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Fiers d’être français ?
s
26 mai 2006 09:40
"J’ai honte d’être française"
Un témoignage d’Elsa Ferrari, française, professeur de piano à Ramallah.

J’ai honte d’être française, d’être européenne...

"Savez-vous que depuis la semaine dernière a lieu une exposition de « tentes de la paix » à Tel-Aviv ? A lieu la "saison francaise en Israel". Philippe Douste Blazy est ici depuis une semaine (non pas ici ... en Israël), pour entretenir l’amitié Franco-israélienne. Des millions d’Euros ont été dépensés pour cette exposition incohérente, imbécile des tentes de la paix.

De la Paix où ? La paix existe ici ??!! De qui se moque-t-on ? Et nous n’avons pas d’argent à envoyer aux Palestiniens, c’est ça ? Mais d’où vient cet argent ?

Aujourd’hui, il y a moins d’une heure, l’armée israélienne était sur la place Manara, la place principale de Ramallah. Ils ont tiré n’importe comment, sur n’importe qui... Ils ont blessé des enfants, des adolescents... ils ont tiré sur une population armée de pierres... ils ont détruit des magasins... J’ai comme un goût de déjà vu dans la bouche...J’ai honte, j’ai honte, plus que jamais...

Le gouvernement a dépensé mon argent, votre argent pour cette exposition à Tel-Aviv... Et dépense aussi depuis bien longtemps notre argent pour qu’Israël continue de tuer... Quand cette folie va-t-elle enfin s’arrêter ?

La semaine dernière quatre soldats sont entrés dans la maison d’Iyad, un de mes élèves de piano. Iyad a 26 ans, il est l’aîné d’une fratrie de trois jeunes hommes... Quatre soldats donc sont entrés, en pleine nuit, et ont enlevé mon élève et ses frères. Ils les ont menottés, leur ont bandé les yeux et les ont embarqués dans une des 5 jeeps blindées présentes dans le quartier cette nuit là et sont partis, emportant les trois frères.

Ils ont fait descendre Iyad, après 15 minutes de route. D’autres soldats sont arrivés et la jeep est repartie, avec les deux frères d’Iyad qui avait toujours les yeux bandés et les mains coincées dans des menottes trop petites. Ils ont commencé à le rouer de coups (selon lui, ils devaient être 5 d’après les voix qu’il entendait)... Iyad n’a pas su nous dire combien de temps ça a duré. Ils l’ont ensuite relâché et l’ont abandonné comme ça, au milieu de nulle part. Il est rentré chez lui à pieds, en espérant retrouver sa famille... Mais seuls ses parents étaient présents. Son plus jeune frère est rentré le lendemain soir, incapable de raconter ce qui venait de lui arriver. Nous n’avons toujours pas de nouvelle du troisième fils de Om Iyad (parce que oui, Iyad a une mère, je suis bien là en train de parler d’êtres humains qui se font torturer, sans raison.).Iyad et ses frères ne font partie d’aucune organisation.

Alors ces tentes de la paix, elles veulent dire quoi ? Douste Blazy a-t-il le droit de se rendre en Israël et de parler d’une amitié Franco-israélienne ? Je suis française mais je hais depuis peu Israël du plus profond de mon être, et je refuse que le gouvernement de mon pays soit complice de toutes ces ignominies. Je n’ai plus peur de parler de haine car comment nommer autrement ce sentiment qui m’anime lorsque je vois un soldat tirer n’importe où, dans ces rues qui me sont devenues intimes, comme s’il ne savait pas que des hommes sont postés devant lui. Que sont-ils venus faire à Ramallah ? "Arêter un homme dangereux".. Et nt tué plusieurs civils, plusieurs innocents au passage. Ils n’ont pas le droit d’être là...

Imaginez-vous, dans votre ville, à faire des courses dans l’épicerie du coin et, soudainement un, deux, trois coups de feu, deux hélicoptères se font entendre et un troupeau de jeeps arrivent... C’est le début d’un long affrontement. Mais qu’est-ce que je raconte ? Il vous est forcément impossible d’imaginer ce genre de scène (et c’est tant mieux, j’en suis sincèrement ravie) ; la France n’est pas en guerre Et pourtant elle participe aux meurtres, aux enlèvements, aux emprisonnements. Nous sommes tous coupables, nous européens de ce qu’il se passe ici, en PALESTINE.

Et les Palestiniens sont plus seuls jour après jour. Alors évidemment qu’ils se tournent et s’accrochent à la religion... A quoi pourraient-ils bien s’accrocher ? A la « communauté » internationale ? On a oublié il y a bien longtemps le sens de ce mot « communauté ». Quant à « égalité », « fraternité », « liberté »...

J’ai mal de savoir que je participe malgré moi à cette tuerie, que la balle qui a atteint la tête de ce jeune homme il y a à peine une heure, est le fruit de cette foutue amitié Franco-israélienne.

Et savez-vous à quel point les soldats qui ne tirent pas (parce qu’heureusement, il y en a), sait-on à quel point ils sont détruits après une opération comme celle-ci ? Connaissez-vous le taux de suicide de la jeunesse israélienne ?

Si vraiment cette amitié Franco-israélienne existait, ne cesserions-nous pas de payer leurs armes ?

On m’a encore interdit de sortir de chez moi aujourd’hui : « c’est trop dangereux, reste à la maison, tes élèves ne pourront pas venir de toute façon... » Je suis alors descendue dans la famille de Saed, mon voisin du dessous, pour regarder avec eux les actualités... Et j’ai vu le désastre. J’ai eu mal de voir les sœurs de Saed trembler de ne pas arriver à joindre leur mère, je les ai vus m’embrasser quand je leur ai appris que j’avais déjà appelé Saed pour lui dire de rester à la fac... Et j’ai eu aussi très mal de les entendre me demander de manger ce qu’ils m’avaient gentiment préparé... Ils n’ont pas compris pourquoi je ne pouvais rien avaler... Ils m’ont proposé d’éteindre la télé comme si tout ce qu’on voyait n’était qu’un film... Pour eux c’est tellement banal. Et ici, contrairement à chez nous, on ne cache pas les corps des hommes morts. Je veux dire, ceux qui sont tombés pour de vrai et pour toujours, quelques minutes plus tôt... On m’a expliqué que c’était pour que les familles des victimes soient au courant. Mais manger devant ce spectacle... C’est trop pour moi, mais je m’efforce de rester calme, en respect à cette famille qui m’accueille et qui ne partira pas dans 2 mois, comme moi, dans un pays plus calme...

Je ne sais plus quoi vous demander, si ce n’est de refuser. Refuser en masse ce que notre gouvernement fait dans notre dos. Refusez en masse qu’une importante partie de vos (nos) impôts servent directement à l’armée.

Elsa FERRARI Ramallah, le 24 mai

Publié par CAPJPO-EuroPalestine

[www.europalestine.com]...
siryne
B
26 mai 2006 09:49
pauvre Elsa sad smiley
s
26 mai 2006 10:17
Le livre d'un soldat israélien sur les atrocités commises par l'armée d'occupation


Par Gideon Levy

Le 8 mai 2006
Haaretzdaily, Euro Palestine (traduction en français)


Comment quequ’un d’éduqué devient nécessairement une brute, un animal, un criminel, quand il sert dans l’armée d’occupation israélienne : c’est l’histoire que raconte à la première personne le sergent chef Liran Ron Furer, qui ne trouve plus le sommeil après les atrocités qu’il a commises à Gaza. Son livre vient de trouver un éditeur en Israël, mais pour le moment personne ne veut le diffuser. Gideon Levy, journaliste courageux, en donne quelques extraits dans Haaretz.


"Liran Ron Furer, sergent chef (Réserviste) ne peut plus désormais continuer à vivre sa vie de façon habituelle.

Il est hanté par des images de ses trois années de service militaire dans Gaza, et la pensée que cela pourrait être un syndrome qui toucherait tous ceux qui servent aux check-points ne lui laisse aucun répit.

Près de terminer ses études de décorateur à l’Académie d’Art et Décoration de Bezalel, il a décidé de tout laisser tomber et de consacrer tout son temps à un livre qu’il voulait écrire.

Les principaux éditeurs à qui il l’a apporté, ont refusé de le publier. L’éditeur qui a finalement accepté de le publier (Gevanim) a dit que la chaîne de librairies Steimazky refuse de le distribuer. Mais Furer est déterminé à attirer l’attention du public sur son livre.

"Vous pouvez adopter les positions politiques les plus extrèmes, mais aucun parent n’acceptera que son fils devienne un voleur, un criminel ou une personne violente" dit Furer "Le problème, c’est que cela n’est jamais présenté de cette façon. Le garçon lui-même ne se décrit pas de cette façon à sa famille, quand il rentre des Territoires.

A l’opposé - il est reçu en héros, comme quelqu’un qui remplit un travail important, celui de soldat. Personne ne peut être indifférent au fait qu’il y a beaucoup de familles qui, dans un certain sens, comportent deux générations de criminels. Le père est passé par-là, et maintenant le fils aussi, et personne n’en parle autour de la table, au diner ".

Furer est certain que ce qui lui est arrivé n’est pas un cas unique. Lui qui était un diplomé du lyçée d’Arts de Yellin, créatif, sensible, est devenu un animal au point de contrôle, un violent sadique qui battait des Palestiniens parce qu’ils ne lui montraient pas la politesse requise, qui tirait dans les pneus des voitures, parce que leurs propriétaires mettaient la radio trop fort, qui a maltraité un adolescent retardé mental couché sur le plancher de la jeep, les mains liées derrière le dos, juste parce qu’il avait besoin d’évacuer sa colère, d’une manière ou d’une autre.

"Checkpoint Syndrome" (c’est aussi le titre du livre), transforme progressivement chaque soldat en animal, assure-t-il, quelles que soient les valeurs qu’il apporte avec lui de la maison. Personne ne peut échapper à cette corruption. Dans un endroit où presque tout est permis et où la violence est perçue comme un comportement normatif, chaque soldat teste ses propres limites de violence, d’impulsivité sur ses propres victimes - les Palestiniens.

Son livre n’est pas facile à lire. Ecrit en prose succinte, féroce, dans le langage abrupt et grossier des soldats, il reconstruit des scènes des années de son service dans Gaza (1996-1999) années qui, chacun doit en convenir, étaient relativement calmes.

Il décrit comment lui et ses camarades, forçaient les Palestiniens à chanter "Elinor" - "C’était vraiment quelque chose de voir ces Arabes chantant une chanson de Zohar Argov (chanteur israélien contemporain, interprète des chansons nationalistes sur accompagnement musical oriental ndlt), comme dans un film" .... "Parfois ces Arabes me dégoutaient vraiment, surtout ceux qui essayaient de nous flatter de manière outrancière - les plus âgés, qui arrivaient au checkpoint avec un sourire sur leur visage" ; les réactions qu’ils provoquaient - "s’ils nous embêtaient vraiment, nous trouvions un moyen de les coincer au checkpoint pendant quelques heures. Ils perdaient parfois une journée entière de travail à cause de cela, mais c’était la seule manière pour qu’ils apprennent".

Il décrit :

Comment ils ordonnaient aux enfants de nettoyer le checkpoint avant l’heure d’inspection ;

Comment un soldat appelé Shahar avait inventé un jeu : "il vérifie la carte d’identité de quelqu’un, et au lieu de lui rendre, il la lance en l’air. Il prenait plaisir à voir l’Arabe obligé de sortir de sa voiture pour ramasser sa carte d’identité.... C’est un jeu pour lui et il peut passer tout le temps de sa garde de cette façon",

Comment ils ont humilié un nain qui venait chaque jour au checkpoint sur son chariot : "ils l’ont obligé à être pris en photo sur le cheval, l’ont frappé et humilié pendant une bonne demi-heure, puis l’ont laissé partir quand des voitures sont arrivées au checkpoint. Le pauvre type, il ne le méritait vraiment pas ;"

Comment ils se sont fait prendre en photo souvenir avec des arabes attachés, ensanglantés, qu’ils avaient battus ;

Comment Shahar a pissé sur la tête d’un arabe parce que l’homme avait eu l’audace de sourire à un soldat,

Comment Dado a obligé un arabe à se tenir à quatre pattes et à aboyer comme un chien, et,

Comment ils ont volé des chapelets de prière et des cigarettes "Miro voulait qu’ils lui donnent leurs cigarettes, les Arabes ne voulaient pas, alors Miro a cassé la main de quelqu’un et Boaz a lacéré les pneus".

Confession glaciale

Celle qui glace le plus le sang de toutes ses confessions : "J’ai couru vers eux et j’ai donné un coup de poing dans la figure d’un Arabe. Je n’avais jamais donné un coup de poing de la sorte. Il s’est effondré sur la route. Les officiers ont dit que nous devions le fouiller pour trouver ses papiers. Nous lui avons mis les mains derrière le dos et je les lui ai attachées avec des menottes en plastique. Puis, nous lui avons bandé les yeux, pour qu’il ne voit pas ce qu’il y avait dans la jeep. Je l’ai ramassé de sur la chaussée. Un filet de sang coulait de sa lèvre jusqu’au menton. Je l’ai mis debout derrière la jeep et l’ai jeté dedans, ses genoux ont heurté le coffre et il a atterri à l’intérieur. Nous nous sommes assis derrière en piétinant l’Arabe... Notre Arabe était étendu là, plutôt calme, juste pleurant doucement pour lui-même. Son visage était juste sur mon gilet pare-balles et il saignait. Il y avait une flaque de sang et de salive, cela m’a dégoutté et mis en colère, alors je l’ai empoigné par les cheveux et je lui ai tourné la tête sur le côté. Il a pleuré tout haut et, pour faire en sorte qu’il arrête, nous lui avons piétiné le dos de plus en plus fort. Cela l’a calmé pendant un moment, puis il a recommencé. Nous avons conclu qu’il était soit retardé, soit fou."

"Le commandant de la compagnie nous a informé par radio que nous devions l’amener à la base. "Bon travail, tigres" dit-il en nous taquinant.

Tous les soldats attendaient là-bas pour voir ce que nous avions attrapé. Quand nous sommes arrivés en jeep, ils ont sifflé et applaudi à tout rompre.

Nous avons mis l’Arabe à côté du garde. Il n’arrêtait pas de pleurer et quelqu’un qui comprenait l’arabe dit qu’il avait les mains qui lui faisaient mal à cause des menottes. L’un des soldats est allé vers lui et l’a frappé dans l’estomac. L’Arabe s’est plié en deux et a grogné, et nous avons tous ri. C’était marrant.... Je lui ai donné un gros coup de pied dans les fesses et il s’est étalé juste comme je l’avais prévu. Ils ont crié que j’étais totalement fou, et ils ont ri. et je me suis senti heureux. Notre arabe n’était qu’un garçon mentalement retardé de 16 ans."

Dans l’appartement de sa soeur sous les toits, à Tel Aviv, où il vit actuellement, Furer, 26 ans, donne l’impression d’être un jeune homme reflèchi, intelligent. Il a grandi à Givatayim, après que ses parents ont émigré d’Union soviétique dans les années 70. Avant l’assassinat de Ytzhak Rabin, sa mère était une militante de Droite. Mais il dit qu’à la maison ce n’était pas politisé. Il voulait être dans une Unité de combat dans l’armée, et il a servi dans deux unités d’élite de l’Infanterie. Il a fait la totalité de son service militaire dans la Bande de Gaza.

Après l’armée, il a voyagé en Inde, comme beaucoup d’autres. "Maintenant, je suis libre. Les énergies folles de Goa et les chakras m’ont ouvert l’esprit... Vous m’avez collé dans ce Gaza puant, et avant cela, vous m’avez fait un lavage de cerveau avec vos fusils et vos marches, vous avez fait de moi une serpillière qui ne pensait plus," écrit-il de Goa. Mais ce n’est qu’après, alors qu’il étudiait à Bezazel, que les expériences de son service militaire ont commencé à l’affecter.

"J’ai pris conscience qu’il y avait là un processus inchangé," dit-il. "C’était la même chose pendant la première Intifada, pendant la période où j’ai fait mon service, période qui était calme, et pendant la seconde Intifada. C’est devenu une réalité permanente. J’ai commencé à me sentir très mal à l’aise, du fait que ce sujet très chargé, était à peine mentionné en public.

Les gens écoutent les victimes, ils écoutent les politiciens, mais la voix qui dit : "J’ai fait ceci, nous avons fait des choses qui étaient mauvaises - à vrai dire des crimes - c’est une voix que je n’ai jamais entendue. La raison pour laquelle cette voix n’était pas entendue, c’était un mélange de répression - que j’ai refoulé et ignoré - et de sentiments profonds de culpabilité.

"Dès que vous sortez du service militaire, la réalité politique et médiatique autour de vous n’est pas prête à entendre cette voix. Je me rappelle que j’étais surpris qu’aucun soldat n’ait soulevé ce problème publiquement. Cela se dissolvait complètement dans le débat sur la légitimité des colonies dans les Territoires, sur l’Occupation - pour ou contre - et rien n’est apparu dans les médias ou dans l’art, lié à la routine du maintien de l’occupation."

Ce n’est pas un cas individuel.

Furer veut prouver que c’est un syndrome et non pas une collection de cas isolés, individuels. C’est pourquoi il a supprimé beaucoup de détails personnels du manuscrit original, pour souligner le caractère général de ce qu’il décrit. "Pendant mon service militaire, je croyais que j’étais atypique, parce que je venais d’un milieu artistique et créatif.

J’étais considéré comme un soldat modéré - mais je suis tombé dans la même trappe dans laquelle la plupart des soldats tombent. Je me suis laissé emporter par la possibilité d’agir de la manière la plus primaire et impulsive, sans avoir peur de la punition et d’être critiqué.

Au début, vous êtes tendu, mais, avec le temps, en vous sentant plus à l’aise aux check-points, le comportement devient plus naturel. Les gens testent par étape les limites de leur comportement envers les Palestiniens. Cela devient petit à petit de plus en plus grossier.

"Je suis devenu plus sûr de moi avec la situation - dès que nous tirons la conclusion que - chacun selon son tempérament - nous sommes les patrons, que nous sommes les plus forts, quand nous ressentons notre pouvoir, chacun commence à tirer de plus en plus sur les limites, selon sa personnalité.

Dès que servir aux checkpoints devient une routine, toutes sortes de comportements déviants deviennent normaux. Cela a commencé avec "la collecte de souvenirs". Nous confisquions des chapelets de prière, et puis c’était les cigarettes, et cela ne s’est pas arrêté. C’est devenu un comportement normal. Après, est venu le jeu du Pouvoir. Nous avons reçu le message de nos supérieurs que que nous devions montrer aux Arabes froideur et force de dissuasion. La violence physique est devenue également normale. Nous nous sentions libres de punir tout Palestinien qui ne suivait pas notre propre code de conduite aux checkpoints. Toute personne que nous ne pensions pas assez polie ou qui essayait d’agit intelligemment était sévèrement punie. C’était du harcèlement délibéré sous les prétextes les plus futiles."

"Pendant mon service militaire, il n’y a pas eu un seul incident où on nous a fait comprendre ce qui se passait, où notre commandant est intervenu. Personne ne parlait de ce qui était permis et de ce qui ne l’était pas. Tout était une question de routine. Rétrospectivement, la plus grande source de sentiments de culpabilité en ce qui me concerne, n’est pas arrivée au checkpoint, mais à la clôture de Gush Katif (colonie dans la Bande de Gaza ndlt ) , quand nous avons attrapé le garçon retardé mental. J’y ai démontré l’attitude la plus extrème.

C’était une occasion pour moi d’en attraper un - la chose la plus proche de celle d’attraper un terroriste, une occasion d’évacuer les pressions et les impulsions qui s’étaient construites en nous. Devenir violent, de la manière que nous voulions. Nous étions habitués à donner des gifles, attacher les mains, donner quelques coups de pied, frapper un peu, et là, il y avait une situation qui justifiait de se laisser aller complètement.

L’officier qui était avec nous était aussi, lui-même, très violent. Nous avons administré au gamin une vraie raclée, et dès que nous sommes arrivés au poste, je me souviens avoir eu un immense sentiment de fierté, d’avoir été traité comme quelqu’un de fort. Ils disaient : "quel cinglé tu es, quel fou tu es" ce qui était comme s’ils disaient : "comme tu es fort".

"Aux checkpoints, des jeunes gens avaient l’occasion d’être les maîtres, et l’utilisation de la force et de la violence devient légitime. Ceci est une impulsion beaucoup plus fondamentale que les points de vue politiques ou les valeurs que vous apportez de la maison. Dès que l’utilisation de la force est légitimée et même récompensée, la tendance est de l’utiliser le plus possible, de l’exploiter le plus possible,. pour satisfaire ces impulsions au-delà de ce que la situation exige. Aujourd’hui, je les appelerai des impulsions sadiques...."

"Nous étions des criminels ou des personnes spécialement violentes. Nous étions un groupe de braves garçons, un groupe plutôt de "haute qualité", et pour tous - et nous en parlons encore quelquefois- le checkpoint devient un endroit où tester nos limites personnelles. Comment nous pouvions être durs, inhumains, cinglés ? - Et nous pensions cela dans son sens positif. Quelque chose sur la situation - être dans un endroit perdu, loin de la maison, loin de toute critique - le rendait justifié... La ligne de ce qui était défendu n’a jamais été définie précisément. Personne n’a jamais été puni et ils nous ont simplement laissé continuer."

"Aujourd’hui, je suis sûr que même les plus hauts gradés - le Commandant de Brigade, le Commandant de Bataillon - sont au courant du pouvoir que les soldats ont dans cette situation et ce qu’ils font avec.

Comment un commandant pourrait-il ne pas être au courant, quand, plus ses soldats sont cinglés et durs, plus le secteur est calme ? L’image plus complexe des effets à long-terme d’un tel comportement violent, est quelque chose dont vous prenez seulement conscience que quand vous vous éloignez du checkpoint."

"Aujourd’hui, il est clair pour moi que le garçon dont nous avons humilié le père pour une broutille, grandira en haissant toute personne qui représente ce qui a été fait à son père. Je comprends vraiment maintenant leurs motifs.

Nous sommes la cruauté, nous sommes le pouvoir. Je suis sûr que leurs réponses sont affectées par des éléments en relation avec leur société - un mépris pour la vie humaine et une disposition à sacrifier des vies humaines - mais le désir fondamental de résister, la haine elle-même, la peur - sont, je le sens, complètement justifiés et légitimes, même si c’est risqué de dire cela."

"C’est impossible d’être dans un tel état émotionnel, de rentrer à la maison pour une permission et de se détacher de cela. J’étais vraiment très insensible aux sentiments de ma petite amie à cette époque là. J’étais un animal, même quand j’étais en permission.

Cela vous colle aussi à la peau après votre service. J’ai vu des restes de ce syndrome en Inde - le fait d’être dans un pays sous-développé, parmi des personnes à la peau fonçée, fait resurgir le pire de "l’affreux Israélien" qui est aussi Israélien qu’il puisse l’être. Ou la façon dont vous réagissez à un sourire : quand des palestiniens me souriaient au checkpoint, je devenais tendu et le percevait comme un geste de défiance, de culot. Quand quelqu’un me souriait en Inde, j’étais immédiatement sur la défensive."

"J’étais un soldat moyen" dit-il "J’étais le blagueur du groupe. Maintenant, je vois que j’étais souvent celui qui dirigeait dans les situations violentes. J’étais souvent celui qui donnait les gifles. Je suis celui qui a eu toutes sortes d’idées comme dégonfler les pneus. Cela semble tordu maintenant, mais nous admirions vraiment celui qui pouvait frapper un type qui était supposé voir venir le coup. L’officier que nous admirions le plus, c’était l’officier qui ne ratait pas une occasion d’utiliser son arme. Parmi tous ceux avec qui j’en ai parlé, je suis le seul à avoir le plus de sentiments de culpabilité....

Un ami de l’armée a lu le livre et m’a dit que j’avais raison, que nous avons fait des choses mauvaises, mais que nous étions des gosses. Et il a dit que c’était dommage que je le prenne si mal."
siryne
B
26 mai 2006 10:29
personne ne les cautionne ici la mort d'enfants sauf quand l'assassin se sert d'une ceinture d'explosifs apparement : ce ne sont que des bébés sionistes !!!
s
26 mai 2006 10:35
Ceintures d'explosifs ???


Qui crois tu qui les poussent jusqu'au point de sacrifier leurs vies ?


C'est les crimes sionistes , la colonisation de leurs terres qui n'en fini pas , la demolotion de leurs maisons , l'emprisonement des enfants , femmes , hommes pendant des années en les torturants , l'humilition quotidienne ..........

Les sionistes n'ont rien d'humain .
siryne
B
26 mai 2006 10:37
Citation
siryne a écrit:
Ceintures d'explosifs ???


Qui crois tu qui les poussent jusqu'au point de sacrifier leurs vies ?


C'est les crimes sionistes , la colonisation de leurs terres qui n'en fini pas , la demolotion de leurs maisons , l'emprisonement des enfants , femmes , hommes pendant des années en les torturants , l'humilition quotidienne ..........

Les sionistes n'ont rien d'humain .

aucune réprobation pour la mort d'enfants, ça ne m'étonne pas !



Modifié 1 fois. Dernière modification le 26/05/06 10:38 par Baphomet.
s
26 mai 2006 10:38
Salam Djenine .


Je l'avais bien compris , merci .

La palestine vaincra , et la justice triomphera !
siryne
B
26 mai 2006 11:14
tu étais bien partie mais là encore ta haine t'égare
D
26 mai 2006 11:26
Concernant les collabos, la France n'a pas fait le grand nettoyage ! La preuve en est que les survivants du passé s"exprime librement au journal de 20 h !

Et le sois disant de Gaulle qui fut à la botte de l'entité sioniste !

La France, c'est pas que je ne l'aime pas mais je m'en méfie !
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
F
26 mai 2006 11:30
Citation
Djenine a écrit:
Concernant les collabos, la France n'a pas fait le grand nettoyage ! La preuve en est que les survivants du passé s"exprime librement au journal de 20 h !

Et le sois disant de Gaulle qui fut à la botte de l'entité sioniste !

La France, c'est pas que je ne l'aime pas mais je m'en méfie !

que tu t'en méfie, c'est ton droit le plus absolu!
mais quel pays trouve grace à tes yeux?
B
26 mai 2006 11:30
c'est ça la liberté Djenine, l'esprit de Voltaire !

continuez à soutenir des terroristes, c'est votre droit
s
26 mai 2006 11:38
La révolte en Palestine - 1936


Article paru dans l’Humanité du 26 Mai 1936.
70 ans de lutte nationale, 70 ans de non reconnaissance, 70 ans à subir exactions et expulsions, 70 ans de mensonges et d’accusations tendant à justifier la colonisation. (M.P)

Par Gabriel Péri [1]

Depuis plus d’un mois- pour fixer une date depuis le 15 avril- la Palestine est en état de révolte ouverte ; Les manifestations et les échauffourées sanglantes s’y multiplient. Les dernières journées ont fait 36 morts dans la population arabe, dans la population juive et dans le corps britannique d’occupation. De nouveaux renforts de tanks et d’autos bondées ont été envoyés vers la Palestine.

Les évènements méritent de retenir l’attention et il est indispensable, à notre avis, de corriger les interprétations erronées qui peuvent surgir à leur propos. D’aucuns affirment volontiers que les troubles en Palestine ne sont, au demeurant, que le résultat de la propagande hitlérienne et des intrigues mussoliniennes. On nous permettra de ne pas souscrire à ce jugement.

Que le fascisme hitlérien et le fascisme mussolinien s’efforcent d’utiliser sous les incidents de la vie internationale et de les exploiter pour leurs fins suspectes, nul ne saurait le contester. Mais on aurait tort de s’en tenir à ces données pour apprécier d’une façon correcte le mouvement palestinien. Port de Jaffa 1936 Port de Jaffa 1936 Aujourd’hui Jaffa est un quartier de Tel Aviv, après la colonisation

Les Arabes se sont révoltés en 1929 alors que l’hitlérisme n’était pas au pouvoir et qu’aucune rivalité n’opposait la Grande Bretagne et l’Italie. La révolte palestinienne se rattache au mouvement général de rébellion qui agite tout le monde arabe, celui d’Egypte, et de Syrie, comme celui de Palestine.

Cette révolte était-elle justifiée ? Nous croyons qu’elle est parfaitement justifiée. Nous ajoutons qu’à notre avis o se trompe lourdement en l’assimilant à un mouvement antisémitique. L’antisémitisme nous est profondément odieux. Mais ce n’est pas contre les juifs considérés comme tels que se rebellent les Arabes. C’est contre une forme d’exploitation imaginée et mise en train par l’impérialisme britannique.

Au fond, sous prétexte de foyer national juif, s’est organisée en Palestine une véritable spoliation des Arabes. La grande société sioniste Keren Hayessod [2] est spécialisée dans ces spoliations. Profitant de l’absence de titre de propriété chez les fellahs et les bédouins, elle se met d’accord avec un féodal -Cheikh- arabe pour s’approprier des terres.

Après quoi, elle avise les fellahs qu’ils doivent abandonner la terre sur laquelle leurs ancêtres ont peiné pendant des siècles. Si les fellahs n’obtempèrent pas, la société appelle à la rescousse les soldats britanniques.

conditionnement orange conditionnement orange Travailleurs "arabes" palestiniens conditionnant les célèbres oranges de Jaffa - 1936 Il y a mieux, une véritable chasse aux ouvriers arabes a été organisée par une autre organisation, l’Histadrouth [3]. Chaque année, à la fête de la cueillette des oranges, de véritables expéditions punitives sont organisées par les troupes d’assaut sionistes sur les chantiers, dans les usines d’où les ouvriers arabes sont impitoyablement chassés.

Voilà comment le sionisme organise des pogroms à rebours. Les méthodes que nous mentionnons sont très exactement celles que l’hitlérisme emploie à l’égard des juifs en Allemagne.

Comment dans ces conditions, la population arabe ne s’insurgerait-elle pas avec vigueur ? Les chefs de cette révolte ont eu soin de répéter cent fois qu’ils n’entendaient pas donner dans l’antisémitisme. Ils veulent lutter contre l’impérialisme britannique et contre son allié le sionisme. Ils réclament l’arrêt de l’immigration juive passée de 80 000 en 1914 à 450 000 en 1935. Ce n’est pas là, quoi qu’on en dise, un mot d’ordre anti-juif. C’est dans le respect du droit d’asile, c’est dans la solidarité internationale contre le fascisme, et non pas dans la complicité avec une entreprise suspecte de spoliation, que nous entendons défendre la cause des juifs persécutés par l’hitlérisme.

Les Arabes réclament en outre l’interdiction de toute vente des terres arabes. Ils préconisent la constitution d’un gouvernement national arabe.

Ces revendications sont justes. Elles s’inspirent de la volonté d’un peuple de secouer une domination suffocante.

La cause des travailleurs juifs, pourchassés par les dictatures fascistes, n’est pas celle des expropriateurs des grandes sociétés sionistes et de leurs troupes d’assaut. Elle se confond avec celle des opprimés de toutes couleurs et de toutes races qui ne veulent pas se laisser dépouiller.

Article paru dans l’Humanité du 26 Mai 1936

[1] "Gabriel Péri avait en charge la rubrique étrangère de l’Humanité il fut l’un des rares à dénoncer dans ce même journal l’accord Germano-soviétique Hitler/Staline", homme politique communiste et journaliste, fusillé par les nazis le 15 décembre 1941 après avoir refusé de signer une déclaration condamnant les " actes de terrorisme "..

[2] Keren Hayessod : principal instrument financier de l’Agence juive, reçut entre 1934 et 1938 de la Lloyds Bank un montant total de prêts de 675000 livres sterling (NDLR)

[3] Histadrouth : organisation syndicale sioniste (NDLR).
siryne
m
26 mai 2006 11:53
Bonjour,


Vueillez éviter les attaques personnelles. Chacun défend son point de vue mais ce n'est pas en s'en prennant aux intervenants que le débat avancera.

Merci
Marocainement vôtreLe modérateur [url]http://www.yabiladi.com[/url]
b
26 mai 2006 11:59
Citation
Baphomet a écrit:
c'est ça la liberté Djenine, l'esprit de Voltaire !

continuez à soutenir des terroristes, c'est votre droit


appelles les "terroristes" si tu veux... ils ne font que répondre au terrorisme légal.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
D
26 mai 2006 12:11
Citation
Baphomet a écrit:
c'est ça la liberté Djenine, l'esprit de Voltaire !

continuez à soutenir des terroristes, c'est votre droit


Pour toi ce sont des terroristes mais pour moi ce sont des résistants !
Les Allemands qualifiaient les résistants français de terroriste !

A chacun sa cause !


Salam Bulle !

Bien dit !
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
s
26 mai 2006 12:12
Ces caricatures parlent d'elles-meme .


[questionscritiques.free.fr]



[questionscritiques.free.fr]
siryne
D
26 mai 2006 12:16
Merci pour ces caricatures !

Elles sont trés explicit mais tellement réalistes !
Vivre sous occupation, c'est l'humiliation à chaque instant de sa vie ... Résister à l'occupation, c'est vivre libre !Aujourd'hui Gaza, demain Al-Qods !
s
26 mai 2006 12:28
De rien , Djenine .


Des fois les mots ne suffisent plus pour expliquer .......
siryne
B
26 mai 2006 12:34
dans le genre outrancier, il y a ça aussi

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