· Les commerçants auraient perdu la moitié de leur chiffre d’affaires en trois ans
· Des mesures pour sortir de la crise
La crise sévit à Sebta et Melilia. Selon les chambres de commerce des deux villes, la crise économique par laquelle passent les deux présides occupés est alarmante.
Les commerçants des deux villes assurent, chiffres à l’appui, avoir perdu près de 50% de leur chiffre d’affaires durant les trois dernières années, selon les conclusions d’une réunion entre responsables des deux chambres tenue le mois dernier.
La goutte qui a fait déborder le vase reste la pression migratoire à laquelle ont été soumises les deux villes durant l’été dernier. La «mauvaise presse» qui s’en est suivie a largement affecté l’image des deux villes et leur capacité à attirer des investissements, en plus de faire une bonne partie de ceux qui étaient présents, se pressent de conclure les deux chambres de commerce de Sebta et de Melilia.
Les commerçants des deux enclaves occupées ont présenté dernièrement un document de travail avec treize mesures à l’attention des responsables des gouvernements local et central du voisin ibère. En plus d’une subvention des charges sociales et un allègement de certaines taxes, les deux chambres de commerce demandent, en outre, une batterie de mesures en vue d’encourager les échanges au-delà des frontières marocaines.
Les Espagnols militeraient en vue de fidéliser et diversifier une clientèle marocaine déjà sensible au charme de la ville et des possibilités de shopping qu’elle offre.
Les actions dans ce sens ne manquent pas. L’été dernier, la ville de Sebta s’était invitée à Tanger pour faire la promotion de son tourisme et, entre les attraits présentés, celui du shopping figure en bonne position. Déjà en août dernier, les commerçants de la ville de Sebta avaient demandé au gouvernement local de faire pression sur l’Union européenne afin de porter la frontière de Bab Sebta au rang de «frontière commerciale».
«Cette action permettrait à ces commerçants d’établir des liens en direction des commerçants marocains de la zone et d’assurer un développement de leur activité», notent ces derniers.
Les opérateurs espagnols croient que c’est une aberration qu’il faut corriger, cette frontière extérieure de l’Union européenne étant la seule qui n’aurait pas un caractère commercial.
Côté marocain, les autorités préfèrent ne pas s’exprimer, «le refus de mettre à niveau Bab Sebta s’expliquait par le passé par des considérations d’ordre politique qui semblent maintenant révolues», souligne un responsable à Tétouan. Pour preuve, l’aménagement de Bab Sebta, entamé en 2003, a permis «d’humaniser» la frontière.
La déferlante chinoise
L’UN des avantages commerciaux de Sebta et Melilia résidait dans le passé dans le commerce avec le sud-est asiatique. Des conteneurs étaient amenés d’Extrême-Orient et étaient écoulés à travers la frontière espagnole avec le Maroc. Depuis l’ouverture commerciale et l’arrivée des produits asiatiques, chinois en particulier, directement sur le sol marocain, les fournisseurs espagnols ont été court-circuités.
Certains colporteurs qui s’adonnaient au commerce de pacotille d’origine chinoise en particulier préfèrent maintenant se fournir sur le marché marocain plutôt qu’à Sebta.
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