En dépit des avancées démocratiques (de façade ?), le système de pouvoir cache des réalités que les élites marocaines préfèrent ignorer. Les couches privilégiées, souvent connectées d’une façon ou d’une autre à la monarchie, continuent de dominer et de s’enrichir. Ainsi, le 10 % le plus riche de la population exerce près de 40 % des dépenses, contre 1,2 % pour les 10 % les plus pauvres. Au niveau local, ces cercles restreints profitent de l’exclusion, de l’analphabétisme, de la misère.
Selon Nizar Baraka et Ahmed Benrida, deux chercheurs ayant contribué au rapport sur la pauvreté au Maroc, le développement du pays est pénalisé par la persistance d’une « culture résistante au changement, centralisatrice et peu encline à la confiance et la délégation ». Ils expliquent que les réformes administratives mises en place durant la dernière période ont tendance à répondre « d’avantage à une volonté d’encadrement politique qu’à un souci d’adaptation de la gestion publique ».
Alertes
Les indicateurs macro-économiques devraient cependant sonner l’alarme. Alors que le taux de croissance du PIB frisait les 5 % dans les années 1960, il est de moins de 1 % depuis 1992. Le Maroc paraît mal par rapport à des pays de la Méditerranée, par exemple l’Espagne, où le produit intérieur brut est trois fois supérieur (il était deux fois supérieur jusqu’en 1960). La forte progression du chômage est très inquiétante, même parmi les jeunes diplômés (30 % sont sans emploi), ce qui crée frustration et colère. Au train où les choses évoluent, estime Touhami Abdelkhalek, le chômage frappera un Marocain sur quatre en 2012.
Comment les riches du Maroc ont accumulé leur fortune après la fin du protectorat Français ? (un document inédit