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Entretien avec mohamed Chafik
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28 mai 2005 20:10

Pr M. CHAFIK, ancien recteur de l’IRCAM : "Le mouvement culturel amazighe attend d’abord des Imazighen de l’Etranger qu’ils prennent conscience du fait qu’à l’origine de leur exil volontaire se trouve la marginalisation systématique de l’amazighité ".








— Mr. S. KHOTTOUR : Êtes-vous d’accord avec la démission des sept membres et leur départ de l’institut IRCAM ? Etes-vous d’accord avec le contenu de leur déclaration suite à leur démission ? Sinon, quelle alternative auriez-vous préféré ?

— Pr. M. CHAFIK : Je n’ai pas à les juger ; mais, à leur place, je n’aurais pas démissionné. Leur déclaration se réfère à des faits réels : il y a obstruction à bien des niveaux. Les démissionnaires justifieront probablement leur acte par une reconsidération du problème que pose la mauvaise foi des fossoyeurs impénitents de l’amazighité. Peut-être n’avaient-ils pas les coudées suffisamment franches à l’IRCAM pour ce faire.

— Mr. S. KHOTTOUR : Quel est le but prôné par l’IRCAM ? Qui s’oppose à la réalisation de ce but ?

— Pr. M. CHAFIK : L’IRCAM a pour mission principale de standardiser la langue amazighe, et de mettre au point des procédés pédagogiques qui puissent accompagner la standardisation ; mais il n’est pas le maître d’œuvre en matière d’enseignement et d’organisation scolaire. Tous les documents qu’il produit pourraient rester lettre morte d’une façon ou d’une autre. Ajoutez à cela qu’une véritable cabale journalistique est montée contre lui, cabale dont font le jeu beaucoup de jeunes Amazighes manipulés et mal informés. Il est évident que bien des idéologues souhaitent son échec et agissent en conséquence, grâce à des relais bien répartis dans les structures administratives et dans l’appareil scolaire et universitaire. N’oublions pas que l’amazighité revient de loin. Elle est combattue en sous-mains.

— Parmi les personnes qui auraient participé à l’établissement de l’IRCAM, on a entendu parler de « co-fondateurs » qui n’ont absolument rien à voir avec l’Amazigh et n’ont jamais contribué à son développement. Quelles est la vraie raison de leur présence au sein de cet institut. Ont-ils un but politique et perfide autre que le développement de la culture Amazighe ? Leur but véritable est-il de mettre simplement des bâtons dans les roues ?

— Pr. M. CHAFIK : Je ne vois pas ce que vous entendez par « co-fondateurs », mais, en tout état de cause, les adversaires de l’amazighité sont connus, et ils ne sont pas à l’IRCAM.

— Mr. S. KHOTTOUR : 3 ans après le dahir (décrêt royal) d’Ajdir et toutes les promesses royales qui s’en suivirent, la culture, l’identité et la langue Amazighes n’ont toujours rien vu venir, au contraire et comme on l’a cité plus haut, plusieurs membres actifs de l’IRCAM- institut chargé d’exécuter les commandes royales- se sentant les mains liées, ont préféré fuir cet institut, donnant lieu à plusieurs interrogations et laissant largement entrevoir que l’IRCAM est un institut mort-né. Peut-on deviner par la suite que le roi du Maroc - responsable du dahir d’Ajdir qui donna lieu à la création de l’IRCAM- est lui-même responsable de toutes les entraves à la création d’une véritable loi reconnaissant l’identité Amazighe et lui octroyant ses pleins droits constitutionnels ?

— Pr. M. CHAFIK : Il est normal que les Amazighes s’impatientent, car ils sont en droit de s’interroger sur la sincérité des intentions, sachant d’instinct qu’une certaine amazighophobie a des racines historiques profondes, si profondes qu’elles peuvent drageonner partout, et à tout moment. Je crois pouvoir dire cependant que, de mon point de vue tout au moins, le « makhzen rénové » qui nous gouverne semble être l’acteur politique le mieux disposé à écouter l’amazighité, sinon à l’entendre. Jusqu’à preuve du contraire, l’ennemi juré du fait amazighe, c’est l’arabisme, devenu d’autant plus dangereux qu’il s’est recyclé en arabo-islamisme. Pour vous en convaincre, voyez certains films syriens des chaînes satellitaires moyen-orientales, et écoutez certains débats idéologiques où perce une haine récurrente à l’égard des « aqelliyates » comme on les nomme. Il ressort de tout ceci que, tôt ou tard, l’amazighité sera acculée à mener un véritable combat politique ; personne ne le mènera à sa place. Je dis bien : personne ! Mais, d’ores et déjà, faisons de sorte que la défense de notre cause, si juste, soit sans connotations racistes ou idéologiques. Nous ne sommes que des femmes et des hommes ordinaires, mais victimes de beaucoup d’arbitraires. Nos ancêtres nous ont légué un travail inachevé de réappropriation de notre identité culturelle, travail dont ils n’ont pu eux-mêmes venir à bout, parce qu’ils n’en percevaient les finalités qu’à travers les brouillards de leurs considérations métaphysiques. Peu d’entre eux étaient vraiment instruits des tenants et aboutissants de la foi.

— Mr. S. KHOTTOUR : Quelle est la position des partis politiques envers la question Amazighe ?

— Pr. M. CHAFIK : Chacun de nos partis politiques a ses références. Seuls les partis ayant un ancrage démocratique solide défendent les causes justes dans nos contrées. Or, notre culture politique étant très superficielle, c’est plus la course au pouvoir qui motive réellement les esprits. L’opportunisme et le populisme, semblant être les chemins les plus courts et les courants les mieux porteurs, font vite oublier aux meneurs du jeu politique le sens de l’équité au sens fort. Heureusement, la jeunesse amazighe cultivée paraît avoir bien compris que son engagement en faveur d’une réhabilitation de « timmuzgha » s’inscrit dans la durée, et en dehors des arènes politiciennes telles qu’elles ont été délimitées au cours du dernier demi-siècle. Le courant culturel amazighe a la sympathie et le soutien moral des plus justes, des plus sincères, et des moins « aliénés » ou corrompus de nos compatriotes ; c’est suffisant.

— Mr. S. KHOTTOUR : Est ce que ces partis politiques ont changé de comportement (d’attitude) envers la question Amazighe ?

— Pr. M. CHAFIK : En apparence, même ceux qui ont été les plus virulents à l’égard du mouvement revendicatif amazighe ont mis de l’eau dans leur vinaigre. Opportunisme oblige ! Attendons donc qu’ils aient donné quelques gages, et qu’ils se sentent plus marocains que baâthistes ou « islamistes ». Ensemble, nous défendrons alors et l’Islam, et l’arabité, et l’amazighité, sans crispation ni véhémence.

— Mr. S. KHOTTOUR : Vu la situation politique marocaine actuelle et l’attitude des différents partis politiques, peut-on croire à une délivrance probable de l’identité Amazighe ? Autrement dit, croyez-vous que tous les éléments sont réunis pour une reconnaissance officielle (constitution, lois) de l’Amazighité ?

— Pr. M. CHAFIK : Seul l’ensemble des Imazighen motivés peut répondre à cette question. Or, je crois pouvoir dire que tous les Imazighen un tant soit peu dégagés des soucis de la vie matérielle au quotidien, sentent le poids de toutes les injustices et les exactions subies par « timmuzgha » en tant qu’identité culturelle et ethnique. À l’école, au tribunal, à l’hôpital, dans des réunions publiques officielles, dans les bureaux des différentes administrations ... Tentez de donner à votre enfant le prénom « Aburz Imazighen » !... Et pourtant vous pouvez le prénommer « ‘Azz-el-Arab », à la grande joie de l’autorité d’Etat-civil, soucieuse d’être bien vue par sa hiérarchie...L’ensemble donc des Imazighen est seul habilité à répondre pertinemment à votre question. Mais attention ! La fougue est exclusive de la justesse du raisonnement ; la modération, par contre, ne s’exclut nullement avec la fermeté et la persévérance. Tenez, puisque nous y sommes, et puisque l’on s’entête à nommer « Al-Maghrib al ‘Arabi » l’Afrique du Nord, notre unique patrie à nous, nommons-la, nous, désormais et en toute circonstance, « Tamazgha », en quelque langue que nous parlions, car c’est dans les mots que commencent les choses. Et, dans le même ordre d’idées, disons que, sans une reconnaissance constitutionnalisée de l’amazighité du Maroc (et des autres pays concernés), nous aurons la certitude que toute notre action n’a été que coup d’épée dans l’eau. Mettons donc en synergie toutes nos forces pour agir dans ce sens.

— Mr. S. KHOTTOUR : Pensez-vous que le Maroc et les Marocains ont besoin d’un parti politique Amazigh ?

— Pr. M. CHAFIK : L’action partisane ne peut être, il me semble, en adéquation avec des revendications identitaires. Notre droit à l’existence en tant qu’ethnie et culture, autochtones de surcroît, s’inscrit dans le registre des droits naturels, celui des droits de l’Homme. C’est donc à la conscience universelle que nous devrions en appeler et, partant, aux instances internationales, le cas échéant. Mais, personnellement, je n’ai pas perdu l’espoir de voir nos compatriotes « arabistes » ou panarabistes se départir de leurs rêves hégémoniques. Des rêves nés du reste sous d’autres latitudes que les nôtres, en des têtes ignorant tout de l’amazighité, au point de la croire « barbare ».

— Mr. S. KHOTTOUR : Quelles sont les démarches faites jusqu’à maintenant par le ministère de la communication pour la création éventuelle d’une chaîne entièrement amazighophone ?

— Pr. M. CHAFIK : Je ne pense pas que ce ministère ait pour premier souci la nécessité de créer des chaînes amazighophones. Les titulaires successifs du poste m’ont toujours semblé dire qu’ils ont d’autres chats à fouetter. C’est là un modèle de non-conscience des grands problèmes latents des sociétés humaines dont l’existence ne se fait sentir que lorsqu’elle est déjà explosive. C’est en raisonnant a posteriori que le colonialisme français, par exemple, a compris ce phénomène, qui a été à l’origine de bien des gâchis.

— Mr. S. KHOTTOUR : Il y a actuellement 4 chaînes de télévision arabophones au Maroc et en même temps il y a certaines chaînes locales et régionales et d’autres en projet (toutes arabophones). Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de chaîne de télévision Amazighe ni à l’échelle nationale, ni locale, ni régionale ? Qui s’oppose à sa création ?

— Pr. M. CHAFIK : Il s’oppose à sa création l’idée, bien ancrée dans des esprits arabistes ou arabo-islamistes, que les Imazighen devraient être heureux de se voir assimilés aux Arabes, et de pouvoir entendre à longueur de temps de beaux discours, qu’ils ne comprennent sans doute pas, mais qui sont débités dans la plus belle langue du monde, la langue du Coran et du Paradis. C’est de la paranoïa ; mais c’est ainsi. La gravité des maladies psychiques réside dans le fait que le malade ne se sait pas malade.

— Mr. S. KHOTTOUR : Mr. El Aissati pense que l’enseignement de la langue et de la culture Amazighes doivent être obligatoires et que l’Amazighité doit avoir une place prépondérale au sein de la société marocaine. Certains sont d’avis que l’Amazighité gagnerait énormément d’importance au sein de la société si elle avait une valeur économique. Quel est votre avis ?

— Pr. M. El Aissati a parfaitement raison. Mais comment faire entendre raison aux adversaires jurés de l’amazighité ? « Timmuzgha » a enduré la plus dure et la plus longue épreuve de toute son histoire, par le fait du colonialisme européen des XIX et XX-ièmes siècles, lequel colonialisme a fini par la livrer pieds et poings liés à des forces dévoyées se réclamant de l’Islam. C’était là sa manière de se venger des Imazighen, qui l’ont violemment combattu, et ont refusé de collaborer avec lui. Le célébrissime arabisant tant adulé par l’arabisme, Jacques Berque, ne s’en est pas caché. A un Amazighe qui lui avait reproché à l’occasion de l’un de ses cours au Collège de France d’avoir été injuste à l’égard de « Timmuzgha », il n’a rien trouvé d’autre à dire que ceci : « Tant pis pour vous ! Nous vous avons tendu la perche et vous n’avez pas voulu la saisir ».

— Mr. S. KHOTTOUR : Depuis toujours, toutes les langues qui été sont enseignées au Maroc, leur enseignement a été facilement vulgarisé et généralisé à l’échelle nationale. Par contre, l’enseignement de l’Amazigh, langue nationale par excellence, a commencé de façon très limité et sa progression, au lieu de prendre de l’élan, marque le pas. A quoi est dû cette attitude à l’encontre de l’Amazigh ?

— Pr. M. CHAFIK : Il me semble bien que j’ai déjà répondu à cette question, directement et indirectement. Essayons d’éviter tout langage répétitif.

— Mr. S. KHOTTOUR : Nous assistons pendant les dernières années à une tentative timide d’enseignement de la langue et de la culture Amazighes à l’école élémentaire dont les résultats sont mitigés, pour ne pas dire quasiment nuls. Croyez-vous qu’il faudrait ensigner l’Amazigh pour simplement l’apprendre ou, au contraire, faudrait-il l’enseigner pour pouvoir arriver dans l’avenir à enseigner dans tous les domaines (scientifiques, littéraires, et autres) en Amazigh.

— Pr. M. CHAFIK : Dans les temps modernes pour que toute langue puisse continuer à vivre et à se développer, il faut qu’elle soit enseignée à tous les niveaux, et qu’elle serve de langue véhiculaire, notamment dans les médias. Désormais, qui dit langue vernaculaire dit langue appelée à disparaître à brève échéance. La langue amazighe a des potentialités lexicographiques sans limite, puisqu’elle crée des mots par composition. Elle ne demande qu’à faire ses preuves. Luttons pour elle ! Elle le mérite.

— Mr. S. KHOTTOUR : Alors que certaines élites pensantes avaient opté pour le caractère latin, quelles sont les raisons qui ont poussé au choix du Tifinagh comme forme d’écriture et d’enseignement de l’Amazigh ? Pensez-vous que ce choix a été judicieux et pourquoi ?

— Pr. M. CHAFIK : « Tifinaghe » matérialise l’identité culturelle amazighe. Que penserait un touriste européen visitant le Maroc s’il voyait « Ifrane », ainsi écrit en caractères latins, sur un panneau kilométrique ? Il penserait simplement que c’était fait à son intention à lui. Pourquoi occulter l’existence d’un alphabet amazighe complet et modernisé ? dans les classes où l’on enseigne « tamazight » les enfants s’enthousiasment à découvrir que la langue qu’ils parlent avec leurs parents a son écriture propre, qui prend place au tableau noir à côté des écritures arabe et française. Quelle confusion aurait régné dans leurs esprits s’ils constataient que « tamazight » s’écrit avec les mêmes lettres que le français ! le constat ne pourrait être que frustrant pour eux, d’une manière profondément sentie mais difficilement exprimable.

— Mr. S. KHOTTOUR : Hormis certains orientalistes, tous les linguistes s’accordent à reconnaître l’Amazigh comme une et une seule langue. Seulement, on remarque qu’à travers les pays où l’on enseigne l’Amazigh, on n’enseigne pas une mais plusieurs formes d’Amazigh. Est-ce que cela ne corroborerait pas l’idée de ces orientalistes qui sont convaincus de l’idée que l’Amazigh subira les mêmes développements et aura les mêmes sous-langues qu’aura subi et eu la langue latine ?

— Pr. M. CHAFIK : Quand le latin a commencé a être abandonné, au XVI et au XVII-ièmes siècles, les langues qui en ont dérivé étaient déjà formées, chacune à sa manière. Nous comptons sur les moyens modernes de la linguistique et de la pédagogie pour que la langue amazighe soit concomitamment standardisée et « divulguée » en tant que langue « normalisée ». C’est un travail assez complexe de recherche, d’action pédagogique, et de « vulgarisation » par les médias, qui est entrepris. Il sera mené à bien si les Imazighen travaillent sérieusement, et si leurs adversaires n’entravent pas leur démarche. L’on oublie que la langue arabe elle-même n’est pas encore standardisée, pour des raisons autres que techniques, et que son alphabet pose problème.

— Mr. S. KHOTTOUR : L’appel à la déclaration de l’Amazigh comme langue officielle semble s’estomper. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

— Pr. M. CHAFIK : Au contraire, l’appel devient de plus en plus pressant, puisque de partout on crie qu’il faut constitutionaliser l’identité amazighe du Maroc, pour que la situation soit clarifiée.

— Mr. S. KHOTTOUR : Le mouvement Amazigh n’arrive jamais à concrétiser ce dont à quoi il aspire, pensez-vous que cela est dû au fait que l’Amazighité a toujours été dans une position de défense contre les divers attaques dirigées contre elle et n’a jamais été plutôt dans une position d’avant-garde et de créer un événement socio-politico-culturel ?

— Pr. M. CHAFIK : C’est assez tardivement que l’amazighité a pris nettement conscience de sa spécificité. Elle l’a fait par réaction aux velléités racistes de l’arabisme. Jusqu’aux années cinquante du siècle dernier, la référence, et pour les Arabes et pour les Amazighes, était l’Islam. Mais la superbe arabe a toujours été une réalité qui s’abritait derrière le fait religieux. Les Arabes avaient l’air de dire aux autres ethnies musulmanes : « Hè vous ! là, c’est à nous que vous devez votre qualité de musulmans ! », et les autres musulmans trouvaient anodine cette attitude et la jugeaient sans conséquence, jusqu’au moment où le concept de « Nation arabe » s’est mis à squatter dans les esprits la place du concept « Nation musulmane ». Les choses en sont aujourd’hui au fait que les Arabes tentent de faire coïncider les deux concepts. Y arriveront-ils ? Je ne le pense pas, car, de l’Indonésie au Maghreb les peuples ont pris conscience de leurs identités de base, et dénient tout leadership aux Arabes, largement discrédités par leurs excès, leurs frasques, et surtout leur hypocrisie, celle de leurs « guides » tout au moins.

— Mr. S. KHOTTOUR : Quelle est la contribution que pourrait attendre le mouvement Amazigh des Imazighen vivant à l’étranger ?

— Pr. M. CHAFIK : Le mouvement culturel amazighe attend d’abord des Imazighen de l’Etranger qu’ils prennent conscience du fait qu’à l’origine de leur exil volontaire se trouve la marginalisation systématique de l’amazighité. Ils sont bien placés pour faire connaître dans le détail, au monde entier, les réalités de l’histoire et de la géographie de Tamazgha, et aussi les valeurs défendues par l’humanisme amazighe. Sans avoir à renier leur foi islamique, ils se doivent de prendre leurs distances avec le fanatisme obscurantiste, et de faire valoir l’idée que la notion de laïcité est inscrite dans le texte coranique même : « Lâ ikrâha fi ddîn ! ». C’est la laïcité qui débarrassera l’Islam des scories qui l’ont souillé à travers son histoire, tout comme cela a été le cas pour le catholicisme par exemple. Voici, là, quelques tâches pour notre diaspora ; il y en a d’autres, qu’elle s’imposera elle-même, selon ses moyens matériels et moraux.

— Mr. S. KHOTTOUR : Après votre long engagement pour la défense de la culture Amazighe, êtes-vous satisfait de la situation dans laquelle se trouve l’Amazighité actuellement ?

— Pr. M. CHAFIK : Je ne suis pas pleinement satisfait, et c’est normal, car, lorsqu’on défend une cause juste, on croit, au départ, que tout irait de soi. Mais il y a assez longtemps que j’ai compris que, en toute situation d’iniquité, les privilégiés mettent plus d’ardeur à défendre leurs priviléges que n’en mettent les dépossédés à défendre leurs droits. Je reste optimiste malgré tout, car les Marocains commencent à s’écouter les uns les autres, et les Imazighen à mieux s’organiser. L’essentiel c’est que toute violence est bannie du champ où se mène le débat. C’est là un grand succès pour le mouvement culturel amazighe. Lui en saura-t-on gré ? Je l’espère.

— Mr. S. KHOTTOUR : Comment voyez-vous le développement de l’Amazighité dans le futur ?

— Pr. M. CHAFIK : Le futur de l’amazighité est entre les mains de « timmuzgha » tout entière, où qu’elle se trouve.
— Mr. S. KHOTTOUR : Êtes-vous optimiste en ce qui concerne l’avenir de l’Amazighité ? Si oui ou, si non, pourquoi ?

— Pr. M. CHAFIK : Très optimiste, parce que notre cause est juste, et parce que nous n’avons d’autre projet que celui d’être des hommes et des femmes libres, d’être eux-mêmes.


Interview réalisée par Said KHOTTOUR

Pour www.tawiza.nl et le Monde Amazigh

s
28 mai 2005 21:20
"Le mouvement culturel amazighe attend d’abord des Imazighen de l’Etranger qu’ils prennent conscience du fait qu’à l’origine de leur exil volontaire se trouve la marginalisation systématique de l’amazighité ".

quand je lis cette phrase, j'ai l'impression que je vais vomir...

prennet conscience que l'exil est le fruit d'une marginalisation? n'importe quoi..? parceque les riffains, les arabes et autre entités ont tous fuis le pays parceque on marginalise leur langue, cé du n'importe quoi...!

et l'imigration économique, elle est ou???

CA ME SIDERE, CA ME TUE, JE SUIS OUTRE.....
. . . L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation. [Michael Moore] . . .
 
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