(Le ministre de la défense, M. Donald Rumsfeld, va être remplacé par un ancien directeur de la CIA, M. Robert Gates.)
S'il a admis les pertes enregistrées par le parti républicain lors des élections législatives de mi-mandat, le président Bush s'est néanmoins déclaré confiant d'être en mesure de trouver un « terrain d'entente » avec les démocrates - dont la majorité a été confirmée à la Chambre des représentants et est sur le point de l'être au Sénat - en ce qui concerne les questions telles que l'Irak, l'immigration, l'éducation et l'économie.
S'adressant le 8 novembre aux journalistes qui couvrent la Maison-Blanche, M. Bush a aussi annoncé que le ministre de la défense, M. Donald Rumsfeld, démissionnait et qu'il allait être remplacé par l'ancien directeur de la CIA, M. Robert Gates.
En tout, 227 candidats démocrates ont été élus, remportant ainsi la majorité des 435 sièges à la Chambre des représentants où les républicains étaient majoritaires depuis 1994. Le parti démocrate est également en voie d'obtenir la majorité au Sénat, puisque la victoire à l'élection sénatoriale en Virginie, sans être encore officiellement annoncée, a été attribuée par l'Associated Press, qui enregistre les totaux, au démocrate James Webb.
Le nouveau 110e Congrès assumera officiellement ses fonctions en janvier 2007. Le 109e Congrès, et notamment les membres qui ont été battus lors des élections de mi-mandat du 7 novembre, vont reprendre leurs travaux le 13 novembre et ouvrer en vue de régler les questions laissées en suspens lorsque ses membres avaient cessé leurs délibérations avant les élections.
M. Bush s'est déclaré déçu des résultats des élections, imputables en partie, selon lui, aux préoccupations avancées par les Américains à propos des scandales qui ont touché certains parlementaires et de l'intervention américaine en Irak.
Il a recommandé aux ennemis des États-Unis de ne pas trop se réjouir à propos des résultats des élections, car, a-t-il fait observer, aussi bien les démocrates que les républicains « comprennent que nous ne pouvons accepter la défaite » en Irak. « Ne confondez pas les mécanismes de nos démocraties avec un manque de volonté. Notre nation est résolue à vous traduire en justice. La liberté et la démocratie sont la source de la puissance des États-Unis, et la liberté et la démocratie alimenteront l'espoir et les désirs de ceux que vous essayez de détruire », a-t-il dit à l'intention des terroristes.
Les États-Unis, a affirmé le président, continueront à se tenir aux côtés des Irakiens. « Nous savons que vous souhaitez une vie meilleure, et le moment est opportun pour saisir cette chance », a-t-il dit s'adressant aux Irakiens.
Vers une « nouvelle perspective » au ministère de la défense
Annonçant la démission de M. Rumsfeld, le président a expliqué que « parfois il est nécessaire d'avoir une nouvelle perspective » et ajouté que M. Bob Gates apporterait cette nouvelle vision.
« Après une série de discussions approfondies, le ministre Rumsfeld et moi-même avons maintenant conclu que le moment d'une nouvelle direction au Pentagone était venu », a-t-il précisé.
Il a promis d'écouter ce que les démocrates avaient à dire à propos de l'Irak et indiqué attendre avec impatience les recommandations du rapport qui doit être rendu public avant la fin de 2006 par le Groupe d'étude sur l'Irak coprésidé par l'ancien secrétaire d'État James Baker et l'ancien député Lee Hamilton.
Il a dit avoir téléphoné aux chefs de file démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat et les avoir invités à la Maison-Blanche pour évoquer les lois encore à l'étude pour 2006 et l'ordre du jour parlementaire pour 2007. Il a également affirmé avoir l'intention de travailler avec le nouveau Congrès dans un esprit bipartite afin de régler les questions qui importent au pays, entre autres le salaire minimum, les programmes sociaux, l'éducation et la réforme de l'immigration.
« En mettant ces élections et les luttes partisanes derrière nous, nous pouvons inaugurer une nouvelle ère de coopération et faire de ces deux années à venir une période productive pour le peuple américain », a-t-il dit en conclusion.
Le chef de file démocrate au Congrès promet sa collaboration
Le 8 novembre, la députée Nancy Pelosi, démocrate de Californie qui devrait devenir la présidente de la Chambre des représentants dans le sillage de la victoire électorale de son parti, a affirmé aux journalistes que les démocrates étaient attachés à une collaboration avec la Maison-Blanche de façon à pouvoir imprimer une nouvelle direction à la stratégie en Irak et adopter tout un éventail de réformes au plan national.
Les parlementaires qui seront nommés en tant que chefs de file assumeront officiellement leurs fonctions lorsque le 110e Congrès commencera ses travaux.
« Hier, la beauté et le génie de notre démocratie ont été consacrés. Le peuple américain a fait entendre sa voix par ses votes. Il a parlé en faveur du changement ; il a parlé en faveur d'une nouvelle direction pour tous les Américains », a déclaré Mme Pelosi, s'engageant à faire preuve de courtoisie et d'esprit bipartite au nom de son parti, et également à collaborer avec le président Bush et les parlementaires républicains.
Mme Pelosi est membre de la Chambre des représentants depuis 1987 et chef de file des démocrates à la Chambre depuis 2002. Elle est la première femme de l'histoire des États-Unis à être à la tête d'un grand parti au Congrès et sera la première femme à présider la Chambre des représentants si c'est elle qui est choisie. La présidence de la Chambre est une fonction très importante : elle contrôle l'ordre du jour législatif et son titulaire se place juste derrière le vice-président dans la ligne de succession à la présidence.
En ce qui concerne l'Irak, les électeurs américains ont envoyé un message sans ambiguïté à Washington : leur désir de voir les démocrates et les républicains travailler ensemble dans un esprit bipartite pour dire clairement au gouvernement et au peuple irakiens qu'il leur faut désarmer les milices, poursuivre les réformes constitutionnelles mises en ouvre et accélérer l'engagement avec leurs voisins afin de promouvoir la stabilité et la reconstruction.
Elle a ajouté que pour aider le peuple irakien à renforcer sa nouvelle démocratie, les démocrates seraient aussi en faveur d'un redéploiement hors d'Irak des soldats américains qui s'y trouvent actuellement.
« Hier, en votant, le peuple américain a placé sa confiance dans les démocrates. Nous honorerons cette confiance. Le peuple ne sera pas déçu », a affirmé Mme Pelosi.