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Central Park à Casablanca
H
8 mars 2006 20:09
Central Park à Casablanca



L’aérodrome d'Anfa, totalisant 400 hectares au cœur de Casablanca, est promis au béton et à la spéculation immobilière. Il y a une autre solution.


J’ai entendu dire par une de mes connaissances à New York que les Américains sont particulièrement férus de développement urbain. Ils aiment par-dessus tout construire dans leurs grandes métropoles des gratte-ciel et des bâtiments plus délirants les uns que les autres occupant tout espace vide et veillant à n'en laisser aucun de libre. Bien des peuples et des nations ont suivi leur exemple partout dans le
monde, chacun s'employant à dépasser les constructions des autres en grandeur et en magnificence. Chaque fois qu'il y a un terrain où ne se dresse aucune bâtisse, ils se précipitent pour en édifier une qui soit la plus grande et la plus belle. Il arrive même qu'ils en rasent beaucoup pour faire plus d'espace et engranger ainsi plus d'argent étant donné que la finalité la plus fréquente de cette activité boulimique est bien d'accumuler et d'accumuler encore et toujours. C'est une course frénétique pour atteindre le ciel et occuper l'espace. C'est ainsi qu'ils ont construit de nouvelles Babylone et des tours de Babel innombrables dont ils croient qu'elles défient le temps et qu'elles sont là pour l'éternité. Et si n'était,de temps à autre, quelque malédiction sous forme de tsunami, de guerre et de bien d' autres malheurs, ils croiraient qu'ils sont les maîtres de la terre et, peut-être, pour les plus agnostiques d'entre eux, du ciel.


Dieu merci, nous n'en sommes pas encore là. J'ai en revanche une réelle inquiétude quant à ce qui pourrait advenir, sur le plan urbanistique, dans cette ville (encore) belle de Casablanca - malgré tous les outrages qu'elle a subis au fil des ans. Mon inquiétude est celle de nombre de concitoyens ulcérés de voir des lieux de mémoire détruits, le béton et la pierre gagner chaque jour du terrain et des constructions folles (dont peu sont vraiment belles et beaucoup sont une insulte et à la sagesse et au bon goût) quadriller la ville d'est en ouest et du nord au sud.


Je n'ai pour motivation que l'amour que je lui porte, en dépit de ses multiples avatars, et ma conviction intime qu'il est possible d'orienter son développement urbain dans des directions marquées par l'innovation et la créativité susceptibles de contribuer à améliorer le cadre de vie qu'elle offre pour le plus grand nombre. Le prétexte à cette intrusion dans un domaine où j'hésite souvent à m'engager, celui de la prise de parole publique à partir de la posture de donneur de leçon ou de conseilleur alors que je sais la parole aisée et l'art difficile, m’est offert par l'existence d'un espace gigantesque au cœur de la ville, représentant un véritable pactole urbain de quelque quatre cents hectares, là où se trouve l'ancien aéroport d'Anfa. Je vois d'ici l'aubaine que cela représenterait pour les spéculateurs avides ! Quelle aubaine aussi pour les promoteurs immobiliers empressés ! Quelle aubaine enfin pour les bureaucrates à la vue courte ! Mais quelle aubaine cela pourrait être pour le politique visionnaire et le décideur avisé des choses de la ville qui engagerait là un de ces “chantiers structurants”, comme disent les économistes, et une de ces œuvres qui “suspendent le vol du temps”, comme disent les poètes : faire de ces quatre cents hectares encore disponibles, uniques à travers le monde dans une agglomération de la dimension de Casablanca, au cœur de la cité, un immense parc qui deviendrait alors le poumon de la ville et son espace de déploiement naturel, culturel et social. Etant réaliste, averti par l'expérience, et sachant que peu désarmeront devant une telle proposition si peu conforme au sacro-saint principe de rentabilité rapide, et qu'ils trouveront mille arguments pour en dénoncer le caractère utopique, je conçois qu'un partage de cet espace en deux composantes d'égale dimension pourrait être une solution intermédiaire. Deux cents hectares seraient réservés à un parc central et les deux cents autres à des projets immobiliers d'intérêt collectif avéré. Chacun y trouverait bénéfice dans la mesure où cet ensemble pourrait être confié à de multiples entreprises privées pour son aménagement, son équipement, voire même sa gestion.


Je reviens à New York et prends un exemple qu'il est intéressant de méditer (car, en dépit des défauts qu'on leur prête, les Américains sont gens avisés) : celui de Central Park. D'une superficie de 341 hectares, ce parc reçoit près de vingt millions de visiteurs par an, l'idée ayant été lancée en 1850 par un éditeur de journal avec comme philosophie sous-jacente, selon l'architecte qui l'a dessiné : “La création de grands parcs contribuera à l'amélioration de leur vie et de leur santé (ceux qui ont souffert de l'exode rural), en leur permettant de retrouver une partie de leur campagne d'antan, et de profiter de leurs moments libres dans un environnement sylvestre, riches comme pauvres”. Il est utile de signaler, au moment où la question épineuse de la création d'emplois et où l'Initiative nationale pour le développement humain sont à l'ordre du jour, que le chantier de Central Park à New York a mobilisé pendant 16 années 4000 ouvriers qui ont déplacé des millions de mètres cubes de terre, planté 500 000 arbres et arbustes, construit de nombreux ponts et routes. Le succès de Central Park a été immédiat et permanent. Il a été classé monument historique en 1965 afin de le protéger de l'appétit de certains promoteurs et confié en gestion depuis 1980 à un organisme privé, le “Central Park Conservancy” (Conservatoire de Central Park).


Imaginez un seul instant un grand parc naturel, tel que celui-là, à Casablanca, et imaginez les habitants, hommes, femmes, enfants, s'y rendant les jours fériés pour admirer les plantes des plus exotiques aux plus communes, respirer l'oxygène renouvelé de la ville, déambuler à travers les palmiers, les acacias et les fougères, se délectant du bruissement des mots échangés par les promeneurs, joint à celui des feuillages verdoyants que la brise remue et que berce le chant des oiseaux bigarrés… Les touristes viendraient en nombre, non seulement pour s'y reposer de l'agitation de la ville et de ses contraintes, mais aussi, j'en suis sûr, pour voir de leurs yeux émerveillés un acte vivant, unique en son genre dans le monde d'aujourd'hui, celui du choix de l'intelligence urbanistique contre la spéculation à courte vue et les constructions en béton. Bien plus, je crois que d'innombrables institutions internationales, publiques et privées, y verraient un projet vertueux porté par un souffle, une ambition et une vision. Elles accepteraient, si on déploie assez d'efforts d'explications et de mobilisation, de soutenir ce projet, y compris financièrement. Je rêve, peut-être, mais qui sait…


Sur le reste de l'espace disponible, un grand centre international de conférences dont Casablanca manque cruellement, un théâtre digne de ce nom, un musée, un grande bibliothèque, quelques hôtels, et que sais-je encore, contribueraient à faire de cet espace ainsi récupéré, et de Casablanca ainsi valorisée, un lieu mythique dont les générations qui se succèdent remercieront le fondateur à chaque bouffée d'oxygène qu'ils respireront.

Source : Telquel
w
9 mars 2006 09:05
oui oui et oui

pas seulement a casa mais toutes les grandes villes ont vraiment besoin d espace de verdure pour le bien etre de la population.
i
9 mars 2006 09:16
a bas les speculateurs , les sous tables et les pas de portes .....!!!!!!.drole de comtabilité.????.qu'l viennent le construire au maroc incoruptible.
O
9 mars 2006 09:44
Si les gens mettent la pression ca sera un parc , sinon ca sera une gallerie commerciale + appartement luxueux .
 
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