Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
LE DÉSESPOIR DES OUBLIÉS DE GUANTANAMO
A
25 avril 2013 15:57
[photo.parismatch.com]

Citation
a écrit:
Au moins 92 détenus seraient en grève de la faim à Guantanamo. Mais d’après les ONG et défenseurs des prisonniers, la quasi-totalité des 166 hommes emprisonnés sur la base américaine de Cuba auraient en réalité cessé de se nourrir, dans le cadre d’un mouvement né début février pour protester contre leurs conditions de détention et la détention illimitée.

Une grève sans précédent à Guantanamo. Un porte-parole du camp de détention de la base navale américaine a déclaré ce jeudi que le mouvement de grève de la faim, qui touche depuis deux mois et demi le centre pénitencier, était désormais suivi par 92 détenus - sur 166. Parmi eux, 17 seraient alimentés de force, et deux d'entre seraient hospitalisés mais pas en «danger de mort», selon des chiffres officiels. Le dernier bilan faisait état de 84 grévistes, 16 nourris de force et six hospitalisations. Lundi, le lieutenant-colonel Samuel House, porte-parole des autorités militaires du camp, avait annoncé qu’une quarantaine de médecins, infirmiers et aides-soignants devaient se joindre d’ici la fin du mois à la centaine de collègues déjà sur place pour veiller à la santé des détenus.

LE «GAVAGE» DES GRÉVISTES

Mais d’après les ONG et les avocats de prisonniers, ces chiffres sont erronés. Ils attirent, depuis bien longtemps déjà, l'attention sur le nombre croissant de grévistes, et selon Polly Rossdale, coordinatrice du projet «Life After Guantanamo» chez Reprieve - association basée en Angleterre, qui représente plusieurs détenus à Guantanamo - seuls quelques uns accepteraient en réalité encore de se nourrir. Tous les autres seraient alimentés par des tubes reliés directement à l'estomac via la cloison nasale – on imagine les dégâts que l’intervention peut provoquer si elle est mal réalisée… Plusieurs prisonniers ont fait le récit effroyable de la douleur qu’ils ressentent lorsqu’on leur enfonce la sonde, et leurs défenseurs dénoncent ce «gavage» assimilé à de la torture.

«Le fait de nourrir de force des détenus observant une grève de la faim en signe de protestation soulève des questions relatives à l’éthique médicale, à la notion de consentement éclairé, à l’autonomie des détenus, au principe de confidentialité et au traitement réservé aux détenus», dénonce Amnesty International. «Tout processus d’alimentation artificiel et obligatoire est assimilable à un traitement cruel, inhumain ou dégradant portant atteinte au droit international, s’il est intentionnellement et sciemment effectué d’une manière occasionnant des douleurs ou souffrances inutiles», a ajouté James Welsh, spécialiste des questions relatives à la santé et la détention au sein de l’ONG. «La situation actuelle renforce le besoin pour les détenus de bénéficier de manière continue et régulière d’examens et de soins médicaux indépendants, et la nécessité pour l’ensemble du personnel de santé de respecter l’éthique médicale.»

«UN MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE»

Polly Rossdale nous a confié que le week-end dernier, les autorités ont par ailleurs fait une descente dans les camps, en guise de représailles contre cette grève. Un grand nombre de détenus aurait alors été placé à l’isolement – dont Nabil Hadjarab, à qui ParisMatch.com consacrera un portrait vendredi –, ce qui complique la circulation d’informations « fraîches» les concernant. Le mouvement de protestation a débuté début février en réaction aux «fouilles abusives» pratiquées dans les cellules, une des conséquences du changement de procédure adopté dans le centre de détention de Cuba depuis le début de l’année. Ils se plaignent de leurs conditions de détention en général, mais craignent aussi de tomber dans l’oubli, alors que l’impression que l’administration Obama a quelque peu abandonné ce dossier les gagne… «Les autorités américaines doivent de toute urgence en finir avec la détention illimitée à Guantánamo Bay», a plaidé Amnesty International le 22 avril, en réaction à la publication des chiffres sur les grévistes de la faim.

Quatre ans après la promesse de Barack Obama de fermer ce centre de non droit, et deux ans après qu’il eut fait machine arrière, les politiques semblent s’accorder à dire que cette fermeture est aujourd’hui utopique. Pourtant, Polly Rossdale croit encore que cela est possible. Elle dénonce un «manque de volonté politique». «Certes, le Congrès a mis des obstacles à Barack Obama, mais ils ne sont pas insurmontables», a-t-elle estimé. Il faudrait d’abord, selon elle, que le président américain «demande au secrétaire à la Défense d’autoriser les demandes de transfert». Quatre-vingt-sept détenus sont considérés comme «libérables», car ne représentant «pas de menace» pour la société. Ils pourraient donc être rapatriés dans leur pays. Toutefois, certains contextes socio-politiques compliquent les choses. Par exemple, le locataire de la Maison Blanche a instauré en 2010 un moratoire – toujours en vigueur – sur le rapatriement de détenus yéménites en raison des «conditions actuelles de sécurité au Yémen». Mais il suffirait pour ce genre de cas de leur trouver un pays d’accueil.

LA REPRISE DES TRANSFERTS,
SOLUTION À PORTÉE DE MAIN

Mais cette politique, entamée en 2009, «parenthèse enchantée» au cours de laquelle le président Barack Obama incarnait encore beaucoup d’espoir, et avait négocié d’arrache-pied des accords de transfert avec plusieurs pays, paraît aujourd’hui bien loin. La France était pourtant devenue le premier pays à accueillir d’anciens détenus de Guantanamo (Lakhdar Boumediene et Saber Lahmar) et elle s’était engagée à étudier au moins sept autres dossiers. Il n’en a rien été. Polly Rossdale souligne pourtant qu’il n’y a jamais eu de problème sécuritaire avec les détenus accueillis par des pays étrangers. Me Joseph Breham, qui représente l’oncle de Nabil Hadjarab, Ahmed, pointe lui aussi du doigt un manque de «courage politique» à ce sujet, et un «courant de pensée conservateur et non-humaniste» qui consiste à estimer que le droit n’a pas besoin d’être appliqué «aux ennemis du droit».

Au final, seule une cinquantaine de détenus pourrait poser problème si Washington décidait de reprendre ces transferts – en 2010, le gouvernement Obama a en effet déclaré que 48 hommes pouvaient être détenus pour une durée indéterminée à Cuba. Mais là encore, Me Breham est formel: «Il suffirait alors que ces hommes soient jugés, aux Etats-Unis ou ailleurs, afin que la justice décide s’ils doivent être condamnés ou libérés!», s’offusque-t-il. Rappelons qu’aucun chef d'accusation n'a été retenu contre la quasi-totalité des détenus qui y sont encore emprisonnés – certains depuis onze ans –, ce qui va complètement à l’encontre des droits fondamentaux garantis par les traités internationaux et nationaux. Mais il n’y a pas de règle ni même de logique à Guantanamo. Me Breham surnomme ce centre «le Triangle des Bermudes du droit».

[www.parismatch.com]
c
25 avril 2013 16:40
salam,*

ils n'y plus d'argent ni pour les juger ni pour les transférer. En réalité la seul chose à faire et d'ouvrir les portes.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook