Le libéralisme conduit à l’ensauvagement du Monde et au contraire de la civilité.
Aujourd’hui, il suffit d’une facture impayée pour être menacé par un Service public.
Électricité de France coupe le courant à la première ardoise si cette dernière est supérieure à 75 euros ; et fait payer aux miséreux une somme de 45,45 euros pour le déplacement…
Aucune télévision n’annonce la nouvelle ; seul le pauvre, qui découvre, chaque matin, en ouvrant sa boîte aux lettres, une nouvelle forme de terrorisme, connaît la chose.
Un libéralisme sournois contre les gens
C’est avec une extrême discrétion que la firme EDF a décidé de baisser le seuil de tolérance des factures impayées, fixé auparavant à 300 euros.
Cette décision a eu l’accord honteux des communes et régions.
« Si EDF, les mairies persistent à mettre en place ce dispositif, c’est une grande partie du pays qui va être plongé dans le noir… » prophétise une assistante sociale.
Les A.S., appelées à la rescousse par EDF, ne disposent en effet d’aucun budget quant à l’application du « maintien d’énergie » (décret n° 2005-971 ; loi 531-1 contre les exclusions du 29 janvier 1998), et sont pour la plupart ignorantes des accords conclus entre la compagnie, les communes, les régions et, bien sûr, l’Europe (1).
L’esprit de ces accords semble celui d’un capitalisme de catastrophe qui cherche à faire payer la dette nationale d’abord aux plus pauvres.
Les pestiférés d’EDF, munis d’une simple lettre à en tête, se bousculent déjà à la porte des services sociaux.
Le principe de précaution leur est brutalement appliqué…
Un fichage informatique puis une convocation des personnes (2) signalent au premier incident le mauvais payeur au Conseil général et à la mairie.
La lettre type, imprimée par EDF et reçue par « le client », s’appelle « fiche d’engagement Service maintien d’énergie » ; elle prévoit, sur une période maximale de 15 jours, de conserver la couverture d’énergie, avant l’intervention supposée de l’aide sociale.
Suprême cynisme, dans ce courrier, EDF suggère à l’usager qui ne peut payer sa facture d’abandonner volontairement ses droits, et de se conduire tels les « objecteurs de croissance », qui prétendent sauver l’humanité en s’éclairant à la bougie !
Or la garantie effective de la fourniture d’énergie pour tous est inscrite dans la constitution de 1947 et certains textes ; le code de l’action sociale et des familles, article L113-3, prévoit, par exemple que « toute personne ou famille éprouvant des difficultés particulières, au regard notamment de son patrimoine, de l’insuffisance de ses ressources ou de ses conditions d’existence, a droit à une aide de la collectivité… ».
Pas de pitié pour les pauvres !
- « C’est la première fois que je ne peux payer le montant de l’estimation, demandée par EDF, témoigne Jean-Michel, un usager menacé de coupure de courant, malgré mes lettres demandant une révision de la facture, tenant compte de ma consommation actuelle et de mes faibles ressources, l’EDF exige que je paye ma note sur la base d’une facture payée l’an dernier ! »
La plupart des estimations réalisées par le fournisseur EDF sont envisagées pour un public ayant les moyens de payer cash voire de régler d’avance leurs consommations.
Cependant de plus en plus de Français subissent les bourrasques de la précarité : délocalisation, chômage, indigence…
En 2004, 3,5 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, qui est de 700 euros, par mois, pour un couple sans enfants ; 189 000 foyers n’ont pu honorer en conséquence leurs factures d’eau, de gaz et d’électricité (3).
Selon les Restos du Cœur, de nombreuses familles survivraient avec à peine 100 euros par mois et par personne…
EDF est incapable de penser à long terme une politique commune et citoyenne en direction des familles à revenu faible et précaire sur son propre territoire ; et préfère abandonner les populations à l’aide hasardeuse des ONG.
Sans doute, l’ouverture prochaine du marché, en matière d’énergie, et la soif de profit lui font-elles oublier cette mission…
Inutile de s’appeler Madame Soleil pour imaginer l’avenir sous le règne de Sarko 1er.
Dans un futur proche, il est à craindre que le Service public ne ferme quelque centrale nucléaire, sous le prétexte bienvenu de l’écologie, plutôt que de fournir gracieusement aux plus défavorisés son comptant d’énergie.
L’électricité d’origine nucléaire ou non pour les uns et la bougie pour les autres pourrait être le paysage nocturne de « la France d’après » !
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