Échanson…. Verse-moi un premier verre, De la rosée de l’aube naissante Mêlée de l’haleine de mon aimante, Pour adoucir les rigueurs de mon désert. **** Ajoute à ma coupe une lueur d’espoir, Éclairant l’azur de mes tristes lieux, Ligoter mes folles envies noires, Et éteindre mes rebelles feux. **** Donne-moi une autre rasade, Du cri des cœurs en folie, Brisant les rancœurs en palissade, Me libérant de l’étau de la mélancolie. **** Laisse le vent du large venir, Nous conter les histoires des vagues, Qui ont vu les destins sans avenir, Se perde au firmament bleu des algues. **** Abreuve de magie l’éclat du cristal, Dont l’écho rend le son des cœurs volages, Dansant à l’ombre du doux ramage, De la beauté des Ève à l’épine fatale. **** Étanche ma soif de l’essence des prières, Au calice des lèvres gerçurées par le mal d’être, Sortant du fond des âmes en lanières, Qui miment le cri avant que naisse la lettre. **** Verse-moi le doux chant des sirènes, Aux mensonges d’une belle sorcière, Perçant le cuir des jours de son alêne, Tissant la vie de fils d’ombre de mystère. **** Évapore l’arôme du pain de l’errance, Sans levain, incrusté encore de braises, Que le hasard partage au détour de la romance Les jours dont la peau fine est sans graisse. **** Enivre-moi du silence des rois, Où on ne sait se tenir sur quel pied, En leur clémence où la perfidie de leurs lois Toute tête a le tyran qui lui sied. **** Arrose-moi de l’eau de mon âme, Sucre de rires l’amer de mes larmes, Épice de safran ma naïveté de croire, Et substitue les échecs en espoir. **** Encense-moi de la mélodie du soufi Qui refait les plis du voile de la nuit Et assourdit l’oreille inattentive des jours Tout ce qui est ; est œuvre d’amour. **** Écrase dans le verre un grain de sagesse, Qui exhale le parfum des adages en peine, L’âme ne sent la douceur de la caresse Que des mains sœurs qui la comprennent. Mebkhout Beghdad
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