Equité et mansuétude d’Amir Al Mouminine « Ma mère est marocaine. Mais moi, selon la loi du Maroc, je ne le suis pas, même si je suis né à Sidi Kacem ». Ce sont les propos d’un confrère que je ne suis pas prêt d’oublier. L’objectivité journalistique veut que l’on ne s’exprime jamais à la première personne du singulier, encore moins de parler d’un ami. L’occasion est exceptionnelle, S.M. le Roi nous l’a offerte. Combien sont-ils (et elles) à avoir pleuré de joie en entendant Amir Al Mouminine, S.M. le Roi Mohammed VI, ordonner que la nationalité marocaine soit octroyée, de droit, aux enfants nés de mères marocaines et de pères étrangers ? Même si je n’en suis pas un, j’ai sursauté... de bonheur, de fierté... Voilà qu’enfin des Marocains (de facto) se font reconnaître leur citoyenneté (de juré). Il était temps et l’Histoire reconnaîtra à S.M. le Roi d’avoir, à l’occasion de la fête du Trône et en pleine saison de retour des MRE, remis les pendules à l’heure à ce sujet. Nous, Marocains, qui ne cessons de revendiquer non sans fierté, justifiée d’ailleurs, le fait d’être une société ethniquement hétérogène et culturellement diversifiée, ne pouvons qu’apprécier à sa juste valeur la décision Royale permettant d’intégrer (juridiquement) les enfants nés de mères marocaines au peuple marocain. Un exemple typique et révélateur du calvaire vécu par les descendants de mères marocaines et de pères étrangers à travers la (brève) histoire d’un confrère qui va enfin devenir concitoyen. Né à Petit Jean (dénomination de Sidi Kacem du temps du protectorat) d’un père étranger, qui n’était pas français, et d’une mère marocaine, cet ami a grandi au milieu d’autres enfants marocains, jouant pieds nus au football et parlant l’arabe dialectal avec un relent d’accent campagnard. Il a commencé par avoir toutes les difficultés du monde pour accéder à un lycée français puisqu’il n’en était pas un. Il dû quitter la MAP lorsque celle-ci devient un organisme public n’étant pas citoyen marocain. Marié à une marocaine, ces enfants ne le sont pas. L’anecdote, c’est lorsqu’il oublie de renouveler son titre de séjour au Maroc, ce qui doit se faire une fois par an même après toute une vie passé dans le pays, et qu’il se fait contrôler un soir par une patrouille de police. Il se fait embarquer en tant que clandestin et l’anecdotique vire au cauchemardesque. Le juge devant lequel il est présenté va jusqu’à insinuer que ce serait un espion infiltré ! ! Risquant l’expulsion vers un soi-disant pays d’origine qu’il ne connaît pas, cet ami ne pensait plus qu’à sa femme et ses enfants desquels on voulait le séparer. Toute sa vie a failli s’effondrer comme un château de cartes et il a fallu plusieurs interventions d’amis pour le sauver de l’extradition. Ce n’est pas sans rappeler le nombreux cas de Marocains qui voient leur vie brisée quand ils se font refouler de pays étrangers. Au-delà de l’équité de la décision Royale, c’est sa dimension humanitaire qui en fait un événement de grande importance et une date à marquer d’une pierre blanche, autre preuve de la mansuétude d’Amir Al Mouminine et de son souci permanent de résoudre les difficultés qui enveniment la vie des gens. Il faut imaginer le soulagement de tous ces enfants nés de mères marocaines et de pères étrangers, surtout les jeunes vivants au Maroc qui atteignent dans leurs études le niveau universitaire et qui sont soumis au quota des étudiants étrangers autorisés à s’inscrire dans les établissements marocains d’enseignement supérieur. Il faut rendre à Amir Al Mouminine ce qui appartient à Amir Al Mouminine, S.M. le Roi Mohammed VI a pris là une de ces grandes décisions qui ont forgé son image de Monarque éclairé, sensible aux attentes de son peuple. Une belle manière de faire participer aux festivités du 6ème anniversaire de l’accession de S.M le Roi au Trône de Ses glorieux ancêtres tous ces enfants (enfin) Marocains nés de mères marocaines.
chargement...
+ 
