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Conférence sur l'immigration à Rabat en mai 2006
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15 décembre 2005 12:14
elle se fait donc cette conference.


[www.lematin.ma]

Conférence sur l'immigration à Rabat en mai 2006

14.12.2005 | 14h49

Penser l'immigration autrement

Au moment où le Sommet de Barcelone a clôturé ses travaux par l'adoption d'un plan quinquennal sur la migration, prévoyant en particulier des mesures de contrôle et de régularisation des flux migratoires, les regards se tournent vers le Maroc qui arbitra au mois de mai 2006 une conférence euro-africaine sur la question migratoire.
Le projet émane d'une initiative marocaine, sitôt appuyée par l'Espagne et la France.


L'idée derrière cette entreprise est de faire participer toutes les parties concernées par la question, à un niveau gouvernementale et donc de prise de décisions, puisque ce sont les ministres qui seront conviés à la rencontre, pour discuter des causes et des conséquences du phénomène, mais aussi des perspectives et des mesures à même de résoudre les problèmes qui y sont liés. Le Maroc prône, à raison, une approche horizontale dans le cade d'une vision globale du problème.

Les flux migratoires, ininterrompus, prennent aujourd'hui une dimension spectaculaire, parce que surmédiatisée. Les assauts sur les villes de Sebta et de Mellilia ont agi comme un révélateur grossissant des faits pourtant banalisés dans la réalité quotidienne. Des gens meurent tous les jours en tentant de rejoindre la terre d'Europe, que ce soit en Méditerranée, ou dans les cales des bateaux, dans les soutes des avions ou sous les châssis des voitures et des camions.

A l'île de Campedusa (Italie), à Douvres (Grande-retagne), où 58 personnes d'origine asiatique avaient été retrouvées mortes par asphyxie dans le camion qui leur avait permis d'entrer illégalement en Angleterre, des drames viennent rappeler de dures réalités. Comme celle d'une Europe qui prône aujourd'hui la fermeture. «On se rend enfin compte de ce qu'est l'"Europe forteresse" », souligne le président de la Ligue des droits de l'homme (LDH) en France, Jean-Pierre Dubois.

A Rabat, dans le cadre de la conférence sur la migration et les faits religieux, organisée par le ministère chargé des MRE et l'Organisation internationale pour les migration, Martin Inguez, du entre des études migratoires au Mexique est venu mettre en évidence l'inefficacité des politiques sécuritaire en matière de contrôle de la migration. Ce qui se passe dans la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis d'Amérique est un cas d'école. Ce sont près de 360 millions de personnes qui traversent la frontière chaque année, de façon régulière et irrégulière, précise-t-il.

Des gens aussi meurent en tentant de passer de la frontière et le Mexique se trouve dans une situation similaire à celle du Maroc. Il est à la fois pays émetteur et de transit d'émigration. Selon le gouvernement mexicain, 491 clandestins sont morts l'année dernière par balles, par noyade, par déshydratation ou même par insolation ou de faim lors de leur tentative de pénétrer aux Etats-Unis. De 1992 à 2000, le nombre d'immigrants illégaux détenus par les patrouilles frontalières du sud des Etats-Unis est passé de 1,1 million à 1,6 million par an. La négociation sur la régularisation et l'admission de travailleurs mexicains temporaires aux Etats-Unis est ouverte depuis le 4 avril 2005.

Le pays latino-américain nous devance dans la mesure où il a mis en lace un observatoire de la migration et qu'il dispose aujourd'hui d'outils statistiques avancés lui permettant de mesurer les flux migratoires et d'en étudier les motivation et les origines pour une meilleure adaptation des politiques migratoires des Etats de la région. M. Iniguez reste, cependant, convaincu que la meilleure approche à avoir pour une meilleure gestion de la question migratoire est celle de la mise en place de structures permanentes de partenariat entre les pays à la fois d'émission, de transit et de réception de la migration. Sauf une approche globale, la question migratoire restera entière et continuera d'engendrer des drames humanitaires.

La conférence ministérielle euro-africaine est, ainsi, selon lui, un premier pas positif pour une identification sérieuse du problème. C'est ce diagnostic aujourd'hui nécessaire, doublé d'un engagement sans détour de l'ensemble des pays concernés par le phénomène qui pourrait contribuer à gérer ce dossier.
La question migratoire comporte, par ailleurs, deux aspects qu'il convient de ne pas séparer. Celle des flux migratoires qu'ils tentent de réguler ou de carrément stopper, et celle des communautés d'immigrés dont l'intégration est pour le moins un échec. Les banlieues qui ont explosés à la face de la France ont révélé un malaise profond et un mal-être de populations entières issues de l'immigration.

Ghettoïsation, discrimination à l'emploi et au logement meublent le quotidien de plusieurs milliers de personnes reléguées à l'oubli. Le Président de la République française, jacques Chirac, qui veut lutter contre «le poison des discriminations» se prononce en faveur des CV anonyme comme moyen devant permettre aux personnes issues de l'immigration d'avoir une chance à l'emploi. Jacques Chirac a même proclamé la mobilisation générale pour que la République assume ses «devoirs», et notamment celui «d'offrir partout et à chacun les mêmes chances».

La France, secouée par les manifestations qui ont embrasées les banlieues durant plusieurs jours cherche à trouver des remèdes au malaise social. Le mal intégration est une plaie aujourd'hui béante.

Mais, paradoxalement, et alors qu'il tente de colmater les brèches de la rébellion des banlieues, le gouvernement français vient de prôner le durcissement des lois sur l'immigration. Les mesures drastiques sont annoncées en ce qui concerne les mariages, les regroupements familiaux ou même les déplacements des étrangers en France pour des raisons médicales. Des mesures qui suscitent l'ire du président de la Ligue des droits des l'Homme.

«Systématiquement aujourd'hui, les pouvoirs publics considèrent les étrangers comme des fraudeurs, des suspects, des profiteurs. Parce qu'il y a des fraudes, alors on décide de supprimer les droits des étrangers », souligne-t-il dans une interview à la presse française. La situation est «absolument dramatique », selon Jean-Pierre Dubois, qui estime que «le gouvernement est en train d'encourager le racisme et la xénophobie».

La tendance est, par ailleurs, générale et les pays européens, focalisent l'attention sur leurs frontières qu'ils tentent de rendre hermétiques aux flux des personnes tout en prônant leur ouverture totale aux marchandises. Un paradoxe relevé avec circonspection par les gouvernements du sud, mais clairement dénoncé par les ONG et autres acteurs de la société civile.

La politique de quotas, que les européens affichent comme un remède efficace conte les flux migratoires irréguliers est ainsi fustigée par le Président de LDH. «Nous condamnons fermement ce principe qui revient à pomper les ressources des pays du Sud, en l'occurrence leurs meilleurs cerveaux, au profit des pays du Nord. Cette pratique … revient à privatiser la politique des flux migratoires au profit des entreprises», a-t-il souligné. Et d'ajouter que «les gens sont considérés comme des marchandises» et que «les politiques veulent gérer des stocks et des flux sans se préoccuper le moins du monde ce ces personnes».

«Une politique d'immigration qui s'appuie sur les droits des personnes», c'est là la revendication principale de la Ligue française des droits de l'Homme et qui vient conforter celle de plusieurs ONG dans le monde. Dans le monde globalisé, la question migratoire impose des approches globales et intégrées. C'est par ailleurs l'appel sans cesse lancé par le Maroc et qui justifie amplement la réunion d'une conférence ministérielle qui devrait rendre compte des engagements collectifs pour une gestion cohérente et juste du phénomène migratoire.



Khadija Ridouane | LE MATIN


 
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