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Banque mondial : « La problématique de croissance au Maroc reste une énigme...
s
27 avril 2006 23:43
Exit les questio ns qui fâchent

« La problématique de croissance au Maroc reste une énigme », le constat peut paraître non scientifique et pourtant il émane de la Banque Mondiale. Dans son dernier mémorandum économique du pays, l'institution de Bretton Woods se pose une multitude de questions sur les difficultés de la croissance marocaine à décoller sans pour autant apporter de réponses significatives. Elle se contente de revenir sur les sempiternels facteurs de blocage effleurant à peine les vraies problématiques qui empêchent le Maroc d'avancer. Le message de la BM contenu dans le dernier rapport est en effet des plus ambigus et le ton, autrefois sans équivoque, devient plus conciliant. « En dépit des réformes engagées, des chantiers d'infrastructure lancés, de la hausse de l'investissement public, d'une situation géographique des plus favorables, la croissance est encore à des niveaux insuffisants pour insuffler la dynamique indispensable à un décollage économique », rapportent les experts de la BM.
Pour eux, quatre défaillances ont été identifiées comme entraves majeures à la croissance : un marché du travail rigide, une politique fiscale créant une charge trop élevée pour les entreprises, un régime de change à parité fixe et un niveau de protectionnisme encore très élevé. Rien de nouveau, en somme.
Manque de flexibilité
Pour la Banque mondiale, et en dépit d'une récente réforme du cadre réglementaire, le marché du travail au Maroc est l'un des plus rigides au monde. « Le Maroc souffre de la peur de l'embauche avec moins de flexibilité que les pays concurrents pour ajuster les coûts », explique le mémorandum. Et le nouveau Code du travail n'arrangera certainement pas les choses. Il implique des coûts de licenciement plutôt élevés avec une moyenne de 83 semaines de travail, soit 19 mois. La banque va plus loin en estimant que l'augmentation de 10% du Smig instituée suite à l'accord du 30 avril 2003 n'a fait qu'affaiblir la compétitivité des entreprises marocaines.
Le système fiscal largement déséquilibré est également pointé du doigt. Avec des impôts directs qui rapportent plus que les impôts indirects alors que la norme, dans une économie de marché, est inversée, le Maroc ne peut pas se payer le luxe de retarder encore plus la réforme fiscale. En 2004, l'IS et l'IGR qui taxent le capital et la main-d'œuvre ont rapporté 36 milliards de Dhs contre 34 seulement pour les impôts indirects dont 25 milliards au titre de la TVA.
Les impôts directs sont non seulement trop dominants mais leurs taux sont jugés trop élevés. Ainsi, pour la BM, le taux correspondant à la tranche marginale de l'IGR (44%) appliqué au Maroc est parmi les 20 plus élevés au monde. Le taux d'imposition des revenus individuels « augmente les charges salariales, décourage l'embauche des travailleurs qualifiés et encourage leur migration », expliquent les experts de la BM.
Concernant le taux de change, le mémorandum de la Banque mondiale estime qu'il est temps que le Maroc bascule vers un taux de change plus flexible. « Il ne s'agit pas de passer à un système flottant mais plutôt de faire les ajustements nécessaires et surtout le plus souvent possible. A commencer par le fait que le dirham s'est apprécié par rapport au dollar de 20% depuis la moitié des années 1990 », estiment-ils. En matière de protectionnisme, la Banque mondiale ne fait pas dans la dentelle : « le Maroc est le 3ème régime le plus restrictif dans le monde ». En clair, l'économie marocaine est surprotégée avec un taux de droits de douane moyen de 52% ! Ce sont donc ces contraintes qui créent un « blocage du processus de transformation structurelle du secteur privé », conduisant à une faible diversification productive, notamment dans les exportations.
Les statistiques de l'Office des changes le prouvent d'ailleurs : depuis 15 ans, elles évoluent moins rapidement que celles des pays concurrents. Entre 2001 et 2004, les exportations marocaines ont progressé en moyenne de 2% par an, contre 29% pour la Roumanie, 25% pour la Turquie ou encore 14% pour l'Egypte et 10% pour la Malaisie. Le manque de diversification est également préjudiciable. Les mêmes produits rapportent depuis plus de 10 ans, 60 milliards de Dhs sur un total de l'ordre de 86 milliards. Des produits d'un bas niveau de sophistication et comportant très peu de valeur ajoutée, constate la BM. La valeur ajoutée était de 17% environ en 2003, contre presque 30% pour la Turquie, 47% pour la Pologne et 65% pour la Hongrie.
Justice défaillante
Oui mais qu'en est-il de la mauvaise gouvernance, de la défaillance du système judiciaire, des pratiques monopolistiques, des situations de rentes, de la corruption ou encore de l'informel largement toléré… Le meilleur baromètre pour jauger l'environnement des affaires reste la Justice. Régulièrement fustigée, la Justice au Maroc, dont la réforme tarde à venir, est épinglée pour son manque d'indépendance. Et pourtant la Banque mondiale n'y fait presque pas ou peu allusion. Instrument juridique de taille dans le processus de répression qui a suivi les événements du 16 mai, la justice marocaine est actuellement l'institution la plus visée par les rapports des instituts internationaux. « Un climat des affaires sain nécessite une justice plus impartiale », estime un opérateur de la place. Les grands procès, n'ayant abouti à aucun résultat, n'ont pas envoyé les bons signaux aux opérateurs économiques qui ont encore le spectre de l'assainissement trop présent dans les esprits.
Assurance-maladie obligatoire, dégraissage de l'administration publique et son impact sur les caisses de retraite, résorption du chômage, le gouvernement a engagé le Maroc dans des dépenses récurrentes sans qu'y soient associées des recettes adéquates, faiblesse de la croissance oblige. Résultat, les prévisions sur le creusement du déficit public sont plutôt alarmistes : « les réformes structurelles entamées aujourd'hui vont-elles créer, demain, les conditions d'une croissance élevée permettant ainsi d'ajuster à l'avenir recettes et dépenses ? », se demande un économiste. Rien n'est moins sûr, « l'informel, toléré par le régime au nom d'une stabilité sociale, fait rage au Maroc », est-il indiqué dans le dernier rapport du Bertelsmann Transformation Index (BTI) pour 2006. Il s'agit d'un classement global qui analyse et évalue la dynamique de 119 pays en transition ou en développement, leur capacité à aller de l'avant avec, comme objectif, d'isoler le caractère de la qualité de gestion du pays.
Equilibre fragile Lutter contre l'informel et générer suffisamment de recettes fiscales pour financer les infrastructures sociales sans pour autant provoquer un déséquilibre social, c'est le défi auquel le Maroc doit faire face. « Les filets sociaux ont été avant tout des filets sécuritaires. Engager des réformes en profondeur, c'est remettre en question ce type d'équilibre », analyse un observateur économiste. Concernant la gouvernance, la Banque Mondiale met en avant un manque de coordination entre ministères, une déperdition de l'information, un processus décisionnel mal défini, la lenteur des réformes en raison de la recherche constante du consensus. La dépendance de l'économie nationale des centres de pouvoir est largement passée sous silence. Séparer la sphère économique du pouvoir politique reste l'un des défis majeurs auxquels doit faire face le Maroc. Le salut ne viendra certainement pas de l'intérieur. Jusqu'à présent la dépendance du capitalisme marocain à l'égard du système trouvait son origine dans le clientélisme ou le mécanisme de rentes que seule permet une économie fermée. Seule la mondialisation pourra y remédier. Et encore, riposte cet économiste : « le système des champions nationaux est assimilé, par les opérateurs économiques nationaux ou internationaux, à une mainmise du Pouvoir sur les secteurs les plus productifs de l'économie marocaine ».
Les solutions proposées ne vont certainement pas dans le sens de la libéralisation de l'initiative privée. « Il faut d'abord un leadership politique des autorités du pays au plus haut niveau, avec un conseil de coordination de haut niveau présidé par l'autorité la plus haute du pays et s'appuyant sur une participation active du secteur privé », précise-t-on dans le rapport.

Fédoua Tounassi

www.lejournal-hebdo.com
s
27 avril 2006 23:49
Taux de change pas adapté, fiscalité à revoir, justice défaillante , secteur informel dominant , maimise de du pouvoir sur l'économie, économie de rente .
Toujours les mêmes causes auquels ne s'attaqueront pas un pouvoir conservateur (conservatisme pour une poignée de privilégié)
O
28 avril 2006 06:52
quand j ai quitte le maroc , j ai vu ces symptomes decrit par l article , apparement 10 ans apres , rien n'a change !

merci pour l article .
 
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