Bruxelles propose la tenue d'un sommet d'urgence avec Alger et Rabat pour contrôler l'immigration
En réponse aux événements de Ceuta et de Melilla, l'Union européenne a choisi d'afficher, mercredi 12 octobre, sa volonté de se mobiliser pour tenter d'enrayer l'afflux d'immigrants qui se pressent à ses portes. Les graves incidents survenus dans les deux enclaves espagnoles du Maroc, venant après les arrivées massives de bateaux de réfugiés à Malte et en Sicile, ont fait l'effet de révélateurs. "Il est urgent d'agir" , a affirmé le commissaire européen chargé du dossier justice, liberté et sécurité, Franco Frattini, afin d'éviter de nouveaux drames et d'assurer une meilleure gestion des flux migratoires.
Cette urgence a été démontrée, selon lui, par les experts envoyés par la Commission à Ceuta et à Melilla pour évaluer la situation. M. Frattini a rendu compte de leur mission devant les ministres européens de l'intérieur réunis à Luxembourg, en l'absence remarquée de Nicolas Sarkozy, retenu à Paris par le conseil des ministres, et de ses homologues de Rome et de Madrid. Les ministres ont apporté au commissaire européen le soutien politique "franc et massif" que celui-ci avait demandé aux 25 gouvernements de l'Union pour donner plus d'ampleur et plus de force à l'action de la Commission.
M. Frattini a attiré l'attention des ministres sur la "poussée" de la pression migratoire en direction de l'Europe via le Maroc. "Rien ne permet de s'attendre à une baisse de cette pression à court terme" , leur a-t-il dit, en indiquant que, selon ses informations, environ 20 000 immigrants attendaient en Algérie de commencer leur voyage vers le Maroc, puis vers les deux enclaves espagnoles, tandis que 10 000 autres auraient déjà gagné le Maroc.
Le commissaire européen a proposé d'augmenter l'aide financière de l'Union au Maroc pour lui permettre de mieux contrôler ses frontières sud et est. Il a également suggéré d'accroître l'assistance technique afin d'améliorer la formation des gardes-frontières et de renforcer la lutte contre les trafics d'êtres humains. M. Frattini a plaidé pour une intensification du dialogue et de la coopération avec le Maroc, mais aussi avec l'Algérie, appelant à l'organisation d'un sommet entre l'UE et les deux pays avant la fin de l'année. Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Antonio Gutteres, qui était l'invité des 25, a rappelé que "tout le monde doit être traité de façon humaine" . "L'Europe est un continent d'asile et doit le rester" , a-t-il affirmé. Le HCR avait appelé, la veille, au respect des procédures d'asile.
Le même jour, à Bruxelles, dans une perspective à plus long terme, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a présenté, en compagnie du président de la Commission de l'Union africaine (UA), l'ancien président du Mali Alpha Omar Konaré, un plan de "partenariat stratégique pour la sécurité et le développement" entre l'UE et l'Afrique. "Le problème de l'immigration, dont nous voyons les conséquences dramatiques, ne peut être résolu efficacement à long terme que dans le cadre d'une coopération au développement ambitieuse et coordonnée permettant de s'attaquer à ses causes profondes", a déclaré M. Barroso.
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