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Le camp de Jénine encerclé pour le cinquième jour
s
7 janvier 2006 15:24
samedi 7 janvier 2006

Pour le cinquième jour consécutif, des dizaines d’élèves du camp de Jénine sont privés de se rendre à leurs écoles, et de participer aux examens de fin de trimestre, parce que les forces de l’occupation sioniste ont occupé leurs maisons, pris en otages des familles, expulsé de leurs maisons d’autres familles, sous prétexte de rechercher ceux qu’ils appellent "terroristes" dans le camp.
"Quel est le lien entre ma f amille et la sécurité" ? demande Raja Abu Sbaa, "pour qu’ils viennent nous imposer l’exil, qu’ils nous privent de nos droits les plus simples, comme le fait d’aller à l’école, pour nos enfants ?" Ils mentent, et leurs pratiques indiquent le peu d’intérêt qu’ils ont pour les droits de l’homme. Ils ont occupé notre maison, située dans le quartier Jabriyat, qui donne sur le camp, dès dimanche matin, et c’est la deuxième fois en mois de 24 heures. Ils ne se sont pas contentés de le fouiller, d’y semer la panique parmi les enfants, mais nous avons été surpris de les entendre nous dire de quitter la maison, et de ne pas y revenir avant la fin de l’opération.

Abul Hayja se tient, stupéfait, face aux soldats, encore étonné de cette décision, et dit à l’officier qu’il s’agit d’une grande injustice : "Où vais-je aller ? Où vais-je mettre les membres de la famille ? Nous n’avons pas d’autre maison, ni d’autre refuge." L’officier dirige son fusil sur sa poitrine et lui répond : "Nous ne sommes pas les affaires sociales, je n’ai pas pour rôle de vous trouver une maison, il y a un ordre militaire de prendre votre maison et il faut que vous sortiez immédiatement, avec la famille, et ne revenez pas avant huit jours".

Les discussions n’ont servi à rien, ni même les tentatives d’Abul Haja’ d’influer sur la décision des soldats, en mettant en avant la situation difficile de cette famille composée de 11 personnes. "Les soldats étaient plus de 30, ils se sont répartis dans la maison, et je n’avais plus rien à faire qu’à m’en aller, en pleine nuit, laissant les soldats aller et venir dans ma maison. Les soldats nous ont interdit de prendre avec nous des affaires, je n’ai ni des vêtements, ni les cartables des enfants, et les enfants ne peuvent aller à l’école, alors que se déroulent actuellement les examens de fin de trimestre.

Zuhair Mas’ad, secrétaire du mouvement Fateh dans le camp de Jénine, rapporte que les maisons occupées dans le camp à l’heure actuelle dépassent la vingtaine. Les soldats de l’occupation s’y sont installés, chassant les habitants, jusqu’à nouvel ordre, ce qui suscite de nombreux problèmes, surtout que la période des fêtes est bientôt là, comment ces familles passeront-elles ces jours, dans ces conditions inhumaines ?

Une petite prison

La souffrance culmine chez la famille du prisonnier Mahmoud Istiti, les soldats ayant envahi sa maison, comme le raconte son frère Uthman, à l’aube du mardi. "Les soldats ont fermé toutes les portes, ont occupé les fenêtres et ont pris en otage ma belle-soeur et ses enfants, à l’intérieur de la maison."

"Nous sommes très inquiets, parce qu’il y a des petits enfants, seuls avec leur mère, et les soldats ont transformé leur maison en une petite prison. Nous ne pouvons pas leur envoyer de la nourriture, malgré l’intervention de plusieurs institutions. Si les forces de l’occupation prennent pour prétexte la sécurité, quelle est la faute de ces petits pour vivre des conditions pareilles ? Cela ne suffit-il pas qu’ils ont emprisonné leur père ? Ils leur font subir des conditions pires que la prison." Une autre famille a également été prise en otage, il s’agit de la famille Abu Khalife, les soldats emprisonnent les sept membres de la famille dans la maison, en total isolement. Les enfants pris en otage ne peuvent se rendre à leurs écoles.

En résidence surveillée

Des dizaines de familles subissent cette politique menée par les forces sionistes. L’avocat Tharwat Nazzal, qui vit dans un immeuble donnant sur le camp de Jénine explique que les soldats nous ont imposé la résidence surveillée, à l’intérieur de nos maisons. Ils ont investi l’immeuble, occupé un appartement, et le second jour, ils ont pris un autre appartement. L’immeuble a huit appartements, et les gens craignent que les soldats n’occupent les leurs, à tout moment. Nous sommes ainsi obligés de rester chez nous. Ces pratiques ont de lourdes conséquences pour nous, sur nos enfants d’abord, il est vrai que les soldats ne sont pas rentrés chez moi, mais leur présence dans la maison à côté a des répercussions sur mes enfants. Ils sont en train de passer leurs examens scolaires, ils sont sous tension et vivent des moments très pénibles et angoissants. Nous essayons de leur remonter le moral, mais nous ne pouvons pas bouger de cette maison.

Les habitants du camp de Jénine, les associations et institutions du camp, ont lancé un appel à toutes les organisations humanitaires et internationales, pour leur demander de protester et de faire pression sur les autorités sionistes, d’abord pour libérer les familles prises en otage, ensuite pour quitter les lieux. Muawiya Ali Kamel est furieux : "Depuis plusieurs jours, ils nous imposent l’isolement, les soldats nous empêchent de bouger, ils dirigent notre vie, sans aucune raison. Nous appelons la communauté internationale à agir pour mettre fin à ces pratiques".

Quant au préfet de la ville de Jénine, Qadoura Musa, il a contacté les ambassades et les consuls, les représentants des pays arabes et étrangers, qui sont accrédités auprès de l’Autorité palestinienne. Il a également contacté les représentants des membres du conseil de sécurité, leur demandant de faire pression sur l’Etat sioniste, pour qu’il arrête ses opérations militaires contre le camp de Jénine. Il a décrit les opérations israéliennes comme étant des violations de toutes les valeurs humaines : les soldats ont investi les maisons du camp de Jénine ou aux alentours, ont occupé certaines et ont pris en otages des familles entières. Les familles expulsées de leurs maisons vivent des conditions très dures, avec le froid, le début des examens scolaires et l’approche des fêtes.

Traduit par Centre d’Information sur la Résistance en Palestine

[www.qudsway.com]

Correspondant Nida’ al-Quds - Jénine

[www.aloufok.net]
siryne
s
7 janvier 2006 17:00
Je me souviens de l’enfant
6 janvier 2006

Le poète palestinien Shawqi Baghdadi a un jour écrit : "Je me souviens de l’enfant comme un ange mort et un moineau blessé. Dieu était triste". Et en effet, la tristesse règne. La tristesse pour des enfants sans futur, pour des enfants sans droit de vivre, pour des enfants sans droits fondamentaux, sans liberté ni sécurité. Depuis la fin de Septembre [2000], plus de 97 enfants palestiniens ont été tués et 4.116 blessés.

Les circonstances entourant la mort de ces enfants vont d’enfants qui participaient à des protestations contre l’occupation israélienne, des enfants qui ont été touchés par des balles réelles alors qu’ils jouaient dans leurs jardins ou se trouvaient sur le chemin de l’école, et des enfants à qui on a refusé un accès rapide à des soins médicaux.

L’idée à l’époque qu’Arafat ait envoyé les enfants se faire tuer est une claire tentative israélienne d’éviter la culpabilité pour la mort des enfants palestiniens : l’animosité ou la suspicion est dirigée vers les victimes, justifiant ou excusant par là la violence originelle endurée par la victime.

Les enfants palestiniens ne sont pas amenés à la violence, la violence se produit dans leurs jardins. Il est difficile, sinon impossible d’assurer les droits de l’homme pour des enfants quand des fusils, des chars, des missiles et des hélicoptères sont amenés dans les Territoires Occupés près des écoles et des maisons. Les enfants ne sont pas seulement pris dans le feu des armes, le nombre de victimes montre qu’ils sont visés. Rien n’est épargné, tenu pour sacré ou protégé.

C’est une triste caractéristique des conflits armés que le fait que les enfants souffrent le plus. Les effets indirects sont désastreux. Les écoles et les hopitaux sont fermés ou détruits. Les chaînes d’alimentation ont été détruites. Les maisons sont détruites. Et toujours, le prix le plus élevé est payé par les enfants - enfants séparés de leur familles par les assassinats ou les emprisonnements, enfants qui ratent leur chance de grandir normalement dans leur corps et leur esprit, d’être éduqués et d’acquérir le savoir faire nécessaire pour trouver une place dans la société.


Un rapport de l’UNICEF daté de 1995 montre que dans la Cisjordanie et la bande de Gaza tous les enfants palestiniens ont été exposés à des événements traumatiques en relation avec le conflit. Pendant la première Intifada (1988-1994), plus de 100.000 Palestiniens ont été détenus en prison, et la grande majorité d’entre eux ont été torturés. Plus de 2000 Palestiniens ont été tués, un tiers d’entre eux des enfants. 90 pourcent des enfants ont été exposés à des gaz lacrymogènes. 55 pourcent des enfants ont vu leur père ou leurs grands frères se faire battre. 40 pourcent d’entre eux ont été battus. 19 pourcent d’entre eux ont subi des blessures de toutes sortes.

Le danger dans lequel vivent les enfants palestiniens n’est pas seulement celui des blessures physiques, dont découlent souvent des handicaps physiques, mais aussi des blessures psychologiques et morales. Ce danger provient du fait d’être fréquemment mis en situation qui contredit la norme de la société que ces enfants ont intériorisé à l’intérieur de leur famille et dans les structures de leur communauté. Ces normes incluent l’aspect sacré de la vie, mais les enfants palestiniens voient leurs parents se faire tuer devant eux. Ils ont appris les valeurs morales, et pourtant ces enfants sont le témoin de violations des droits de l’homme - humiliations, harrassement et absence totale de considération pour le processus de justice.

Les injustices et les abus de force à l’égard d’individus et de populations ont causé des traumatismes intergénérationels plus d’une fois dans l’histoire du monde. Est-ce qu’il n’est pas temps d’apprendre ces leçons pour le bénéfice de nos enfants - le futur de la nation ? Sans justice - sans un effort pour assurer que les droits des enfants palestiniens soient respectés et honorés à tout momment - il n’y aura pas de paix, parce qu’il ne peut y avoir de paix sans justice.

Sources : www.paix-en-palestine.org

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