Selon un nouveau rapport publié par l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la corruption endémique est l'un des principaux facteurs d'aliénation entre les citoyens et leurs dirigeants et institutions politiques.
Sujet considéré comme tabou il y a seulement dix ans au sein de la communauté des donateurs, la corruption est devenue un dossier important de la politique étrangère des États-Unis, a déclaré, le 16 février, Mme Barbara Turner, une responsable de l'USAID, devant le Comité consultatif sur l'aide bénévole à l'étranger.
Ce comité, qui associe le gouvernement des États-Unis et des organisations privées bénévoles impliquées dans le secours humanitaire et l'aide au développement, se réunit trois fois par an.
Selon le rapport de l'USAID présenté par Mme Turner durant la réunion, les peuples du monde entier rejettent l'idée selon laquelle la corruption est inévitable. L'USAID définit la corruption comme un abus de pouvoir en vue d'obtenir des gains privés.
L'USAID a mis au point une stratégie de lutte contre la corruption comprenant la promotion d'une prise de conscience du problème qui sévit non seulement dans les États déchus, mais aussi dans des pays « pourvus de systèmes financiers sophistiqués », a affirmé Mme Turner.
Cette stratégie consiste également à s'attacher à aider les pays pauvres à mettre en place des mécanismes transparents d'engagement des dépenses et d'audit, et à faire respecter leurs lois contre la corruption.
L'USAID est également en train de développer sa capacité de réagir rapidement à toute allégation de corruption dans les pays en développement, a précisé Mme Turner.
L'USAID est en train de former du personnel à la détection des signes de la corruption au sein des gouvernements et des organisations qui reçoivent des fonds d'aide au développement des États-Unis.
La plupart des missions de l'USAID à l'étranger ont exprimé le désir d'étendre leurs programmes anticorruption, affirment les auteurs du rapport de l'USAID.
L'Agence souhaite en outre apporter un plus ferme soutien aux médias locaux qui abordent le thème de la corruption, sans mettre les journalistes en danger.
Dans son rapport, l'USAID affirme vouloir accorder une attention particulière à la participation des femmes à la lutte contre la corruption et à leur accès aux ressources publiques, particulièrement dans les domaines de la santé et de l'éducation. Elle souhaite également étendre les stratégies lui permettant de faire face à la corruption aux échelons les plus bas des gouvernements.
La corruption des fonctionnaires peu payés, notamment les policiers et les enseignants, est en effet un grave problème, a souligné Mme Turner.
Nancy Zucker, directrice exécutive de l'association sans but lucratif Transparency International USA, a déclaré que lors de sa création, au début des années 90, son organisation avait dû prouver aux gouvernements que la corruption était un problème à la fois économique et moral.
Elle a ajouté que les gouvernements devaient créer le climat adéquat afin que les entreprises puissent adopter des procédures transparentes d'achat. Cela encouragerait la concurrence et la croissance du secteur privé, faciliterait le développement de marchés libres efficaces et l'intégration des pays en développement aux marchés mondiaux, affirment les auteurs du rapport. signé : moulay abdellah bouskraoui.