Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
La beurette:ce qu'on en pens(ait)e.
28 juin 2012 21:31
La beurette

Marylène Dagouat
Qu'est-ce que c'est, une beurette ? demandera - d'ici à quelques lunes - une petite fille aux yeux noirs, dans un film d'auteur évoquant les années 80. Une spécialité marseillaise ? Une gaufrette bretonne ? L'amie de la crémière ? È La petite aura raison. Quand on aura oublié ce mot qui fleure le gâteau. il en restera quelque chose comme ça: une Française, un produit de la dixième génération.

L'état de beurette est une réalité transitoire. D'ailleurs, elle existe depuis peu. On la rencontre essentiellement dans les barres de banlieue ou au pied des tours. Beurette est une fleur de cité. On la reconna”t à sa chevelure ondulée, à une ribambelle de frères et surs beaucoup plus qu'à la couleur de son teint. Algérienne, marocaine ou tunisienne, elle se définit exclusivement par le fait d'être la fille de ses parents. Qui sont classés à la rubrique "immigrés". Elle, elle est née ici - ou quasi. Elle ne fut, au début que le féminin passif de son frère le petit beur. Il y a bien longtemps qu'elle l'a laissé derrière. Dépassé. Où l'on voit que Beurette n'est pas toujours ce qu'elle nous en laisse croire.

Beurette fait le grand écart. Elle a une double vie. Dehors, elle fait du bruit, rit aux éclats, en perd son maquillage. Rien ne la distingue des autres filles de son âge. Dedans, elle vit souvent l'enfer. Subit la loi du père. Aide sa mère, s'occupe des petits, roule la semoule au lieu de travailler ses maths. Elle doit baisser les yeux, couvrir ses genoux. Sortir de la pièce quand passe un baiser à la télé. Terrible dualité. "Déchirée entre deux cultures", écrivent les journaux.

Beurette est fière et de ce dilemme ne laisse rien paraître. A peine voit-on parfois, dans ses yeux de gazelle, I'éclair d'une détresse. Et pourtant... Elle vit dans la peur d'un mariage forcé, d'une séquestration, d'un retour au pays, d'un passeport déchiré. Elle est à la conjonction de toutes les pressions. Celle d'un père déraciné qui veut d'autant plus affirmer la tradition qu'il la sent menacée. Celle d'un islam rétrograde en voie de radicalisation. Celle du qu'endira-t-on. Celle du grand frère, enfin, dans le rôle du chaperon. C'est lui, souvent le gardien de sa prison. Il la surveille, la gifle, la dénonce. Mais non, Beurette résiste. Beurette positive. Elle biaise, slalome, négocie. Elle en déploie, des ruses, pour quelques bouffées de liberté ! Un chewing-gum mentholé, après une cigarette grillée dans un escalier tagué; une pseudo-visite à la cousine pour voler deux heures de boum; une minijupe planquée dans la cave, enfilée à la hâte. Beurette se serre les coudes avec ses surs, essaie la complicité avec sa mère. Beurette cherche la sortie.

Donc, elle investit l'école. Le lieu de sa respiration. L' alternative à son enfermement. C'est là qu'elle s'initie à sa seconde culture. Elle s'accroche au savoir, acquiert le sens des devoirs. Apprend les vertus de la la•cité sans foulard et l'utilité de la participation. Elle réussit alors mieux que la moyenne. On s'en est étonné: comment fait-elle pour potasser, sans livres, sans chambre à elle, avec des mioches autour et la télé qui pollue ? Surcompensation, ont dit les spécialistes. Puisque Beurette le veut... Vitale motivation. C'est elle qui lit tous les soirs le journal à son père. Qui prend en charge les démarches administratives. C'est encore Beurette, la pionnière, qui fait sauter les verrous, débroussaille le chemin des cadettes, gagne en considération. Et met en péril l'unité du groupe familial. Ses frères, qui ont eu moins d'efforts à fournir - question d'éducation- restent sur le carreau. Chômeurs, premières victimes du racisme et de la drogue. Accrochés à l'arabité comme seul alibi de leur malaise. Jaloux. Elle s'endurcit. Devient déléguée de sa classe ou membre d'une association. Gagne de l'argent.

Il arrive que Beurette, excédée, entre en rupture. Elle fugue. Joue du rap. Conquiert les nuits de Paris. Adopte le hip-hop. Et puis s'égare. Beurette est fragile du coeur. Longtemps exclue de l'univers des hommes, elle ne sait pas, la môme, se conduire avec les garçons. Alors elle fait la bêtise avec le premier qui lui conte fleurette. Il ne lui reste plus qu'à se refaire une virginité. Beurette joue au Lego avec l'identité. Elle suit le ramadan et prend la pilule. Respecte ses parents et cache son petit ami. Elle n'aura que deux enfants. Fille de sa mère et héritière d'un féminisme soft, elle ne jette rien, elle fusionne. Sa troisième voie. C'est sa force.

Car Beurette gagne du terrain. Elle est en trajectoire sociale ascendante. Elle s'approprie les institutions, s'épanouit dans les mairies. Milite dans la politique. On l'a vue souvent, à la télé, réclamer une société plus égalitaire, défendre la citoyenneté. Elle est l'avenir de la démocratie. Ses copains de la Marche des beurs, qui, le 3 décembre 1983, sont partis à l'assaut de la France, se sont égarés dans les impasses du "droit à la différence". Beurette, elle, en silence, trace droit vers la ressemblance.


Source:L'Express: 13 Mai 1993 > La République > La beurette.
[cultura.mit.edu]
X
28 juin 2012 21:44
C'est un prototype de Beurette comme aimerait cette journaliste qu'il en soit fabriqué en série. Ce genre de scories existe bel et bien mais je crois qu'elles sont une minorité. Disons qu'elle a pris là l'exemple de la tendance extrême des Beurettes. Il y a une tendance intermédiaire, assez répandue.

Je vois qu'il s'agit d'un article paru en 1993. C'était le rêve de la marche des beurs, de SOS Racisme. Créer des zombies programmés, lobotomisés. Des hydres qui se rebelleraient contre l'ordre social des grands frères et des parents autoritaires.

Peine perdu.

Cet article est profondément raciste et insultant. Cela me conforte dans l'idée que ceux qui soutiennent les Beurettes naviguent sur l'esquif du racisme "bon-enfant dans la folie des jours de fête".
28 juin 2012 21:54
C'est effectivement des clichés mais ça reste encore l'image qu'on en a en France.Et encore, je ne dis rien sur le beur.
Cf la récente affaire de la Moreno.
28 juin 2012 21:56
Ca me rappelle "Y'a bon, Banania".
X
28 juin 2012 22:04
Que Nadine Pucelle ait le crâne farci de clichés...Ce n'est pas étonnant. Il faut bien que la bouillie grisâtre qu'il recèle soit composée de quelque chose.

Cette" journaliste" vit de ses fantasmes. Cette "Beurette" est née dans profondeur insondable de son ignorance. De pareils cas existent. Mais là je trouve que c'est un peu extrême. En lisant l'article, j'ai immédiatement pensé à Loubna Méliane et à son équipe.

Quoi qu'il en soit, elle nous a bien badigeonnés de mépris, la petite bourgeoise.

J'ai Gouguelé son nom. Apparemment, elle n'a pas laissé de souvenirs impérissables dans le milieu journalistique.

Je suis curieux de savoir comment tu as débusqué cet "article".

[images1.wikia.nocookie.net]



Modifié 2 fois. Dernière modification le 28/06/12 22:12 par Rastapopûlos II.
c
29 juin 2012 08:09
une série de portraits pas si caricaturaux que ça.
même assez pertinents. on a tous reconnu des proches, des amis dans ces personnages fictifs.
K
29 juin 2012 10:28
Un article aussi digne que le sketch film Rai, Le Ciel les oiseaux et Ta mère... Je commence à faire une overdose du mot beurette et de la faire passer pour la victime dans sa prison d'encens. Les premiers à nous prendre pour des marionnettes sont bel et bien les personnes qui voient d'un oeil attendrit la situation de la maghrébine, née ici ou quasi. Ces assistantes sociales et autres intervenantes de planning familial qui prêchent dans les lycées à la recherche de la petite proie à amadouer, afin de la distinguer de ses frangins supposés violents, chômeurs...Laissez-nous nous dépatouiller, nous sommes les plus à même à savoir comment les apprivoiser. Cessez donc de nous faire passer pour les victimes de nos familles, alors que ce qui nous dessert le plus et bien le fait que nous soyons des filles d'immigrées. Comme c'est dur de s'occuper des tâches administratives de la mamma qui ne sait pas lire... Punaise, j'ai failli perdre un bras en remplissant ce formulaire d'impôt !
[center]Moi c'est Khatchi Louisa gui La cOuizine Dihya06, est chez l'IstiticiEnne pour s'ipili les Zyou[/center]
B
29 juin 2012 17:53
Et pour illustré cet article clairement flingué, une image
[www.1divx.com] . Où l'on voit que Causette est heureuse dans sa fugue avec François, un fleuriste, qui lui apporte Félicité et Joie, loin de ces talibans de frères qui lui mettaient des coups de pied au bide après l'avoir copieusement giflé, en déclamant des versets coraniques.

Le taux de répétition de beurette est atroce, cet article a autant de sens en remplaçant ce terme par un instrument de musique aléatoire.

Qu'est-ce que c'est, une Derbouka ? demandera - d'ici à quelques lunes - une petite fille aux yeux noirs, dans un film d'auteur évoquant les années 80. Une spécialité marseillaise ? Une gaufrette bretonne ? L'amie de la crémière ? È La petite aura raison. Quand on aura oublié ce mot qui fleure le gâteau. il en restera quelque chose comme ça: une Française, un produit de la dixième génération.

L'état de Xylophone est une réalité transitoire. D'ailleurs, elle existe depuis peu. On la rencontre essentiellement dans les barres de banlieue ou au pied des tours. Cornemuse est une fleur de cité. On la reconna”t à sa chevelure ondulée, à une ribambelle de frères et surs beaucoup plus qu'à la couleur de son teint. Algérienne, marocaine ou tunisienne, elle se définit exclusivement par le fait d'être la fille de ses parents. Qui sont classés à la rubrique "immigrés". Elle, elle est née ici - ou quasi. Elle ne fut, au début que le féminin passif de son frère le petit beur. Il y a bien longtemps qu'elle l'a laissé derrière. Dépassé. Où l'on voit que Banjo n'est pas toujours ce qu'elle nous en laisse croire.

Oud fait le grand écart. Elle a une double vie. Dehors, elle fait du bruit, rit aux éclats, en perd son maquillage. Rien ne la distingue des autres filles de son âge. Dedans, elle vit souvent l'enfer. Subit la loi du père. Aide sa mère, s'occupe des petits, roule la semoule au lieu de travailler ses maths. Elle doit baisser les yeux, couvrir ses genoux. Sortir de la pièce quand passe un baiser à la télé. Terrible dualité. "Déchirée entre deux cultures", écrivent les journaux.

Contrebasse est fière et de ce dilemme ne laisse rien paraître. A peine voit-on parfois, dans ses yeux de gazelle, I'éclair d'une détresse. Et pourtant... Elle vit dans la peur d'un mariage forcé, d'une séquestration, d'un retour au pays, d'un passeport déchiré. Elle est à la conjonction de toutes les pressions. Celle d'un père déraciné qui veut d'autant plus affirmer la tradition qu'il la sent menacée. Celle d'un islam rétrograde en voie de radicalisation. Celle du qu'endira-t-on. Celle du grand frère, enfin, dans le rôle du chaperon. C'est lui, souvent le gardien de sa prison. Il la surveille, la gifle, la dénonce. Mais non, Violoncelle résiste. Flûte à bec positive. Elle biaise, slalome, négocie. Elle en déploie, des ruses, pour quelques bouffées de liberté ! Un chewing-gum mentholé, après une cigarette grillée dans un escalier tagué; une pseudo-visite à la cousine pour voler deux heures de boum; une minijupe planquée dans la cave, enfilée à la hâte. Harmonica se serre les coudes avec ses surs, essaie la complicité avec sa mère. Saxophone cherche la sortie.

Donc, elle investit l'école. Le lieu de sa respiration. L' alternative à son enfermement. C'est là qu'elle s'initie à sa seconde culture. Elle s'accroche au savoir, acquiert le sens des devoirs. Apprend les vertus de la la•cité sans foulard et l'utilité de la participation. Elle réussit alors mieux que la moyenne. On s'en est étonné: comment fait-elle pour potasser, sans livres, sans chambre à elle, avec des mioches autour et la télé qui pollue ? Surcompensation, ont dit les spécialistes. Puisque Ukulélé le veut... Vitale motivation. C'est elle qui lit tous les soirs le journal à son père. Qui prend en charge les démarches administratives. C'est encore Batterie, la pionnière, qui fait sauter les verrous, débroussaille le chemin des cadettes, gagne en considération. Et met en péril l'unité du groupe familial. Ses frères, qui ont eu moins d'efforts à fournir - question d'éducation- restent sur le carreau. Chômeurs, premières victimes du racisme et de la drogue. Accrochés à l'arabité comme seul alibi de leur malaise. Jaloux. Elle s'endurcit. Devient déléguée de sa classe ou membre d'une association. Gagne de l'argent.

Il arrive que Clarinette, excédée, entre en rupture. Elle fugue. Joue du rap. Conquiert les nuits de Paris. Adopte le hip-hop. Et puis s'égare. Ftute taversière est fragile du coeur. Longtemps exclue de l'univers des hommes, elle ne sait pas, la môme, se conduire avec les garçons. Alors elle fait la bêtise avec le premier qui lui conte fleurette. Il ne lui reste plus qu'à se refaire une virginité. Violon joue au Lego avec l'identité. Elle suit le ramadan et prend la pilule. Respecte ses parents et cache son petit ami. Elle n'aura que deux enfants. Fille de sa mère et héritière d'un féminisme soft, elle ne jette rien, elle fusionne. Sa troisième voie. C'est sa force.

Car Accordéon gagne du terrain. Elle est en trajectoire sociale ascendante. Elle s'approprie les institutions, s'épanouit dans les mairies. Milite dans la politique. On l'a vue souvent, à la télé, réclamer une société plus égalitaire, défendre la citoyenneté. Elle est l'avenir de la démocratie. Ses copains de la Marche des Trombone à coulisse, qui, le 3 décembre 1983, sont partis à l'assaut de la France, se sont égarés dans les impasses du "droit à la différence". , elle, en silence, trace droit vers la ressemblance.
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook