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Comment la crise des crédits a dégénéré en une panique historique sur les...
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5 octobre 2008 16:23
salam alaykoum:

Les 36 heures qui ont enflammé Wall Street ..



Joe Nocera, International Herald Tribune
Samedi 4 octobre 2008



Il était tôt ce mercredi matin 17 septembre chez Pershing Square, le hedge fund de Bill Ackman, lorsque les cadres ont commencé à recevoir des coups de fil et des courriels nerveux des investisseurs. Bill Ackman, 42 ans, est un acteur majeur de Wall Street depuis quinze ans et il a fait gagner à ses clients - et à lui-même - des milliards de dollars.

Mais là, Bill Ackman et ses collègues étaient pris au dépourvu par ce qu'ils entendaient. Leurs gros investisseurs étaient inquiets à propos des actifs Pershing détenus par Goldman Sachs, banque d'investissement de premier ordre, dont les réserves étaient prises d'assaut. Peu leur importait que cet établissement conserve les actifs Pershing dans un compte séparé et que l'argent soit à l'abri. Et peu leur importait qu'Ackman pense qu'elle est la banque d'investissement la mieux gérée au monde et qu'elle sortirait indemne de la crise du crédit. Les investisseurs de Pershing craignaient malgré tout que leur argent soit exposé.

Bill Ackman demanda aux responsables de Goldman Sachs de faire quelque chose pour rétablir la confiance - comme injecter du capital de Warren Buffett, l'investisseur milliardaire. Et tout en maintenant ses actifs chez Goldman Sachs, il s'empressa d'ouvrir des comptes auprès de trois autres institutions, juste pour le cas où les choses empireraient.

Une crise cachée

Pershing était plus confiant que beaucoup d'autres. Partout dans Wall Street, des hedge funds avec des milliards de dollars chez Goldman Sachs et Morgan Stanley, autre fameuse banque d'investissement, retiraient frénétiquement leur argent tout en cherchant d'autres refuges plus sûrs.

L'affolement a continué à se propager pendant les deux jours les plus angoissants de l'histoire des marchés financiers; et ce sont les investisseurs les plus importants des Etats-Unis et d'autres centres financiers autour du monde - et pas des moindres - qui paniquaient le plus. Personne ne savait quels dommages cette panique causerait avant de s'estomper.

C'est à cela que ressemble une crise mondiale du crédit. Ce n'est pas comme une crise boursière, dont la plongée affolante des actions est évidente pour tous. La crise du crédit s'est déroulée dans des endroits que la plupart des gens ne peuvent pas voir. Ce sont des banques refusant de prêter de l'argent à d'autres banques, alors même qu'il s'agit de la fonction la plus essentielle du système bancaire. C'est une perte de confiance dans des institutions apparemment saines comme Morgan Stanley et Goldman Sachs, qui toutes deux continuaient à annoncer des bénéfices même si la pression montait. Ce sont des hedge funds paniqués qui retirent de l'argent liquide. Et ce sont de gros investisseurs effrayés qui se protègent en achetant des «credit default swaps» - une police d'assurance financière contre une faillite potentielle - à des prix 30 fois supérieurs à ce qu'ils paieraient normalement.

Les politiques ont peur

Ce sont ces 36 heures il y a deux semaines, du matin du 17 septembre à New York et Washington jusqu'à l'après-midi du 18 septembre, qui ont fait peur aux responsables politiques en ouvrant des brèches dans le système financier mondial. Dans leur empressement à vouloir agir, et vite, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, Henry Paulson Jr, ont estimé que le temps était venu d'utiliser le plan de sauvetage d'urgence qu'ils avaient élaboré.
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5 octobre 2008 16:26
Le marché monétaire totalement paralysé
Joe Nocera
Mais dans leur précipitation, ils ont négligé une étape cruciale à Washington. Ils ont conçu leur sauvetage à 700 milliards de dollars sans passer par les préliminaires politiques, ce qui provoquera un rejet retentissant lundi 29 à la Chambre des représentants.

Ce jeudi soir-là, cependant, il n'y avait pas une minute à perdre. Lors d'une réunion convoquée à la hâte dans la salle de conférence de la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, les deux hommes ont présenté aux leaders du Congrès, dans les termes les plus forts qu'on puisse imaginer, les contours du plan à 700 milliards de dollars. «Si nous ne faisons pas cela, a dit Ben Bernanke selon plusieurs témoins, nous n'aurons peut-être plus d'économie lundi.»

Planter les décors

Les cadres de Wall Street et les fonctionnaires fédéraux savaient depuis le week-end précédent que la semaine risquait d'être difficile. Le gouvernement ayant refusé d'offrir les mêmes garanties financières que celles qui avaient contribué à sauver la banque Bear Stearns et les spécialistes des crédits hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac, les efforts déployés samedi afin de trouver un acheteur pour Lehman Brothers avaient échoué.

Le dimanche 14 fut consacré à se préparer à faire face à la faillite de Lehman, qui fut annoncée lundi matin, entraînant les marchés mondiaux dans une nouvelle phase d'une crise financière déjà vieille de quatorze mois à cause d'un réseau complexe de connexions entre Lehman Brothers et à peu près toutes les banques internationales. Merrill Lynch, craignant d'être la suivante, avait accepté d'être achetée par Bank of America. American International Group était au bord du gouffre et ne serait sauvé que par un prêt de 85 milliards de dollars de la Réserve fédérale le mardi soir.
Avec des responsables politiques donnant l'impression de courir d'une crise à l'autre, le Dow Jones plongeait de 504 points le lundi 15 septembre. La panique était palpable.

Lors de leurs réunions du week-end, les cadres de Wall Street et les fonctionnaires américains discutèrent du risque de contagion, du fait que la faillite de Lehman Brothers pourrait déclencher une telle terreur parmi les investisseurs mondiaux que le marché «se tournerait vers la prochaine entreprise la plus faible du troupeau», pour reprendre les termes d'un responsable américain. Cette entreprise, tout le monde le savait, serait probablement Morgan Stanley, dont les actions n'avaient cessé de chuter depuis le lundi précédent, le 8 septembre. En l'espace de trois heures, le mardi 16 septembre, ses titres perdirent encore 28% et le coût croissant de ses «credit default swaps» laissait entrevoir que les investisseurs prédisaient sa faillite. Pour endiguer la panique, l'entreprise décida d'annoncer ses résultats un jour plus tôt, après la clôture du marché le mardi après-midi plutôt que le mercredi matin. Les bénéfices de la société étaient fantastiques - 1,425 milliard de dollars, une baisse de seulement 3% par rapport à 2007 - et la manœuvre était destinée à donner une nuit aux investisseurs pour digérer la bonne nouvelle.

«J'espère que cela va aider à calmer le marché», déclara le responsable des finances de Morgan Stanley, Colm Kelleher, dans une interview en fin d'après-midi.

La contagion s'étend

Mais la contagion avait déjà commencé. Le problème posé par la banqueroute de Lehman Brothers n'était pas les pertes subies par les hedge funds et autres investisseurs échangeant des actions ou des obligations avec les entreprises. Comme les fonctionnaires fédéraux l'avaient prévu, ce problème-là était gérable. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le gouvernement n'avait pas voulu participer au sauvetage de Lehman Brothers. Le vrai problème était qu'une poignée de hedge funds qui utilisaient le bureau londonien de Lehman pour gérer leurs transactions avaient des milliards de dollars sur des comptes gelés par la faillite.

Diamondback Capital Management, par exemple, un hedge fund de 3 milliards de dollars, a annoncé à ses investisseurs que 14,9% de ses actifs étaient bloqués dans la banqueroute de Lehman, de l'argent qu'il ne pouvait pas retirer. Toute une série d'autres hedge funds se trouvaient dans la même situation fâcheuse. Quand nous avons appelé Diamondback pour obtenir un commentaire, ses dirigeants n'ont pas répondu au téléphone.

à suivre



Modifié 1 fois. Dernière modification le 05/10/08 16:29 par aberosabil.
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5 octobre 2008 16:31
Lorsque cette nouvelle s'est répandue, tous les autres directeurs de hedge funds se sont demandé avec angoisse si les comptes qu'ils détenaient auprès d'autres établissements de Wall Street pourraient subir le même sort. Et Morgan Stanley et Goldman Sachs étaient les deux firmes les plus importantes encore en mesure de remplir ce rôle de back-office. C'est pour cela que les investisseurs d'Ackman l'appelaient. Et c'est ce qui a poussé les hedge funds à retirer de l'argent de Morgan Stanley et Goldman Sachs, ou à couvrir leurs risques en achetant des «credit default swaps» qui couvriraient les pertes si l'une ou l'autre firme était incapable de payer l'argent qu'elle devait, ou à faire les deux.

C'est la peur, et non l'appât du gain, qui guidait les actions de chacun.

Panique sur les fonds monétaires

Une autre mauvaise nouvelle affolait les investisseurs et les responsables gouvernementaux. Le mardi, le «Reserve Primary Fund», un fonds monétaire institutionnel américain de 64 milliards de dollars, ainsi que deux autres plus petits fonds, annonçaient qu'ils avaient «déchiré le billet vert» («breaking the buck») parce qu'ils n'étaient plus en mesure de rembourser aux investisseurs que 97 cents pour un dollar.

Les fonds monétaires jouent un rôle essentiel pour le commerce, dont ils huilent les rouages. Ils utilisent l'argent des investisseurs pour consentir des prêts à court terme, connus sous le nom de billets de trésorerie, à des grosses entreprises comme General Motors, IBM et Microsoft. Les billets de trésorerie sont attractifs pour les fonds monétaires car ils leur paient des taux d'intérêt plus hauts que, disons, les bons du Trésor américain, mais sont tout de même considérés comme relativement sûrs. Une panique sur les fonds monétaires pourrait obliger les directeurs de fonds à renoncer aux billets de trésorerie, de crainte qu'ils ne soient plus aussi sûrs. Une des raisons invoquées par le «Reserve Primary Fund» pour justifier le passage sous la valeur nominale d'un dollar était qu'il avait acheté des billets de trésorerie Lehman Brothers pour une valeur nominale de 785 millions de dollars qui ne valaient désormais plus grand-chose à cause de la faillite de Lehman. Si les fonds monétaires commençaient à redouter d'acheter des billets de trésorerie, cela serait d'autant plus difficile pour les entreprises de trouver les liquidités nécessaires pour payer leurs employés, par exemple.

A ce stade, ce n'étaient plus uniquement les marchés du crédit qui étaient gelés, mais le commerce lui-même. Tout aussi important, aux yeux des fonctionnaires fédéraux: les fonds monétaires avaient longtemps été considérés par les investisseurs comme des comptes bancaires, un endroit sûr où entreposer du cash et toucher des intérêts sur cet argent. Même s'ils manquaient de garanties par l'Etat des dépôts à terme, ces fonds détenaient 3400 milliards de dollars en actifs.

Depuis ce lundi-là, les gros investisseurs institutionnels comme les fonds de pension et les fonds de dotations universitaires ont retiré de l'argent des fonds monétaires. Le mardi, les investisseurs individuels se sont joints à la débandade.

«Nous ne cessions de répéter au Trésor et à la Fed, à un très haut niveau: attention à ce problème. Cela va avoir un impact», se souvient Greg Ahern, le directeur de la communication du Investment Company Institute, l'association américaine des fonds de placement. Mais les responsables gouvernementaux qui suivaient la crise n'avaient pas besoin de cet avertissement. Ils observaient déjà avec angoisse les retraits massifs des fonds monétaires. Etonnamment, les investisseurs en bourse - se sentant mieux grâce au plan de sauvetage du gouvernement pour AIG - n'ont soit pas compris soit ignoré le chaos grandissant sur les marchés du crédit; le Dow Jones a pris 141,51 points le mardi.

Une journée noire

Le répit fut de courte durée. Mercredi 17 septembre fut l'un de ces jours, sombres et terribles, qui n'offrent pas la moindre lueur d'espoir aux marchés. Craignant le pire, Alex Ehrlich, directeur global des «prime services» à UBS, est arrivé à son bureau de New York à 5 heures du matin et a immédiatement commencé à éteindre des incendies. En tant que responsable du département de «prime brokerage» (ndlr: services financiers liés notamment au suivi des transactions) les clients l'appelaient pour savoir si leur argent était en sûreté. «Nous étions submergés de demandes de clients qui voulaient déplacer leurs positions, et les marchés de financement qui sont d'une importance cruciale pour les «prime brokers», étaient extrêmement volatils», raconte-t-il.
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5 octobre 2008 16:31
Quelques secondes après l'ouverture des marchés, le Dow Jones avait plongé de 160 points.

Parmi les grands perdants, on trouvait Morgan Stanley. Malgré l'annonce de bénéfices substantiels le mardi 16 au soir, son action continuait de s'effondrer. Le Dow Jones se reprit dans l'après-midi, mais tomba en chute libre durant les 45 dernières minutes, fermant à moins 449 points.

Et pour les investisseurs, il ne s'agissait là que de la partie visible. En coulisses, les marchés du crédit étaient presque complètement paralysés. Aux Etats-Unis et en Europe, les banques refusaient de se prêter de l'argent entre elles et les écarts de cours sur les «credit default swaps» - le prix pour s'assurer contre la faillite - ont pris des proportions jamais atteintes jusque-là.

La ponction sur les fonds monétaires s'est poursuivie. A la fin de la journée de travail du mercredi, les investisseurs institutionnels avaient retiré plus de 290 milliards de dollars des fonds monétaires américains. Dans ce que les experts appellent «une fuite vers la sécurité», les investisseurs retiraient de l'argent des actions et des obligations, et même des fonds monétaires, puis le plaçaient dans les investissements les plus sûrs du monde, les bons du Trésor. Conséquence: le rendement des bons du Trésor à court terme s'est effondré, s'approchant de zéro. Un fait quasi sans précédent.

La colère d'un patron

Une semaine plus tôt, l'action de Morgan Stanley se vendait autour des 45 dollars. Mercredi, elle est tombée de 28,70 à 21,75 dollars, une perte d'environ 50% sur la semaine.

«Il n'y a aucune base rationnelle au mouvement de nos actions ou dans les risques de défaut», écrit John Mack, patron de Morgan Stanley dans une note interne mercredi 17. Il fustige ceux qui selon lui sont responsables des problèmes de Morgan Stanley: les vendeurs à découvert qui profitent en pariant sur la chute d'un titre.

A l'instar de la plupart des sociétés de Wall Street, Morgan Stanley a traité des transactions des vendeurs à découvert malgré les plaintes d'autres sociétés accusant ces derniers d'avoir trafiqué leurs titres.

John Mack a néanmoins appelé Charles Schumer, sénateur démocrate de New York, et Christopher Cox, président de la Securities and Exchange Commission, les pressant d'interdire les ventes à découvert.

Il s'est emporté contre ce qu'il considérait comme des efforts concertés pour faire baisser le cours des actions de son entreprise. «Il est devenu émotionnel», raconte une personne qui le connaît bien.

Lors d'une réunion jeudi 18 avec une partie de ses équipes, alors que le titre continuait à plonger, touchant le plancher de 11,70 dollars à la mi-journée, John Mack a déclaré: «Ecoutez. Je sais que tout le monde est inquiet sur le cours de notre titre. Je n'en vends aucune et mon équipe non plus. Mais je comprends que vous êtes sur les nerfs et voulez en liquider un peu.» Certains d'entre eux l'ont fait.

En même temps, John Mack a commencé à parler de fusion avec Wachovia et a aussi appelé d'autres banques pour évoquer d'autres solutions. Il a également sollicité les conseils de Warren Buffett alors qu'à Tokyo, ses collaborateurs ont contacté Mitsubishi UFJ, le plus grand créancier au Japon, dans l'espoir de récolter des capitaux supplémentaires.

Panique sur un fonds

Même si les titres se reprenaient, la tourmente des marchés monétaires s'aggravait. Mercredi 17 dans l'après-midi, Paul Schott Stevens, le chef de l'Investment Company Institute, a pris connaissance du problème d'un autre fonds monétaire. «Cette fois-ci, c'était Putnam», se souvient-il, parlant de Putnam Investments, le fonds de placement basé à Boston.

Une panique est partie de rien, semble-t-il, a frappé le Putnam Prime Money Fund, qui pesait 12,3 milliards de dollars. Cela voulait dire que la contagion des marchés financiers se propageait. Suite à des retraits massifs, Putnam décida qu'il devait fermer le fonds et rendre l'argent aux actionnaires.

Les dirigeants de l'Investment Company Institute et des responsables du fonds se sont battus pour chercher une solution qui éviterait à Putnam de prendre cette décision, mais sans succès. Jeudi, Putnam tira le rideau sur le fonds et l'a vendu à une autre société.

La Fed passe à l'action

Ben Bernanke a passé sa carrière à étudier les crises financières. Son premier travail important d'économiste a été d'étudier les événements qui ont conduit à la Grande dépression. Avec d'autres économistes, il en a tiré une expression, «l'accélérateur financier». Elle décrit comment des conditions de marchés qui se détériorent peuvent gagner en vitesse au point de devenir incontrôlables.
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5 octobre 2008 16:32
De manière inquiétante, la crise du crédit s'est déroulée précisément comme ses travaux l'avaient prévue. Mais sa recherche a aussi conduit Ben Bernanke à penser que «les situations au cours desquelles les crises ont échappé à tout contrôle sont celles où la banque centrale est restée en retrait», selon Mark Gertler, un économiste de l'Université de New York qui a travaillé avec lui sur certains articles.




L'Etat vole au secours de la finance mondiale
Joe Nocera
Ben Bernanke n'avait pas l'intention de laisser la Fed sur le banc de touche. Plus la crise s'est aggravée, plus elle a franchi des étapes importantes.

Parmi ces étapes, elle a accepté d'absorber jusqu'à 29 milliards de dollars des pertes de Bear Stearns et accordé un prêt de 85 milliards pour garder AIG à flot. Le représentant Barney Frank, un démocrate du Massachusetts qui préside la commission des services financiers de la Chambre, demanda à Ben Bernanke si la Fed avait 85 milliards à placer.

«Nous avons 800 milliards», lui a répondu Ben Bernanke, selon le représentant.

Henry Paulson et Ben Bernanke avaient tous les deux constitué des équipes pour concevoir un plan de secours radical - un plan d'urgence. Pratiquement dès le départ, ils sont arrivés à la conclusion qu'il fallait acheter les titres adossés aux hypothèques et qui étaient difficiles à vendre.

Mercredi matin, au cours d'une conférence téléphonique avec de hauts responsables, dont Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, Ben Bernanke les a sondés sur un grand renflouement par le gouvernement. L'accueil fut positif; la principale question fut de savoir si le Congrès agirait suffisamment vite.

Le soir, au téléphone, Ben Bernanke dit à Henry Paulson: «Vous devez aller au Congrès. Pour convaincre.» Paulson en convint.

Les marchés asiatiques chutent

Jeudi matin, le besoin d'une action forte se faisait encore plus urgent.

En Asie, où les marchés étaient déjà fermés, les actions à Hongkong avaient perdu 4,7%, et 2,2% à Tokyo. Pour réfréner les peurs avant l'ouverture des bourses européennes, la Fed et d'autres banques centrales annonçaient à 9 heures, heure de Paris, qu'elles mettraient à disposition 180 milliards de dollars, pour permettre aux banques de recommencer à se prêter les unes aux autres. La Fed accepta d'ouvrir sa fenêtre d'escompte pour rendre des crédits accessibles aux fonds actifs sur le marché monétaire, et éviter de nouvelles paniques.

Pendant un moment, en Europe, les interventions des banques centrales réussirent à enrayer la déroute du marché du crédit, et encouragèrent une brève remontée des marchés actions.

Mais à 8h30 jeudi matin à Washington, lorsque Henry Paulson et Ben Bernanke ont refait le point, ils restaient persuadés que la crise ne se détendait pas.

La solution «banque intégrée»

Anticipant une nouvelle journée difficile, le directeur général de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, est arrivé à son bureau à Manhattan un tout petit peu avant 7h, jeudi. L'action de sa banque souffre elle aussi. D'un pic à 250 dollars en octobre dernier, elle est tombée à 114.50 dollars mercredi, après avoir touché un plus bas à 97.78 dollars en cours de séance.

L'une des idées que rumine Lloyd Blankfein consiste à transformer Goldman Sachs en une holding bancaire. Chez Morgan Stanley, John Mack a le même projet en tête. Les deux patrons mènent des négociations en parallèle avec la Fed.

Le plan a pour lui le mérite de la sécurité. En acquérant le statut de banque de dépôt, les deux établissements se placeraient sous l'aile de la Fed. Il y a pourtant un revers sérieux à la médaille, Goldman Sachs et Morgan Stanley ne seraient plus libres de spéculer en s'endettant autant qu'ils le faisaient jusqu'ici. Moins de prises de risque signifie que les perspectives de croissance des bénéfices seront altérées.

Dans l'urgence de la situation, la problématique de la rentabilité passe néanmoins au second plan. Il s'agit avant tout de survivre... Lloyd Blankfein décide d'accélérer le mouvement.

A 13h, l'indice Dow Jones est déjà en recul de 150 points. En un jour et demi, il cède près de 600 points. Quant à l'action Goldman Sachs, elle tombe à 85.88 dollars, son plus bas niveau en six ans.

Juste à ce moment, un plaisantin diffuse l'hymne national américain, le «Star and Spangled Banner» (la bannière étoilée), dans les haut-parleurs du 50e étage chez Goldman Sachs. Les traders actifs dans les revenus fixes arrêtent aussitôt leur travail et se mettent au garde à vous. Certains portent la main sur le cœur.

Curieusement, c'est précisément à ce moment-là que le marché américain, et les titres Goldman en particulier, a commencé à se redresser. Applaudissement des traders...
a
5 octobre 2008 16:33
suite et fin:

Limiter les ventes à découvert

Que s'est-il passé? A 13h, heure de New York, l'autorité britannique de surveillance des marchés (FSA) a annoncé qu'elle interdisait les ventes à découvert sur 29 titres financiers. La mesure courra au moins pendant 30 jours.

Découvrant que l'homologue américaine de la FSA, la Securities and Exchange Commission (SEC), allait prendre les mêmes dispositions, les hedge funds américains ont immédiatement commencé à couvrir leurs positions à découvert. En clair, ces fonds alternatifs ont acheté les titres qu'ils avaient empruntés pour les vendre, en espérant alors les racheter moins cher et empocher ainsi la différence. Mais à ce moment-là, acheter une action vendue qui monte signifie subir une perte. Autant alors la limiter et vendre au plus vite.

Toutes les classes d'actions se sont alors envolées. Et le lendemain, la SEC indiquait qu'elle emboîtait le pas à la FSA, interdisant les ventes à découvert sur 799 titres financiers.

Jeudi toujours. 15h01. La chaîne de télévision CNBC annonce que le Trésor américain et la Fed sont en train d'élaborer un plan de sauvetage passant par la création d'un fonds géant destiné à racheter les dettes toxiques des établissements financiers. Des rumeurs sur cette nouvelle avaient certes déjà commencé à filtrer dès 14h30, mais son «officialisation» sur CNBC déclenche une énorme vague d'achats. En trois quarts d'heure, le Dow Jones prend encore 300 points et clôture finalement sur un gain de 410 points.

Réunion au Capitole

Deux heures plus tard, Henry Paulson et Ben Bernanke s'en vont au Capitole pour une sombre séance avec les leaders du Congrès. «Cette réunion fut l'une des expériences les plus phénoménales de mes 34 ans de carrière en politique», rappela le sénateur démocrate Charles Schumer.

Alors que les membres du Congrès et leurs assistants écoutaient, Henry Paulson et Ben Bernanke ont exposé leur plan. Ce dernier commencerait par offrir une assurance fédérale aux fonds monétaires afin de stopper la course aux retraits d'argent.

Ensuite, la SEC interdirait les ventes à découvert des titres financiers. Bien que les responsables du Trésor considèrent ce geste comme symbolique, dans la mesure où les investisseurs peuvent encore acheter des options «put» (ndlr.: droit de vendre un titre), ce qui a exactement le même effet que les ventes à découvert, ils ont pris cette initiative essentiellement pour «faire terriblement peur à tout le monde», comme l'a dit un officiel.

Ben Bernanke avança la possibilité que, sans ce plan, l'économie disparaîtrait le lundi suivant, et on n'entendit plus une mouche voler. Les leaders du Congrès étaient presque unanimes à dire qu'une telle opération était nécessaire pour le bien du pays. John Boehner, représentant de l'Ohio et leader républicain, soulignait, selon plusieurs participants, qu'il était temps de mettre de côté la politique et d'agir rapidement (un proche de John Boehner a démenti que ce dernier ait exprimé un soutien au plan, précisant qu'il avait simplement plaidé la coopération).

Entendre que Henry Paulson et Ben Bernanke voulaient l'adoption d'une loi en quelques jours provoqua l'étonnement du sénateur de la majorité démocrate Harry Reid. «C'est le Sénat américain, lança-t-il. On ne peut le faire dans un laps de temps aussi court.» Son alter ego républicain, le sénateur Mitch McConnell, lui rétorqua: «Cette fois-ci, on y arrivera.»

Il avait tort. Après une semaine de querelles, de combats politiques et de compromis, la Chambre des représentants a refusé le plan. L'indice Dow Jones a plongé de 778 points, le marché des crédits s'est détérioré, avec une hausse des taux d'intérêt et des prêts plus difficiles à obtenir.

Mercredi, le Sénat a approuvé le plan Paulson. Deux semaines après les appels de Ben Bernanke et de Henry Paulson, la Chambre des représentants a fini par l'adopter vendredi.

*Joe Nocera, avec Andrew Ross Sorkin, Diana B. Henriques, Edmund L. Andrews, Nelson Schwartz et Carter Dougherty. «International Herald Tribune», distribué par le «New York Times Syndicate». Traduit par «Le Temps».
t
7 octobre 2008 10:43
lorsqu´ on achete des credits virtuels, la conséquence ne peux etre que desastreuse.
 
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