Le juge français Philippe Courroye qui enquête sur les détournements du programme de l'ONU "Pétrole contre Nourriture" destiné à l'Irak a lancé, courant décembre, une commission rogatoire internationale au Maroc. Celle-ci porte sur deux points particulièrement embarrassants pour le Royaume : les conditions dans lesquelles Jean-Bernard Mérimée, ambassadeur de France au Maroc de 1987 à 1991, s'est vu offrir par Hassan II un terrain à Ouarzazate et surtout sur les rémunérations qu'il a touchées de la BMCE en tant que conseiller pour les affaires diplomatiques du président Benjelloun et membre du conseil d'administration de la banque. À ce titre, le juge Courroye devrait demander à auditionner Othman Benjelloun. Il faut en outre savoir que M. Mérimée avait conservé son poste de conseiller diplomatique jusqu'en août 2005 alors qu'il avait quitté ses fonctions d'administrateur de la BMCE en mai 2004. Aujourd'hui, Mérimée et Benjelloun ne se parleraient plus. Après quelques mystérieuses péripéties postales -la commission rogatoire internationale a mis plus de trois semaines à arriver au Maroc- un magistrat de liaison marocain a enfin été désigné et le juge Courroye devrait prochainement le rencontrer. À ce stade de l'affaire, les initiatives du juge français, réputé pour sa ténacité et son indépendance d'esprit, n'embarrasse pas que le Royaume. L'actuel ambassadeur de France au Maroc, Philippe Faure, par ailleurs très proche du premier ministre Dominique de Villepin, voit d'un mauvais œil la plus que probable venue de Courroye au Maroc. Le Quai d'Orsay et l'Elysée désapprouvent, eux, le projet du juge de se rendre en Irak. Il tente en effet d'obtenir l'accord des Américains pour pouvoir interroger les dignitaires de l'ancien régime irakien de Saddam Hussein.
chargement...
+ 
