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Espagne à la marocaine : rêve paradisiaque suave de loin mais loin d'être...
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27 mars 2007 16:13
Pendant des semaines, des reportages télévisés européens montrèrent des images de migrants ensanglantés et maltraités essayant d'escalader la clôture militarisée séparant le Maroc des postes coloniaux espagnols de Ceuta et Melilla. Cinq furent tués par balles alors qu'ils essayaient d'escalader la clôture frontalière pour entrer à Ceuta et six autres moururent au cours d'"affrontements" avec des forces de sécurité marocaines et espagnoles à Melilla.

Telle est la fin brutale et tragique pour des personnes ayant enduré un voyage terrifiant de 3,800 Km, en partant des pays africains sub-sahariens les plus pauvres tels que le Cameroun, le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Beaucoup de migrants ont entrepris un périple de près de deux ans pour échapper aux guerres civiles, aux dictatures, à la sècheresse et à la famine pour finir roués de coups par les gardes frontières marocains et espagnols et rapatriés de force. Des organisations des droits de l'homme ont décrit cette politique comme une violation de la Convention de Genève sur le traitement des réfugiés.

Un reportage sur SignonSandiego.com décrivit l'expérience d'un réfugié en route pour le Maroc, "En chemin, il vit l'inénarrable - des hommes si assoiffés qu'ils buvaient leur propre urine puis suppliaient d'autres personnes de leur donner leur urine, une faim à vous rendre fou, la peau qui craque sous un soleil fulgurant, des saignements de nez terribles où le sang coule à flots.... Par la suite vinrent 18 mois dans les coteaux d'une forêts de pins au Maroc se cachant de la police armée de matraques le jour, sortant furtivement la nuit pour manger les restes des poubelles et évitant les bandits. Sa destination : cette enclave espagnole sur la côte nord-africaine...

L'Union européenne (UE) a financé la militarisation de la frontière espagnole avec l'Afrique car cela fait partie intégrante de sa stratégie "Forteresse Europe". Le 11 octobre, Amnesty international publia un communiqué de presse disant : "La situation présente désastreuse en Afrique du nord où les personnes essayant d'avoir accès au territoire de l'UE seraient tuées ou même jetées dans le désert sans vivres ni eau, est à mettre en relation directe avec la pression exercée par les pays de l'UE pour renforcer la forteresse Europe."

Le commissaire à la Justice et à la Sécurité de l'UE, Franco Frattini, aggrava les tensions quand il dit aux ministres de l'UE, selon une copie de ses notes de discours, "Les informations dont nous disposons indiquent qu'environ 20,000 immigrés attendent en Algérie, prêts à entreprendre leur voyage en direction du Maroc, puis Ceuta et Melilla avec 10,000 personnes de plus qui attendent déjà au Maroc."

Frattini réagit à la requête de l'Espagne qui réclamait davantage d'aide, ajoutant que "nous allons envoyer un message aux Marocains pour leur dire que l'Europe se tient prête à s'engager très prochainement sur les voies terrestres aussi, mais l'Europe exige un engagements fort et clair de la part du Maroc."

L'Espagne et l'UE ont constamment et assidûment bloqué aux plus démunis toutes les voies d'accès en Europe non reconnues officiellement au moyen de patrouilles navales jointes coupant l'accès à l'Espagne via la Méditerranée et l'Océan Atlantique. Depuis 1997, les estimations prudentes dénombrent à plus de 4,000 les migrants morts noyés. Nombreuses sont les embarcations peu sûres et bondées et on soupçonne fortement la sécurité navale espagnole d'ignorer les bateaux en détresse malgré un système radar parmi les plus avancés au monde.

Selon les récits de témoins oculaires de Melilla, la célèbre garde civile espagnole rouait de coups ceux qui arrivaient du côté espagnol de la clôture et « rapatriait » de force ceux qu'elle attrapait. Les blessés et mourants étaient littéralement ramassés, une barrière était ouverte dans la clôture et ils étaient déchargés au Maroc à la merci des troupes. Les autorités espagnoles ont refusé de condamner ou d'enquêter sur la conduite de la Garde civile et, au contraire, ont loué leur professionnalisme devant une situation difficile. Abdela Bendhiba, gouverneur marocain de Nador, décrivit l'action de ses troupes comme ayant été "dans les limites de la légitime défense."

Ceux qui escaladaient la clôture et se rendaient aux autorités plus tard, s'attendant à être traités selon les statuts de la Convention de Genève, vont, maintenant, faire face à une déportation immédiate vers le Maroc par les autorités espagnoles. Wolfgang Grenz d'Amnesty International déclara, "ce serait une décision fatale que l'Espagne choisisse de ne pas respecter les obligations de la Convention de Genève sur la protection des réfugiés."
 
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