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Crise: Comment les Marocains d'Espagne s'en sortent
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14 janvier 2009 12:12
Crise: Comment les Marocains d'Espagne s'en sortent

Sur les 80.000 MRE au chômage, certains préfèrent rentrer au Maroc en attendant des jours meilleurs et vivent de leurs allocations. D'autres changent de profession, ou de lieux de résidence.
Crise économique oblige, elles sont 80.000 personnes actives marocaines résidant en Espagne à être actuellement au chômage. Ceci, sur un total de 270.000 travailleurs marocains réguliers et disposant de leur sécurité sociale. Le nombre est certes important, mais rapporté aux 700.000 MRE dans ce pays, mais surtout au nombre impressionnant de 3,5 millions de chômeurs (4 millions d'ici la fin 2009 d'après les statistiques officielles espagnoles), il est donc à relativiser.

Dans ce climat de crise économique qui s'intensifie chaque jour (2.000 à 3.000 emplois supprimés quotidiennement), et d'après nombre de témoignages recueillis auprès des associations des travailleurs et immigrés, les Marocains s'en sortent relativement bien. Ceux qui sont au chômage compris. Nos MRE, les originaires des petites villes et autres villages en particulier, ont trouvé la parade. Ceux qui n'ont plus de travail rentrent au Maroc pour des séjours plus au moins longs, en attendant de voir passer l'orage. Cela explique le nombre important de véhicules immatriculés en Espagne et actuellement en circulation sur les routes marocaines. Le faible coût de la vie dans leurs lieux d'origine au Maroc leur permet d'amortir plus longtemps leurs allocations chômage. Au pays de Don Quichotte, celles-ci sont plutôt généreuses. Pour chaque année travaillée, elles équivalent à 75% du salaire mensuel, multiplié par quatre. En clair, trois années travaillées garantissent à chaque employé une réserve d'un an en allocations chômage mensuelles. Et tout travailleur ayant sa sécurité sociale y a droit, de juris com-me de facto. D'autant que nombre d'entre eux ont déjà des activités au Maroc.

Cela explique pour beaucoup l'échec cuisant du plan de départ volontaire proposé par le gouvernement Zapatero, consistant en l'octroi de la somme des allocations sociales, en deux temps, en échange d'une renonciation par les immigrés intéressés à leurs cartes de résidence et permis de travail pour une durée de trois ans. Sur les insignifiants 700 dossiers déposés jus-que-là, alors que le programme est en vigueur depuis près de trois mois, figurent deux Marocains seulement. Le jeu ne vaut décidément pas la chandelle. Surtout que, ici comme ailleurs, les Marocains arrivent globalement à trouver du travail. Ils présentent deux principaux avantages, comparés tant aux autres émigrés qu'aux Espagnols de souche. Le premier n'est autre que la mobilité. «Un Marocain résidant à Madrid par exemple n'hésitera pas à prendre femme et enfants et partir dans une autre ville, pourvu qu 'il y ait du travail», dit Kamal Rahmouni, président de l'Association marocaine des travailleurs et immigrés marocains en Espagne (Atime). Le deuxième n'est autre que la facilité que les Marocains ont à changer de profes-sion en fonction des opportunités offertes. Les plans de formation mis en place par le gouvernement espagnol pour limiter l'impact de la crise favorisent de tels basculements.

Autre phénomène, relativement nouveau mais massif, des milliers de Marocains optent désormais pour des professions autonomes, se «spécialisant» dans des créneaux tels que les boucheries halal, l'alimentation générale ou les téléboutiques. «Bien que modestes, ces activités ont la particularité d'être pérennes et sans mauvaises surprises», dit cette source média-tique marocaine installée en Espagne. Certains MRE ont même pu percer dans certains secteurs, comme le commerce de gros, et emploient mêmes des Espagnols. «Les temps changent. Et, crise ou pas crise, l'Espagne reste le pays de la libre concurrence, des garanties juridiques et de la facilité d'accès au financement. Et contrairement aux autres communautés, pour un Marocain, une épargne de 10.000 euros suffit pour que l'on sente se pousser des ailes d'investisseur», résume le président d'Atime.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos
 
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