Il était une fois, en plein coeur de l'Afrique noire et mystérieuse, deux jeunes blancs-becs, explorateurs en habits de pingoins, accoutumés aux pince-fesses et aux petits-fours, qui assistaient silencieux (et de loin... évincés qu'ils étaient!) à une cérémonie d'initiation d' hommes noirs à moitié nus qui vivaient sans électricité ni eau bénite...
Le rituel païen allait bon train dans l'ignorance totale des deux voyageurs à faces de Blanc bec. C'était le mur ! Et rien ne ressemble moins à une porte qu'un mur. Le mur ne s'ouvre pas, il est barrière. La porte elle, permet le passage et l'invitation.
Les deux blancs-becs voulaient, coûte que coûte, enregistrer et filmer la cérémonie... pour alimenter l'Occident affamé de choses irrationnelles afin de pouvoir les rationaliser, les standardiser et les contrôler ! Ils n'étaient pas là par hasard. Imaginer une porte immatérielle pour parvenir à leurs fins, était devenu impératif. Primo, mettre en lambeaux leurs voiles de civilisés. Deuxio, user d'une sibylline stratégie.
L'un d'eux eut soudain une idée. Il demanda à son compère de réciter avec lui à voix haute mais presque inintelligiblement, les tables de multiplications en commençant par celle de 2 et jusqu'à celle de 5. Ce qui fut fait.
Comme de bien entendu, une heure plus tard, intrigué, le Chef de la tribu d' hommes noirs à moitié nus qui vivaient sans électricité ni eau bénite...(Tiens, alors comme ça les visages pâles civilisés ont aussi des rituels ?" dut-il se dire)... ordonna l'arrêt de la cérémonie et invita les deux faces de blan bec s'approcher de lui. Moment crucial. Il leur demanda ce qu'ils faisaient et le blanc-bec à l'origine de l'idée, répondit : "Ce sont des incantations religieuses de notre tradition mais je ne sais pas si toi et les tiens allez pouvoir en saisir la profondeur...!"...
Il n'en fallu pas plus pour titiller la curiosité et la fierté du Chef des hommes noirs à moitié nus, qui finalement assista avec les siens à ce rituel civilisé durant de longues minutes. Ainsi, un peu plus tard, les deux faces de blanc bec étaient invités à enregistrer et à filmer la cérémonie des hommes noirs à moitié nus. A quelles fins dites ?!?
La porte était créée. Etrange comme cet outil arithmétique est devenu "sésame", détourné de sa rationnalité mécanique initiale, il a permis aux deux blancs-becs, d'atteindre la magie de la transe d'un peuple naïf, crédule et confiant !
Quelques pas de plus à franchir et ce sera l'assujetissement de ses pauvres mais heureux et pacifiques hommes noirs à moitié nus. Violence immobile, invitation à la soumission et au dynamitage psychologique.
UN : l'ouverture de la porte. DEUX : la fermeture !
Les deux hommes blanc bec, ont su convaincre par moyens détournés et ainsi trouver porte et clé. Grâce à leur ruse, forts de leurs enregistrements et films, ils devinrent de retour chez les civilisés, des hommes riches et puissants (pléonasme ?). C'était le but après tout !
Occident, bel Occident, dont la seule liberté se limite à consommer... ! Nous sommes tous commes ces hommes noirs à moitié nus, nous les gens ordinaires, nous le peuple ; on nous impose de nous comporter en moutons bêlants et notre jungle est pire que celle des hommes noirs à moitié nus.
Véritables planches de bois mort, nous flottons dans des mers de mensonges, sans profondeur ; nous mettons nos existences en crédits ; nous achetons des élexirs d'essorage, des potions d'oublis, des machines de jouvence; nous sommes imbibés de publicités et d'envies.
Les marchands d'illusions se délectent d'ironie en nous voyant. Même nos paradis artificiels sont crottés, c'est dire ! Le mur a été brisé et remplacé par le vide. Les spadassins d'imagination et de rêves, les jaloux à l'autorité minable et les usurpateurs friands d'or noir qui dirigent notre monde et nos vies... se font péter les bretelles en observant tout ce gavage de bipèdes sans plumes que nous sommes devenus !
Hé ho... n°6... pourquoi voulez-vous fuir le village ? Vous avez TOUT ici non ???...
Y a t-il un sas de sécurité quelque part ?
En nous ? Un espace spirituel peut-être, là où nos Anges et nos Démons négocieraient ? Y trouverions-nous, nous hommes aux voiles civilisés, une table de multiplication qui nous permettrait l'ouverture d'une porte... mais vers un monde meilleur ?
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