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Bravo MR CHAVEZ
M
15 août 2005 19:30
J ai bcp de respect pour Le President CHAVEZ pour plusieur raison
et la confirmation est venue mntenant ce Mosieur a au moins le COurage de dire a ce Bo30 de Bush qu il va couper le robinet du petrol qui va vers les US..voir l article
[www.aljazeera.net]




J ai vu Mr Chavez par Hasard en Inde le Mois de Mars dernier j etais dans le meme Hotel quand soudainement j apercois Mr Chavez arrivant avec des Body Guard, il est sympa et relax
Imaginez vous si les saoudiens feront la meme chose...

Mes respects Pour ce Monsieur, AHHHH
Mr Chavez si vous lisez ce Message je veut vous poser une question:

si vous etes une fois au Maroc, est ce que je peut vous offrire kelke chose a bore?

Merci Mr Le president
m
15 août 2005 19:55
on aura tt entendu
t
15 août 2005 21:29
Mais il parle bcp, comme pendant les années 70.
A
16 août 2005 10:31
Chavez est bien le seul président qui peut se vanter d'être aimé par la plus grande majorité de son peuple, c'est un vrai humaniste lui !
w
17 août 2005 13:23
tout ceux qui s oppose a bush sont mes amis.

lol

il a meme offert de soigner les americain qui n ont plus de couverture sociale.
avec la complicité de castro
M
17 août 2005 14:23
Pour ceux qui veulent connaître le Venézuéla et son processus bolivarien (nom donné au programme politique de Chavez), je leur conseille le dernier livre de Maurice Lemoine CHAVEZ PRESIDENTE publié chez Flammarion!


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QQ docs

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Chavez Presidente !

Entretien avec Maurice Lemoine, rédacteur en chef adjoint du Monde diplomatique, spécialiste de l’Amérique Latine et auteur de Chavez Presidente ! (aux éditions Flammarion)
Chávez presidente ! est un roman d’espionnage qui constitue à la fois une chronique du coup d’Etat contre le président vénézuélien Hugo Chavez en 2002 et une mise au jour des mécanismes des jeux de pouvoirs internationaux.

[www.la-bas.org]

[www.la-bas.org]

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Conférence de Maurice Lemoine intitulé « Venezuela : Médias putschistes »

la conférence

[risal.collectifs.net]

le débat

[risal.collectifs.net]

[risal.collectifs.net]

(En référence au coup d'état de 2002 perpétré contre Chavez...avec le soutien de la CIA et des USA....les seuls à avoir soutenus la dictature de Pedro Carmona les 12 et 13 avril 2002)....







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Alain Lipietz raconte ses impressions au sujet de l'opposition Vénézuélienne, de Chavez et du processus bolivarien (nom du projet politique de Chavez)

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Alain Liepietz raconte


Une semaine à Caracas


Dimanche 13 février 2005

La semaine que je viens de passer à la tête de la délégation des députés européens, à Caracas, aura été extrêmement intéressante. Elle permettra, j’espère, de clarifier le point de vue de l’Europe sur la situation réelle au Venezuela et l’adhésion populaire au gouvernement Chavez. Elle aura, hélas, été endeuillée par les terribles pluies qui, une nouvelle fois, se sont abattues sur le Venezuela.

Dès que l’avion, lundi, troue les nuages au dessus de l’aéroport de Caracas, sur la côte, je vois par les hublots la mer, ocre, jusqu’à des centaines de mètres du rivage. Au pied des falaises, comme loin au large des cônes de déjection et des estuaires des torrents : la boue. Tout de suite, je pense aux événements de 99, quand des pluies persistantes avaient jeté des torrents de boue sur les habitations informelles, tuant des dizaines de milliers de personnes. Nous devons justement visiter les efforts de l’Union européenne pour reconstruire toute cette zone de la ville de Vargas, au bord de la mer.

Le représentant permanent de l’Union européenne au Venezuela, Cesare de Montis, vient nous chercher à l’aéroport. Nous prenons l’autoroute qui, à travers la chaîne de montagne côtière, rallie Caracas, un peu à l’intérieur des terres. L’autoroute est transformée en patinoire par la pluie. Et pourtant, nous sommes en saison sèche !

Ces pluies perturberont tout notre séjour. Dès mardi midi, Cesare m’informe qu’il a mis en état de pré-alerte Echo, le système de secours aux catastrophes de l’Union. Déjà les autorités vénézueliennes sont sur les dents. Déjà, on s’active à évacuer les habitations les plus menacées, fermer les routes les plus exposées. Les classes sont suspendues jusqu’à la fin de la semaine.

Nous pouvons ainsi mesurer les progrès accomplis au Venezuela depuis la catastrophe de 1999. À un premier niveau, les précautions et secours d’urgence (certains villages isolés doivent être évacués par hélicoptère) semblent fonctionner cette fois correctement. Il n’y aura en réalité qu’une vingtaine de morts au total, sur l’ensemble du territoire : une mini-tragédie que les nouveaux standards établis par le tsunami relègueront très loin dans la conscience mondiale, mais les dégâts resteront considérables.

C’est qu’à un second niveau, les réaménagements urbanistiques de Caracas, de ses banlieues, de toutes les villes côtières, n’ont guère évolué en cinq ans. La catastrophe n’est pas seulement un phénomène météorologique : son impact sur la société vénézuelienne traduit des décennies de laxisme en matière d’urbanisme et de déforestation des pentes, et surtout, l’épouvantable prolifération des bidonvilles accrochés au flancs des montagnes. Pour y remédier, il faudra une génération et une profonde réforme sociale.



Mais à un troisième niveau de prévention, encore plus profond, la lutte contre l’effet de serre, le Venezuela a fait ce qu’il fallait faire : il a ratifié le protocole de Kyoto ! Et pour le moment, il est bien le seul, parmi les grands pays exportateurs de pétrole. En 1999, je m’étais un peu accroché avec Grisanti, l’ambassadeur du Venezuela auprès de l’Union. En fait, c’est tout récemment que le Venezuela a changé de position et adopté, sans doute instruit par ses propres problèmes, une position favorable à la lutte mondiale contre le changement climatique.

Lors de ma précédente rencontre avec le Président Chavez, en mai 2003, je m’en étais déjà entretenu avec lui. Parce que le Venezuela est à la fois un grand exportateur de pétrole et la première des grandes victimes du changement climatique, avec en fait toutes les Caraïbes et comme toutes les régions côtières tropicales, il peut jouer un rôle-charnière entre le nord et le sud, aux côtés de l’UE, dans la lutte globale contre le changement climatique. Même chose d’ailleurs pour la biosécurité : le Venezuela s’es déclaré libre d’OGM : un partenaire idéal pour l’Europe !

Vendredi, à l’issue de cinq heures d’entretien entre Hugo Chavez et la délégation, le Président me prendra à part et m’expliquera : « Nous avons attendu pendant des années que l’OPEP toute entière change de position et se rallie à Kyoto. Et finalement, nous avons décidé de ratifier sans elle. »


A chacune de mes interventions, interviews et conférences de presse, en tant que président de la délégation, je commencerai par exprimer la solidarité de l’Union européenne face à la catastrophe, par féliciter les autorités vénézueliennes pour leurs mesures de précautions immédiates faces aux pluies, et pour la ratification de Kyoto. Mais en ce qui concerne le deuxième niveau (la réorganisation du territoire), il me faudra attendre le vendredi soir, lors d’un dîner amical chez le très sympathique ambassadeur de France, Pierre-Jean Vandoorne, pour rencontrer un ingénieur et ex-ministre de la technologie, Carlos Genatios, qui m’expliquera les fautes commises par la Corpovargas, l’institution chargée de la reconstruction après le désastre de 99. La Corpovargas, toujours dirigée par un général ayant participé au Golpe (le coup d’Etat de 2002 contre Chavez), n’a en effet pas tenu compte de toutes les recommandations essentielles sur la reconstruction, la mise en place des barrages, des canaux d’évacuation des eaux...

Bon, je reviendrai sur les pluies à la fin de ce blog, car il faut en venir à l’objet premier de notre visite, qui était bien entendu de nous faire une idée de la situation politique au Venezuela. Je rappelle les enjeux : élus puis ré-élus en 1999 et 2000, le président Hugo Chavez et sa majorité « bolivarienne » ont lancé le Venezuela dans une sorte de révolution démocratique sans la bourgeoisie, et même contre les élites locales. La haine contre ce métis qui n’est pas issu de leurs rangs a très rapidement fait flamber l’opposition des couches supérieures et moyennes, y compris du personnel politique et académique, même de gauche. Toutefois, comme les journalistes européens les plus honnêtes l’avaient observé (je pense à la correspondante du Monde, l’excellente Marie Delcas), et comme j’avais pu m’en rendre compte lors de ma dernière visite, Chavez n’a jamais perdu le soutien populaire, ni même le soutien des travailleurs qualifiés du service public. Ce soutien lui a permis de déjouer le coup d’état militaire - le golpe - qui, en 2002, a porté au pouvoir pendant deux jours Carmona, le président de la Fedecamaras (la chambre de commerce et d’industrie). En 2002-2003, l’opposition, jouant son va-tout contre l’intérêt même du peuple vénézuelien, s’était engagée dans une grève terrible de l’industrie pétrolière, achevant ainsi de se déconsidérer. Elle a obtenu néanmoins une médiation de l’Organisation des États Américains (OEA). La médiation a débouché sur l’engagement de mettre en oeuvre une particularité intéressante de la constitution « bolivarienne » que le pouvoir avait lui-même fait adopter : la possibilité d’un referendum révocatoire à mi-mandat. C’est ce referendum que le pouvoir n’a pas hésité à organiser, le 15 août dernier. Il a tourné au triomphe de la majorité de 99-2000. Dans la foulée, des élections locales ont fait basculer toutes les régions, sauf deux, dans l’escarcelle de la majorité chaviste, ainsi que de nombreuses municipalités, y compris celle du Grand Caracas, dont la police avait joué un certain rôle dans les troubles événements de 2002.

Pourtant l’opposition politique ne désarme pas. Appuyée par les médias locaux, et en particulier les chaînes de télévision privées (toutefois un peu moins hystériques qu’il y a 2 ans), elle continue à présenter le Venezuela comme une dictature sanguinaire s’appuyant sur une fraude massive, bien que la fondation Jimmy Carter et l’OEA elle-même aient reconnu le caractère indiscutable des résultats électoraux de 2004.

Au sein de la délégation, évidemment, chacun arrivait avec ses idées arrêtées : « pro-chavistes » plus ou moins critiques pour Sahra Wagenknecht (de la GUE) et moi, qui avions suivi les évènements sur le terrain depuis 2003, « pro-opposition » pour la droite (PPE et libéraux-démocrates). Entre les deux, les socialistes européens, qui avaient, pendant les « événements », suivi l’analyse de leur contrepartie vénézuelienne, Action démocratique (AD), membre de l’Internationale socialiste, et avaient donc appuyé l’opposition.

Très vite, en fait dès le petit déjeuner que nous prenons le mercredi matin avec les ambassadeurs européens, les choses se clarifient. Les ambassadeurs de l’Union sont unanimes : « Même si on n’aime pas ce type, populiste, gauchiste, il faut reconnaître que la majorité du peuple est avec lui. Son gouvernement est légal et légitime. Malgré le golpe, il n’y a aucun prisonnier politique dans ce pays. Les élections ont clarifié les choses. D’après nos observations, elles étaient correctes. L’opposition est totalement divisée, éclatée, discréditée, sans projet. Donc il est là jusqu’à la fin de son mandat et sans doute le suivant. Les affaires, on les traite avec lui. »


Je m’attendais à ce que la droite de ma délégation attaque sur trois fronts : la question des droits de l’Homme, la question du respect de la propriété (face aux expropriations de la réforme agraire), la question de la présence des FARC au Venezuela.

Très vite il apparaît qu’aussi bien les ambassadeurs des gouvernements de droite que la droite de la délégation mettent l’accent sur ce troisième thème. L’actualité s’y prête : il y a quelques semaines, les services secrets colombiens ont arrêté, en territoire vénézuelien, un second couteau des FARC, Granda. D’où un incident diplomatique majeur, les uns et les autres jetant de l’huile sur le feu. Pour les États-unis et notamment pour Condoleezza Rice, (qui vient de traiter Chavez de « facteur négatif pour la région »), c’est la preuve en tout cas que le Venezuela abrite les infrastructures du terrorisme sud-américain !

Nos ambassadeurs, avec plus ou moins de force, contestent cette version des faits (particulièrement l’ambassadrice d’Autriche, auparavant en poste en Equateur). Granda est un petit poisson. Le passage par la forêt vénézuelienne de guerilleros colombiens (de tous bords : FARC ou para-militaires) est inévitable, comme il est inévitable en Equateur. Il est sûr en tout cas que le Venezuela consacre plus de troupes que la Colombie à garder sa frontière.

Je partage tout à fait cet avis, et ne manquerai pas de le répercuter à la presse. J’en profite pour glisser un nouveau message aux FARC leur demandant de libérer unilatéralement Ingrid et les autres comme signe de leur volonté de négocier.

Tout au long de la semaine, nous aurons l’occasion de vérifier auprès des forces sociales ce changement de climat. Bien entendu c’est le cas avec les syndicalistes de l’UNeTe, sortis du syndicalisme « jaune » CVT, qui avait appuyé l’opposition. C’est le cas avec les paysans et les éleveurs de la FEGAVEN, qui appuient la réforme agraire. Tous nous disent : « On en avait assez de voir nos « gremios » (représentation syndicale jouant un rôle de corporation) se transformer en parti politique pro-patronal. Nous, nous répondons en tant que classe ». Mais c’est aussi le cas, beaucoup plus surprenant, avec la Fedecamaras. La présidente, Alvis Muñoz, nous explique : « En 2003 et 2004, l’instabilité politique a provoqué une récession économique. Grâce aux deux élections de 2004, la stabilité politique est revenue, et avec elle, la croissance ». Bref, les travailleurs se sont doté de syndicats plus authentiques et plus en ligne avec l’opinion pro-chaviste de leurs adhérents. Et le patronat enregistre la réalité du rapport de force !

Mais quand je titille la présidente Muñoz sur le passé, elle déploie un rideau de fumée. « Je comprends, dis-je, ce couplage entre situation politique et situation économique. Mais pourtant c’est bien vous qui avez participé au coup d’état, portant au pouvoir pendant deux jours le dictateur Carmona, qui était votre président, et qui a aboli, immédiatement, toutes les loi votées depuis 1999 et suspendu toutes les institutions de la République. Et c’est bien vous qui avez organisé la grève patronale de l’hiver 2002-03 ! » Elle me répond : « Oh, n’exagérons rien, il y avait vacance du pouvoir. Ce ne fut pas un golpe ! »

Nous retrouverons cette dénégation pendant tout notre séjour : il n’y a pas eu de coup d’Etat ! Pourtant, pendant deux jours, nous avons vu Chavez en prison sous la garde des soldats, un dictateur s’est installé dans son palais, toute la bonne société oppositionnelle est venu s’y montrer et a signé un Livre d’Or, et cette éphémère dictature a obtenu l’appui public des Etats-unis et de l’Espagnol Aznar qui occupait pourtant la présidence de l’Union européenne ! C’est pourquoi, durant tout le séjour, je rappellerai que l’Union européenne n’a jamais entériné le golpe et ne pourra jamais accepter l’impunité pour les auteurs de ce coup d’Etat. Je vise directement une demande du National Security Council des Etats-unis, qui a exercé des pressions (relayées par certains ambassadeurs) sur la délégation permanente de l’Union européenne, nous demandant de recevoir l’une des principales animatrice du golpe, actuellement inculpée ! Je fais répondre par la délégation de l’UE qu’il est hors de question que le Parlement européen mette en valeur une personne auteure d’un putsch, et que de toutes façons, nous n’avons pas d’ordre à recevoir des Etats-unis.

Dans notre petit groupe, le conseiller de la droite pour les questions d’Amérique latine, Juan Salafranca, se démène pour nous faire recevoir les représentants de l’opposition. Ces auditions tournent à la débandade. Le premier, Milos Alcalaye, ambassadeur à l’ONU, avait reconnu le « président Carmona », puis il avait demandé pardon à genoux à Chavez, qui l’avait laissé en poste. Là, il vient de démissionner, et dénonce pêle-mêle, avec des trémolos dans la voix, la politisation de la carrière diplomatique (je décode : on m’a refusé un poste que je guignais) et le « régime à la Kim Il Song » que le pouvoir entretient à travers les médias, emprisonnant et torturant les prisonniers politiques, fraudant aux élections, ce qui empêche sa dignité d’assumer plus longtemps son poste d’ambassadeur.

Inutile de dire que ces excès ne convainquent personne dans notre petite troupe. Notre vice-président, l’excellent Fernando Fernandez, du PPE, s’est personnellement démarqué auprès de moi de l’initiative de son collaborateur. Le vendredi matin, nous rencontrerons au petit déjeuner tous les leaders de l’opposition. Ils nous tiendront un seul discours : « La composition de la commission chargée de contrôler les élections n’étant pas équilibrée, il y a forcément eu fraude. Ce gouvernement ne respecte même pas la légalité démocratique. »

C’est avec une certaine déception que j’entends en particulier Felipe Mujica, le secrétaire du MAS (l’ex-gauche socialiste vénézuelienne) nous tenir ce discours. Je leur réponds calmement qu’en France, ce sont les préfets qui organisent les élections, sous le contrôle d’un Conseil constitutionnel dont les membres sont nommés par les Présidents de la République, de l’Assemblée nationale, du Sénat, qui appartiennent tous au même parti. À noter toutefois que Mujica (ou un autre ?) nous certifie que tous les partis ici présents ont dénoncé le golpe. Effrayant et pieux mensonge. Sans rire, je m’engage à en informer l’Europe...

Dans leur discours paranoïaque, ces opposants nous disent : « Peut-être ne serons-nous plus là quand vous reviendrez la prochaine fois. Ici, on emprisonne et on torture l’opposition politique. » Je leur déclare très solennellement que les participants de ce petit déjeuner sont dorénavant sacrés pour nous et que nous veillerons à leur sécurité. Je leur propose - puisque nous voyons le président Chavez à onze heures- de nous envoyer la liste des prisonniers politiques : nous en ferons l’essentiel de notre conversation avec Chavez. Panique parmi les opposants : « Le pouvoir dit qu’il n’y a pas de prisonniers politiques, simplement il y a des politiques prisonniers ! » (J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’une phrase ironique de l’ambassadeur de France, qui leur avait fait remarquer qu’en France aussi, il y a, il y a eu et il y aura, des politiques prisonniers : Carignon, Noir, etc. ). Je leur propose : « Eh bien, envoyez nous un fax avec la liste de ces politiques prisonniers... pour des raisons politiques ». Ce fax, bien sûr, n’arrivera jamais.

Même dénégation auprès de la conférence épiscopale. L’Église, contrairement à l’Église chilienne, n’a pas condamné le golpe, même après coup. Les prélats m’accueillent gentiment en me parlant dialogue et réconciliation. Je saisis la balle au bond et leur tiens un petit discours que j’espère consensuel sur la nécessité (exemple sud-africain de la commission Desmond Tutu aidant) d’établir la vérité, et de condamner les faits répréhensibles que sont les coups d’États, avant de passer au nécessaire pardon. Nous nous quittons sur le vœu de travailler tous ensemble contre la pauvreté...

Cette question des droits de l’Homme est pourtant une véritable question, mais elle n’est pas là où l’opposition la pose. Nous recevons Provea et Justice et Paix, deux organisations des droits de l’homme, qui nous ouvrent les yeux sur les vrais problèmes. Provea est une grande ONG subventionnée par les Églises et par l’Union européenne. Elle publie tous les ans un épais pavé sur la situation des droits de l’homme, accompagné d’un résumé sur une grande feuille. D’abord, chose remarquable, ils partent de la liste complète des droits de l’Homme, droit à la santé, droit au logement, droit à l’éducation, etc. Ils notent, pour les droits dits « sociaux », de véritables progrès depuis quelques années, en particulier depuis la mise en place des « missions », mi-tiers secteur mi-services publics, ouvertes aux volontaires et aux coopérants cubains, un peu improvisées, que le gouvernement chaviste met en place dans les bidonvilles pour y apporter soins sanitaires, alphabétisation et éducation.

Mais le vrai problème, c’est bien le droit à l’intégrité physique et le droit à la vie. Les assassinats augmentent en flèche depuis quelques années. Une bonne partie de ceux-ci sont le fait des policiers (appartenant à des polices municipales, régionales ou fédérales) qui bénéficient d’une totale impunité. Impunité si établie que certains policiers louent leur qualification comme tueurs à gage, en dehors des heures de travail. Un de nos députés demande : « Mais ces assassinats ont-ils un caractère politique ? - Mais bien sûr qu’ils ont un caractère politique ! Regardez : les victimes sont des garçons de 15 à 20 ans, chômeurs, bruns de peau, des quartiers populaires, assassinés le samedi. Ici, on tue les jeunes chômeurs sous prétexte d’éliminer la délinquance et les trafics de drogue, ou plutôt de régler des comptes entre traficants de drogue ».

Nous poserons la question au président Chavez lui-même, et je la reposerai au président de l’Assemblée Nationale, Nicolas Maduro : le Venezuela ne peut tolérer une telle forme d’impunité dans la violence extra-légale. Le président de l’Assemblée m’affirme sa volonté de s’en occuper sérieusement dès cette année. Mais le problème n’est pas simple. Selon lui, sur les dix mille policiers municipaux du Grand Caracas, trois mille devraient être licenciés. Mais ce serait mettre trois mille personnes entraînées sur le marché du crime !

De la même façon, nous rencontrons le président du tribunal suprême de justice (dont les différentes chambres combinent les responsabilités des différentes instances suprêmes de notre droit pénal, civil et administratif), Omar Mora Diaz Il nous peint l’état déplorable de la justice vénézuelienne, l’absence de formation des juges, leur corruption. Les juges corrompus ont été licenciés, mais on n’a pas pu en embaucher de nouveaux, faute de personnes compétentes. Il nous explique qu’un accord a été passé avec l’école de la magistrature de Bordeaux et avec celle de Barcelone pour ouvrir enfin au Venezuela une filière de formation des juges.

Je profite de son topo pour lire en diagonale la Constitution bolivarienne qui joue ici le rôle du petit Livre Rouge du Président Mao. Je rigole en douce : ce texte, nouvelle bible du tiers-mondisme, met Dieu dès la première ligne de son préambule et grave dans le marbre des objectifs de la Banque centrale un monétarisme encore plus rigoureux que le TCE ! Et pourtant, cette Constitution, qui se gargarise de « souveraineté », se déclare prête à abandonner le Bolivar au profit d’une monnaie unique sud-américaine.


Ce qui nous amène au troisième grand thème de notre visite, la construction de la Communauté Sud-américaine des Nations (CSAN). Avec le vice-président José Vicente Rangel, avec le ministre des relations extérieures Ali Rodriguez , avec mes amis chavistes, et bien sûr avec le président Chavez qui nous reçoit enfin le vendredi pendant cinq heures d’affilée, c’est bien sûr ma grande préoccupation, dans la foulée de Cuzco et de Porto Alegre. De toutes ces discussions résultent une certitude et deux fortes hypothèses.

La certitude : cette histoire de Communauté sud-américaine des nations est extrêmement importante aux yeux des Vénézueliens, mais pour l’instant c’est une totale improvisation. Le débat sur « où est-ce qu’on va ? » avancera sûrement beaucoup cette année 2005, notamment avec les rencontres du Parlatino et du Parlement andin. Mais pour le moment, il n’existe pas de doctrine solide face à l’attitude des Etats-unis qui multiplient les traités de libre-échange bilatéraux. Pour le président Chavez, une course à mort est engagée entre les Sud-américains et les Etats-Unis, qui chercheront par tous les moyens à empêcher cette union, selon d’ailleurs la vieille prophétie de Simon Bolivar.

Première impression forte : Hugo Chavez semble avoir fait une croix sur la Communauté Andine des Nations (CAN). Dès le mois de décembre 2004, parallèlement à la création de la Communauté sud-américaine des nations, le Venezuela est devenu membre associé du Mercosur. Il semble que le Mercosur soit appelé à devenir la structure commerciale de la CSAN. Ce qui serait embêtant, car les institutions de la Communauté andine sont nettement plus intéressantes. Enfin, nous verrons : à partir du 1er juillet, le Venezuela assumera pour un an la présidence de la CAN, et probablement Chavez ne manquera pas, alors, de lui redonner toute son importance.

Deuxième impression forte : même pour Chavez, la Communauté sud-américaine des nations ressemble beaucoup plus à la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) qu’à l’Union européenne. Il nous parle avec abondance des projets de coopération pour le développement des infrastructures, des échanges « bétail contre pétrole » entre l’Argentine et le Venezuela etc. Autrement dit, sa position est sur le fond assez peu différente de celle de Lula et de Marco Aurelio Garcia. La différence, c’est qu’il insiste sur la mise en place d’un fonds d’appui aux pays pauvres de la communauté, la Bolivie, la Guyana, le Surinam. Enfin... il dit que le Venezuela est prêt à y mettre « une centaine de millions de dollars » (l’UE a offert 90 millions d’Euros à la seule CorpoVargas...)

L’expérience d’une entrevue en groupe avec Hugo Chavez est un véritable spectacle ! Très différent de la discussion en tête à tête que j’avais pu avoir avec un homme attentif, il y a un an et demi dans son avion particulier. En représentation, Chavez est intarissable, passe du coq à l’âne et de digression en digression, sans qu’on puisse facilement distinguer le message essentiel. Il en ressort plutôt une sorte d’impression générale (bien sûr très utile) sur ses intentions et son évolution idéologique. Mais quel phénomène !


Toute différente encore, mais toute aussi intéressante, est l’expérience de Tele-Vive. Il y a un an et demi, j’avais fait la connaissance de Blanca et de Thierry, qui animaient une télévision communautaire. Aujourd’hui, ils animent une nouvelle chaîne de télévision publique, largement dédiée à la diffusion de la production nationale et communautaire. On peut imaginer ce que serait une chaîne ne passant que « Les gens d’ici », des reportages de FR3 régionale, des archives de l’INA... Mais Tele Vive, c’est aussi une école de formation. Les journalistes sont extrèmement jeunes, ils ont été recrutés directement dans les communautés, parmi les personnes intéressées par les premières émissions, et ils se forment sur le tas.

Blanca est venue présenter à notre délégation le travail de Tele Vive. Avec elle, Thierry et Maximilien, un ami « bolivarien », nous (c’est à dire Gaby, la conseillère du groupe Vert pour les questions de commerce international et moi), sommes ensuite allés dîner. Ils nous ont expliqué les difficultés qui attendent le pouvoir bolivarien après l’écrasante victoire de 2004. Les contradictions se développent déjà entre les jeunes militants et les travailleurs qui multiplient les initiatives conformes au discours officiel, et les notables élus qui freinent déjà des quatre fers.

Ils nous ont invités, Gaby et moi (les autres membre de la délégation sont repartis la veille), à visiter leur chaîne samedi matin. Dans un grand bâtiment moderne super bien équipé, nous voyons des jeunes manipuler, sur des Mac G5 flambants neufs, les logiciels les plus perfectionnés (Final Cut Pro HD...). Thierry nous explique que ces jeunes journalistes sont venus des quartiers pauvres, ont une culture du dialogue direct avec les gens, très différente de celle des journalistes sortis des écoles. Ils discutent avec leurs « sujets » avant de les interviewer, leur laissent la parole sans chercher à placer à tout prix leurs questions arrogantes et leur point de vue.



Un jeune nous montre son reportage sur la lutte de la Venepal (une entreprise de papier tombée en faillite, reprise par les travailleurs et partiellement nationalisée). C’est en effet étrange : de longs plans presque fixes sur des travailleurs filmés de trois-quart, toujours en groupe, la seule parole audible étant la leur, sans aucune voix off. Expérience très intéressante, mais peut-être trop systématique : le jeune journaliste nous raconte des incidents significatifs et émouvants qu’il aurait aussi bien pu placer en off dans son reportage.

Mais voilà qu’une équipe va justement interviewer les habitants d’un quartier de Caracas victimes des pluies. Nous les accompagnons. C’est pour nous l’occasion de visiter un bidonville récent, c’est-à-dire pas encore consolidé en briques et en béton. Les cases ne sont que des boîtes sans fenêtres où s’entassent les familles. Bien que cette petite communauté soit perchée sur une colline, elle a quand même été victime des coulées torrentielles : tout au sommet de la colline, une école-mission a une cour bien bétonnée s’ouvrant sur une allée en pente également cimentée : un véritable canon à eau braqué vers le bidonville.


Nous visitons d’abord avec les gens les cabanes endommagées par les coulées torrentielles. Puis les jeunes journalistes donnent longuement la parole aux victimes. Un débat s’installe. « Pourquoi êtes-vous là ? - Nous sommes venus de la campagne il y a quelques années. À cause du chômage, nous ne pouvons plus payer nos loyers, on est venu ici. - Et si on vous demande de partir ? - Non, nous voulons rester, il n’y a qu’à mettre un mur ou une conduite d’évacuation de l’eau. -Et si le président Chavez vous propose d’aller coloniser l’intérieur des terres ? (c’est un des grands projet de Chavez : ré-installer ces chômeurs immigrés de l’intérieur vers la côte, vers de nouveaux axes de développement à l’intérieur du Venezuela, pays quasiment vide). - Nous voulons bien y aller, à condition qu’il y ait des missions pour l’éducation et pour la santé ».

Je contemple ces jeunes journalistes, recueillant avec respect et empathie les idées des masses avec lesquelles ils se confondent. Bien que l’image de Che Guevara soit omniprésente dans leurs bureaux, ils me font beaucoup plus penser aux images d’Epinal de la révolution maoïste...



[lipietz.net]
M
18 août 2005 13:57
M
26 août 2005 03:32
La révolution par la médecine


cuba L’or noir fourni par le Venezuela redonne des couleurs à Fidel Castro. Et le système de santé, fleuron de la révolution, est de nouveau aux avant-postes de l’offensive internationale du régime. Mais dans l’île, où œuvre l’association MediCuba-Suisse, la pénurie de médicaments persiste.

Bernard Perrin
Publié le 25 août 2005

Hugo Chavez, avec son pétrole, et Fidel Castro, avec ses médecins, entendent forger une nouvelle diplomatie révolutionnaire antiaméricaine. Les présidents vénézuélien et cubain ont notamment promis de réaliser six millions d'opérations des yeux sur les dix prochaines années en Amérique latine.

Il vient de fêter ses 79 ans mais il est en pleine forme, il le clame lui-même sur d'immenses panneaux dressés à La Havane: «Vamos bien!» Fidel Castro retrouve une seconde jeunesse révolutionnaire!

Exsangue depuis l'effondrement du bloc soviétique, Cuba semble en effet sortir lentement de sa «période spéciale», qui a mis à rude épreuve, pratiquement à genoux, un peuple pourtant habitué aux privations. C'est que, pour faire face à «l'ogre américain», Fidel Castro peut compter sur un nouvel allié de poids: le Venezuela d'Hugo Chavez, cinquième producteur de pétrole du monde. Chavez, souvent présenté comme le fils spirituel du «barbudo» de La Havane, fournirait en tout cas à l'île 90 000 barils de pétrole par jour. Un soutien, parmi d'autres, qui permet à l'économie cubaine de redécoller un peu.

Vitrine de la révolution, c'est la médecine qui sert plus que jamais d'étendard international à un Fidel Castro revigoré: dans les hôpitaux cubains et vénézuéliens, 600 000 patients d'Amérique latine seront opérés de la vue, notamment de la cataracte chaque année, et ce pendant dix ans. Le Venezuela a d'ores et déjà loué un avion: «Nous irons chercher les patients où il le faudra», a annoncé Hugo Chavez.

Manque de médicaments

Cette offensive médicale est lancée alors que l'Ecole latino-américaine de médecine de La Havane, fondée en 1999, vient de terminer la formation de sa première volée: 1600 docteurs de 28 pays, qui ont été nourris, logés et formés gratuitement pendant six ans. Alors que, parallèlement, quelque 20 000 médecins cubains sont en «missions internationalistes» dans une soixantaine de pays en développement, surtout en Afrique et en Amérique latine.

Cuba exporte sa révolution médicale. Mais n'est-ce pas au détriment des Cubains finalement? «Les chiffres de l'OMS montrent que le taux de mortalité infantile à Cuba est comparable à celui des pays développés. L'espérance de vie y est à un niveau européen. Et, sur l'île, vous trouvez un médecin ou un dispensaire dans un rayon de deux à trois kilomètres. Un luxe, comparé aux autres pays d'Amérique latine!» répond Philippe Sauvin, responsable de l'antenne romande de MediCuba-Suisse, une association qui soutient des projets de santé publique sur l'île depuis 1992.

«Mais l'embargo américain et la «période spéciale» pèsent lourdement sur le système de santé et tout ne marche pas bien, loin s'en faut! Si les soins de base sont assurés, toute la gamme des médicaments n'est pas disponible, faute de devises», poursuit Philippe Sauvin. MediCuba-Suisse soutient donc des projets d'achat de matières premières, afin que Cuba puisse élaborer plus de médicaments sur l'île.

Reste que le contexte global, dans le domaine médical, évolue plutôt positivement aux yeux de Philippe Sauvin: «Plusieurs pays d'Amérique latine ont élu des gouvernements de gauche, qui se préoccupent plus de leurs populations. Cuba peut donc exporter son savoir-faire. Cela redonne un élan à la médecine, et même à l'économie de l'île en général.»


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