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Communiqué de l’Association française des anthropologues
l
1 juin 2007 21:36
Communiqué de l’Association française des anthropologues

à propos de l’instauration d’un ministère

« de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement »

L’Association française des anthropologues estime très alarmante la création d’un ministère « de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement » et exprime son soutien aux chercheurs démissionnaires de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI).

Certes, l’instrumentalisation par le gouvernement et de nombreux acteurs politiques des thèmes de l’immigration et de l’intégration n’est pas une nouveauté en France ; elle se traduit depuis une vingtaine d’années par une cascade de lois et circulaires. Une surenchère ininterrompue s’est mise en place, qui renforce la pression sur les étrangers, démantèle le droit d’asile, réduit les possibilités de renouvellement des cartes de séjour, produit des sans papiers, amplifie les contrôles d’identité au faciès et aboutit à fragiliser des pans entiers de la société sous prétexte de lutter contre l’immigration illégale.

Néanmoins, un tournant particulièrement inquiétant a été franchi avec l’instauration d’un ministère associant les termes d’immigration, d’intégration et d’« identité nationale », suggérant que la nation serait menacée ou polluée par l’immigration.

Nous, ethnologues et anthropologues, dont la discipline à vocation comparative fonde son corpus de connaissances sur les questions de l’altérité et de l’identité, tenons à affirmer que la notion d’identité nationale ne saurait avoir de validité scientifique. Elle est une construction sociale imaginaire qui, sous couvert d’unité, tend à renforcer les divisions, les discriminations et les inégalités.

A travers le monde et les époques, les exemples que nous observons montrent que lorsque l’État s’empare du thème de l’identité nationale, c’est partout une incitation directe au mieux à la xénophobie, au pire à des violences entre groupes d’origines différentes. De même que la loi ne dit ni ne fait l’histoire, un État qui se veut démocratique ne saurait édicter l’identité d’une nation, que ce soit en termes ethnique ou culturel, moral ou encore idéologique.

Paris, 31 mai 2007
Association française des anthropologues,
FMSH, 54 bd Raspail, 75270 Paris cedex 6
[email protected]
[www.afa.msh-paris.fr]
A
1 juin 2007 22:27
Qu'est-ce qui choque sur ce ministère ? On est en France. C'est pas une nouveauté dans ce pays.
A
1 juin 2007 22:41
Brice Hortefeux prend une leçon d’histoire

10H06 01/06/2007

Les huit chercheurs qui avaient démissionné en protestation lui ont rappelé leur opposition à la création de son ministère.

Les historiens qui ont lancé la fronde contre la création d'un ministère "de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement" ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Alors que le nouveau ministre Brice Hortefeux s'apprête à recevoir les représentants des associations de défense des droits des étrangers, les chercheurs tiennent ce soir une réunion publique à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et s'apprètent à élaborer un site Internet destiné à suivre l’usage politique de l’identité nationale.

Mardi matin, Hortefeux a reçu rue de Grenelle douze universitaires du Comité d’histoire de la Cité nationale de l’histoire de l'immigration. Le 19 mai, au lendemain de l’annonce de la création dudit ministère, huit d’entre eux avaient démissionné avec fracas pour marquer leur désapprobation. "L’opposition entre immigration et identité nationale est un mauvais signal en direction d’une partie de la population française", juge ainsi Nancy Green, directrice d’étude à l'EHESS, démissionnaire du Comité. Pour Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS et autre démissionnaire, "ce genre d’association d’idées a notamment été utilisé par l’Action Française ou le Club de l’horloge"...

Il a mis en garde le ministre en soulignant la dislocation rapide d’une administration de ce type aux Etats-Unis. "Le contrôle des frontières et les naturalisations sont deux choses tout à fait différentes et qui se marient mal, a-t-il exposé. Vouloir rassembler ces deux prérogatives sous le sceau de l’identité nationale me semble très dangereux." Ce nouveau ministère créé une "crispation sur une identité unique qui n’existe pas dans un grand pays d’immigration tel que la France et qu’on ne peut décréter", a complété Nancy Green.

Le ministre, racontent-ils, n’avait de cesse de se retrancher derrière sa légitimité électorale et les sondages favorables à l’idée d’un tel ministère. "Nous ne souhaitons pas laisser le monopole du concept d’identité nationale à l’extrême droite", a tenté de justifier Hortefeux, selon Patrick Weil. Ou encore: "Les mots immigration, intégration, identité nationale et codéveloppement forment les anneaux d’une même alliance."

Les universitaires démissionnaires n'ont pas été convaincus: ils ne reviendront pas sur leur décision. De façon non officielle, ils resteront tout de même présents auprès de la Cité de l’histoire de l’immigration. Et ce, "tant qu’elle gardera son indépendance par rapport au pouvoir politique et les perspectives qui étaient siennes à sa naissance: offrir une reconnaissance à tous les migrants qui ont peuplé ce qui fait aujourd’hui notre pays", précise Nancy Green.

Parallèlement à cette mission, ils préparent un site Internet, provisoirement nommé "upolin.fr" (pour "Usage politique de l’identité nationale"winking smiley. Il s'agira de rendre accessible au plus grand nombre documents historiques, textes de soutien et de réflexion, ainsi qu'un forum
 
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