. A travers les conversations, on ne peut que constater les similitudes des frustrations et de douleurs que subissent les jeunes des deux bords. Des banlieues européennes comme dans des quartiers périphériques des villes marocaines.
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