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La banlieue en feu, ce qu'en dit la presse cubaine
M
9 novembre 2005 03:02
Paris en feu



PAR ARSENIO RODRIGUEZ, du quotidien Granma




Une bombe à retardement vient récemment d’éclater en France et elle secoue les fondements sociopolitiques de cette société. Sa conséquence immédiate a été de mettre en lumière une situation que tout le monde connaissait, mais dont personne ne s’est occupée durant des dizaines d’années.

Des images difficiles de concevoir dans une ville comme Paris parviennent à travers les médias et elles justifient le titre de ce commentaire. Un entrepôt brûle au milieu de la capitale française et les flammes se joignent aux lumières de néon pour illuminer une ville connue internationalement comme la ville lumière.

Pendant ce temps dans des communes avoisinantes des véhicules et des établissements sont incendiés. On sait ce qui a mis le feu aux poudres, la mort de deux jeunes immigrés qui ont été électrocutés alors qu’ils tentaient d’échapper à la police.

La réaction aussi, quand des jeunes comme eux, provenant de nombreux endroits de la planète qui sont passés du tiers au premier monde à la recherche d’une vie meilleure, avertissent que l’impunité et le mépris de leurs droits doivent cesser, car ils sont des hommes comme leurs employeurs.

Mais il ne s’agit pas seulement de Paris, d’autres villes françaises connaissent aussi des émeutes qui s’étendent d’une façon dangeureuse, comme l’ont reconnu d’importantes autorités.

Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a déclaré que les problèmes qui ont provoqué ces onze dernières nuits de violence dans les banlieux pauvres ont été « délaissés depuis 30 ans » et qu’il faudra du temps pour les résoudre.

Sarkozy est le même qui a été accusé d’échauffer les esprits des jeunes émigrés, quand il les a qualifié de racaille, une déclaration qui a même provoqué la fureur de divers secteurs français qui ont commencé à exiger la démission de ce haut fonctionnaire français du gouvernement.

Jusqu’à présent on déplore un mort et de nombreux blessés parmi les jeunes frappés par la brutalité policière. Les actions contre des installations augmentent et plus de 3 500 automobiles ont déjà été incendiées dans les premiers jours de novembre.

Les troubles ont lieu autour de Marseille, à Dijon, et même au sud et à l’ouest de la nation européenne. Le ministre de l’Intérieur a fini par modérer son langage, mais peut-être un peu tard.

La possibilité de nouveaux morts est latente. Ce ne sont pas des dizaines d’années, mais des centaines d’années d’exploitation, d’abord dans les pays d’origine, et ensuite dans le « paradis » qu’ils ont pensé rencontrer, où l’on a besoin d’eux, mais où ils sont discriminés et maltraités impunément comme aujourd’hui.

La manière dont on affrontera ce problème déterminera si on arrivera à l’apaisement, ne serait-ce que provisoirement. Est-ce un hasard si cela survient après les incidents à la frontière de l’Espagne avec le Maroc.

Que fuient les marocains et les personnes d’autres nations d’Afrique et d’autres régions du monde ? Quelles sont les causes de leur sous-développement, de leur malnutrition et de leur misère ? Quelles sont les responsabilités des pays riches qui ont été leurs métropoles et qui ont exploité sans limites leurs colonies d’alors ? Les réponses existent, mais beaucoup n’osent pas les poser.

Paris retrouvera peut-être son calme et continuera à éblouir des immigrants qui, inévitablement continueront d’arriver. Ce seront de nouveaux jeunes qui devront affronter de vieux problèmes non résolus. Ce que beaucoup déjà reconnaissent et qui les préoccupe beaucoup c’est que les causes de situations comme celles que vivent actuellement les français, secoueront de nouveau les villes du premier monde riche.

Ce sera peut-être encore à Paris, à Londres, à Rome, ou dans toute grande capitale. Question de temps.



[www.granma.cu]
 
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