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Les contes de Mumia Abu-Jamal
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11 novembre 2006 14:07
Ennemis intérieurs, ennemis extérieurs

Les contes de Mumia Abu-Jamal




Par Marie-Agnès Combesque
Membre de la Ligue des droits de l’homme, animatrice du groupe de travail Abolition universelle de la peine de mort.



Mumia Abu-Jamal est un conteur. Dans En direct du couloir de la mort (1), il recréait pour le lecteur l’infernal quotidien du pensionnaire de ce lieu. Si We want freedom (2) est d’une autre veine – il s’agit d’abord d’un mémoire de maîtrise consacré au parti des Panthères noires, à sa filiation historique et politique doublée du témoignage de l’auteur, engagé dans les rangs du Black Panther Party (BPP), section de Philadelphie, en 1969 –, le talent de conteur y est omniprésent (3).

Mumia Abu-Jamal adhère à une organisation qui sera essentiellement le parti des jeunes Noirs des ghettos. Elle se constituera à partir de la campagne « Free Huey ! » (« Libérez Huey ! »), le leader noir emprisonné, et recrutera le gros de ses troupes après l’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1968. De 1968 à 1971, elle fera résonner la rhétorique révolutionnaire et nationaliste noire, puis ira en s’affaiblissant, jusqu’à disparaître à la fin des années 1970. Les Panthères accomplissent également un travail social qui leur vaut leur popularité dans les quartiers. Le BPP devient un ennemi intérieur pour le Federal Bureau of Investigation (FBI), qui infiltre l’organisation, fiche et file les militants, fabrique de fausses preuves afin de les discréditer à travers des opérations de propagande et des parodies de procès, les assassine avec la complicité des polices municipales.

La découverte inopinée, en 1971, du Counter Intelligence Programme (Cointelpro) – programme de contre-espionnage –, mené par le FBI, ainsi que des exactions commises par la Central Intelligence Agency (CIA) et les agences de sécurité des Etats-Unis à l’étranger aboutit à l’ouverture d’une commission d’enquête sénatoriale. En 1976, le Congrès vote le Freedom of Information Act (FOIA) – loi sur la liberté d’information –, qui donne le droit à chaque citoyen de réclamer les documents non classifiés le concernant. En 1978, il adopte le Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA) – loi sur le contrôle du contre-espionnage –, qui oblige les services de renseignement et le FBI à demander à un juge fédéral un mandat de perquisition sur la base d’une « présomption sérieuse » (4). Deux lois au cœur de l’actualité : le FISA a été violé par le gouvernement Bush dans sa « guerre contre le terrorisme ».

Journaliste au New York Times, James Risen dénonce un pouvoir présidentiel fondé sur le secret (5) et ignorant délibérément les garde-fous créés par le législateur pour limiter les abus et la surveillance illégale des personnes aux Etats-Unis. Dans un certain nombre de lieux secrets, la CIA contrôle les interrogatoires, a pouvoir de vie ou de mort sur les individus. L’un de ces endroits a pour nom de code Bright Light, « lumière éblouissante ». Selon l’une des sources de James Risen : « Une fois qu’on est envoyé à Bright Light, on n’en revient pas. » Mumia Abu-Jamal était un ennemi intérieur, ceux d’aujourd’hui sont des ennemis extérieurs ; tous sont parqués dans un lieu d’où l’on ne revient pas...

Marie-Agnès Combesque.



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(1) Mumia Abu-Jamal, En direct du couloir de la mort, La Découverte, Paris, 2003, 238 pages, 9,50 euros.

(2) Mumia Abu-Jamal, We want freedom. A life in the Black Panther Party, South End Press, Cambridge (Massachusetts), 2004, 292 pages, 18 dollars.

(3) L’édition française de We want freedom est indigente. L’éditeur a supprimé toutes les notes, toutes les références.

(4) Robert Harvey et Hélène Volat, USA Patriot Act. De l’exception à la règle, Lignes, Paris, 2006, 215 pages, 18 euros.

(5) James Risen, Etat de guerre. Histoire secrète de la CIA et de l’administration Bush, Albin Michel, Paris, 2006, 263 pages, 18 euros.




[www.monde-diplomatique.fr]
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
A
11 novembre 2006 14:20
Ca tombe bien !

Car je viens d'apprendre aux infos de France 3, que la ville de Philadelphie vient de porter plainte contre la ville de Saint Denis, pour je cite " d'appologie au meurte".
En effet la ville de Saint Denis a toujours apporté son soutien à Abu-Jamalen lui attribuant le titre de la Citoyenneté d'Honneur.


Merci Bulle pour ce rappel.



Non à la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal !



Modifié 1 fois. Dernière modification le 11/11/06 14:36 par Azania.
" Chercher à se justifier quand on n'est pas coupable, c'est s'accuser "
A
11 novembre 2006 14:20
[www.mumiabujamal.net]
" Chercher à se justifier quand on n'est pas coupable, c'est s'accuser "
b
11 novembre 2006 14:27
comme quoi la dictature (oups, je voulais dire la démocratie) américaine ne vaut pas mieux que celle de ses ennemis. le beau modèle américain!
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
b
11 novembre 2006 14:28
au fait, merci Azania pour ta participation smiling smiley.
"Si les singes savaient s'ennuyer ils pourraient devenir des hommes." (Goëthe)
A
11 novembre 2006 14:51
Citation
bulle a écrit:
comme quoi la dictature (oups, je voulais dire la démocratie) américaine ne vaut pas mieux que celle de ses ennemis. le beau modèle américain!




"La dictaure c'est ferme ta g u eule, la démoacratie c'est cause toujours." disait un certain Coluche.


Bulle merci à toi. smiling smiley
" Chercher à se justifier quand on n'est pas coupable, c'est s'accuser "
S
21 novembre 2006 14:02
Les mercredis, de 18h à 20h,
Rassemblement de soutien à Mumia Abu-Jamal, contre la peine de mort aux US, devant le consulat Américain, La Concorde
c
21 novembre 2006 14:18
Voici un truc à voir sur l'excellent site democracynow.org (visionnable avec RealPlayer), vous pouvez y aller sans crainte, c'est sioniste-freesmiling smiley


[www.democracynow.org]
 
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