Salut, Les vieux évoqueront sans doute leur passé avec nostalgie : point de madeleine de Proust, mais un univers d’odeurs pas encore envahi par les effluves de tabac, de cannabis, d’essence, de gasoil, d’alcool enivrant la Mémoire collective.
Au fil du temps, djellabas, babouches, jupes rayées des « jebliates », aux accents chantant, aux chapeaux tressés, vendeuses au bord des routes de fromages de chèvre, ont rejoint, en silence, la cohorte des souvenirs, réapparaissant tantôt, furtivement, presque honteusement, les vendredis ou à l’occasion de cérémonies « folkloriques ».
Les monts devenus chauves ont vieilli, leurs faces se sont ridées et les plaines révèlent désormais un horizon sans limites, uniforme, contrastant avec les cimetières à l’abandon où la faune et la flore d’antan, s’accrochent et tentent de survivre. Les vents du Nord apportent leur charge de sacs de plastique, la disséminant au gré de leurs humeurs.
Les villes s’étendent autour de médinas qui ont perdu leurs colporteurs, leurs ânes et leurs greniers. Plus de réserves, de sacs de blé, de viande séchée, de khle3, d’amandes, de noix, de pains de sucre, de gâteaux, de thé, d’olives, de jarres en argile d’huile d’olive ou d’argan, de feuille d’henné, d’épices : le supermarché est là, pour une gestion familiale en flux tendu, au jour le jour, dans l’espoir de jours meilleurs …
Les murs des Msids, des Zaouias résonnent encore de leurs incantations qui se perdent dans le brouhaha des moteurs et d’une agitation parfois vaine en quête d’une émergence aliénante qui se fait attendre …
Les modes de vie ont évolué, comme les mœurs et les valeurs, de manière imperceptible. Au jour le jour : le français prend racine, déployant ses feuilles et sa littérature, meublant les conversations familiales autour des tables, de son ombrage, substituant une nouvelle mémoire rapiécée, parfois contradictoire à celle héritée …
Les référents et pratiques multiséculaires s’effacent dans l’oubli, ne laissant place qu’à l’immédiat d’une amnésie matérialiste …
Un avenir, sans racines, ni passé ne saurait être prometteur que de désordres et de l’illusion d’une vie meilleure …
L'évolution passe-t-elle nécessairement par l'acculturation, la mondialisation, la perte d'identité, la substitution de la culture endogène par une autre exogène ?
Modifié 1 fois. Dernière modification le 17/03/16 12:08 par blagueur.
chargement...
+ 
