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s
29 juin 2007 10:08
Carnets de justice
«Je l'ai traitée de "grosse vache" parce qu'elle me traitait de "gros porc"»
Par Ondine MILLOT
QUOTIDIEN : lundi 12 mars 2007
Tribunal correctionnel de Créteil

Tous les vendredis après-midi, à la 11e chambre, c'est «l'audience femmes battues», indique une employée de l'accueil. Devant une juge unique, les affaires défilent. Simon a 35 ans, il porte la kippa, un costume sombre et une chemise à rayures colorées. Il est conseiller d'éducation dans un lycée public. Son épouse l'accuse de violences volontaires : il l'aurait projetée contre le mur de leur cuisine, la blessant à la nuque et à l'épaule. «Votre femme rapporte également des insultes : "grosse vache", "sale pute"...», lit la présidente. Simon se racle la gorge. «Je l'ai traitée de "grosse vache", effectivement. C'est parce qu'elle me traitait de "gros porc", de "vermine", d'"homosexuel", et de tout ce qu'on entend par là. Je n'ai fait que répondre.»
La présidente se tourne vers la femme de Simon. Grande, fine, élégante, elle semble absente, le regard flottant. «Vous dites que les violences durent depuis votre mariage en 1999 ?» Elle soupire. «Je n'ai pas porté plainte avant, parce qu'il m'a parlé de son enfance. Il m'a dit qu'il avait lui-même subi des violences. J'espérais l'aider.»
Le couple a deux enfants de 7 et 5 ans. Une procédure de divorce est en cours. Simon reprend la parole. «Deux semaines après mon mariage, elle me faisait déjà une tentative de suicide. Elle est tout le temps en dépression. Je suis un homme et j'ai toujours travaillé pour qu'elle ne manque de rien. Je suis un bon père. J'ai mon fils qui m'appelait "maman" quand il était petit, je ne sais pas si c'est un signe pour vous. A vous de juger, moi je pense qu'il y a un dieu qui a créé le monde...» La présidente le coupe. «On est là pour examiner des faits.» Elle décide d'ajourner le prononcé de la peine de six mois, avec injonction pour le couple de se rendre d'ici là dans une association d'aide familiale. «Parce qu'il y a des enfants, et qu'avec ce climat entre vous, on court à la catastrophe pour eux. Dans six mois le tribunal évaluera si monsieur a fait les efforts nécessaires.»
Le couple suivant est arrivé ensemble. Il a la trentaine, les cheveux ras, le buste courbé dans une veste trop large. Elle porte un jean et un blazer cintré, ses traits soulignés par un discret maquillage. La présidente laisse échapper un sourire. «Dans leur rapport, les policiers écrivent : "Une femme à peine vêtue se jette en pleurs dans nos bras..." Bon, c'est leur vision des choses. Je me permets de sourire car vous m'avez l'air réconciliés. Mais tout de même, Monsieur, votre compagne avait une plaie à la tête qui a nécessité trois points de suture. Vous dites : "Je voulais faire du bruit pour attirer son attention." Mais exploser une table avec une batte de base-ball, c'est beaucoup de bruit.»
Il murmure qu'il regrette, sa compagne ajoute que, depuis les faits, «il a beaucoup changé». La présidente ajourne le prononcé de la peine de six mois, avec l'obligation pour lui de voir un psychologue.
C'est un homme seul qui se présente ensuite. Drissa a 48 ans. Malien résidant en France, il vit de «petits boulots». «Nous avons une lettre de la victime qui dit avoir "le désir le plus absolu" de retirer sa plainte», commence la présidente. «Simplement, elle n'est pas là. On ne sait pas si c'est vraiment elle qui a écrit ça. Et elle est quand même sérieusement abîmée votre concubine. Elle a des cheveux arrachés par plaques... Elle a déclaré à la police : "Il me frappe comme si j'étais un homme, il me donne des coups au visage, me tire les cheveux, il me traite comme au pays, m'empêche de sortir..." Qu'est-ce que vous avez à dire de ça, monsieur ?»
Drissa regarde ses pieds. «Je regrette mon acte. Mais elle aussi a dit qu'elle regrettait sa plainte.» La présidente durcit son ton : «Oui, elle veut retirer sa plainte. Mais Mme la procureure, elle, vous poursuit.» La procureure requiert 1 500 euros d'amende avec sursis «pour que ça fasse épée de Damoclès». Jugement : 1 000 euros avec sursis, «car vous avez exprimé des regrets».
P
29 juin 2007 10:24
Hé ben, j'ai remarqué que toutes les personnes qui passaient en Assise ou correctionnel sont des personnes ayant eu un passé difficile et/ou des soucis avec la Justice (même si ce n'est pas le cas dans ces exemples). Mais la première affaire m'a fait rire "«Je l'ai traitée de "grosse vache" parce qu'elle me traitait de "gros porc"»" grinning smiley

En tout cas c'est chaud les affaires de conflits entre époux ! Quand violence a lieu et que la femme veut faire une main courante ou porter plainte, si l'homme n'est pas net dans sa tête il peut se venger. ALLAH yester ou safi !
La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder :)
s
29 juin 2007 10:58
meme chose, j'ai été plié quand j'ai lu la premiere histoire, du coup, j'ai voulu la faire partager...smiling smiley
P
29 juin 2007 20:45
Clap si t'en as d'autres des histoires comme ça, je suis preneuse grinning smiley
La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder :)
 
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