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chronique de guantanamo
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4 novembre 2006 11:17
De : Collectif guantanamo [mailto:[email protected]]
Envoyé : vendredi 3 novembre 2006 5:17

Objet : CHRONIQUE DE GUANTÁNAMO N° 17 - 3 novembre 2006



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¡“guantanameros” !







CHRONIQUE DE GUANTÁNAMO



4ème année - N° 17 – 3 novembre 2006

Publication bimensuelle du Collectif guantánamo
• Courriel : [email protected]

Cette Chronique contient toutes les informations publiées au jour le jour sur le site [quibla.net]

NOUS PRATIQUONS LE COPYLEFT : TOUT OU PARTIE DE CETTE CHRONIQUE PEUT ÊTRE REPRODUIT LIBREMENT, EN MENTIONNANT LA SOURCE

« La possibilité, pour le pouvoir exécutif, de jeter un homme en prison sans formuler aucune charge reconnue par la loi contre lui, et notamment de lui refuser le jugement par ses pairs, est odieuse au plus haut degré et elle est le fondement de tout gouvernement totalitaire, qu'il soit nazi ou communiste. »

Winston Churchill

3 novembre 2006 : CELA FAIT 1 841 JOURS QUE NOS FRÈRES HUMAINS SONT RETENUS EN OTAGES À GUANTÁNAMO !



LES INFORMATIONS SONT CLASSÉES EN ORDRE CHRONOLOGIQUE DÉCROISSANT



AU SOMMAIRE DE CE NUMÉRO
02/11/06 - Guantánamo: la bataille judiciaire contre la nouvelle loi est lancée

01/11/06 - Le Maroc reçoit d’autres détenus de Guantánamo

23/10/06 - Mourad Benchellali témoigne sur nouvelobs.com
23/10/06 - Libération d'un 10ème prisonnier marocain
17/10/06 - Enquête allemande sur les accusations de Murat Kurnaz
16/10/06 - Les USA transfèrent quatre détenus de Guantánamo vers trois pays
13/10/06 - Enquête sur de mauvais traitements présumés à guantánamo
11/10/06 - «J'ai été interrogateur à Abou Ghraïb» - Interview de Joshua Casteel, vétéran de la guerre en Irak



02/11/06 - Guantánamo: la bataille judiciaire contre la nouvelle loi est lancée
Les avocats de détenus de Guantánamo (Cuba) ont déposé mercredi soir un recours dénonçant la constitutionnalité de la nouvelle loi sur le traitement des terroristes présumés, ouvrant ainsi la bataille judiciaire contre ce texte controversé.
Le document a été déposé devant la Cour d'appel fédérale de Washington, qui examine plusieurs dizaines de recours de prisonniers dénonçant leur détention sans procès, des procédures dont une disposition annexe de la loi votée fin septembre pour créer des tribunaux militaires d'exception exige l'annulation.
Les avocats des détenus ont demandé aux trois juges chargés de l'affaire de passer outre cette loi qu'ils considèrent comme anticonstitutionnelle. Compte tenu des procédures encore en attente en première instance, environ 400 recours sont concernés.
En 2004, la Cour suprême des Etats-Unis avait estimé que les détenus de Guantánamo devait avoir le droit de contester leur détention sans inculpation, une procédure appelée "habeas corpus".
"Pendant des siècles, l'habeas corpus a protégé les individus contre (les) détentions arbitraires en exigeant que le gouvernement présente les fondements légaux et factuels de l'emprisonnement devant un décisionnaire judiciaire neutre", rappellent les avocats dans le document.
Le Congrès n'avait pas le pouvoir d'annuler ce droit, dans la mesure où la Constitution ne permet sa suspension qu'en cas de rébellion ou d'invasion, ajoutent-ils.
Leur document dénonce aussi les commissions de révision du statut de combattant ennemi, où les détenus se présentent sans avocat, "extrêmement loin" de pouvoir se substituer à la procédure de l'habeas corpus, contrairement à ce que le gouvernement assure.
"Les pouvoirs de guerre du Congrès ne peuvent pas autoriser l'enlèvement et la détention illimitée de citoyens civils d'un pays allié en paix avec les Etats-Unis", insistent les avocats.

Source : AFP, 2 novembre 2006



01/11/06 - Le Maroc reçoit d’autres détenus de Guantánamo
L’identité des Marocains qui ont été arrêtés en Afghanistan en 2001 et qui ont été placés dans le centre de Guantánamo est connue. Huit parmi eux ont été livrés au Maroc en deux groupes (cinq puis 8, voir : www.lereporter.ma). Une neuvième personne, Lahcen Ikassrin, a été livrée aux autorités espagnoles et a été jugée et innocentée. Jusqu’à il y a quelques jours le nom de six Marocains figurait parmi ceux encore détenus : Younès Chekkouri (de Safi), Saïd Boujaâdiya (Casablanca), Mohamed Benmoujane (Casablanca), Ahmed Rachdi, Abdellatif Nasser (Béni Mellal) et Tarik Dergoul (Casablanca).

L’association Ennassir pour la défense des détenus Salafistes vient de nous apprendre que Mohamed Benmoujane a été livré aux autorités marocaines qui le détiennent encore.

Il est aujourd’hui incarcéré à la prison civile de Salé après avoir été auditionné, le 19 octobre dernier, par le juge d’instruction. Il est poursuivi, comme les autres ex-détenus de Guantánamo pour « constitution de bande criminelle dans le but de commettre des actes de sabotage, atteinte grave à l’ordre public et appartenance à une organisation terroriste internationale... ».

Mohamed Benmoujane est l’un des plus jeunes détenus marocains de Guantánamo, il est né en 1978. Il s’est rendu en Afghanistan en compagnie de sa sœur, Bouchra épouse de Said Boujaâdiya. Le nom de la famille Benmoujane avait été lié à Zouhir Mohamed Toubiti, qui était poursuivi au Maroc en décembre 2002 dans l’affaire de la cellule dormante d’Al Qaïda (celui-ci était le mari de Rajae Benmoujane morte, lors des raids américains en Afghanistan).

Dans les transcriptions des auditions de 317 détenus de Guantánamo publiées par le département américain récemment, il était signalé que Mohamed Benmoujane « a bien appris à nettoyer et utiliser un AK-47 » mais « n’a jamais participé à un entraînement dans un camp terroriste ». « Je n’ai jamais tiré sur quiconque même pas pour chasser. J’ai reçu cet AK-47 des mains d’un Arabe qui voyageait avec moi et qui me l’a donné pour que je puisse me défendre. C’est cet Arabe qui m’a appris à m’en servir et à le nettoyer », plaide Benmoujane.

Par ailleurs, la famille de Younès Chekkouri affirme que celui-ci a été rapatrié le 12 octobre dernier et dénonce le fait qu’il ne soit pas réapparu et que sa famille n’en soit pas encore avisée. L’AMDH (association marocaine des droits Humains) a même adressé des lettres au Directeur de la direction générale de la sûreté nationale et au ministre de l’Intérieur demandant l’ouverture d’une enquête sur le sujet.

Mais il s’est avéré qu’il s’agissait d’une confusion et que seul Mohamed Benmoujane avait été livré au Maroc.

Brahim Mokhliss

Source : [www.lereporter.ma]



23/10/06 - Mourad Benchellali témoigne sur nouvelobs.com
Forum. Détenu pendant deux ans sur la base américaine de guantánamo, le Français Mourad Benchellali a répondu, lundi 23 octobre sur nouvelobs.com, aux questions des internautes.
Lire sur [permanent.nouvelobs.com]

23/10/06 - Libération d'un 10ème prisonnier marocain
Un dixième ressortissant marocain détenu à guantánamo a été libéré par les autorités usaméricaines et renvoyé dans son pays, a fait savoir lundi l'Association marocaine des droits de l'homme.
Toutefois, depuis son retour sur le sol marocain, aucune information n'a filtré sur la situation de ce Marocain, identifié sous le nom de Younès Chékouri, selon l'organisation.
On ignorait notamment si cet ancien détenu, soupçonné par Washington d'activités terroristes, serait passible de poursuites judiciaires dans son pays, comme cela a été le cas pour certains des neuf détenus marocains précédemment libérés.
Un porte-parole du Pentagone, le capitaine de corvette Chito Peppler, a confirmé que Chékouri, dixième prisonnier marocain, avait été libéré le 12 octobre de la base de guantánamo, renvoyé au Maroc et remis aux autorités marocaines.
Le ministère marocain de la Justice n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter ces informations.
Chékouri avait été arrêté au Pakistan après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA.
Source : AP, 23 octobre 2006

17/10/06 - Enquête allemande sur les accusations de Murat Kurnaz

Une enquête a été ouverte en Allemagne sur les déclarations d'un ressortissant turc qui affirme avoir été maltraité par des soldats allemands fin 2001 en Afghanistan, avant d'être envoyé au camp de Guantánamo.

Murat Kurnaz, détenu pendant près de cinq ans jusqu'à sa libération en août dernier, a déclaré avoir été traîné par les cheveux et frappé au visage par deux soldats de la Bundeswehr, en présence de militaires usaméricains, en Afghanistan.

Le parquet de Potsdam, près de Berlin, a ouvert une enquête sur ces accusations, a annoncé l'avocat de Kurnaz, Bernhard Docke, dans un courrier électronique.
Parallèlement, le ministère allemand de la Défense a mis en place un groupe de travail pour examiner ces allégations et souhaite entendre Kurnaz, a ajouté l'avocat.
Surnommé le ""taliban de Brême"", Kurnaz, né en Allemagne en 1982, tâchait d'acquérir la nationalité allemande quand il a été arrêté fin 2001 au Pakistan, remis aux Usaméricains en Afghanistan et ensuite conduit à Guantánamo.

Kurnaz a dit y avoir subi de mauvais traitements et des méthodes d'interrogatoire basées sur l'humiliation sexuelle, la privation d'eau et l'insulte religieuse.

Source : Reuters, 17 octobre 2006



16/10/06 - Les USA transfèrent quatre détenus de guantánamo vers trois pays
Les USA ont transféré lundi, de Guantánamo, un détenu à Bahreïn, un autre à l'Iran et deux autres au Pakistan, a annoncé le Pentagone. Avec ce transfert de lundi, environ 340 détenus au total ont quitté Guantánamo pour d'autres pays, et tandis que 435 détenus restent encore emprisonnés dans cette installation de détention sur la base navale usaméricaine. De ces détenus encore à Guantánamo, 110 ont été considérés par le gouvernement usaméricain comme admissibles pour un transfert ou une libération, a précisé le Pentagone dans un communiqué. Leur départ "dépend des discussions en cours entre les USA et d'autres pays", est-il indiqué.
Source : Xinhua, 16 octobre 2006



13/10/06 - Enquête sur de mauvais traitements présumés à guantánamo
L'inspecteur général du Pentagone a ordonné l'ouverture d'une enquête sur de présumés mauvais traitements infligés à des prisonniers de guantánamo, selon un porte-parole du département usaméricain de la Défense.
Cette décision a été prise après le témoignage sous serment d'un "marine" déclarant que des gardiens de guantánamo avaient évoqué des méthodes de harcèlement physique et moral sur des détenus.
Ce témoignage a été rendu public par des avocats de détenus et il a été transmis mardi à l'inspecteur général du Pentagone, qui exerce une surveillance interne sur les activités du département de la Défense.
Le dossier a été transmis au commandement Sud de l'armée américaine, dont dépend la base de guantánamo à Cuba. Aucun délai n'a été fixé pour les conclusions de l'enquête, a précisé le porte-parole.
Des organisations de défense des droits de l'homme accusent régulièrement les USA de mauvais traitements sur les prisonniers de guantánamo.
Source : Reuters, 13 octobre 2006





11/10/06 - «J'ai été interrogateur à Abou Ghraïb» - Interview de Joshua Casteel, vétéran de la guerre en Irak

Par Pol De Vos, Solidarite, 11 octobre 2006



Il y a quelques jours, le Sénat américain a approuvé une proposition de loi qui légalise certaines pratiques de torture : privation de sommeil, maintien forcé dans des positions stressantes, exposition directe à une source de chaleur, au froid, à des jets d'eau Pourtant cela fait bien longtemps que l'armée américaine recourt à ce genre de supplices, explique Joshua Casteel, vétéran de la guerre d'Irak. C'est le 11 septembre dernier, lors d'un colloque anti-guerre à Stockholm, que j'ai rencontré Joshua. Pour son discours, il portait son uniforme militaire. «J'ai été interrogateur à Abou Ghraïb», ont été ses premières paroles





Nom: Joshua Casteel
Age: 26 ans
Domicile: Iowa, Etats-Unis
Etat civil: célibataire
Profession: Chargé de cours de rhétorique à l'université d'Iowa. Suit également un post-graduat en linguistique et des cours de théologie.
Carrière militaire: Après une mission de 8 mois en Irak, il a demandé le statut d'objecteur de conscience. Aujourd'hui, il est le porte-parole de l'association Iraq Veterans Against the War (les vétérans de la guerre d'Irak contre la guerre ­ www.ivaw.org)


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Interrogateur à Abou Ghraïb?

Joshua Casteel. Exactement. Tout au long de ma mission de huit mois en Irak, j'ai travaillé comme interrogateur dans la fameuse prison d'Abou Ghraïb. Je suis arrivé à Bagdad après le fameux scandale sur le mauvais traitement des prisonniers et la publication des photos choc dans la presse mondiale.

Ma mission consistait donc à reconstruire le «nouveau visage d'Abou Ghraïb», basé sur un total respect des droits de l'homme. D'ailleurs depuis lors les choses sont plus ou moins réglées. Mais mes collègues sont souvent en mission dans des équipes mobiles et se déplacent pour aller interroger les prisonniers. Ils me racontent que les pratiques de torture sont loin d'avoir été abandonnées. Certains racontent qu'ils ont vu des prisonniers aspergés d'eau froide avant d'être placés devant un appareil à air conditionné entraînant une hypothermie jusqu'à la limite du décès. D'autres racontent avoir vu des prisonniers se faire frapper avec le côté plat d'un marteau ou se faire broyer les os...

Pouvez-vous nous parler de votre expérience personnelle par rapport à ces interrogatoires?

Joshua Casteel. J'ai moi-même procédé à 130 interrogatoires. Dans notre jargon, nous appelons cela des combatinterrogations, c'est-à-dire interroger des personnes suspectées d'avoir commis des actes de résistance ou de terrorisme. Mais pour être honnête, on peut compter sur les doigts d'une main le nombre de personnes qui étaient réellement impliquées dans l'une ou l'autre de ces actions. J'ai surtout interrogé de simples pères de famille, des chauffeurs de taxi qui s'étaient retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, ou encore des travailleurs Ces personnes croupissaient généralement au moins six mois en prison avant d'être soumises à un premier interrogatoire. Ce qui leur arrivait après, je l'ignore. Nous appliquons une méthode de travail complètement cloisonnée. Ma mission consistait à les soumettre à un interrogatoire approfondi. Je devais ensuite rédiger un rapport complet et le remettre à mon supérieur. Pour moi cela s'arrêtait là.

Par contre, Abou Ghraïb était devenue la plus importante «école de terroristes» d'Irak. De nombreux innocents se retrouvaient des mois durant aux côtés de vrais résistants ou de membres d'un groupe islamiste radical. Les «gens ordinaires» ne comprenaient pas pourquoi ils avaient été arrêtés. être retenus aussi longtemps sans motif était pour eux une véritable frustration continue qui s'est transformée, au fil des mois et aux contacts des personnes réellement impliquées dans l'opposition, en une conviction. Par conséquent, bon nombre de ces personnes étaient, à leur libération, radicalement opposées à l'occupation.



«Mes collègues se déplacent pour aller interroger les prisonniers. Ils me racontent que les pratiques de torture sont loin d'avoir été abandonnées.» (Photo Solidaire, Pol De Vos)


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Comment vous êtes-vous engagé dans l'armée?

Joshua Casteel. Je viens d'une famille de militaires. Mon grand-père a combattu en Europe durant la Seconde Guerre mondiale et plus tard en Corée et au Vietnam. Mon père était capitaine mais il a eu la chance de ne pas partir au combat. Quant à moi, je suis entré à l'armée à l'âge de 17 ans. J'ai d'abord servi 8 ans comme réserviste et étudiant. Après le 11 septembre 2001, j'ai estimé que je devais faire quelque chose pour protéger mon pays. J'ai repris un service actif. Au terme de deux ans de préparation, je suis parti en Irak.

Aujourd'hui, le service militaire n'est plus obligatoire. Comment le gouvernement Bush va-t-il pouvoir convaincre suffisamment de jeunes gens à s'engager dans l'armée?

Joshua Casteel. Si l'on croit la propagande, tous les soldats sont aujourd'hui des volontaires. C'est complètement absurde ! Je dirais qu'il existe à présent un service économique obligatoire. L'armée recrute principalement parmi les pauvres. Les jeunes s'engagent dans l'armée car ils pensent que c'est l'unique perspective qui s'offre à eux. J'ai mené un petit sondage lorsque j'étais en Irak. J'ai demandé aux autres soldats les raisons de leur engagement. Plus de 90% ont répondu que le «funding for school» (financement des études par l'armée en échange d'un service militaire) avait été la principale voire l'unique raison de leur engagement. Le président Bush a lancé un programme éducatif baptisé « no child left behind» (aucun enfant ne sera oublié). En réalité, chaque école qui reçoit des subsides est obligée de communiquer aux recruteurs de l'armée toute une série d'informations concernant les élèves (revenu de la famille, race, situation matrimoniale des parents, etc.). De cette manière, l'armée sait précisément à qui elle doit proposer ses avantages et bourses d'études. Le budget alloué à ce type de recrutement est énorme.

Avez-vous facilement obtenu votre statut d'objecteur de conscience?

Joshua Casteel. Je suis devenu objecteur de conscience pour des motifs religieux. J'avais besoin d'affirmer mon identité et de rejoindre l'opposition à la guerre. Aux états-Unis, être chrétien signifie souvent être à droite et soutenir Bush. Mais aujourd'hui, un mouvement de chrétiens de gauche est en train de se développer. L'armée a mené une enquête de plusieurs mois mais finalement j'ai obtenu mon statut. Mais mon cas est assez exceptionnel... Sur les 10000 personnes qui ont fui le service militaire, seules 300 ont obtenu le statut d'objecteur de conscience. Pour les autres, on parle «d'absence non autorisée». Ils sont nombreux à partir pour le Canada ou l'Europe mais beaucoup restent aux états-Unis et y vivent dans l'illégalité.

Comment l'association IVAW mène-t-elle ses actions?

Joshua Casteel. Notre objectif est de renforcer dans notre pays, avec la collaboration d'autres organisations pacifistes, le mouvement de protestation contre la guerre en Irak. En tant que vétérans, nous pensons réellement pouvoir apporter quelque chose à ce mouvement. Chacun de nous a une expérience propre à faire partager, qui pourra en outre étayer les analyses du mouvement pacifiste.

Aux états-Unis, les gens considèrent le métier de soldat comme une profession honorable et noble. Ils ne conçoivent pas que ces gens puissent commettre une erreur. Nous essayons de mettre en doute cette conviction par le biais de nos expériences personnelles.

Nous cherchons à attirer l'attention des médias par des actions très voyantes sur des points passés sous silence. Par exemple, les médias du président Bush n'ont pas le droit de montrer les cercueils des soldats morts en Irak. En octobre, nous organiserons depuis la plus grande base aérienne de la côte est une marche jusqu'à Washington. Nous transporterons une longue rangée de cercueils pour finalement les déposer devant la Maison Blanche. Nous espérons ainsi inciter les gens à rassembler leur courage, à réagir et à ne plus baisser les bras.



«Nous ne pourrons mener à bien notre lutte aux États-Unis que si les mouvements pacifistes en Europe dénoncent haut et fort la complicité de vos gouvernements respectifs. Aussi longtemps que les états-Unis seront soutenus ­ ne fût-ce que tacitement ­ ils pourront aller de l'avant.»
(Photo Solidaire, Antonio Gomez Garcia)



Avez-vous l'impression d'être parvenu à quelque chose?

Joshua Casteel. Aux états-Unis, nous devons, en tant que mouvement pacifiste, surtout nous concentrer sur nos fils et nos filles, sur nos morts et nos blessés, sur les dommages psychiques causés par cette guerre chez les jeunes. Et à partir de là, nous pouvons alors nous soucier du sort de l'Irak et des Irakiens. Les souffrances du peuple irakien ne sont malheureusement pas suffisamment mises en avant. La guerre a déjà fait des centaines de milliers de victimes. Il y a ce mythe de la Seconde Guerre mondiale où les états-Unis seraient intervenus en sauveurs de la planète. Et bon nombre d'Américains sont convaincus que si les états-Unis se rendent quelque part c'est pour sauver le monde.

Comment avez-vous perçu la situation en Irak?

Joshua Casteel. J'ai constaté qu'il y avait un énorme contraste entre les histoires racontées dans la presse américaine et la réalité en Irak. Ces prétendus conflits religieux entre les différentes communautés musulmanes, les chiites et les sunnites. Cela fait 6000 ans qu'ils vivent ensemble aux côtés des communautés juive et chrétienne. Jamais une guerre civile n'a éclaté. Mais depuis que les Américains occupent l'Irak, ils ont tout mis en oeuvre pour attiser les contradictions entre ces différents groupes religieux.

Je pense que l'on pourrait comparer la situation là-bas à celle des Britanniques en Irlande. Petit à petit ils ont, au cours des siècles précédents, attisé la haine entre protestants et catholiques au travers de privilèges et provocations. Cette politique du diviser pour mieux régner a finalement conduit à rendre la présence britannique en Irlande du Nord inévitable «afin de séparer les parties en guerre» et «préserver la paix». C'est exactement ce qui est en train de se produire en Irak.

Aux états-Unis, la presse s'attarde surtout sur les violences entre Irakiens. Ce qui entraîne chez les personnes opposées à la guerre une certaine paralysie émotionnelle. Ils ne savent plus comment agir contre l'occupation. Si les Américains s'en vont, la guerre civile ne risque-t-elle pas de s'étendre davantage? Dans ce cas ne vaudrait-il pas mieux que nous restions encore un peu? C'est exactement ce qui s'est passé avec les Britanniques en Irlande du Nord, c'est une technique typique du colonialisme, c'est-à-dire se rendre indispensable.

À présent vous êtes en Europe. Est-ce important pour vous de vous faire entendre ici aussi?

Joshua Casteel. Nous ne pouvons pas limiter nos activités au territoire américain. Prenez le gouvernement irlandais qui s'est déclaré techniquement neutre. Pourtant l'aéroport de Shannon joue un rôle clé dans le transport des troupes américaines et du matériel militaire. Avions, pièces pour hélicoptères, vivres, etc. Pratiquement tout ce qui provient des états-Unis par voie aérienne passe par là. La majorité des Irlandais est radicalement opposée à la guerre, mais peu s'opposent au transit de ce matériel de guerre. Quant au gouvernement irlandais, il prétend que s'il s'y oppose, le pays risque de perdre un nombre important d'investissements américains. Cet argument est avancé dans plusieurs autres pays d'Europe et au Canada.

Mais nous ne pourrons mener à bien notre lutte aux états-Unis que si vous aussi ­ je veux parler des mouvements pacifistes en Europe ­ protestez et dénoncez haut et fort la complicité de vos gouvernements respectifs. Je suis convaincu que si un ou plusieurs pays ont le courage d'agir de la sorte, beaucoup d'autres suivront. Et cela nous rendra beaucoup plus forts. Aussi longtemps que les États-Unis seront soutenus ­ ne fut-ce que tacitement ­ ils pourront aller de l'avant.

Vétérans de la guerre d'Irak contre la guerre (Iraq Veterans Against War ­ IVAW)
L'association IVAW regroupe des vétérans de guerre et des militaires en service actif qui militent pour que leurs frères et surs puissent rentrer chez eux. C'est ainsi que le site www.IVAW.org résume la mission de cette organisation.

Le mouvement a vu le jour en juillet 2004 à l'occasion de l'assemblée annuelle des Vétérans pour la Paix à Boston et sur l'initiative de cinq jeunes vétérans pour permettre aux militaires et aux vétérans opposés à la guerre d'enfin faire entendre leur voix.

L'association met en avant trois revendications :

· Le retrait immédiat de toutes les troupes d'occupation en Irak.

· Le versement de dommages de guerre pour les pillages et dégâts commis en Irak, de sorte que les Irakiens puissent à nouveau planifier leur vie et leur avenir.

· Une aide sociale et médicale (y compris les soins de santé mentale) et autres.

· Des mesures de soutien pour tous les soldats de retour.

L'association compte aujourd'hui 300 membres actifs dans tout le pays ainsi qu'au Canada. L'IVAW entretient des contacts avec d'autres associations de vétérans de guerre comme « Vétérans pour la Paix» et «Vétérans du Vietnam contre la guerre». L'IVAW entend également informer la population de la situation réelle en Irak. Ses membres se rendent aussi dans les écoles pour expliquer aux enfants la réalité du service militaire. L'IVAW soutient tous ceux qui s'opposent à la guerre, y compris les objecteurs de conscience et les personnes poursuivies pour avoir refusé de servir dans l'armée.


Source [www.ptb.be]







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et antifasciste, à tous ceux qui luttent contre
l'impérialisme, le colonialisme, l' Euro-dictature et
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