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La fitra de l'homme
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9 septembre 2006 13:36
L'homme naît-il avec toutes les qualités, dont il perd certaines ensuite ?

Transmis par: Anas
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Il existe un Hadîth qui dit ceci : "Tout bébé naît sur la nature primordiale ("fit'ra"winking smiley". Le Hadîth souligne ensuite que c'est l'éducation que l'enfant reçoit qui peut l'amener à dévier de cette nature primordiale (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim). L'islam enseigne-t-il donc que la générosité, la pudeur, la sérénité, la spiritualité, et autres valeurs humaines sur lesquelles il met l'accent sont des qualités que tout homme possède de façon innée à sa naissance mais qu'il perd ensuite à cause d'un mauvais environnement familial et social ?

Je me suis longtemps posé cette question, car le bébé vient au monde tout nu, et, tout petit, il déambule tout nu sans aucune gêne. Laissé ainsi, il continuerait à marcher nu. C'est donc l'éducation qu'il reçoit qui fait qu'il apprend à ne pas découvrir sa nudité devant les regards d'autrui et qu'il intériorise peu à peu cette norme. Comment se fait-il donc que le Hadîth dise que l'éducation qu'il reçoit le détourne de ce sur quoi il était né ?

C'est après avoir fait des recherches que j'ai trouvé la réponse. En fait je m'étais trompé sur le sens du terme "fit'ra" : j'avais cru qu'il signifiait la somme des qualités que l'islam demande à l'homme d'avoir en lui (pudeur, sérénité, générosité, etc.) ; alors qu'en fait il désigne uniquement la prédisposition à l'aspiration à Dieu. C'est ce que Al-Qurtubî a explicitement écrit. Il dit que la fit'ra sur laquelle l'être humain naît, ce n'est pas connaître Dieu au sens d'avoir conscience de ce que sont la foi et l'incroyance, ni au sens d'avoir conscience de ce qu'est la croyance du cœur, son expression par la langue et sa manifestation par les actes. Cette fit'ra, c'est la prédisposition qu'a l'être humain, dès sa naissance, à aspirer à Dieu et à le reconnaître, au fil de son développement, à travers ses signes dans la création (Tafsîr Al-Qurtubî, commentaire du verset 30/30). Voir également des lignes voisines dans Maj'mû' ul-fatâwâ, tome 4 pp. 247-250.

En fait voici comment se présentent les choses : à sa naissance, l'être humain ne connaît pas grand-chose si ce n'est certains actes qu'il fait presque instinctivement, comme la succion (pour se nourrir), etc. Mais il possède une prédisposition au sens spirituel, et peut-être également au sens social. Cela ne veut pas dire qu'il ressente en lui cette spiritualité ou qu'il soit déjà socialisé, mais que, tel qu'il est, l'homme est prédisposé à ces éléments, qui sont présents à l'état latent dans son "être". La spiritualité ne se manifeste pas encore chez lui, mais si, au fil de son développement et de l'éducation qu'il reçoit, son environnement lui apprend à ne pas vivre cette spiritualité (l'aspiration à la transcendance), alors il sentira au bout d'un certain temps que quelque chose lui manque. On peut faire le parallèle avec une autre caractéristique de l'homme : le fait qu'il se tienne debout. A la naissance, il n'en exprime pas le besoin ni n'en possède la capacité. Cependant, le besoin de cette stature est présent chez lui à l'état latent, et quand il va se mettre, au fil de son développement, par ses efforts personnels et l'accompagnement des autres, à se tenir debout et à marcher ainsi, il réalisera ce pour quoi il avait été conçu, au point que la stature debout entraînera chez lui des modifications secondaires au niveau de l'apparence et même du squelette. Imaginez que l'enfant qui grandit ait été empêché de vivre la stature debout, il apparaîtrait alors au fil de son développement qu'il s'est amputé d'une part de lui-même. De la même façon, l'être humain est fait pour vivre sa sexualité ; pourtant celle-ci ne s'exprime pas encore à sa naissance (même si certains psychanalystes pensent que certains actes…). Mais au fil de son développement, il en éprouvera le besoin, et s'il était empêché de la vivre sainement il serait amputé d'une partie de son être.

De la même façon, de par la façon par laquelle il "est", l'homme qui vient de naître est déjà prédisposé à rechercher Dieu et à vivre en société. Certes, ces caractéristiques ne sont alors pas encore développées en lui au point de s'exprimer immédiatement. Mais au fil de son développement physique (il grandit, des modifications se forment en lui, des élans apparaissent qui n'étaient auparavant pas présents) et de son développement psychique (sa raison et sa conscience se développent), au fil de son chemin parmi ses semblables et parmi les autres créatures de la terre (animaux, végétaux et minéraux), l'homme va prendre peu à peu conscience de ses nécessaires devoirs et des nécessaires limites dans la façon de vivre ses besoins et ses droits. Or toute la question est de savoir quels repères lui inculqueront ses parents et la société dans laquelle il se développe : seront-ce des repères qui tiennent compte de ses devoirs vis-à-vis de ses semblables et de sa propre spiritualité, ou des repères qui n'en tiennent pas compte ? La question est encore de savoir quels devoirs la société lui dira qu'il a vis-à-vis de ses semblables : lui dira-t-elle qu'appartenant à une race ou une caste supérieure, il est de par sa naissance même supérieur à d'autres, ou bien lui dira-t-elle que tous sont égaux ? Si elle lui dit que tous sont égaux, lui dira-t-elle qu'il est dans une jungle et que chacun doit se soucier de lui et de lui seulement, ou bien lui dira-t-elle qu'il faut que chacun pense aux autres en même temps qu'à lui-même ?

On le voit, le fait que l'homme naisse sur la fit'ra ne veut pas dire qu'il possède dès sa naissance la générosité, la pudeur et la spiritualité. Cela veut dire qu'il possède alors, de façon latente, une prédisposition à aimer Dieu et à vivre parmi ses semblables, et que tout dépend alors de l'éducation… Même si l'éducation était totalement neutre (ce qui n'est imaginable que théoriquement), la prédisposition se développerait harmonieusement en même temps que se développent les autres aspects, physiques et psychiques, de l'homme, et l'homme resterait alors sur la fit'ra. Cela est a fortiori vrai lorsque l'éducation que l'homme reçoit correspond réellement à ce que nécessite le développement de cette prédisposition. A contrario, cependant, l'éducation peut parfois être telle qu'elle assèche un ou plusieurs aspects de cette fit'ra.
L'éducation va-t-elle par exemple enseigner à l'homme la pudeur – qualité rendue nécessaire tant par rapport au respect des autres que par rapport à sa propre spiritualité – ou va-t-elle lui dire qu'il peut montrer sa nudité à n'importe qui – ce qui constituerait un manquement par rapport à la spiritualité et donc à la fit'ra ? Va-t-elle lui inculquer la générosité – un trait de l'âme rendu nécessaire par la présence des autres et par le fait de réserver son amour extrême à Dieu – ou bien va-t-elle lui inculquer l'égoïsme, l'individualisme et le culte de l'argent ?

Tout ce que j'ai écrit là s'inspire des lignes de Shâh Waliyyullâh. En commentaire du Hadîth sur la fit'ra, il fait un parallèle entre celle-ci et les caractéristiques physiques, notamment la stature debout (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 pp. 477-478). Comme composants de la fit'ra, il cite "le fait de connaître et d'aimer Dieu, le fait de connaître ce que les hommes sont amenés à utiliser pour vivre sur terre" (Idem). Shâh Waliyyullâh écrit que l'âme humaine "connaît une aspiration naturelle vers Dieu" (Idem, tome 1 p. 204) et qu'elle est "une fenêtre vers le monde spirituel" (Idem, tome 1 p. 67). Il écrit aussi que "l'homme est par nature un être social, ne pouvant vivre qu'avec l'entraide de ses semblables" (Idem, tome 1 p. 237). Il écrit également que les normes sur lesquelles les hommes se mettent d'accord de façon quasi-universelle ne sont pas le fait d'un hasard mais bien la conséquence d'un aspect de la nature humaine qui est universel : ces normes sont dues à la rencontre de plusieurs facteurs présents en l'homme, parmi lesquels la nécessité de vivre ensemble (Idem, p. 149, pp. 238-241). Shâh Waliyyullâh écrit aussi que l'homme devient responsable à partir de l'état de raison, qui survient au bout de son développement rationnel, psychique et physique (Idem, tome 1 p. 528).
La conclusion est donc : "Puisque les normes et usages sont ainsi [rendus nécessaires par ce que nous avons vu], ils ont été comptés comme faisait partie de la fit'ra sur laquelle Dieu a créé les hommes" (Idem, tome 1 p. 152). Autrement dit : toutes ces normes ne sont pas présentes en l'homme depuis sa naissance au point de s'exprimer alors ; cependant, parce qu'elles sont rendues nécessaires par d'une part la prédispostion de l'homme dès sa naissance (notamment l'aspiration vers Dieu) et d'autre part son développement physique, psychique et social, ces normes sont elles aussi comptées comme faisant partie de cette prédisposition (fit'ra).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

Source : [www.maison-islam.com]
s
11 septembre 2006 17:30
Un peu long je sais
Premier up
s
18 septembre 2006 11:15
Deuxième et dernier up
 
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