Abdellah Taïa et Frédéric Mitterrand commentent les archives photographiques du Protectorat. «Maroc 1900-1960, un certain regard», paru chez Actes Sud et Malika éditions, présente les trésors du Centre des archives diplomatiques de Nantes. On y découvre des photos, présentées en ordre chronologique, du regard ethnographique à l’instrument de propagande. Portraits, scènes officielles, architecture, monde ouvrier, familles, écoles… le regard des Français a sondé le Maroc pendant soixante ans. Le parti pris de l’ouvrage n’est pourtant pas convaincant : il se veut «un double regard, mêlant histoire et souvenirs, mémoire intime et collective». Et pour ce faire, ce sont Frédéric Mitterrand et Abdellah Taïa, dont les parcours n’ont absolument rien de commun, qui ont été appelés. Deux personnalités médiatiques, dont la première se souvient de son arrivée au Maroc pour quelques mois en 1957, arrivée favorisée par… Oufkir, et la seconde relève «à quel point le Maroc occupe une place particulière dans l’imaginaire français». Presque pas de dates, ni de remise en contexte historique précises mais des impressions, dont certaines virent à l’esthétisme, à la mauvaise conscience de l’ancien colonisateur, à la rêverie romantique… Abdellah Taïa est le plus sincère dans ses aveux de méconnaissance. Et nous fait conclure que ce dont nous avons besoin ce sont de vrais livres d’histoire.