Et si l'Iran était dans le coup ? Trois semaines après la mort à Bassora, en Irak, d'un sergent-chef de 39 ans appartenant au service Action de la DGSE, Le Point a pu avoir accès à des informations sur les circonstances de ce drame. Celles-ci intriguent les services secrets français autant qu'elles les inquiètent.
Le sous-officier se trouvait dans le véhicule de tête d'un convoi de deux 4 x 4 blindés, avec deux hommes en civil à bord de chacun. Ce petit groupe était chargé de la sécurité d'une « antenne consulaire » française à Bassora, qui a été fermée depuis. Lorsque la première voiture s'est présentée à un check-point habituellement tenu par deux policiers en uniforme, renforcés par des miliciens, elle a été stoppée pour ce qui paraissait être un banal contrôle.
Mais deux éléments ont alerté les agents secrets : aucun policier ne se trouvait cette fois avec les miliciens et ces derniers ont exigé que les occu-pants descendent de leurs voitures.
C'est devant leur refus, alors que la portière était ouverte pour la présentation des laissez-passer, que les coups de feu ont claqué. Bien que grièvement blessé aux jambes, le chauffeur a pu faire demi-tour avec le cadavre de son camarade, suivi par la seconde voiture. Les Français n'ont pas riposté et se sont réfugiés dans un poste britannique.
L'enquête des services français n'a pas permis de trancher entre deux hypothèses. La première évoque un accident fortuit, et la DGSE n'y croit pas trop... La seconde est plus préoccupante : on pourrait être en présence d'une tentative d'enlèvement avortée.
On redoute à Paris que, dans cette hypothèse, il s'agisse du premier épisode d'une crise avec Téhéran. Les souvenirs du Beyrouth des années 80 et des enlèvements multiples de Français ne sont pas loin et la DGSE y pense. Elle cherche actuellement à démêler cet écheveau et à comprendre laquelle des cinq milices chiites actives à Bassora (Jaish al-Mahdi, Corps Badr, parti Fadila, Bakyat-Ullah, Taher-Ullah ou éléments armés du Parti islamiste irakien) pourrait être responsable. Elle ne lâchera pas l'affaire