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Le cinéma d'Olmert
s
5 décembre 2006 20:36
Par Khalid Amayreh


La semaine dernière, le premier ministre israélien Ehud Olmert a expliqué bien clairement plusieurs propositions de paix avec les palestiniens, disant que l'État sioniste tendait une main pacifique aux palestiniens.


« Je tends une main pacifique à nos voisins palestiniens dans l'espoir qu'elle ne reviendra pas vide, » a dit Olmert, qui parlait la semaine dernière sur la tombe de David Ben Gurion, premier ministre d'Israël, à Sde Boker dans le sud d'Israël.


Olmert, qui est plus connu pour ses contorsions théâtrales et ses manœuvres politique vaines que pour sa qualité de chef et son sens politique, a ajouté qu'Israël serait disposé à se retirer d'un « grand nombre de territoires, » à libérer des prisonniers palestiniens et à réduire le nombre de stations d'humiliation en Cisjordanie, autrement connues sous le nom de points de contrôles et barrages routiers.


Et en échange de cette « généreuse aumône sioniste, » Olmert a dit qu'il s'attendait à ce que les palestiniens abandonnent le droit suprême des millions de réfugiés palestiniens à revenir dans leurs maisons et villages d'où ils furent expulsés sous la menace des armes par les troupes juives quand Israël a été créé il y a presque soixante ans.


Et qui plus est, Olmert a invité les palestiniens à abandonner la résistance armée contre l'armée d'occupation israélienne et à rejeter « l'extrémisme intransigeant de vos organisations terroristes. »


À vrai dire, alors que le discours d'Olmert peut être vu comme constituant un certain changement dans son ton particulièrement belliqueux, il est largement évident qu'il ne contenait absolument rien de neuf en substance. En fait, le discours semble n'être rien de plus qu'une reproduction et une réaffirmation du rejet intransigeant d'Israël pour une paix véritable et juste avec les palestiniens, et de son insistance chronique à maintenir l'emprise juive sur la terre palestinienne occupée.


Même pour les observateurs ayant une connaissance rudimentaire de la phraséologie israélienne, le discours devrait être vu seulement comme un autre acte de relations publiques théâtral, visant à tromper l'opinion publique international tout en réhabilitant l'image ternie d'Israël, surtout après les récentes atrocités au Liban et à Gaza.


En réalité, Olmert ne met même pas le vieux vin dans de nouvelles bouteilles, car ses « offres » sont bien plus parcimonieuses et bien plus limitées que les promesses des Accords d'Oslo.




Plus précisément, il est bien connu que tous les gouvernements israéliens ont exprimé une certaine volonté de se retirer de « certains » (pas de tous) des territoires occupés, à condition que les palestiniens abandonnent de grandes parties de leur patrie, y compris Al-Quds Al Sharif (Jérusalem Est).


Même des premiers ministres israéliens manifestement racistes comme Golda Meir, Menachem Begin, Yitzhak Shamir et Ariel Sharon ont exprimé une telle bonne volonté.


Ainsi, Olmert réitère simplement de la même façon un vieil « empressement » connu de chacun comme bien arrêté et motivé, non par un véritable désir de paix avec les palestiniens, mais plutôt par le désir glouton et avide d'Israël à s'arroger autant de terre Arabe que possible.


Certes, un pays qui établit des centaines de colonies racistes sur le territoire occupé et transfère des centaines de milliers de ses citoyens pour vivre sur la terre qui appartient à un autre peuple n'entretient pas un véritable désir de paix avec ses voisins.


En vérité, Olmert, comme tous les politiciens hypocrites et malhonnêtes, ne dit pas ce qu'il compte véritablement faire. C'est pourquoi, une version plus authentique de son discours ressemblerait probablement à qui suit...


« Chers voisins palestiniens : L'État d'Israël ne se retirera jamais des grandes régions de Cisjordanie. Et nous, en toutes circonstances, conserverons le contrôle des grandes colonies uniquement juives et, naturellement, de Jérusalem, la capitale éternelle d'Israël.


« Et nous ne vous permettrons pas, nos chers voisins palestiniens, d'avoir un État vraiment viable en Cisjordanie, ce qui signifie que vous devrez vous contenter d'un certain nombre d'enclaves quasiment autonomes, dispersées et isolées géographiquement, des Bantoustans ou des banlieues noires [référence à l'Afrique du Sud au temps de l'apartheid, NDT]. C'est ma compréhension de la vision du président Bush de deux États vivant côte à côte en paix, Israël et la Palestine.


« Et n'oubliez pas, nous devrons garder le contrôle des frontières et de tous les passages frontaliers reliant n'importe quelle entité palestinienne au monde extérieur, parce que l'accès sans entrave et la libre circulation entre vos régions soulèvent un grand danger pour la sécurité d'Israël. ! !


« En outre, nous n'accepterons aucun règlement de paix basé sur les anachroniques résolutions 242 et 338 de l'ONU, qui ne sont plus appropriées. Oui, nos chers voisins, laissons reposer en paix le passé, tournons ainsi une nouvelle page de notre histoire commune de sorte que vos enfants et les nôtres vivent dans la paix et la prospérité. ! ! !


« Et quant au droit au retour, simplement l'oublier, ne plus l'évoquer, parce que jamais nous ne permettrons à ces infortunés réfugiés de retourner chez eux, en aucune circonstance, parce que le maintien d'Israël comme État purement juif est plus important qu'adhérer à l'autorité du droit international et qu'accorder les droits de l'homme aux goyim !


« Nos chers voisins, vous devrez accepter les conditions de la demande de paix d'Israël, et si vous ne le faites pas, vous n'aurez ni la paix ni la liberté, et nous continuerons à voler votre terre jour et nuit devant vos yeux et nous continuerons à vous tourmenter et à vous attaquer sauvagement et à faire de votre vie un cauchemar sans fin comme nous l'avons déjà fait. Et je devine que vous comprenez très bien ceci. Se souvenir juste de Beit Hanun !


« En bref, nous en Israël sommes vraiment sincères au sujet de la paix avec vous, nos chers cousins. Nous désirons ardemment la paix avec vous exactement autant que nous désirons un autre morceau de votre/notre terre antique. Par conséquent je vous invite à changer votre mentalité et à transformer vos épées en socs de charrues et en lames d'émondoirs. Shalom, Salam, Paix. Merci, merci. »


Bon, comme palestinien, tout que je peux dire c'est que j'espère et que je prie pour que les chefs politiques palestiniens, en particulier le président Mahmoud Abbas ne seront ni dupés ni embobinés par ce cinéma. Nous avons été beaucoup trop trompés par Israël, et assez c'est assez.


D'ailleurs, nous devrions toujours prêter plus d'attention à ce qu'Israël fait plutôt qu'à ce qu'il dit. Après tout, les chefs israéliens mentent autant qu'ils respirent et il ne devrait jamais leur être fait confiance.


Original : [www.palestine-info.co.uk]
Traduction de Pétrus Lombard
siryne
s
5 décembre 2006 20:46
'DES BULLES', PAR URI AVNERY


Même quand il s'agit de faire, à la demande américaine, des "effets d'annonce" qui resteront sans lendemain, Ehoud Olmert se débrouille pour tenir des propos indécents, comme le relève Uri Avnery, l'un des dirigeants de Gush Shalom.

(...) "La semaine dernière, Olmert a fait tout le chemin pour se rendre sur la tombe de Ben Gourion au fin fond du Neguev et a prononcé un discours destiné à lui donner le statut de successeur. N'épiloguons pas sur cette prétention. Mais il est certainement révélateur d'analyser le discours lui-même.




PAR URI AVNERY


C'était un discours pacifiste comme on n'en a pas entendu depuis longtemps. Certains disent qu'il était une réponse aux paroles que lui avait adressées l'écrivain David Grossman lors du rassemblement à la mémoire de Rabin. Et, en réalité il y a une ressemblance entre les deux : tout comme le discours de Grossman était riche en valeurs élevées et pauvre en propositions pratiques, celui d'Olmert était plein de belles phrases impressionnantes mais sans aucun contenu.

MAIS QU'A-T-IL dit finalement ?

« Si vous (les Palestiniens) mettez sur pied un gouvernement qui entreprendra de satisfaire aux principes du Quartette, un gouvernement qui réalisera la Feuille de route et qui libérera Gilad Shalit - je proposerai à Abou Mazen (Mahmoud Abbas) de le rencontrer immédiatement, afin d'engager un dialogue réel, ouvert, sincère et sérieux entre nous. » (J'ai traduit littéralement )

A première vue, c'est bien. Mais si on y regarde de plus près, on se rend compte que ce n'est que du vent.

Depuis l'époque de Ben Gourion, tous nos gouvernements ont utilisé cette tactique : dire « oui » à toute proposition de paix, et y ajouter une petite condition préalable qui transforme le « oui » en « non ».

Qu'exige Olmert du gouvernement palestinien ? Peu de chose : reconnaître le droit d'Israël à exister sans frontières définies (et sans qu'Israël reconnaisse le droit à un Etat palestinien d'exister à l'intérieur des frontières de 1967), arrêter la violence (sans un engagement parallèle d'Israël) et reconnaître tous les accords signés par le passé (dont presque tous ont été violés par Israël non moins que par les Palestiniens.)

Par dessus tout, le gouvernement palestinien doit remplir ses « obligations » aux termes de la Feuille de route. Ce document ridicule, un produit de Bush & Co., exige parmi les premières mesures à prendre par les Palestiniens le démantèlement de toutes les « organisations terroristes », ce qui signifie toutes les organisations militaires de la partie palestinienne. Aussi longtemps que l'occupation est en place, cette exigence est totalement irréaliste et déraisonnable, et les Palestiniens, bien sûr, ne sont pas d'accord. C'est comme demander comme première mesure à Israël de démanteler les FID.

Olmert ne suggère pas qu'Israël, lui aussi, doive respecter la Feuille de route. D'après ce document, parallèlement au démantèlement des organisations palestiniennes, Israël doit arrêter toutes les activités de colonisation. Dans la pratique, celles-ci n'ont pas été suspendues un seul instant et sont en plein essor encore aujourd'hui.

Que se passera-t-il si les Palestiniens remplissent toutes ces conditions unilatérales ? Olmert sera d'accord pour rencontrer Abou Mazen « immédiatement ». Pour quoi faire ? Afin d'engager un « dialogue réel, ouvert, sincère et sérieux. »

Les mots ont été méticuleusement choisis. Il n'est pas question de « négociations », mais de « dialogue ». Un terme qui n'engage strictement à rien. Si nous éliminons du texte tous les mots gentils qui ne servent que de décoration - « immédiatement », « réel », « ouvert », « sincère », « sérieux » - tout ce qui reste est l'accord pour une rencontre. Peut-être y a-t-il des gens qui rêvent de rencontrer Olmert - c'est une question de goût - mais cela n'a absolument aucune signification politique.

OLMERT ne lésine pas sur les mots. « Dans le cadre du dialogue (de nouveau « dialogue » et pas « négociations ») et conformément à la Feuille de route (voir ci-dessus), vous (les Palestiniens) pourrez établir un Etat palestinien indépendant et viable, avec une contiguïté territoriale en Judée et Samarie (Olmert utilise ces termes de l'occupation au lieu du terme « Cisjordanie », qui est devenu un symbole de l'opposition à l'occupation), un Etat avec pleine souveraineté dans des frontières définies. »

Là c'est vraiment beau. Plus de « frontières temporaires » comme dans la Feuille de route, mais des « frontières définitives ». Simple petit détail : où se trouveront-elles ?

Certains pourraient dire : on ne dévoile pas ses positions finales avant le début des négociations (pardon, du dialogue). Mais on attend des Palestiniens que, eux, donnent tout avant.

« Nous, l'Etat d'Israël, serons d'accord pour l'évacuation de nombreux territoires et des colonies qui y ont été établies. C'est extrêmement difficile pour nous - tel le partage de la Mer Rouge (dit un dicton hébreu) - mais nous nous l'imposerons, en échange d'une paix véritable entre nous et vous. »

Cela sonne bien. Mais qu'est-ce que cela signifie ? L'évacuation de « nombreux territoires » et non « tous les territoires », pas même « la plupart des territoires ». (Dans la terminologie israélienne, « territoires » signifie « territoires occupés », terme que les porte-parole officiels préfèrent éviter.

Mais aussi, pas « les frontières qui existaient à la veille de la guerre des Six-Jours », pas même des « frontières basées sur la Ligne Verte », ce qui permettrait de petits changements et un échange négocié de territoires, mais une nouvelle frontière qui annexerait à Israël les « blocs de colonies » en suivant le mur de séparation. Soit l'annexion d'au moins 10% de la Cisjordanie, et peut-être beaucoup plus.

Et que faire pour arrêter cela ? Après tout, à ce compte, l'autre côté serait déjà désarmé et aurait accepté de reconnaître un Israël sans frontières définies.

C'est le vieux plan d'Ariel Sharon : démanteler les petites colonies dispersées, dans lesquelles vivent quelque 20% des colons, afin d'annexer à Israël les territoires occupés par les 80% restants. Olmert ne dit pas ce qui se passera pour la Vallée du Jourdain étendue qui constitue environ 20% de la Cisjordanie et qui est déjà (à l'exception de Jéricho) complètement coupée de celle-ci. Pas plus qu'il ne mentionne Jérusalem-Est, dans laquelle quelque 200.000 autres colons sont établis.

Il promet qu'avec la libération du soldat capturé, Gilad Shalit, il serait prêt à « libérer de nombreux prisonniers palestiniens, y compris ceux condamnés à de longues peines de prison, afin d'augmenter la confiance entre nous et vous et prouver que nous voulons vraiment la paix. »

Après avoir éliminé tout le bla-bla de cette phrase, ce qu'elle dit est qu'Olmert serait d'accord pour libérer les vieux prisonniers ayant du « sang sur les mains », ce que lui et ses prédécesseurs ont toujours refusé de faire, en échange du soldat, comme le Hamas le demande. Cela ne fait que confirmer le point de vue palestinien selon lequel Israël ne comprend que le langage de la force et qu'il n'abandonnera jamais rien s'il n'y est pas contraint.

Olmert semblait être d'humeur particulièrement généreuse, alors il a ajouté : « ...(Après) la fin du terrorisme et de la violence,... nous diminuerons de façon significative le nombre des barrages routiers, nous améliorerons la liberté de mouvement dans les territoires, nous faciliterons la circulation des gens et des marchandises dans les deux sens, nous assouplirons les passages aux frontières de la bande de Gaza, et nous vous rendrons les taxes douanières détenues par nous, afin d'adoucir les souffrances de beaucoup d'entre vous. »

« Merci, nous vous remercions vraiment du fond de notre cœur », devraient répondre les Palestiniens. Pas la fin de l'occupation, ni même la levée du blocus de Gaza. Le démantèlement de quelques barrages routiers, laissant les autres là où ils sont. Pas le retour de la liberté de mouvement mais un accord pour « augmenter » les mouvements autorisés. Et pas d'ouverture du passage entre le bande de Gaza et la Cisjordanie (comme prévu dans les accords d'Oslo il y a 13 ans). Mais au moins, nous rendrions l'argent palestinien « détenu » par nous. « Détourné » serait un terme plus approprié.

Et qu'est-ce qu'Olmert n'a pas dit dans son discours ? Il n'a pas proposé un cessez-le-feu en Cisjordanie. Pourquoi ? Peut-être parce que les chefs militaires ne sont pas d'accord Mais même un enfant peut comprendre que, sans un cessez-le-feu en Cisjordanie, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza ne tiendra pas. Les membres des organisations à Gaza ne pourront pas rester impassibles pendant que leurs camarades sans défense en Cisjordanie sont arrêtés, blessés et tués. Sans parler du démembrement que cette proposition implique, contrairement aux accords d'Oslo qui déclarent sans équivoque que la Cisjordanie et la bande de Gaza constituent « une seule unité territoriale ».

ALORS COMMENT définir ce discours ?

Il est facile de dire ce qu'il n'est pas : il ne constitue pas un « tournant » dans la politique du gouvernement. Un « tournant » est un changement de direction qui nécessiterait la préparation de l'opinion publique, expliquant la nature du changement, ses raisons et les résultats escomptés. Rien de tel n'a été fait. Même les porte-parole de l'extrême droite n'ont pas bronché.

La définition correcte est « effet d'annonce » - tout au plus un tour de passe-passe préparé par les « conseillers en image » et les experts en publicité.

Il est vrai que même un effet d'annonce peut avoir une certaine valeur positive. Olmert a décidé de consacrer l'effet à des questions de paix ; pas à des questions de guerre. Ceci montre qu'il croit que l'opinion israélienne va dans cette direction. Le camp de la paix israélien peut s'en féliciter. Mais il n'y a pas de quoi danser dans les rues.

AU FOND, pourquoi Olmert a-t-il fait un tel discours ? Et pourquoi maintenant ?

Il y a à cela une raison intérieure. En Israël, l'impression que le gouvernement est sans programme, sans objectif politique, que c'est un gouvernement « inconsistant » (pour utiliser une phrase de Grossman) dont la seule préoccupation est sa survie politique, a (très justement) gagné du terrain.

Olmert a pensé qu'il était nécessaire de combler le vide et de donner l'image d'un Premier ministre qui sait ce qu'il fait et qui travaille pour un objectif clair.

Et il y a aussi une raison extérieure, qui est même encore plus importante. Olmert est peut-être en faillite, mais le Président Bush est dans un état encore plus désespéré. Il est intervenu au Moyen-Orient pour convaincre l'électeur américain qu'il sait ce qu'il fait en Irak et dans toute la région. Il a besoin d'un résultat visible. Il suit la tradition de ses prédécesseurs selon laquelle un Président américain qui ne sait pas quoi faire se tourne vers le conflit israélo-palestinien pour réussir une "avancée".

Bush a demandé à Olmert de faire un geste qui fasse impression sur le monde. Donc il a fait un geste - un discours plein de jolies phrases et de promesses, sans rien derrière.

Il faut se souvenir que Bush veut apparaître comme un homme d'Etat résolu, qui construit un front de dirigeants arabes « modérés » contre l'axe du mal composé de l'Iran, de la Syrie, du Hezbollah et du Hamas. C'est pourquoi il est allé à Amman, au lieu de faire venir ses obligés à Washington. Mais les dirigeants d'Arabie Saoudite, d'Egypte et de Jordanie connaissent les dangers qu'il y a à apparaître comme des agents israéliens. Donc Bush a demandé qu'Olmert introduise dans son discours une référence à l'initiative de paix saoudienne, qui a été rejetée d'un revers de main par le gouvernement israélien après qu'elle eut été entérinée par tous les Etats arabes. Cette initiative dit que l'ensemble du monde arabe reconnaîtrait Israël et établirait des relations normales avec lui si celui-ci se retirait sur les frontières du 4 juin 1967. Maintenant, soudain, Olmert déclare qu'il y a des éléments « positifs » dans cette initiative mais il ne l'a pas acceptée cette fois non plus.

Bush est rentré chez lui et oubliera tout. Le discours d'Olmert rejoindra les nombreux autres qui ont été oubliés dès le lendemain. C'est juste un discours de plus d'un dirigeant israélien « tendant une main pacifique ».

Uri Avnery, chronique du 2 décembre [Traduit de l'anglais « Sparkling Bubble » : SW/RM]


URI AVNERY
siryne
s
5 décembre 2006 21:08
Seulement en suivant les ordres


Je vous invite à lire ce texte avec attention et la prochaine fois que vous verrez à la télévision des responsables israéliens parler de la "lutte" d'Israel contre "des terroristes" et de la recherche d'Israel de la paix avec les Palestiniens et ses divers voisins Arabes, ou des hautes valeurs "morales" d'Israel, alors rappelez-vous de cet article et rappelez-vous des innombrables enfants qui sont délibérément visés à la tête par des snipers israéliens et dont "les médias complices des Sionistes" ne parlent jamais.

Par Cherifa Sirry



Mughayer, et son jeune frère Ahmed (AP/Kevin Frayer) Pouvez-vous seulement imaginer ce qui se passerait si un Arabe tirait dans la tête d'un petit enfant israélien juif ?

Pouvez-vous imaginer comment cela serait placardé dans tous les médias ?

Je devine que les petits enfants juifs sont spéciaux alors que les petits enfants chrétiens et musulmans ne le sont pas. Après tout, nous sommes des goyim".

Cherifa Sirry



Le groupe des droits civiques israéliens, B'tselem, avait présenté en mars 2002 ses observations sur les résultats désastreux de la décision prise par l'armée israélienne d'arrêter d'enquêter quand ses soldats tuent un civil palestinien :

L'I.D.F. accorde réellement l'immunité aux soldats qui ouvrent le feu illégalement. Depuis le début de l'Intifada, l'I.D.F. a cessé d'ouvrir automatiquement une enquête sur chaque cas dans lequel un Palestinien est tué par les tirs de l'I.D.F.… Les enquêtes qui sont ouvertes sont généralement prolongés et basés principalement sur les témoignages des soldats, tout en ignorant complètement les témoins oculaires palestiniens.
Cette politique a inévitablement eu comme conséquence une situation dans laquelle le tir sur des Palestiniens innocents est pratiquement devenu une routine.
Gâchette facile - Tirs injustifiés et Règlementations sur l'Ouverture du feu de l'IDF. - B'Tselem, mars 2002.


Et j'ai bloggé à de nombreuses reprises au sujet des civils palestiniens qui étaient délibérément tués par des soldats de l'IDF, et dont les décès n'ont jamais été officiellement étudiés par les autorités israéliennes, en encore moins traduits en justice.

Comme B'Tselem, j'avais pris pour acquis que le meurtre délibéré de civils non-armés était le sous-produit d'un système qui ne tenait pas les soldats pour responsables de leurs actes , et qui si le système de surveillance de l'armée était amélioré, alors les quelques "pommes pourries" (je déteste l'expression, mais elle s'applique ici) qui ont abusé de leur pouvoir et tué des civils seraient tout simplement découragés en sachant qu'il ne serait plus possible de s'en sortir comme ça.

Je n'avais jamais sérieusement pensé, quand j'écrivais au sujet des différents meurtres commis par des soldats israéliens, que B'Tselem et moi-même avions tort : que le tir sur des personnes non armées n'était pas une aberration malheureuse perpétrée par des individus indisciplinés qui ont tiré bénéfice de l'absence de surveillance, mais plutôt que l'absence de surveillance elle-même était délibérément maintenue par les autorités militaires israéliennes précisémment parce qu'elles savaient déjà que leurs soldats tuaient des personnes non-armées, parce que cela faisait partie des ordres.

L'un des cas que j'ai abordé en détail sur mon blog, c'est celui du meurtre d'Asma Mughayer, et de son plus jeune frère Ahmed.

Ahmed avait treize ans. Il était petit pour son âge – "un petit garçon qui ne pouvait pas être facilement confondu avec un homme" - et qui aimait donner à manger à ses pigeons qu'il gardait en cage sur le toit de sa maison.

Asma avait 16 ans, premier de sa classe à l'école, qui espérait devenir docteur. Ils ont été tués à quelques minutes d'écart le 18 mai 2004, alors qu'ils étendaient le linge sur le toit de leur maison à Rafah au sud de la bande de Gaza.


Communiqué d'Associated Press (AP/Kevin Frayer)
Un porte-parole des FOI a expliqué que "Asma et Ahmed avaient été tués dans "un accident de travail" - un euphémisme pour des fabricants de bombes qui explosent au cours de leur travail - ou par des combattants palestiniens qui avaient laissé une mine terrestre dans la rue.
"Une enquête préliminaire indique qu'ils ont été tués par une bombe qui devait être utilisée contre les soldats. Elle avait été posée à l'extérieur d'un bâtiment par des Palestiniens pour toucher un véhicule israélien. C'est probablement ce qui s'est produit," a déclaré un porte-parole de l'armée… "


Mais la famille Mughayer dit que c'est un mensonge, et que les deux enfants avaient en fait été pris pour cible par un sniper des FOI.

Des journalistes britanniques et australiens ont examiné les corps alors qu'ils étaient étendus à la morgue, et ils n'ont trouvé aucun signe de blessures en dehors d'un trou dans la tête.

Dans la maison des Mughayer, ils n'ont trouvé aucun signe de dégâts dus à une explosion de bombe, seulement des impacts de balles tirées depuis un bloc d'appartements au-dessus qui était occupé par une équipe de snipers israéliens le matin où les enfants ont été tués.

Après que les journalistes aient indiqué leurs résultats à Amnesty International, qui a réclamé une enquête judiciaire indépendante, l'IDF a, à contre-cœur, accepté d'ouvrir une enquête militaire interne.

Mais, comme cela est généralement le cas pour les enquêtes internes de l'IDF, personne n'a été accusé d'être lié aux meurtres. En fait, six mois plus tard, quand on pouvait supposer sans risque que l'attention internationale avait oublié depuis longtemps, l'affaire a été tranquillement classée sans commentaire par l'IDF :

Les militaires ont tranquillement laissé tomber une enquête sur le meurtre par un tireur isolé israélien d'un frère et d'une soeur, tous les deux adolescents, à Rafah en mai.

L'armée a faussement affirmé qu'ils avaient tous les deux été tués par une bombe palestinienne et qu'elle avait débuté son enquête seulement après que les journalistes aient trouvé les corps des enfants et qu'ils aient révélé que tous les deux avaient un seul trou dans la tête. (Source)

Et j'ai juste supposé que c'était une autre affaire dont l'IDF s'était occupée elle-même et qu'elle avait réprimandé en privé "la pomme pourrie" qui avait violé les règles d'ouverture du feu de l'IDF.

Mais, au début du mois dernier, je lisais les témoignages des soldats de l'IDF qui racontaient leurs histoires sur leur service militaire dans les territoires occupés lors d'une exposition de Briser le Silence, et je suis tombé par hasard sur ça :

A une distance de 70 mètres et par le viseur de sa mitrailleuse, Assaf pouvait dire que le Palestinien avait entre 20 et 30 ans, qu'il était sans armes et qu'il essayait de s'éloignrer d'un tank israélien. Mais les détails n'avaient pas beaucoup d'importance, parce que les ordres d'Assaf étaient "de tirer sur tout ce qui bouge."

Assaf, un soldat de l'armée israélienne, a appuyé sur la détente, tirant de nombreuses balles pendant que le corps tombait à terre.
"Il a couru et j'ai commencé à tirer pendant quelques secondes. Il est tombé. J'étais une machine. Je tire. Je pars et voilà. Nous n'en avons plus jamais parlé."

C'était l'été 2002, et Assaf et son unité de blindés avaient reçu l'ordre d'entrer dans la ville de Dir al Balah à Gaza suite au tir de mortiers sur des colonies juives voisines.

C'étaient ses ordres, a-t'il dit au Guardian : "Toute personne que vous verrez dans la rue, tuez-la." Et nous le faisions tout simplement."

Ce n'était pas la première fois qu'Assaf tuait une personne innocente à Gaza en suivant les ordres, mais à son retour à la vie civile, il a commencé à penser aux choses qu'il avait faites.
"La raison pour laquelle je vous ranconte ça, c'est que je veux que l'armée pense à ce qu'elle nous demande de faire, tirer sur de personnes sans armes. Je ne pense pas que ce soit légal."

Assaf n'est pas le seul. Ces derniers mois des dizaines de soldats, y compris le fils d'un général israélien, tout récemment libéré, sont venus pour partager leurs histoires sur la façon dont ils recevaient l'ordre dans les briefings de tirer pour tuer sur des personnes non armées sans crainte de réprimande.

Les soldats ont été mis en contact avec le Guardian avec l'aide de Briser le Silence, un groupe de pression d'anciens soldats qui veulent que le public israélien soit confronté à la réalité des actions de l'armée…

Un thème commun que l'on retrouve dans les témoignages des soldats, c'est le désir de venger les victimes israéliennes et d'infliger des punitions collectives aux Palestiniens.

Mai 2004 fût un mauvais mois pour l'armée israélienne à Gaza. Quatre soldats sont morts quand leur APC chargé d'explosifs a heurté une bombe posée au bord de la route dans la ville de Gaza.

Pendant que l'armée effectuait une invasion, sept autres soldats ont été tués dans un incident semblable à Rafah, à l'autre bout de Gaza.

En réponse, l'armée a lancé une opération majeure "pour sécuriser la route de Philadelphi [la frontière entre Gaza et l'Egypte] et pour la nettoyer des terroristes", selon le Général Dan Harel, le commandant local.

Des milliers de Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons, et près de 50 sont morts, dont un tiers étaient des civils. Selon Rafi, un officier du Shaldag, une unité d'élite reliée à l'Armée de l'Air, l'ensemble de la mission était une histoire de vengeance.

"Les commandants ont dit : Tuez autant de personnes que possible" dit-il..
Lui et ses hommes ont reçu l'ordre de "tirer sur toute personne qui semblait toucher le sol, comme s'ils pouvaient placer une bombe de bord de la route, ou n'importe qui vu sur un toit ou un balcon, comme s'ils voulaient observer les forces israéliennes pour des raisons militaires, peu importe s'ils étaient armés ou non."

Asma Moghayyer, 16 ans, et son frère Ahmed, 13 ans, ont été tués alors qu'ils récupéraient le linge sur une toit. L'armée israélienne a insisté sur le fait que les enfants avaient été tués par l'explosion d'une bombe posée au bord de la route. Cependant, les journalistes qui se sont rendus à la morgue n'ont vu qu'une blessure par balle à la tête.

La vérité, dit Rafi, c'est qu'ils ont été tués par un soldat israélien qui avait reçu des ordres clairs de tirer sur toute personne qui se trouvait sur un toit, indépendamment de leur rôle dans le conflit.

Rafi explique que son impression dominante sur l'opération était "le chaos" et "l'utilisation de la force aveugle".
"Gaza était considéré comme une cour de jeu pour les tireurs d'élite."
Les soldats israéliens racontent des meurtres aveugles perpétrés par l'armée et une culture d'impunité" par Conal Urquhart ; 6 septembre 2005.

Bien, cela éclaircit certaines choses.
Naturellement, l'IDF ne voulait pas effectuer d'enquête sur la façon dont ont été tués les enfants Mughayer et pourquoi : ils savaient déjà parfaitement que les enfants étaient morts parce que les propres ordres de l'armée étaient " de tirer sur toute personne qui se trouvait sur un toit, indépendamment de leur rôle.".

Et naturellement, une fois qu'ils étaient forcés d'enquêter, ils ne pouvaient pas se permettre d'arriver à des poursuites : Comment est-ce que l'IDF pourrait poursuivre ses propres tireurs isolés pour avoir obéi aux ordres d'ouverture du feu que la chaine de commandement de l'IDF leur avait donnés ?

Pendant tous ces mois où je tenais mon blog sur la façon dont l'IDF pourrait empêcher les morts inutiles si seulement il poursuivait les soldats qui tirent sur des civils non armés au mépris de leurs ordres, et il s'avère qu'en fait, tirer sur des civils non armés faisaient partie de leurs ordres.

Je pensais que j'étais cynique au sujet de l'IDF dans les territoires occupés : au lieu de cela, il s'avère que j'étais naïf.

Source : [www.thepeoplesvoice.org] Traduction : MG pour ISM
siryne
 
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