Depuis l'organisation, il y a dix ans à Pékin, de la Conférence mondiale sur les femmes, ces dernières ont enregistré des progrès tangibles, mais il reste encore un travail crucial à accomplir avant qu'elles ne jouissent des mêmes possibilités et des mêmes avantages que les hommes, ont fait valoir de hauts responsables de l'ONU à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars.
« Si cette journée est une célébration des progrès qui ont été faits, c'est aussi une journée de réflexion et une journée pour se pencher sur les défis qui demeurent et pour voir ce qu'il reste à faire, notamment dans les domaines de la sécurité, de l'égalité des salaires, des droits à la propriété, et de la participation au processus de décision des gouvernements », a souligné Mme Noeleen Hayzer, directrice du Fonds de développement des Nations unies pour les femmes (UNIFEM), lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU où la commission sur le statut des femmes organise actuellement une réunion de deux semaines sur les progrès enregistrés en vue de la réalisation du plan d'action adopté lors de la conférence de Pékin.
Soulignant l'irrégularité et la lenteur des progrès, Mme Hayzer a ajouté : « On ne peut parler de progrès lorsque, dans le monde, un million de femmes et de filles sont encore les victimes de la traite de personnes. On ne peut parler de progrès lorsque dans de nombreux pays, y compris dans des pays ayant une forte croissance, nombre de femmes et de filles travaillent encore dans des ateliers où elles sont exploitées. On ne peut parler de progrès lorsque le VIH/sida a de plus en plus souvent le visage d'une jeune femme. »
Dans une allocution prononcée à l'occasion de la Journée internationale de la femme, le secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, a fait part de sentiments semblables, à savoir que des progrès avaient été faits, mais qu'il restait encore beaucoup à faire pour améliorer la condition des femmes.
Si l'espérance de vie des femmes et leur taux de fécondité se sont nettement améliorés au cours des dix dernières années, que davantage de filles vont maintenant à l'école primaire, que de plus en plus de femmes sont salariées, par contre, de nouveaux défis ont vu le jour : la traite des femmes et des enfants est une pratique qui se répand ; dans les conflits armés, ce sont les femmes qui sont de plus en plus souvent les victimes et le VIH/sida se propage rapidement parmi les femmes, notamment les jeunes femmes.
« Nous avons appris que les défis auxquels se heurtent les femmes ne sont pas des problèmes pour lesquels aucune solution existe. Nous nous sommes rendu compte de ce qui marchait et de ce qui échouait », a-t-il cependant souligné.
Ce qu'il faut maintenant, a-t-il dit, c'est tirer les enseignements des leçons apprises et prendre des mesures spécifiques et ciblées dans plusieurs domaines.
Le sommet qui sera organisé en septembre pour marquer le soixantième anniversaire de l'ONU, a-t-il précisé, pourrait être l'occasion de promouvoir l'égalité entre les sexes. Les participants au sommet doivent évaluer les progrès faits dans l'application des éléments de la Déclaration du Millénaire qui a été adoptée en 2000 et qui sert de plan directeur pour l'établissement d'un monde meilleur au XXIe siècle.
Pour la directrice de l'UNIFEM, il est essentiel d'œuvrer dans certains importants domaines afin d'améliorer la situation des femmes et des filles.
« Il ne peut y avoir de sécurité générale si celle des femmes n'est pas garantie partout dans le monde. Il faut absolument mettre fin à la violence contre les femmes (...) Celles-ci doivent être en sécurité chez elles, sur le lieu de travail et au sein de leurs collectivités. Il faut condamner la violence contre les femmes comme étant partout un instrument de la guerre. Il faut mettre fin aux impunités », a-t-elle dit.
Elle souhaite également que toutes les femmes puissent travailler sans mettre leur vie en danger, qu'elles aient le droit d'hériter et d'avoir des biens, qu'elles assistent aux pourparlers de paix pour être présentes lorsque les décisions sont prises et que l'avenir de collectivités se décide, et aussi qu'elles aient leur mot à dire lorsque les ressources sont allouées.
Les besoins particuliers des femmes doivent aussi être pris en compte dans le domaine de la prévention et du traitement du VIH/sida.
Notant que des progrès avait été faits dans le domaine des droits à la propriété et celui de la protection des travailleurs saisonniers, Mme Hayzer a précisé que 120 pays avaient adopté des règles en matière d'égalité entre les sexes, que 179 pays avaient signé la Convention sur l'élimination de la discrimination contre les femmes, et que jamais les femmes parlementaires n'avaient été aussi nombreuses dans le monde. signé : acharif moulay abdellah bouskraoui.