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Christine Delphy a écrit:
Les électeurs seraient-ils si peu préoccupés par les questions d‘égalité et de lutte contre les violences faites aux femmes ? C’est ce que nous sommes allés demander à Christine Delphy, sociologue spécialisée dans les questions de genre et chercheuse au CNRS.
“Ce qui intéresse les électeurs, c’est de faire semblant de bouger sans que ça ne leur coûte rien. Regardez un truc qui vient de passer, qui a été proposé par “Osez le féminisme” et je ne peux pas dire que je n‘étais pas d’accord avec ça la suppression du terme “mademoiselle” dans les documents administratifs. En voilà une réforme qu’elle est bonne. Parce que ça ne coûte rien, strictement rien. Vous supprimez une ligne sur un document administratif, à la limite ça fait gagner de l’encre. En Espagne depuis 15 ans, la différence c’est qu‘à chaque fois qu’il y a un meurtre de femme par son conjoint ça fait la une des journaux et vous avez une manifestation des voisins et ça passe à la télévision. En France est-ce que vous le voyez dans des journaux ? Non.”
“Ce qui va à l’encontre de ces avancées, c’est justement le racisme anti-maghrébin poursuit-elle. On s’est servi du racisme anti-maghrébin pour jeter sur eux tous les défauts de la terre et en particulier le sexisme. Comme ça, les hommes qui sont blancs se sont sentis supérieurs, c’est à dire qu’en fait il n’y avait que les arabes qui étaient sexistes et qui violaient les femmes dans des tournantes et ce sont les seuls qui soient médiatisés. Les gens ne se souviennent que des femmes qui ont des prénoms arabes tuées par des garçons qui ont également des prénoms arabes. Ce sont les seules affaires médiatisées. La majeure partie des 170 femmes tuées en France ne sont pas des Soanes ou des Shéhérazades, ce sont des Monique et des Catherine tuées par … des Michel ou des Pierre.”
Ces violences n’ont jamais été une priorité pour les gouvernements de la Ve république, quel que soit leur encrage politique. Il n’existe pas non plus de loi en France condamnant spécifiquement les injures sexistes. Quant à l‘élection à venir, aucun candidat n’a fait de ce thème son cheval de bataille.