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« Le Conseil musulman, c’est déplorable ! »
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15 juin 2008 21:02
« Le Conseil musulman, c’est déplorable ! »
jeudi 12 juin 2008, par Jean Noël Cuénod


L’institution représentant l’islam en France est en butte à des élections contestées.

Fondé en 2003 quasi sur ordre de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, le Conseil français du culte musulman élit actuellement ses instances. L’enjeu est de taille : l’islam est la deuxième religion de l’Hexagone, avec ses 3,5 à 5 millions de personnes qui lui sont plus ou moins fidèles.

Un premier scrutin s’est déroulé dimanche (voir ci-contre). L’actuel président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a boycotté ces élections. Sa structure, la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris, en a fait de même. D’où crise ouverte. Nous avons atteint au Maroc notre compatriote Tariq Ramadan qui suit de près ces élections.

Tariq Ramadan, quel jugement portez-vous sur la situation -actuelle du Conseil ?

Je la trouve attristante etdéplorable. Elle est provoquée par le gouvernement français qui veut conserver la haute mainsur le CFCM. Mais aussi par l’impéritie des cadres musulmans, incapables de s’entendre pour mener à bien un travail commun.

Recteur de la Grande Mosquée de Paris et actuel président du CFCM, Dalil Boubakeur refuse departiciper aux élections présentes. Quelle est votre analyse ?

Si, à l’époque, le recteur dela Mosquée de Paris avait accepté de prendre part aux élections selon les mêmes conditionsqu’il critique aujourd’hui c’est qu’il avait reçu l’assurancedu président Chirac et du ministre Sarkozy d’obtenir la présidence du Conseil. De plus, M. Boubakeur et sa Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris sont liés à l’Etat algérien qui a aussi pesé en faveur de sa désignation.

Aujourd’hui, le royaume du Maroc a fait pression sur Paris pour que, cette fois-ci, la présidence soit dévolue à une personnalité du Rassemblement des musulmans de France, émanation des autorités marocaines. Dalil Boubakeur et sa Fédération, sachant qu’ils partaient battus d’avance, ont donc boycotté les présentes élections. Il faut également tenir compte de ce fait : le recteur Boubakeur avait tissé de forts liens d’amitié avec Jacques Chirac. Ses relations avec le nouveau président Nicolas Sarkozy ne sont pas du tout de cet ordre.

Quel est votre diagnostic généralsur le CFCM ?

Sur le plan régional et local, plusieurs instances travaillentefficacement et font avancer les dossiers. Mais sur le plan national, tout est bloqué par des querelles de personnes et des luttes d’influence entre associations musulmanes concurrentes. Le Conseil pèche par deuxdéfauts majeurs. D’une part, les blocages que je viens d’évoquer ; d’autre part, le manque detransparence dans la désignation de ses responsables quidemeurent entre les mains des gouvernements français etétrangers.

Propos recueillis par JEAN-NOËL CUÉNOD

Source : Tribune de Genève
 
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