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La classe politique française à côté de ses pompes
C
4 mars 2011 09:46
Au moment où plusieurs peuples de l’autre côté de la méditerranée se soulèvent qu’entendons-nous par ici en France et même en Europe en général ? Attention aux flux migratoires, on risque l’envahissement etc.
La France et l’Europe constituent un espace prospère et c’est la pauvre Tunisie qui doit assumer toute seule le flux de population fuyant les troubles.
Mais cela n’émeut pas outre mesure notre classe politique.
Le minimum de soutien et de réconfort qu’on était en droit d’attendre avec un tant soit peu d’optimisme ne vient pas. La classe politique française dans sa majorité est restée frileuse et même sourde.
Les donneurs de leçons de démocratie et ceux qui se gargarisent avec le droit de l’hommisme n’ont rien trouvé à dire et se trouvent tout d’un coup muets.
Les rendez-vous électoraux sont l’occasion de manipuler l’opinion publique, de taper toujours sur les mêmes : les arabo-musulmans.
Les Lepen associent l’insécurité à l’immigration et toute la classe politique et même les médias ne remettent même plus en cause cette corrélation stupide et porteuse de haine. Chirac avait déjà utilisé cette ficelle pour se faire élire, son fils Sarkozy a supplanté le père et a franchi toutes les abjections dans cette matière.
Après avoir dressé les français les uns contre les autres, il sème la haine et la discorde avec des lois issues de faits divers, il a lancé des débats sur l’identité nationale, créant même un ministère inique à cet effet. Il poursuit, avec des types comme Copé, une sorte de Sarko en pire (oui, oui ça existe) la cabbale orchestrée contre les arabo-musulmans. Ils prennent certains détours pour légiférer avec des lois de circonstance puisque cela peut devenir payant à terme lors des prochaines échéances électorales.
Sachez messieurs que vos compatriotes d’origine arabo-musulmanes ne sont pas dupes et comprennent très bien vos manœuvres !
Nous étions en attente d’un soutien à défaut d’un accompagnement pour la libération et la démocratisation en marche, mais qu’avons-nous vu ? Une ministre qui propose davantage de force pour mater le peuple qui se soulève contre ses tortionnaires. Hugo doit se retourner dans sa tombe. Elle justifie la force à défaut de fortifier la justice, aurait pu dire Blaise Pascal.
Les français que vous stigmatisez de la sorte ont une mémoire et sont au fait de vos gesticulations. Cela est répugnant, je peux vous le dire sans détour.
Certaines personnalités politiques ont compris la gravité et le jusqu’auboutisme de ces énergumènes qui sont prêts à tout pour se faire élire ou réélire. Je peux citer M. Hervé De Charrette par exemple, mais il reste minoritaire.
La gauche n’a pas brillé par ses orateurs, ses prises de position. Nous avons même entendu et vu M. Delanoë supporter le régime de Ben Ali jusqu’à la dernière minute.
Où est passée la France porteuse d’idéaux et de révolution ? Où sont les étendards de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ?
Le seul étendard que nous voyons de l’autre côté de la méditerranée, d’où je viens, est un doigt menaçant et des sourcils froncés qui expriment la peur et la haine. La peur d’être envahi et la haine de notre culture d’origine.
Comment voulez-vous percevoir la France et l’Europe en général avec une telle réponse ?
L’Europe et la France en particulier qui a des liens historiques avec cette partie du globe, est en dessous de tout ce que l’on peut attendre. Elle est devenue frileuse, repliée sur elle-même, ne sachant plus quelle diplomatie mettre en place.
M. Boris Boillon, nouvel ambassadeur en Tunisie, est la caricature même de cette diplomatie. J’ai vu sa prestation avec les journalistes tunisiens. Il a répondu en arabe, langue que je parle aussi, avec une arrogance et une posture colonialiste abjecte.
Au moment où ce peuple coupe avec un ancien régime autoritaire, ce monsieur trouve l’inspiration dans la politique impérialiste. Il se comporte en maître face à l’indigène. Son mea culpa ne concerne pas cette attitude d’un autre temps mais uniquement sa perte de sang froid.
A chaque rendez-vous électoral, nous en prenons, nous français d’origine arabo-musulmane, plein la figure. Nous n’avons pas le droit à la parole. La classe politique est quasiment identique depuis plusieurs décennies et ne reflète aucunement le vrai visage de la France. La France est loin d’être une démocratie représentative et ouverte à toutes ses composantes les plus diverses.
Quand est-ce que la classe politique française, de tout bord comprendra qu’il est plus que temps de devenir une vraie démocratie, capable de représenter toutes les origines socio-ethnico-religieuses ?
La classe politique française a perdu tout crédit, elle s’est accommodé des pires dictatures. Elle n’a pas été clairvoyante avec les derniers génocides et massacres de par la planète. Je cite à titre d'exemple le Rwanda, l’ex-Yougoslavie, la Palestine …
Elle offre l’asile à des criminels de guerre, à des criminels contre l’humanité…, poursuivis par le TPI. Est-ce cela la France des libertés ?
Certains dirigeants sont prêts à tout pour se faire réélire, Sarko est à mon sens prêt à mettre la France à feu et à sang à cette fin.
Il divise la France en stigmatisant ainsi une partie de sa population qu’il ne veut pas accepter. Il n’a pas compris les changements géopolitiques qui se présentent. Il n’a pas compris, ou il a très bien compris que la menace de l’islamisme est un leurre. La jeunesse arabe n’a rien à secouer de Ben Laden et des islamistes. Cette jeunesse a très bien compris le danger de l’islamisme et l’impasse vers laquelle cela conduit. Cette jeunesse et ces peuples ont payé, très cher, car ils sont les premiers visés par le terrorisme islamique. Ils ont soif de démocratie. Leur leitmotiv est la paix, la liberté et la démocratie.

Le prix du pétrole sera le prix de la liberté. La classe politique française a la hantise de voir l’Arabie Saoudite et les pays pétroliers déstabilisés. Le discours qui se profile à l’horizon, je dirais à partir du 16 mars, puisqu’une manifestation aura lieu pour la première fois en Arabie Saoudite, est celui qui stigmatise encore davantage les arabes. Tous les maux de la France et du monde seront imputés à ces gens-là.
IL est fort à parier que ce pays sera le prochain à se libérer de la tutelle de la clique des AL-Saoud.
Il me souvient une déclaration de Chirac en Tunisie, à côté de Ben Ali, insistant sur le fait que les tunisiens bénéficient de droits importants puisqu’ils mangent à leur faim.
Le discours de Sarko à Dakar est dans la droite ligne de cette vision colonialiste, puisque l’homme africain n’est pas entré dans l’histoire selon lui.
Le discours de Grenoble, dans lequel Sarko fait clairement la différence entre les français dits de souche et les français issus de l’immigration, violant ainsi la constitution même de la France de laquelle il est censé être le garant, a posé les jalons de sa politique dangereuse et raciste.
C’est une situation plus grave que dans les dictatures, puisque les français qui adhèrent à ce discours, prennent une position gravissime en connaissance de cause, contrairement aux peuples qui subissent les dictatures et qui ne partagent pas les idées des despotes.
La classe politique française n’est pas visionnaire, elle suit les événements et n’arrive même pas à les analyser et encore moins à se positionner.
Je rentre de Marrakech, où j’ai passé une semaine. Que voyais-je dans les rues, dans les jardins publics et à proximités des collèges et lycées ? Des jeunes filles habillées à l’occidentale, certaines avec un foulard, mais qui enlacent tendrement leur copain. Cette vision devrait suffire à elle seule à expliquer à Sarko que l’on peut porter un foulard sans être forcément un islamiste.
Le débat que Sarko et Copé lancent et veulent voir se développer à propos de la laïcité et la place de l’Islam, est anachronique. L’islamisme est en perte de vitesse. La révolte des peuples arabo-musulmans ne fait pas référence à la religion ni à Ben Laden et compagnie.
Copé est un opportuniste, il est la copie de Sarko avec davantage de cynisme. Sa loi sur la Burqa ne concerne qu’une centaine de personne à tout casser. Ces lois de circonstance, de fait divers ne résolvent rien.
Ces sujets sont uniquement jetés en pâture aux électeurs pour leur faire peur, au lieu de s’occuper de leurs vrais problèmes économiques et sociaux.
 
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