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Descendantes et dialectes de lanques mortes. Exemple roman
U
25 juin 2012 06:14
J'ouvre ce sujet, car je constate que certains mélangent des réalités totalement différentes:
Ils parlent de dialectes d'une langue morte, alors qu'ils s'agit de descendantes d'une langue morte.

1 * "langue régionale" = dialectes, patois etc, lesquelles sont des variantes par rapport à une référence, référence qui est généralement la langue administrative.
Dans la réalité, la majorité des dialectes sont issus de créoles (des mélanges entre la langue autochtone et la langue étrangère). Étant donné que la langue autochtone est elle-même régionale, leur origine remonte très loin, au moins à l'époque glaciaire.


2 ** "langues qui descendent d'une autre langue"
La langue latine a eu pour DESCENDANTS les langues romanes, italiques etc.
Les langues romanes ÉTAIENT des langues régionales.

Les langues régionales de l'époque galloromaine FURENT des CRÉOLES de langues latines avec les langues LOCALES des Gaules. (qui étaient elles-mêmes issues de CRÉOLES entre des langues celtes et des langues locales plus anciennes etc)

Ces langues galloromaines ont évolué en langues romanes, tant parce qu'elles ont évolué que parce qu'elles se sont mélangées.il y a donc eu DEUX PROCESSUS SUCCESSIFS: Pendant la période romaine et après l’installation de peuplades germaniques (souvent invitées par les Romains eux-mêmes)
(Il y avait aussi des Gaulois Sud des Alpes, ce qui donne une certaine parenté avec les langues padanes. Je ne développe pas cet aspect)

A Période romaine: (Il faut noter que beaucoup de peuples se sont alliés au Romains et ne leur ont pas fait la guerre)
Il y avait 2 principales zones gauloises.
* La Gaule qui a été romanisée avant le reste des Gaules. Dans cette zone, romanisée depuis le Sud, on s'habillait comme les Romains et on se rasait.
Le CRÉOLE galloromain qu'on y parlait se composait de Gaulois + latin qui est venu par la Méditerranée et le Sud des Alpes.

* La "Gaule chevelue" = La Gaule occupée de manière tardive, +/- après la Guerre des Gaules.
Dans la "Gaule chevelue", on ne se rasait pas et on ne se coupait pas les cheveux. La entre les deux était grosso modo entre Lyon et la Méditerranée.

La langue latine y a pénétré via les cols des Alpes, après être passée par la Gaule cisalpine. De plus, il s'agissait de latin des commerçants et des soldats qui voyageaient hors d'Italie.
La langue galloromaine qu'on y parlait était donc un CRÉOLE de 'latin des commerçants et des soldats qui voyageaient hors d'Italie' + 'Gaulois au Nord de Valence'

Pour ceux qui ne l'ont pas remarqué, la France est encore structurée en fonction des peuplades gauloises. Sur la carte, on voir très bien les routes qui partent en étoile autour de capitales régionales.
Quand l'être humain montre la Lune, Bôfbôfbôf le chien regarde le doigt. Les chiens aboient, la caravane passe. ***********************************************************************
U
25 juin 2012 06:16
Après la période romaine:
Dans les zones gallorromaines précitées, des peuplades germaniques se sont installées, souvent invitées par les Romains.
C'est une des spécificités de la France: Les diverses transitions, depuis les Gaulois jusqu'aux germaniques, se sont déroulées en assurant la continuité.

C'est là que la religion a joué un rôle important: (dans les grandes lignes)
- Les peuplades chrétiennes ont adopté la langue de l'endroit où elles s'installaient. Les langues sont demeurées latines
- Les peuplades non-chrétiennes se sont installées brutalement, ont imposé leur langue et asservi ceux qui n'avaient pas réussi à fuir.
Dans les zones qu'elles ont occupées, on est brutalement retourné à la barbarie.

La zone Sud a évolué et a parlé la langue d'OC

Dans la zone Nord, il y a eu deux influences majeures, sur la base des peuplades invitées par les Romains:
- Les Burgondes se sont installés à la frontière Est, la plus proche de l'Italie, afin d'empêcher les Allamans de passer. Les Burgondes ont rapidement adopté les coutumes romaines.
C'est la zone où se trouvent, par exemple, Lyon et Genève
La langue issue de cette fusion a donné l'ARPITAN (ou francoprovençal). Cette langue n'est pas écrite et ne l'a jamais été.

- Plus au Nord, en direction de l'Angleterre, se sont installés les Francs, nettement plus sauvages que les Burgondes.
C'est probablement cette sauvagerie qui, paradoxalement, a sauvé la Civilisation à l'Ouest de l'Eurasie et empêché les invasions venues de tous les côtés.
Dans cette zone se sont développées les langue d'OÏL

Les langues arpitane et d'oïl ont évolué en parallèle, la langue arpitane demeurant plus proche du latin.
Pour l'écrit, les Arpitans ont utilisé la principale langue d'oïl, le français.


Est-ce clair ?
Les langues romanes sont des descendantes de langues locales gauloises qui ont été influencées par plusieurs variantes de la langue latine et plusieurs variantes germaniques.
Pour les latinistes, ce sont des dialectes du latin qui ont évolué.

... Tout comme les Arabes croient que les langues locales arabisées seraient des "dialectes de l'arabe", ce qu’elles ne sont pas.
Des langues comme "le dialecte marocain" ne sont pas des dialectes (des variantes) d'une langue morte.
La langue marocaine est un descendant de tamazight, d'arabe ancien et de tout un tas d'autres langues, mortes ou vivantes.
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U
25 juin 2012 06:31
Citation
as300 a écrit:
Qui parle la langue de Molière de nos jours? Personne? Est-ce une langue morte? J'ose espérer que vous n'allez pas dire non.

C'est exact: La langue de Molière n'est absolument plus parlée et elle n'évolue plus.
C'est donc une langue morte, un cadavre auquel a succédé le français actuel.

La langue de Molière a donné ce qu'elle a pu et permis la construction du français moderne, raison pour laquelle on qualifie encore pompeusement le français de "langue de Molière".
La langue de Molière a déjà tranformé les di et trigrammes (du style ai, ei ) et les nasales suivies d'un n (in-ne; an-ne etc). C'est irréversible. C'est une évolution PASSÉE et dépassés.

Voici un exemple de ce à quoi ressemblait la langue parlée par Molière. On arrive encore à lire ce qui n'existe plus dans la prononciation et elle est à peine compréhensible. Si on avait vraiment prononcé les nasales suivies d'un n, plus personne n'y comprendrait rien.
Dans une cinquantaine d'années, plus personne ne comprendra cette interprétation:
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g
25 juin 2012 11:22
Encore...je lis cela avec une grande curiosité...bravo
j
25 juin 2012 13:52
Merci pour ce ... ( linguistic analysis)!
dans la region du sud est de la Suisse ( grison -chur- grauebunden )on parle encore un certain romanisch !! ?
bonne journee

 
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