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«Il faut vivre ce racisme au quotidien pour le croire»
a
24 novembre 2004 11:05
«Il faut vivre ce racisme au quotidien pour le croire»
propos recueillis par Marcelo Wesfreid

"Mamadou Koné, 26 ans, sénégalais, est titulaire d'un DESS de gestion de l'Ecole supérieure des affaires de l'université de Lille II

«Un jour, j'ai réexpédié mon CV à un cabinet comptable de la région lilloise qui cherchait un stagiaire, en remplaçant mon nom par Jean-François Durand.

Alors que ma première candidature n'avait pas été retenue, voilà que ces mêmes employeurs souhaitaient me rencontrer!

Il faut vraiment vivre ce racisme au quotidien pour le croire.

En DESS, sur la trentaine d'élèves, la douzaine de Noirs et d'Arabes étaient les seuls à n'avoir pas trouvé de stage après trois mois de cours.

On s'est réuni dans le bureau du responsable des stages. Lequel s'est borné à nous dire de multiplier les candidatures quand nous évoquions les discriminations raciales…

Finalement, j'ai pu dénicher un stage grâce à la démission d'un type de la promo qui le trouvait nul. J'ai récupéré les restes, en quelque sorte... Pour essayer d'éviter ces galères sur le marché de l'emploi, je me suis inscrit cette année en mastère de contrôle de gestion à l'ESC Lille, histoire de bénéficier aussi d'un label grande école.

Etant donné le prix de la formation, je m'en serais bien passé!

Dans la promo, je suis l'un des plus diplômés: maîtrise de sciences et techniques comptables et financières, un DESS et deux ans d'expérience en tout.

Pourtant, je ne me fais aucune illusion. Mes camarades français décrocheront un job avant moi.»


A
24 novembre 2004 11:50
Voila un exemple type de descrimination, il ne faut plus se battre individuellement !!!!!!
N
28 novembre 2004 09:27
Un employé camerounais a subi, pendant un an, les brimades de ses collègues de travail.

J'ai fait 6 000 km pour venir ici, ce n'était pas pour subir pareille humiliation. Ce n'est pas simple d'en parler. » La voix de Théodore Nkamdo est grave, monocorde. Elle reflète le calvaire qu'endure depuis plus d'un an ce père de famille de 40 ans, de nationalité camerounaise. Le 4 novembre, Théodore a porté plainte contre quatre de ses collègues pour « violences volontaires en réunion avec préméditation » et contre son employeur pour « discrimination raciale ». Il estime, photo à l'appui, avoir été victime d'un acte de « maltraitance à caractère raciste » dans son entreprise de Molsheim (Bas-Rhin, dans l'est de la France).

Employé depuis le 11 septembre 2000 comme « régleur » dans l'usine Osram, deuxième fabricant mondial de lampes électriques et filiale du groupe Siemens, il a été retrouvé... ligoté à un poteau. Triste sort pour un homme installé en France depuis 1983, pays où il a pu entreprendre des études « pour se donner une nouvelle chance », et qui vit à Strasbourg depuis quatorze ans.

L'affaire remonte à 2003. Un soir de janvier, alors que le technicien attend avec impatience de retrouver ses quatre enfants, « l'appel gyrophare » de l'atelier, une alerte censée signaler un dysfonctionnement mécanique, retentit. Théodore sort de son bureau pour « aller voir ce qui ne va pas ». Il est aussitôt neutralisé par six individus et conduit « au pied de l'arbre d'où descend le gorille » - comme le qualifient gracieusement ses bourreaux. Ceux-ci le font asseoir à même le sol, puis l'attachent solidement à un poteau avec du ruban adhésif. Malgré tous les noms d'oiseau dont on l'accable, Théodore, connu comme « un homme plutôt tranquille », croit à une (très) mauvaise blague. Ses collègues ne l'ont-ils pas souvent traité de « sale nègre » issu d'une « sale race » ? Abandonné sur place, il sera délivré un quart d'heure plus tard par l'un d'entre eux, plus charitable.

L'affaire aurait pu s'arrêter là : la victime ne veut pas faire de vagues de crainte de perdre son emploi, d'autant que son épouse est au chômage. « Pour ne pas perdre la face », il lui dissimule l'incident. Mais, afin de mieux humilier Théodore, ses agresseurs, qui ont pris des photos de la scène, les distribuent sous le manteau dans l'entreprise. L'employé, devenu la risée de tous, parvient à se procurer l'une d'elles. Il se plaint en vain auprès de ses supérieurs qui lui conseillent d'« oublier et de déchirer le cliché ». Autour de lui, la pression ne diminue pas pour autant. « Après, raconte Me Nisand, son avocat, il y a eu des insultes racistes, des invectives, des jets d'ampoules de la part de ses collègues qui lui demandaient de rentrer chez lui en lui montrant des bananes. »

Dix mois plus tard, Théodore est mis à pied pour deux jours, puis subit une rétrogradation en mars 2004. Motif invoqué : « des retards et des baisses de qualité » dans son travail. C'en est trop pour ce diplômé en génie mécanique et maintenance qui a travaillé chez General Motors avant de gérer sa propre entreprise pendant huit ans, jusqu'à un malheureux incendie en 1999.

En août 2004, il entame une procédure devant les prud'hommes. Devant le peu d'intérêt manifesté par l'entreprise, la tentative de conciliation échoue. Le 4 novembre, il saisit le tribunal de grande instance de Saverne avec le soutien de la Licra (la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme). Et suit un traitement psychiatrique depuis le 9 juillet. Pendant ce temps, la direction d'Osram affirme ne pas avoir été informée des agissements dénoncés par son employé. Le président d'Osram-France, Pascal Rinckenberger, évoque l'hypothèse « d'une petite fête, une troisième mi-temps ». Une manière peu ordinaire de faire la fête sur laquelle les autorités françaises sont restées peu disertes, la fausse affaire de « l'acte antisémite du RER », en juillet dernier, les ayant peut-être échaudées (voir J.A.I. n° 2271). Mais est-ce suffisant pour expliquer cette sorte de black-out de la part des médias français qui lui ont consacré un traitement relativement marginal ?
 
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