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Les sal.auds meurent dans leur lit!
3 janvier 2011 10:13
Les sal.auds meurent dans leur lit!

Nous avons tous fait un jour l'erreur de croire que le démon, celui qui fait du mal et de la haine sa passion et son métier, a un visage hideux, avec un oeil au milieu du front, une grimace à la place de la bouche et le nez en trompe poilue. Comme le souligne Cioran dans Précis de décomposition : "Invoquer le diable, c'est colorer par un reste de théologie une excitation équivoque, que notre fierté refuse d'accepter comme telle." Le démon est une personne ordinaire. Rien de particulier ne s'affiche sur son apparence physique. Il peut être votre collaborateur, votre chef de service , ou simplement votre voisin de palier. Il faut du temps, de l'expérience et le fait d'avoir été une de ses victimes pour déceler dans le fond de ses yeux ce liquide jaunâtre qui trahit la bile que sécrète son âme. La bile qui alimente les manigances en vue de prendre par la force ce qui ne lui appartient pas, pour usurper le travail et le mérite des autres et éclater de rire quand il a triomphé de tout le monde, surtout de la justice et du droit.

Il faut dire que l'imagerie davantage cinématographique que littéraire nous a longtemps menés en bateau. Par exemple, le film de Victor Fleming Dr. Jekyll and Mr. Hyde (1941) joué par Spencer Tracy et Ingrid Bergman nous révèle grâce à une excellente mise en scène comment le Bien se transforme en Mal chez la même personne, sauf que la laideur physique est alliée au Mal.

Jean-Paul Sartre a consacré des pages lumineuses à celui qu'il désigne par le terme "salaud". On a pris l'habitude de dire que "les salauds iront en enfer", que "la justice divine sera impitoyable avec eux", mais si nous écartons cet espoir, il faut bien reconnaître que trop souvent les salauds vivent longtemps et meurent dans leur lit. Si on prend les exemples de l'Histoire du XXe siècle, nous avons l'embarras du choix, entre Staline, Franco et Pinochet. Quelques exceptions cependant - Hitler se suicide et Mussolini est pendu comme Saddam Hussein. Mais si nous restons dans la sphère de la vie quotidienne, nous constatons que les salauds sont légion et ne prennent plus de précautions pour sauver la face. L'époque les a rendus arrogants et les a même banalisés (voir les préjugés racistes qui contournent la loi et s'affichent sans crainte).

Je suis persuadé que le démon, du fait qu'il a une pierre à la place du coeur, prolonge la vie de ses organes vitaux. Il repousse le moment de la mort avec une fermeté qui intimide la maladie. Face au Mal, on est démuni. Comme le souligne Georges Bataille, pour "le faible : "il n'y a pas de mal, tout est pur et la science en donne la raison"". La sensibilité, la bonté abîment nos cellules, brisent nos os et accueillent volontiers la maladie puis la mort. Dans Tandis que j'agonise, William Faulkner constate, impuissant : "(...) La douleur et le désespoir des os qui s'ouvrent, la dure graine qui enserre les entrailles violées des événements."

L'époque est avec les tricheurs, les imposteurs, les corrompus et corrupteurs, les usurpateurs et falsificateurs, ceux qui sont devenus puissants par l'argent facile et non par la vertu humanitaire. Regardez autour de vous : Berlusconi se maintient au pouvoir en piétinant les valeurs de la démocratie. Il ne s'en cache même pas. Il devient, au pays de la Mafia, l'exemple et l'image à reproduire. Les hommes se vendent et on peut les acheter, acheter leur vote, leur conscience, leur morale dont ils se dépouillent volontairement parce que c'est ainsi, le Bien, le Droit, la Justice ne sont plus rentables, ne sont plus de mise dans un monde où la brutalité frappe quotidiennement les plus démunis.

Alors que faire ? Pleurer et prier ? Que faire face au démon qui est, comme écrit Cioran, "dans le brasier du sang, dans l'amertume de chaque cellule, dans le frissonnement des nerfs, dans ces prières à rebours qui exhalent la haine partout où il fait de l'horreur, son confort" ?

Rester droit dans ses bottes. Défendre plus que jamais les valeurs de probité, de justice et d'intégrité. De toute façon, on ne s'improvise pas démon. On le devient parce qu'on a pris des cours du soir pour apprendre à voler et violer l'intelligence des gens de bien. Vous trouverez dans les prisons plus de petits voleurs que de grands escrocs, de véritables administrateurs du vol planifié, programmé.

Que de fausses valeurs encombrent les écrans des télévisions ! Des plagiaires condamnés continuent de venir nous expliquer le monde dans des émissions honorables ; des brigands de haut vol dont personne n'a réussi à prouver les méfaits sont admirés et invités à nous narguer en nous dispensant des sourires. Des gens qui n'écrivent pas leurs livres continuent de faire illusion. Leurs noms brillent dans le ciel de la société du spectacle ; leurs nègres se taisent et de ce fait les protègent. La vie est ainsi représentée en play-back et personne ne trouve rien à redire.

De temps en temps, quelqu'un hurle. On le prend pour fou. Ce qui est par ailleurs grave c'est que certains médias font bien leur travail, font des enquêtes sérieuses, débusquent le faux derrière des masques, le dénoncent ; certains vont plus loin et écrivent des livres avec des documents irréfutables à l'appui. Mais la machine continue de tourner. On dirait que la dénonciation fait partie du tout et que le faussaire l'a prévu dans son plan. Le fait que cela ne serve à rien décourage les bonnes volontés et alimente le désespoir commun.

Le démon est en nous. Il s'est installé. C'est ce que nous disent certains philosophes. A nous de le savoir et de l'expulser de nos entrailles, quel qu'en soit le prix. Sinon, nous ne serions que "des pantins bourrés de globules rouges pour enfanter l'histoire et ses grimaces" (Cioran).

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Ecrivain et poète, Tahar Ben Jelloun est membre de l'Académie Goncourt depuis 2008. Il a reçu le prix Goncourt pour "La Nuit sacrée" (Points Seuil) en 1987. Derniers livres parus "Jean Genet, menteur sublime" (Gallimard) et "Beckett et Genet, un thé à Tanger" (Gallimard).


Tahar Ben Jelloun
Article paru dans l'édition du 02.01.11

Source : [www.lemonde.fr]
c
3 janvier 2011 16:17
c'est exactement ça malheureusement.
w
3 janvier 2011 20:10
Salam

Les sal.auds maltraitent leurs esclaves (bonne).

Stephen Smith, journaliste à Libération (France), répond à Tahar Benjelloun
LA VÉRITÉ SANS PLUS


Suite à l’interview que nous a accordée Tahar Benjelloun, au sujet de son ancienne bonne, Fatna S. (MHI N°431), nous avons reçu la mise au point suivante de notre confrère de Libération, Stephen Smith, cité par l’écrivain marocain.

Dans l’interview qu’il vous a accordée, Tahar Ben Jelloun identifie bien l’objet de la controverse le concernant en affirmant qu’elle porte sur la "rupture entre les valeurs qu’il défend et sa vie". Aussi n’ y aurait-il rien à ajouter s’il se limitait à expliquer son point de vue dans le respect des faits. Or, ce n’est pas le cas. Qu’il me soit donc permis de relever les points suivants:
- L’écrivain dit qu’il "n’y a pas d’affaire de bonne", ni juridique ni morale. Pour preuve, il cite le Comité contre l’esclavage moderne qui constate que le cas de Fatna S. ne relève pas de sa compétence. Cela, on pouvait déjà le lire dans Libération. En revanche, Tahar Ben Jelloun a-t-il employé, et exploité, une main d’œuvre illégale? La réponse, au regard du droit et de la morale, est affirmative. Pour commencer, il a fait venir Fatna S. en France avec un visa de complaisance, ne donnant droit qu’à un séjour touristique. Ensuite, "l’essai" a duré quatre mois, selon sa version, neuf mois si l’on compte tout le temps que la femme est restée sous son toit (sans rien faire ?). Que l’écrivain garde chez lui quelqu’un qui "maltraite" ses enfants, dont l’un trisomique, paraît extravagant. Mais surtout, comment peut-il dire qu’il la payait "normalement"? De son propre aveu, il versait 2.000 dirhams par mois à sa famille au Maroc et lui donnait "de l’argent de poche".
Affirmation
Faut-il apprendre au défenseur des immigrés en France que même une fille au pair, qui vient en France pour apprendre la langue, a besoin d’une carte de séjour et gagne, outre les frais de sécurité sociale (840 francs, 1120 dirhams) pris en charge par la famille d’accueil, 1.800 francs par mois, soit 2.400 dirhams? Peut-être le salaire de Fatna, et ses conditions de travail, seraient-ils "normaux" au Maroc, mais ils ne le sont pas en France.
Tahar Ben Jelloun affirme, sans pour autant démentir les citations qui lui sont attribuées dans Libération, que j’aurais fait sciemment l’amalgame entre un fait d’ordre privé et un projet littéraire, donc entre l’affaire de Fatna et son livre à paraître sur Tazmamart. Interrogé sur une éventuelle pression du "palais" au sujet de cette publication, il ajoute que j’aurais "tout fait pour [lui] faire dire une telle ignominie". Par quel moyen ?
Comment ai-je pu retourner la langue dans la bouche de l’écrivain ? N’est-ce pas plutôt qu’à la lecture de l’article dans Libération, Tahar Ben Jelloun s’est finalement rendu compte à quel point était infondée sa " paranoïa " à l’égard des autorités marocaines ? Je ne le sais pas. En revanche, je sais que l’écrivain a bien lui-même, et avec insistance, établi le lien entre ses déboires domestiques étalés sur la place publique et son projet de livre.
De même qu’il a affirmé, comme rapporté dans Libération, que Hassan Aourid " lui avait simplement demandé s’il pouvait reporter la parution de son roman, sans insister". Enfin, que Fouad Ali El Himma l’avait ensuite appelé au téléphone pour lui dire, d’ailleurs plutôt ironiquement: "On est même prêt à vous aider à le publier au Maroc".
Comment fais-je pour en être certain ? Je tiens à la disposition de Tahar Ben Jelloun l’enregistrement de notre conversation téléphonique, pendant qu’il séjournait à Venise en tant que membre du jury de la Mostra.
Le débat est libre, mais les faits sont sacrés. Aussi pour un écrivain.

Source : ==> LA VÉRITÉ SANS PLUS
3 janvier 2011 22:00
Merci pour la réponse du journaliste!
s
4 janvier 2011 09:41
Salam,

Critiquer Berlusconi quand il y' a tant à critiquer au Maroc, je trouve ça un peu facile voire carrément lâche.
 
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